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Piedmont, & incommodera fort Monfieur de Savoye. Sa conduite a difpenfé tous les gens de bon fens de le plaindre. Je fuis ravy que Vertillac ait le Gouvernement de Mons, fon oncle eft mon amy.

CLXXIII. LETTRE.

Du Marquis de Termes au Comte de Buffy.

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A Versailles, ce 24. Avril 1691.

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Ly a long-tems que je ne vous ay crit, Monfieur, je vous en demande pardon, mille chofes m'en ont empêché, des incommoditez, des affaires, le voyage du Roy, où nous avons eû trés-peu de tems à nous; enfin nous voici redevenus fpectateurs, & je vais vous mander les nouvelles que je fçai. L'Armée de Hongrie fera de quarante-cinq mille hommes; le Prince de Bade refuse de la commander, à moins qu'on ne lui donne trente mille hommes de vieilles Troupes. Cela embarraffe fort le Confeil de l'Empereur. Le Comte Tekeli affemble fes Troupes pour rentrer

en Tranfilvante. Le Duc d'Hanovre fort dégoûté de l'alliance des Espagnols, refufe d'envoyer en Brabant le cinq mil. le hommes qu'il avoit promis, & veut demeurer neutre. Le Duc de Savoye envoye à Verceil fes plus beaux meubles, fon argenterie, & tout ce qu'il a de plus précieux. On eft fort confterné à Turin de la prife de Nice. L'Ambaffadeur de l'Empereur à Rome a renoncé aux franchises avant que d'avoir Attdience du Conclave. Le Duc de Chaunes avoit déclaré, que s'il ne le faifoit il reprendroit fes franchifes.

CLXXIV. LETTRE.

Du Comte de Buffy au Marquis de Termes.

A Chafeu, ce 27. Avril 1651.

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Ous avez eu tant de bonnes raifons pour ne me pas écrire, Monfieur, que quelque plaifir que me faffent vos Lettres, il faut que je vous tienne pour excufé. Ce qui eft certain, c'eft que vous me ferez toûjours un plaifir extrême quand vous me donnerez de vos

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nouvelles, & que vous m'inftruirez des générales, Monfieur de B:de fait bien le renchéri, les Capitaines un peu diftingués dans les Cours étrangeres fe font valoir; ce n'est pas ici la même chofe, on s'y paffe de Monfieur le Prince, & de Monfieur de Turenne. J'ay toûjours fait fort peu de cas des Ligues, mais plus je vais plus je trouve que ce n'est que de la crême fouettée. La premiere campagne le feu y eft, ils font à crain dre; la feconde c'eft peu de chofe; la troifiéme ce n'eft rien, le chapelet commence à fe défiler. Vis unita fortior.

CLXXV. LETTRE.

De Madame de Scudéry au
Comte de Buffy.

N

A Paris, ce 2. May 1691.

E vous vantez plus de connoître l'amitié, Monfieur, il y a fix mois que je ne vous ay écrit, parce que je n'ai bougé du lit tout l'hyver, & je n'ay pas eû la moindre marque de votre fouvenir. Je vois bien que je pourrois être morte deux ou trois ans fans vous in

quieter, fi mon ombre ne vous alloit reprocher votre oubli. Prenez-y garde, moins cela pourroit bien vous arriver, car je croy que je fçaurai aimer au-delà du tombeau. Comment vous êtes vous accommodé de ce terrible hyver? Nous autres gens avancez, en trouvons la carriere bien rude. J'ay eû bonne compagnie au chevet de mon lit, car mes maux, & le froid qui m'avoit engourdy, m'a toûjours laiffé l'efprit & la langue libres, & le cœur auffi chaud pour mes amis que s'ils le méritoient; car à vous parler franchement, vous n'êtes pas le feul dont je pourrois me plaindre, & parceque je vous aime plus que les autres, je ne me plains que de vous. Ces fentimens-là ne font-ils point trop délicats pour vous, Monfieur? S'ils ne plaifent, ils fatiguent; & de peur de vous ennuyer je vais vous mander des nouvelles.

On me mande de Hollande que l'Evêque de Munfter a retiré les Troupes qu'il avoit en ce païs-là, & qu'il veut demeurer neutre. On croit que Monfieur d'Hanovre en pourroit bien faire autant. Le Prince d'Orange a envoyé un Courier au Duc de Savoye pour lui

lui pro

T

mettre un grand fecours par mer. Il lui a envoyé de l'argent pour lever quatre mille Suffes. L'Armée de Monfieur de Catinat fera cette campagne de quarante mille hommes. Monfieur de Savoye a fait un voyage à Verceil pour y faire préparer des logemens aux Princeffes & à toute la Cour. Les nouvelles de la Hongrie font, que le Grand-Vifir a laiffé Effek bloqué, & qu'il eft allé à Bude, que l'on croit préfentement invefti. Il a laiffé trente mille hommes pour la garde des ponts, fur lefquels il a fait paffer la Save à fon Armée. Le Maréchal de Lorges partira demain pour l'Allemagne, & tous les Officiers deftinez pour cette Armée partiront inceffamment. Le Marquisa époufé Mademoiselle de**. Vous connoiffez fa réputation & fa beauté. Je vous envoye des Stances. fur la prise de Mons, qui ne vous déplairont pas.

STANCE S.

Lorfque Louis fuivi de fes Troupes fidelles,

Jette dans Mons le péril & l'effroy,

Le fin Guillaume pense à foy,

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