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que lieu qu'on les trouve.

Un Aumônier de la Reine d'Angleter re eft venu de Londres,qui dit que beau coup de Milords de la convention font mécontens du Prince d'Orange; que la Tour eft pleine de prifonniers qu'il y fait mettre tous les jours; que cependant fon armée fe groffit,& qu'ila trois corps qu’on dit être chacun de dix mille hommes. Le Prince de Lorraine va faire le fiege de Mayence. Il y a neuf mille hommes dans la Place. Bonne eft bombardée par le Brandebourg. On difoit hier que le Maréchal d'Humieres avoit reçû ordre de combattre le Prince de Valdek,avant qu'il ait joint l'armée de Brandebourg.

Le Prince de Lorraine a vingt-cinq à trente mille hommes. Monfieur de Baviere a defcendu le Rhin & a paffé le Necre à Heidelberg. Un gros corps d'Infanterie qui étoit campé dans la fourche du Rhin & du Mein à Gustavefort, remonte le Rhin pour aller joindre Monfieur de Baviere; il y a apparence que cet Electeur va faire un pont entre le Necre & le Mein fur le Rhin, pour pouvoir joindre Monfieur de Lor raine avec fon armée, que l'on croit, lorfque cette Infanterie fera jointe, être

de près de dix huit mille hommes, & cela fent bien le fiege de Mayence. La Bretêche en eft Gouverneur. Pour l'armée qui eft au-delà le Rhin depuis Philisbourg jufqu'à Strasbourg, la plus grande partie de ce qu'ils avoient au retranchement qu'ils ont fait à la tête du Fort-Louis, & ce qui étoit campé à Stolofen marche à Offembourg. Ils n'ont laiffé dans les deux poftes que de l'Infanterie pour les garder seulement. On croit qu'ils veulent fortifier Offembourg. Si cela eft, ils incommoderont fort Strasbourg, & nous empêcheront de tirer beaucoup de contributions que nous avons établies dans la Suabe & dans les Montagnes. Le bruit de leur armée eft qu'il leur vient force troupes des Montagnes noires & de la Suabe & du gros canon, & qu'ils auront douze mille hommes dans cette armée:

Voilà l'état des armées, tant deçà que delà le Rhin. Pour celles du Roy, le Maréchal de Duras eft toûjours campé à Neuftat avec fa cavalerie. Teffé eft à Spire avec la Gendarmerie, & neuf efcadrons de cavalerie legere qui travaillent à abbatre le refte de la gran

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de Eglife, à ruiner les foûterrains, & à démolir les pignons des maifons brûlées. Toute l'infanterie eft à Landau qui y travaille à force, & l'on ne peut dire quand cette Place fera en état, on y envoye dix Efcadrons du corps de Monfieur de Choifeul pour y faire des fafcines & des pieux. Tout auffi-tôt qu'ils en auront fait ce qui eft néceffaire, ils retourneront rejoindre Monfieur de Choifeul, mais il en faut beaucoup. A l'égard du refte des troupes de Monfieur de Choifeul qui fe montent à vingt Escadrons, il eft campé à Lauterbourg avec douze, le refte à une ou deux lieues de là, pour empêcher que les Ennemis ne faffent un pont fur le Rhin & n'aillent piller & brûler l'Alface. Firmacon a été tué par un Capitaine de fon Régiment.

Le Cardinal de Furftemberg eft à Paris. La Ville a fait un feu qui coûte vingt mille livres, en reconnoiffance de ce que le Roy a fait ôter de l'Hôtel de Ville un Tableau qu'on y avoit fait mettre après la guerre civile, qui étoit honteux à la Ville de Paris. Le Roy de Dannemarc a fait fon accommodement avec le Duc de Holstein-Gottorp. Par-là nous per

dons l'alliance de ce Roy. Le Roy d'Angleterre a battu le fecours qu'envoïoit le Prince d'Orange à Londondery, on le croit pris.

VII. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Madame du Bouchet.

A Chafeu, ce 27. Juillet 1689.

N m'amufant l'autre jour à relire mes Mémoires, je trouvai de vos Lettres, Madame, qui me firent agréablement reffouvenir de vous, & qui augmenterent même l'eftime que j'en avois du tems que nous étions en commerce, par la comparaifon que j'eûs fujet de faire de vos Lettres à celles de beaucoup d'autres Dames qui m'écrivoient en ce tems-là. Il faut dire la vérité. Madame, vous écrivez auffi bien que femme de France, & je ferai ravi fi vous voulez bien recommencer notre commerce interrompu.

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VIII. LETTRE.

Du Comte de Buffy au premier President de Dijon.

V

A Chafeu, ce 1. Août 1689.

Oici un remerciment à vous faire,
Monfieur ; je prends cette occafion

pour vous renouveller les affurances de mes très humbles fervices, & vous entretenir un moment des affaires du monde. Nous fommes aux écoutes & dans l'attente de voir de grands évenemens dans l'Europe. Perfonne n'eft indifférent fur cela: chacun y prend parti fuivant le bon aù le méchant état de fa fortune; fuivant fa haine ou fon amitié. On vient de me mander le fiége de Mayence formé par Monfieur de Lorraine qui a fait des lignes de circonvalation & de contrevalation. Que Monfieur de Baviere tient la campagne avec quinze mille chevaux, que le Roy a huit mille hommes de pied dans Mayence & deux mille chevaux; que le Marquis d'Uxelles qui y commande vient de mander au Roy qu'il n'avoit que faire de fonger

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