Images de page
PDF
ePub

celui occidental par Alcamène (les débris mutilés sont exposés dans le musée (1).

La statue du dieu, assis, pour bien marquer sa primauté, occupait le fond de la cella, divisée en trois nefs par deux rangées de colonnes à double étage, comme pour servir de salle d'exposition, ainsi que le montre cette vue (figure 2).

Les ruines relevées en 1827, lors de l'expédition française de Morée, par Blouet, architecte attaché à l'étatmajor, ont été depuis complétement déblayées, ainsi que toute la surface de l'Altis, par le gouvernement allemand (2), sous la direction de M. Dorpfeld, qui a publié plans et mémoires explicatifs; elles ont aussi fait l'objet d'une belle publication de M. Laloux, architecte pensionnaire de l'Académie de Rome.

Malheureusement, par le fait de pillages successifs de tous les chefs-d'œuvre qu'il contenait, les fouilles du gouvernement allemand n'ont retrouvé qu'une statue, le bel Hermès, de Praxitèle, tenant Dyonisos enfant, les restes d'une victoire ailée, des morceaux des frontons, et nombre de débris de toute nature.

Plus loin, en arrière, au pied du Kronos, s'élevait le temple d'Héra (de Junon), dit le petit temple ou Héraïon, de 30m sur 18", de construction plus ancienne. De même disposition, dorique hexastyle (les colonnes ayant 1m de diamètre et 520 de haut), présentaient cette

(1) Bel édifice construit sur la hauteur par M. Syngros, où sont exposés avec méthode tous les débris retrouvés dans ces fouilles, depuis les restes des statues des frontons restaurées, jusqu'aux vases peints et aux monnaies, en un mot tous les témoignages artistiques et historiques, formant ainsi un ensemble complet.

(2) Il y a consacré 1,200,000 marcs et plusieurs années.

particularité d'avoir, au dire de Pausanias, conservé de son ancienne construction, dans l'opistodome, une colonne en bois, vestige du temple primitif.

Autour s'étaient groupés facilement, grâce à la plaine, des édifices religieux, tel le Métroon, petit temple d'ordre dorique, dont les colonnes n'ont que 085, nombre d'autels, de statues, d'offrandes; puis au delà des édifices civils, tels que le Pélopeion (Sénat), le Bouleuterion (conseil municipal), le Prytanée, et plus loin en remontant, le théâtre et le fameux stade des jeux olympiques, puis plus bas, le palais de Néron, etc.

Sur la Voie Sacrée se pressaient les présents des villes, des peuples, les trésors, ainsi que des ex-voto, comme le Leonidion, l'Exèdre d'Hérode Atticus et même le Philippeion, joli temple rond offert au dieu par Philippe de Macédoine, vainqueur de la Grèce, en reconnaissance de sa protection dans ses victoires.

Constatation pénible de la décadence de l'âme grecque depuis les guerres médiques: de chute en chute, elle avait perdu la conscience de la patrie.

Après Philippe et ses généraux macédoniens, qui, s'ils faisaient périr Démosthène, dernier défenseur de la liberté, parlaient au moins grec, elle accueillera encore les proconsuls romains qui la pilleront, et même les acclamera lorsqu'ils l'amuseront.

Triste fin pour les descendants des héros des Thermopyles et de Marathon. Pour avoir abandonné le culte de l'idéal, et s'être laissé envahir par le matérialisme et surtout par l'individualisme, fatalement myope, ils ne sortiront plus de la servitude; après les Byzantins, les Francs de Villehardoin (1), les Vénitiens et finalement

(1) Les seigneurs champenois ont occupé la Morée plus de deux siècles.

les Turcs, successeurs des Perses, jadis repoussés avec honneur (1).

Délos ou Rhénée.

Petite île de l'archipel (à l'est), entre Mykonos et Syra, c'est-à-dire au milieu d'une fourmilière d'iles formée par la montagne du Cynthe, au-dessus de la mer, n'est qu'un immense rocher granitique, abrupt, entièrement dénudé sur toute sa surface désolée, émergeant au-dessus des eaux, battu par les flots qui, même en temps calme, n'y laissent aborder qu'avec difficulté.

Aussi Homère la définit-il ainsi : « Latone t'enfanta, «< arrêtée près de la colline du Cynthe, hérissée de << rochers, en une île âpre.

་་

« Délos, ceinte par la mer, tandis que poussés par « les vents sonores, les flots des deux côtés bondis«saient sur le rivage. »

Plus encore que Delphes, dont le paysage inspire l'inquiétude et même la crainte, Délos a été élevée pour faire admirer la grande puissance créatrice du dieu, car sur la roche nue, de rien son culte a fait surgir des chefs-d'œuvre.

Réalisant ainsi cette prédiction d'Homère.

(Latone à Délos):

« Je ne pense pas que tu sois à l'avenir riche en «<bœufs, riche en brebis; tu ne porteras pas de vignes, « tu ne produiras pas de nombreuses plantes; mais lorsque tu posséderas le temple d'Apollon, aux longs traits, tous les hommes t'amèneront des hétacombes,

་་

(1) La plus grande partie des Grecs est encore soumise aux musulmans, au milieu desquels, attirés par les gains du commerce, ils sont répandus.

[graphic][ocr errors][ocr errors]

DÉCORATION DE LA CELLA D'UN TEMPLE DORIQUE. (Extr. de L'Architecture Grecque, par V. Laloux.)

« PrécédentContinuer »