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XLV. LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Evêque d'Autun.

J

A Chafeu, ce 3. Janvier 1690.

E ne fus pas furpris de ne recevoir pas de réponfe de vous Dimanche dernier, Monfieur, & je n'y fongeai pas quand je vous écrivis ce jour-là; mais mon zéle m'emporta: Vous avez trop d'occupations de pareils jours. Il eft vrai que vos foins pour vôtre Diocéfe vous font deformais des jours de fêtes de tous les jours; cela interrompt le commerce des profanes avec vous.

Tome VII.

D

XLVI. LETTRE.

De l'Abbé de Théfut au
Comte de Buffy.

A Paris, ce 2. Janvier 1690.

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Ous voulez bien, Monfieur, que je vous fouhaite la bonne année & qu'elle foit fuivie de quantité d'autres dans lesquelles vous m'honoriez toûjours de vos bonnes graces.

Le Roy vient de donner l'Abbaye de Saint Germain des Prez au Cardinal de Fuftemberg. Elle vaut cent mille livres de rente. Cela ne vaut pas l'Electorat de Cologne, mais cela est fort bon au défaut de l'autre.

Le Marquis d'Aluys eft mort, & le Roy a donné le Gouvernement d'Orleans au Comte de Sourdis fon cadet. Le Marquis d'Hoquincourt vient auffi de mourir. Le Marquis de Saint-Simon à quatre-vingt-dix ans, fans pouls & fans mouvement a été crû mort pendant un jour, il eft enfin réfufcité & revenu de-là; il dit n'avoir jamais dermi plus tranquillement qu'il venoit de faire.

Le Roy a ordonné les équipages prêts pour le premier de Mars. De fçavoir maintenant fi c'eft pour Sa Majefté ou pour Monfeigneur, ce font lettres clôfes; toûjours affure - t'on que Monfeigneur commandera l'armée d'Allemagne, & Monfieur celle de Flandre. Dieu fur tout.

On ne fçait rien de bien pofitif fur l'union des Confédérez. Les uns difent que la Suéde commence à nous écouter: d'autres que Monfieur de Baviere n'eft point content; & enfin que Brandebourg & Saxe ne veulent point affifter à la Diette d'Ausbourg pour l'Election du Roy des Romains. Les Electeurs Proteftans demandent qu'on donne l'Electorat à un Prince de Lunebourg, les Catholiques à l'Evêque de Salsbourg. Enfin beaucoup de gens croïent que la fucceffion de Saxe-Lunebourg eft capable de caufer des divifions parmi eux, & que d'ailleurs l'argent leur manquera plûtôt qu'à nous, & d'autant plus que l'on dit qu'il n'y a point d'apparence qu'il y ait de paix entre les deux Empires.

L'armée de Monfieur de Schomberg eft entierement ruinée par la dyfente

rie. Il y eft mort plus de quatorze Co lonels, & l'on ne fçait pas encore fi ce Général n'est point du nombre. Un Milord Anglois a passé avec son Régiment dans l'armée du Roy Jacques, & Boiffelot Maréchal de Camp en Irlande s'eft emparé de quelques poftes occupez par les Ennemis, & y a trouvé plus de mille hommes morts depuis peu de la dyfenterie.

XLVII. LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Abbé de Thefut.

A Chaseu 9 ce 8. Janvier 1690. E vous rends mille graces, Monfeur, des fouhaits, que vous faires pour moi, j'en fais autant pour vous. Si le Roy marche cette campagne, il ne demeurera guéres de gens chez

eux.

Si nous pouvons defunir les Confédérez, cela vaudra mieux pour nous que de prendre des Places, ou que de gagner des batailles. Tous les deux coûteront de l'argent au Roy, mais dans l'un il conferve fes hommes. Pour

la paix de Conftantinople & de Vienne, je ne comprends pas que l'Empereur ne la faffe point, quoi qu'il lui en coûte; car enfin il nous haït, & nous craint encore plus que les Turcs.

Si le Pape vit quelque tems, il nous fervira dans une paix générale ; s'il meurt bien-tôt il n'aura fait du bien qu'à fa Maifon.

Je ne croyois pas qu'il fallût une maladie d'armée pour emporter Monfieur de Schomberg, il a plus de foixante & dix ans. Pour le Prince d'Orange, j'ai peur qu'il ne foit assasfiné. Les Anglois feront un pareil coup plus impunément qu'ils n'ont fait la révolte contre leur maître; celui-ci a un fils, & l'autre n'a point de fuite.

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