Images de page
PDF
ePub

à 102 fr. 12 s. p., fut remise « ès mains de me Jaques Benart, comme en mains de justice »; Gossemart protesta en vain, et ce ne fut qu'en juillet 1448 qu'elle fut délivrée définitivement à Thomas Gerson (1). Tels sont les seuls documents que nous ayons sur le Collège de Rethel; il dut partager dans la suite la fortune de celui de Reims, et nous aurons l'occasion de le citer de temps. à autre. Mais après le xv° siècle, il ne figure plus que rarement dans les pièces, et peu souvent d'une façon spéciale.

Cependant le Collège de Reims vivait; il est douteux qu'il fût très prospère, les quelques documents que nous ayons sur lui à la fin du xv° siècle nous le montrant sous un aspect peu florissant. Nous avons très heureusement un cahier de comptes (le seul de cet époque) qui nous est parvenu en bon état de conservation; aussi est-il besoin de le feuilleter et de l'interroger assez longuement (2). Comme organisation intérieure, on rencontre les officiers ordinaires des collèges. En tête, le « maistre » qui n'a pas encore à ce moment le titre de principal, et au-dessous de lui le procureur, tous deux nommés par l'Archevêque de Reims, qui dans ses lettres de collation se qualifie de « provisor et administrator (3) ». A cette époque (1467-1471), le maître nous parait jouer un rôle assez effacé. Ses fonctions consis

(1) Pièce justificative IV.

(2) Pièce justificative V.

(3) Aucune mention de chapelain. Il faut noter cependant que dès 1415, le cardinal de Pise, alors légat du Saint-Siège, avait accordé aux étudiants du Collège la faculté d'avoir un ou deux chapelains «quorum collatio et institutio ad eosdem pleno jure pertinebit », détail intéressant, car plus tard, en 1454, des lettres royales réservèrent cette nomination à l'Archevêque de Reims. (Pièce justificative II.)

taient surtout à tenir le Collège en louage, en quelque sorte, de l'archevêque, auquel il était tenu de payer une redevance fixe; à lui ensuite à trouver des pensionnaires ou locataires qui le rémunérassent suffisamment pour l'indemniser. Le procureur était principalement chargé de la gestion financière et devait tenir compte des sommes lui passant par les mains, tant en recettes qu'en dépenses. A époques fixes, sans doute, ou plutôt à certaines dates déterminées par l'archevêque, il devait «rendre ses comptes », et le prélat nommait alors deux délégués pour les examiner, les clore et les approuver.

Parcourons maintenant le compte de me Simon Caynet, maitre ès arts, chanoine de Reims, étudiant en l'Université de Paris, et qui fut procureur des Collèges de Reims et de Rethel «uniz ensemble », de janvier 1467 à novembre 1471. Pendant quatre ans, de 1466 à 1470, le Collège de Rethel rapporta en location 34 1. 4 s. p.; aucun détail malheureusement sur sa situation, son aspect extérieur, sa distribution intérieure ; à peine savons-nous, par des sommes payées pour réparations, qu'il s'y trouvait une étable, un bac pour les chevaux, et... des cheminées! c'est peu. Ajoutons aussi que tous les ans il payait à l'Hôtel de Ville une rente de 60 s. p. et 2 s. de « fons de terre ». Nous sommes mieux renseignés pour le Collège de Reims. Tout d'abord, nous avons l'assurance de constructions élevées depuis le sac de 1418, car on y distingue le « neuf corps d'ostel » du « vieil ». Un nommé Pierre Marie y fut maitre jusqu'en 1468, pendant vingt et un mois environ; à ce titre il se trouvait redevable vis à vis de l'archevêque de 60 fr. par an, que ce dernier, « eu esgard que durant icelluy temps furent disperséz les escoliers de ceste Université pour la peste », réduisit à

30 écus d'or, que ledit Marie ne paya pas du reste davantage d'où procès devant l'official de Reims. Son successeur fut m° Hugues Perrin, maître ès arts, licencié en médecine. En deux ans, le Collège lui rapporta 4 1. 2 s., grâce à deux « commensaux », Guillaume de Longues bourdes et Pierre de Suippe, et à un certain Adam Stpuse, ses locataires. La situation n'était guère enviable aussi, lorsque son successeur, me Charles Fromont, maître ès arts et « licencié ès loys et decret », reçut en 1470 ses lettres de collation, il déclara ne pas vouloir se charger de louer les chambres du Collège « par ce que lors il n'y avoit gueres d'escoliers à Paris... et qu'il n'en sauroit faire son proffit, obstans les guerres et divisions qui estoient lors en diverses contrées ». Il n'exerça donc pas sa charge, à proprement parler, se contentant, à titre de maître, d'occuper une chambre. Il versa cependant à m° Simon les petites sommes qu'il reçut des rares locataires du Collège, parmi lesquels on distingue tout d'abord un « maitre Jehan Flamang, dont les escoliers tenoient une chambre », quelque pédagogue, sans doute, car c'est à cette époque qu'ils commencèrent à se montrer; deux autres étudiants, Jacques Fabri et Nicolas de Mézières, partagaient la même chambre et payaient 3 s.; d'autres enfin se logaient, mais... ne payaient pas, et m° Simon nous a conservé le nom de ces pauvres hères, parmi lesquels figurent un moine bénédictin, frère Guillaume de Bosco, et un laboureur... anonyme! Triste et lamentable situation que celle du Collège, et dans tout ceci nous ne voyons nulle mention de boursiers, de professeurs, de règlement quelconque. Qu'étaient devenues les fondations de bourses de Guy de Roye, de Jeanne de Presles et des comtes de Nevers? Personne ne s'en préoccupait.

Le Collège du reste pouvait à peine subsister, et du côté de Vailly, les revenus étaient négatifs. Simon Caynet. nous conte qu'il y fit deux voyages, le premier, aussitôt après sa nomination; et en repassant par Reims, il fit agréer que l'archevêque y nommat un receveur spécial pour examiner les comptes et faire le nécessaire. Il y retourna en 1470, et, tout bien examiné, l'héritier du receveur « Adenet Cadart, neveu du deffunt, lui réclama, pour quatre années, la somme de 12 1. 14 s. p. pour plus mis que receu », par suite de réparations, en lui présentant les comptes paraphés par deux jurés du bailliage de Vermandois. Depuis, le procureur n'avait rien touché du reste.

Cependant, grâce à quelques créances recouvrées, la recette totale du compte de m° Simon se montait à 1101. 9 s. p., soit une moyenne de 30 1. par an environ. Les dépenses s'ouvrent par le chapitre des réparations, et c'est la plus grosse somme de tout le compte: 84 1. 35 s. 8 d.; on y voit figurer tous les corps de métiers: maçons, charpentiers, serruriers, etc... Si nous ne pouvons avoir une idée complète de l'hôtel et de sa distribution, nous pouvons glaner çà et là quelques détails intéressants. Tout d'abord, la réfection presque entière de la « grande salle » du Collège, qui fut de plus garnie de 19 pieds de verrières, le 18 juillet 1469. La chambre du maître était au second étage du « corps neuf », et le 3 septembre 1468, me Hugues Perrin y fit poser trois panneaux de verre. Le procureur avait une « estude», et en fit placer une autre dans la dernière chambre neuve. Signalons enfin un coffre où « estoient les livres du Collège », et la construction d'une cuisine neuve avec une despence». Les autres dépenses ont trait aux rentes foncières ou autres, dues à l'abbaye Sainte-Geneviève,

་་

aux voyages à Vailly, pendant lesquels le digne procureur touchait 3 et 4 sols par jour pour son entretien ; aux frais de procédure pour le procès de Pierre Marie, et ceux de l'établissement du compte. - Enfin, pour ses cinq années de service, m° Simon reçut pour ses gages un marc d'argent par an, soit 16 1. p. ! La dépense totale s'éleva à 140 1. 9 s. 9 d., dépassant la recette de plus de 30 1. Pour l'examen du compte, l'archevèque avait délégué m' Jean Meynard et Pierre du Buz, maitres ès arts, commissaires ad hoc. M° Simon étant décédé le 2 novembre 1471 (1), ils le « reçurent » de son frère et héritier Nicolas de Cuyry, dit Caynet, marchand à Reims, en présence de discrète personne m Jean Boucher, le nouveau procureur, le 31 décembre de la même année.

Le compte de me Caynet n'est pas le seul document que nous ayons pour le xv° siècle. Un procès-verbal d'enquête, de 1497 (2), au sujet d'un procès entre le Collège de Reims et celui de Coquerel, son voisin, nous donne encore maints détails à retenir. Du débat, nous ne connaissons pas l'origine, nous savons seulement qu'il s'agissait d'un jardin mitoyen dont chacun de ces établissements revendiquait la propriété. Autant qu'on peut conjecturer, Reims soutenait que, de tout temps, ce terrain lui avait appartenu, tandis que Coquerel pré

(1) C'est à Reims qu'il mourut. Il avait une demi-prébende de chanoine à Notre-Dame depuis le 11 octobre 1471, par suite de la mort de Guérin Yver. Il fut enterré près de l'église in ambitu processionis, avec son oncle « Jean Majoris », peut-être de la famille de Gerson?

Pierre Marie eut aussi d'abord une demi-prébende, le 28 mai 1450, puis la prébende entière en 1435.

Voir VEYEN, Histoire du Chapitre et Église de Reims, ms. de la Bibliothèque municipale de Reims.

(2) Elle dura les 2, 3 et 4 décembre. (Pièce justificative, VI.)

« PrécédentContinuer »