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Comteffe de Dalet nous envoyât le commencement de vos Mémoires. Aprés les avoir lûs, nous nous fommes bien confirmez dans la penfée où nous étions déja, que quand les Ouvrages d'efprit ont atteint un certain degré de perfection, on ne fe peut laffer de les relire. Je n'ay point fait copier ce Manufcrit, comme vous me l'aviez permis, Monfieur, par la néceffité où je me fuffe trouvé de le confier au Copiste.

CXLIV. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Président de Rezay.

J

A Chafeu, ce 21. Janvier 1691.

E fuis bien-aife, Monfieur, que vous ayez eu quelque plaifir à rélire mes Contes. Quand on a l'efprit auffi beau & auffi fleuri que vous l'avez, le Palais ne le fçauroit jamais enroüiller. Ce n'est pas d'aujourd'huy feulement que je trouve que vous êtes un amy incomparable, j'ay autrefois éprouvé que les affaires de vos amis étoient les vôtres. Mais j'ad mire aujourd'huy votre difcretion dans

le refus que vous faites de faire copier un manufcrit de votre ami, de peur que le Copifte n'en prenne un pour lui. Vous voulez bien, Monfieur, que je rende mille graces à Madame la Préfidente d'avoir bien voulu que je l'amufafle pendant quelques momens.

CXLV.

LETTRE.

De l'Abbé de Choify au Comte de Buffy.

A Paris, ce 24. Janvier 1691.

E Prince d'Orange n'eft pas encore paffé en Hollande, il remet de jour en jour. Le Roy a nommé Saint-Ruth pour commander le fecours qu'il envoye en Irlande. Il n'y a point encore de Maréchal de Camp nommé pour cette expédition.

Monfieur de Savoye a enfin mis fes Troupes en Quartier d'hyver, & Monfieur de Catinat en a fait de même. Il y a beaucoup de malades de part & d'autre. On mande de Pignerol, que Monfieur de Savoye a pris la pofte pour Vienne ou pour Infpruck, où Monfieur de Baviere

fe doit trouver. Feuquieres a pris le Château de Banafque, & le Comte d'Angrogne qui y commandoit. Il a encore brûlé Millefleurs, qui ne vouloit pas contribuer. Les Prifonniers ont été échangez en Piedmont; le Marquis de Clerembaut eft à Pignerol. On dit que les Efpagnols en s'en retournant dans le Milanois, ont voulu furprendre Verceil; mais cela mérite confirmation. On a bloqué Montmellian le 9. de ce mois. Monfieur de Catinat y doit arriver le 18. pour le bombarder.

On a tapiffé de Fleurs de Lys le Senat & la Chambre des Comptes de Chamberry. Le Magiftrat de Genêve n'a pas voulu recevoir Hervart Envoyé du Prince d'Orange; la Populace a été fur le point de fe foûlever contre le Magiftrat. Le Marquis de Saint-Maurice leve le Régiment Royal de Savoye. Les Contributions de Suze montent déja à plus de cinquante mille écus. Le Roy a donné cinq cens écus de penfion à Boiffelot, & lui a promis de laiffer vendre fa Compagnie aux Gardes à fa femme s'il étoit tué. Le Comte de Guiscard a vendu à la Bourrelie fon frere, le Régiment de Normandie,cinquante-fept mille francs.

Le mariage du Prince de Turenne & de Mademoiselle de Vantadour eft arrêté, ils auront vingt-mille écus de rente.

Le Prince de Bade a chafféTekeli & les Turcs de Tranfilvanie.

CXLVI. LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Abbé
de Choify.

A Chafeu, ce 27. Janvier 1691.

LE Prince d'Orange n'oferoit encore 'quitter Londres, puifqu'il remet le voyage de Hollande, où il a affurément des affaires. Le Commandement du Secours qu'on envoye en Irlande eft une méchante Commiffion. Vous verrez que Monfieur de Savoye aura ruiné fes Troupes en les mettant trop tard en Quartier d'hyver. Il me paroît que Feuquieres fait honorablement du bruit.

Je doute fort que les Efpagnols ayent voulu furprendre Verceil; l'infamie de cette action leur feroit plus de tort que la poffeffion de cette Place ne leur apporteroit d'avantage. LaVille de Chamberry eft bien confeillée de fe déclarer

,

pour nous & celle de Genéve feroit bien malheureuse, fi le Peuple y étoit le maître. Si le Prince de Bade continuë, il fe mettra fur le pied de premier Capitaine de l'Europe.

CXLVII. LETTRE.

De Monfieur de Grammont au Comte de Buffy.

A Paris, ce 25. Janvier 1691.

I je ne connoiffois votre extréme bonSte, té, Monfieur, je ne prendrois pas la liberté que je prends aujourd'huy de vous fupplier trés-humblement de me dire votre fentiment fur le Panegyrique du Roy en vers, que mon zéle, peutêtre indifcret, m'a fait entreprendre. Je fçai combien la gloire de Sa Majesté vous eft chere & c'eft encore une des raifons qui me fait adreffer à vous en cette rencontre, & vous protefter, que non feulement j'effacerai tout ce qui n'aura pas l'honneur de votre approbation; mais encore que je jetterai l'Ouvrage au feu, fi vous ne le trouvez pas digne d'être donné au public.

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