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trouvé le moyen de me tirer de la mienne,tous mes anciens amis s'en plaignent; &leur exactitude à mon égard,ne fait pas ce que fait votre negligence. N'abusez pourtant pas de ma bonté, mon Coufin, car fi elle venoit à s'éteindre, vous fçavez ce que c'eft qu'une bonté pouffée à bout.

Je vous prie de me pardonner cette maniére impropre de parler, Si ma bonté venoit à s'éteindre. J'aime mieux vous en crier merci que de recommencer ma Lettre.

CXXIV. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Madame de Maisons.

A Chafeu, ce 12. Décembre 16 90.

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Ous êtes trop jolie, ma Coufine, pour une perfonne à qui on ne peut qu'écrire. Il ne devroit pas être permis de l'être tant aux Dames qu'on ne fçauroit approcher. Votre bonté, que vous avez peur que je laiffe éteindre, est si bien critiquée, que vous ne feriez pas fi agréable fi vous aviez parlé plus pro

prement. Au moins fuis-je revenu à mon dévoir de mon mouvement, ma Coufine. Ce n'a pas été votre Lettre qui m'a fait vous écrire, nos Lettres fe font croifées.

LXXV. LETTRE.

De Madame de Maifons au Comte de Buffy.

JE

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E penfe, mon Coufin, que vous m'avez dit une douceur. Je luis fi coûtumée d'en entendre, que je ne les difcerne pas trop bien, & je fçai encore moins y répondre ; cependant en gros je fçai bien que je fouhaite votre amitié & votre eftime, & que l'une & l'autre me feront un extrême plaifir.

On m'a envoyé une Paraphrafe d'un Pleaume faite par Benferade; mais je n'o̟ferois vous en écrire mon fentiment. Si nous étions ensemble, mon Coufin, je trouverois fort agréable de pouvoir lire & caufer avec vous, vous me formeriez un bon goût fur tout, au moins j'aurois le plaifir de vous entendre; mais je ne

fuis pas refervée à une fi grande felicité, il faut fe conformer à l'état de sa fortune, & je fuis affez heureuse pour n'avoir pas de peine à cela.

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J'ay lû vos Lettres & celles de Madame de Sévigny, & je les relis encore elles me charment. Si j'ofois, je vous demanderois la permiffion de les copier pour moi feule, je fentirois cette obligation comme je le dois. Je vous envoïe les Vies, ou plûtôt les morts de quelques Religieux de la Trappe. Vous aurez le cœur bien dur fi vous n'êtes attendri en les lifant, je ne vous le fouhaite tel pour Dieu, ni pour vos amis.

CXXVI. LETTRE.

pas

Du Comte de Buffy à Madame de Maisons.

I

A Chafeu, cc 14. Décembre 1690.

Left vray, ma chere Coufine, que c'eft une douceur que je vous ay dite; mais il n'eft pas vray que vous ne les fçavez pas connoître. Vous autres Dames vous entendez ce jargon à demi mot, & bien loin de ne pas

entendre une veritable fleurette, l'amour propre vous en fait entendre quelquefois où il n'y en a point.

Je fuis d'accord avec vous, qu'il feroit agréable de faire des differtations enfem. ble, outre le plaifir que nous aurions de paffer doucement le temps, nous profiterions les uns avec les autres. Je confens que vous preniez la copie des Lettres de ma Coufine de Sévigny & de moi; mais je vous demande en grace, que le Copifte n'en prenne point pour lui, & qu'il n'y ait que vous feule qui ayez ces Lettres. Montrez-les à qui il vous plaira, mais fans les confier à perfonne; je fçai ce qu'une pareille confiance m'a

coûté.

Nous avons lû Madame de Dalet & moi les Vies & les Morts des Religieux de la Trappe, mais ils ne m'ont point fait de pitié; on n'en fait point quand on n'en veut point faire: ne craignez pourtant pas ma dureté, ma Coufine, car je ne laiffe pas d'être tendre, & fur tout pour mes amies qui font aimables.

CXXVII. LETTRE.

De l'Abbé de Choisy au Comte de Buffy.

A Paris, ce 13. Décembre 1690.

Onfieur de Pontchartrain a man

Mdé aux vingt-fix Confuls que le

Roy a dans les païs étrangers, qu'il leur remet la penfion qu'ils faifoient à Monfieur de Seignelay. On dit que cela montoit à quarante mille livres de rente, il a retenu fur les huit cens mille livres qu'il doit payer à la fucceffion de Monfieur de Seignelay cinquante mille livres, que le Sieur Lubert Tréforier de la Marine avoit avancez à Monfieur de Seignelay. Les meubles du défunt ont été eftimez dix fept cens mille livres.

On arme à Marseille quatorze Galé res, qui menacent Nice. Le Marquis de Parelle Savoyard eft entré dans l'Embru. nois, & il a fait déferter la Ville de Senés.

L'Electrice de Baviere eft accouchée d'une fille. Monfieur de Baviere a vendu à l'Empereur quatre mille hommes de fes vieilles Troupes. Le Roy d'Angleter

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