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noiffance. Le Baron de Beauvais Capitaine du Bois de Boulogne, & de la Plaine de Saint-Denis, & Francine Gouverneur de l'Opera étoient convenus que l'un chafferoit, & que l'autre iroit à l'Opera quand ils voudroient fans payer. Quelque tems aprés leur convention, Francine eft arrêté dans la Plaine de Saint-Denis par un Garde qui lui dit, que Monfieur le Baron lui abandonnoit telle & telle Plaine, & fe réservoit la Plaine de Saint-Denis; fur cela Francine fe retire. Le lendemain le Baron étant à l'Opera, & voulant monter fur le Théatre, il trouve un homme avec une pertuifane, qui lui dit; que Monfieur Francine lui a bien abandonné la Plaine du Parterre, mais que pour celle du Théatre il fe l'eft réfervée. Les amis communs s'en font mêlez, & chacun ira par tout où il voudra.

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L

A Chafeu, ce 21. Janvier 1691.

Es Etats-Généraux parlent aujour'd'huy au Gouverneur des Païs-Bas à peu prés comme parloit autrefois le Duc d'Albe à la République naiffante ils voyent bien qu'on a befoin d'eux.

;

L'on avoit dit que le Roy n'étoit pas content de Tourville, & je trouvois cela bien rude d'être difgracié auffi-tôt aprés le gain d'une Bataille : je ne l'ay jamais voulu croire, car je connois la justice du Roy.

Quand je vois le Roy & la Reine d'Angleterre fe trouver aux fêtes que donne le Roy, je croy, les eftimans comme je fais, qu'ils y paffent mal le tems, & qu'ils n'y vont que par complaifance.

Le Général Schomberg profite en cette rencontre de la réputation de fon pere, je ne fçay fi Monfieur de Savoye en profitera auffi. Je croy que fi le Prince de Bade étoit défait, les Turcs pourroient

encore aller à Vienne; mais c'eft une terrible Barriere. Je ne fçay fi vous êtes comme moi, Monfieur, mais je fens toujours une fecrette répugnance à être obligé de fouhaiter, comme bon François, des profperitez à ces Barbares ; & fans faire le Prêcheur de Croifade, je ferois fort aife que les intérêts des Princes Chrétiens fe puffent réunir entre

eux.

La difpute du Baron de Beauvais & de Francine eft trés-plaifante. La vengeance de celuy-cy m'a fait rire ; cela me réjoüit, je vous affure, plus qu'un grand

évenement.

CXLI. LETTRE.

Du Pere Bouhours au Comte de Buffy.

C

A Paris, ce 15. Janvier 1691.

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de

'Eft grand' pitié, Monfieur n'avoir point de feu dans fa chambre par le temps qu'il fait, il faut renoncer à tout commerce avec ses amis. Il eft comme impoffible d'écrire, à peine vit-on, & vos amis vous laiffent géler

tout feul. J'ay eu par-deffus cela un rhume effroyable; fans cela, je n'aurois pas été fi long-tems fans vous fouhaiter à ce commencement d'année tout ce que l'on fouhaite à fes meilleurs amis. J'ay heureusement terminé l'affaire dont vous m'aviez chargé. J'ay lû avec plaifir votre derniere lettre au Roy. Elle eft courte, elle est délicate; c'eft une mignature, fi l'on peut parler ainfi d'une lettre. C'eft en verité, Monfieur, tout ce que mon encre, & ma main gelée peuvent écrire; fi mon cœur écrivoit il ne finiroit pas fi-toft. Adieu, Monfieur je ne vous oublie pas devant Dieu, je fuis honteux que vous fentiez fi peu l'effet de mes prieres.

CXLII. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Pere
Bouhours.

A Chafeu, ce 27. Janvier 1691.

E comprends toute la peine que vous avez eüe à m'écrire fans feu, M. R. P. & je vous ay toute l'obligation que vous méritez, en vous faifant réponse auprés

que

d'un grand feu qui ne m'empêche pas de mourir de froid. Je fuis perfuadé qu'on doit écrire au Roy, comme on parle à Dieu. Les courtes prieres, dit-on, pénetrent les Cieux; j'efpére que ma petite Lettre pénétrera le cœur de Sa Majefté. La peine & les foins vous avez pris de l'affaire que vous avez fi bien ménagée, M. R. P. m'accablent fous le poids de la reconnoiffance; mais, fatis eft, Domine, fatis eft, je n'y lçaurois fuffire; je n'ay pour vous payer que mon cœur, & mes prieres. Ma fille fe mocque de moi de promettre des prieres à un homme comme vous, & je lui réponds, que dans le ciel, comme fur la terre, tout fert en ménage.

CXLIII. LETTRE.

Du Président de Rezay au
Comte de Buffy.

N

A Paris, ce 18. Janvier 1691.

Ous ne pouvons affez vous remercier Madame de Rezay & moi, du plaifir que vous nous avez fait, Monfieur, en trouvant bon que Madame la

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