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moïens de fe fauver, ils s'accordent tous pour l'amitié & le refpect qu'ils ont pour

vous.

LI. LETTRE.

Du Comte de Buffy à la Comteffe de Toulonjon.

A Chafeu, ce 10. Janvier 1690.

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Ela eft plaifant de voir que mon frere se réjoüiffe d'avoir la goutte, & cela fait bien connoître que les petits maux font des biens en comparaison de plus grands.Ce n'eft pas affez pour vous, ma chere Sœur , pour mon Frere & pour moi que votre mal de poitrine n'augmente point, il faut encore qu'il diminuë; car votre efprit, vôtre raifon, & toute votre perfonne me font trouver que vous êtes digne d'une longue & heureuse vie.

LII. LETTRE.

De la Comteffe de Toulonjon au Comte de Buffy.

A Autun, ce 18. Janvier 1690.

Ay impatience de fçavoir

mon

cher frere, quel jour nous aurons l'honneur de vous voir. Monfieur de Toulonjon a la goutte aux genoux. Il fut hier à la chaffe pour augmenter fon mal, & il a réuffy; je croi qu'il n'en demandera pas davantage. Pour moi, Monfieur, je fens comme je dois les bontez que vous m'écrivez fur la petite incommodité que j'ai eûë. On ne reçut hier aucunes nouvelles, finon que Madame de Thiange eft fort mal.

LIII. LETTRE.

De l'Abbé de Théfut au Comte de Buffy.

A Paris, ce 13 Janvier 1690. Left certain que le Roy a ordonné à Monfieur le Grand, à Monfieur le Premier, & à Monfieur de Livry que les équipages fuffent prêts pour le premier Mars, & enfuite de cela on dit que toutes les armées feront commandées par des Princes du Sang.

Dieu veüille que le Pape fafle fon devoir de pere commun, pour le repos de la Chrétienté. Ce n'eft pas que nous ne foïons en état de réfifter à tous nos Ennemis, quelque nombreux qu'ils foient; mais le dedans du Roïaume en fouffrira, car les peuples font déja fi miferables qu'il faut peu de chofe pour les accabler. D'ailleurs fi les Confédérez demeurent unis, ils nous feront de la peine. Il eft vrai que la France a befoin de guerre pour occuper la jeuneffe, & pour l'inftruire dans ce métier - là, mais une guerre comme celle-ci paffe la raillerie. On parle di

versement de la paix des deux Empires. Les nouvelles publiques difent que les Envoïez Turcs à Vienne ont été congédiez, parce que les Allemans mettent la paix à fi haut prix, que les conditions en paroiffent infupportables; d'autres veulent que les Turcs foient en état de l'accepter à toutes conditions. Enfin il n'y a rien de certain à tout cela.

L'on dit que les Confédérez font plus unis que jamais, ainfi toute nôtre reffource eft dans la valeur de nos troupes & dans la bonne conduite du Roy, qui gouverne & donne feul le mouvement aux armées; au lieu que nos Ennemis font compofez de corps différents qui ont chacun leur intérêt particulier qui ne fe rapporte pas toû⚫ jours au bien commun. On ne parle plus de la mort de Monfieur de Schomberg. Nous ne fommes guéres inftruits de ce qui fe paffe en Irlande & en Angleterre, dans deux ou trois mois nous ferons mieux informez. Cependant la fermeté des Suiffes mettra les deux Bourgognes à couvert.

Le Pape demande bien des chofes pour fe reconcilier avec nous. Il veut

qu'en révoque tout ce qui a été fait au Parlement & au Clergé fous le précédent Pontificat. Qu'on reftitue les Canons & les autres chofes prifes dans le Comtat d'Avignon. Tout cela me paroft affez impoffible, & attendu fa vieilleffe, il y a apparence qu'il fera nort avant que cela foit accommodé. Madame de Thiange eft fort mal.

J

LIV. LETTRE.

Du Comte de Buffy à l'Abbé de Théfut.

A Chafeu, ce 19. Janvier 1690.

E ne fçai plus que dire du Pape ce que je fçai affurément, c'eft que pour fa famille il n'a pas la confcience fi délicate que l'avoit fon prédéceffeur, & que pour ce qui regarde l'Empire & la France, il en use

par fes mé nagemens en vrai Italien. Vous dites plaifamment, Monfieur, qu'il faut de la guerre à la France pour exercer la jeuneffe, mais que fi celle ci dure elle paffera la raillerie. Il cft vrai que f on laiffoit faire les Ennemis, il ne refte

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