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<«< Duché de Luxembourg du dit traité, et que les intentions des << hautes parties contractantes ont été loyalement remplies.

« En foi de quoi. . . .

« Donné en notre château de Walferdange, le 22 mai de l'an de grâce 1883.

«Signé: GUILLAUME. »

CHAPITRE VI.

Les Français à Luxembourg pendant la guerre franco-allemande (1870-71).

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LES AMBULANCES LUXEMBOURGEOISES A SEDAN ET A METZ.
DIFFICULTÉS AVEC LA PRUSSE.

Ce ne sont plus maintenant des vainqueurs ou des conquérants que les armées françaises ont jetés dans le pays de Luxembourg. Les souvenirs de 1684 et de 1795 sont bien loin dans le passé.

Ce sont des vaincus, des blessés, des réfugiés ou des malades. Et il nous est doux d'écrire en terminant cette étude - que l'accueil fait par le peuple de Luxembourg à ces vaincus, à ces blessés, a été des plus chaleureux, et cela sans aucune arrière-pensée ni de crainte envers le vainqueur mécontent, ni d'espoir en une récompense de la part du vaincu, s'il revenait à meilleure fortune.

Nombreux ont été les secours tout désintéressés, nombreux aussi les actes de miséricorde et de pitié, de véritable dévouement même car parfois, il y avait péril à être charitable qui ont signalé le passage de soldats français à travers le Grand-Duché pendant cet hiver de 1870-71, de si lamentable mémoire. Vainqueurs et conquérants, les aurait-on aussi bien accueillis? Chi lo sa?

Pendant la guerre franco-allemande de 1870 comme aussi d'ailleurs dans la plupart des guerres que les siècles ont vu naître de la rivalité des deux nations le théâtre des opérations militaires s'est trouvé, à plusieurs reprises, très rap

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proché de la frontière luxembourgeoise. Le Grand-Duché était bien protégé contre une incursion directe sur son territoire par la neutralité que lui assurait le traité de Londres du 11 mai 1867 — traité qui régit encore aujourd'hui sa situation au milieu des États de l'Europe occidentale. Mais il devait néanmoins résulter de ce voisinage des contacts inévitables entre les Luxembourgeois et les nations belligérantes. De là découlait une source de nombreuses et réelles difficultés qui pouvaient mettre même en péril l'indépendance du GrandDuché.

Nous nous arrêterons principalement sur deux groupes de faits particuliers, d'ordre différent, qui suffiront pour mettre en relief le double point de vue auquel nous entendons nous placer.

Nous le ferons avec d'autant plus de plaisir, qu'il doit ressortir de leur développement la preuve bien évidente de la sympathie que les Luxembourgeois ont, à cette époque critique, témoignée aux Français malheureux, dans la limite extrême où ils pouvaient le faire sans compromettre leur position de pays neutre.

Nous parlerons done:

1° De l'assistance, quelquefois héroïque, apportée aux blessés français par les ambulances luxembourgeoises particulièrement à Sedan et à Metz;

2o Des difficultés soulevées, à trois reprises différentes, contre le Grand-Duché par la Prusse victorieuse, cherchant, sous le couvert d'une accusation de prétendue violation de neutralité, un prétexte plausible pour s'annexer le Luxembourg, ou, tout au moins, pour imposer à ses habitants des charges très onéreuses. Singulière façon de s'attacher un peuple que l'on revendiquait comme allemand.

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Dès le début de la guerre franco-allemande, c'est-à-dire aut milieu du mois de juillet 1870 (le 20 juillet), un comité central de secours aux blessés militaires, affilié à la Société internationale de Genève, dite de La Croix Rouge, se constitua officiellement à Luxembourg. Une circulaire fut envoyée à toutes les autorités locales, afin de provoquer des dons en argent et en nature, et le 1er août, un comité de dames se formait pour confectionner les linges et effets de pansement nécessaires au service des ambulances. La direction des chemins de fer consentit à une réduction des trois quarts sur les prix des tarifs, pour le transport des dous en nature recueillis par le comité.

L'effort de toutes ces bonnes volontés fut couronné de succès. Les dons en argent, les objets en nature affluèrent rapidement au siège du comité. Le linge, la literie, les médicaments et les provisions de bouche furent réunis en grande quantité dans la caserne que l'on venait de transformer en hôpital. Toutes les dispositions nécessaires avaient été prises pour y recevoir deux mille blessés.

Dès le 7 août, les envois de secours commencèrent. Ces expéditions étaient accompagnées de médecins et de nombreux infirmiers volontaires. Elles se faisaient par Trèves pour les armées prussiennes, et pour la France par Thionville et Metz. (Metz est à une heure de Luxembourg par les trains directs.)

Mais ce sont les Français qui ont eu le plus besoin de cette charitable assistance.

Après les sanglants combats dont les environs de Metz furent le théâtre, deux colonnes de secours, formant de véritables ambulances mobiles, furent dirigées de Luxembourg, les 21 et 25 août, sur les champs de bataille où les deux armées en présence avaient laissé des blessés en si grand

nombre que le personnel médical militaire était insuffisant à les secourir d'une manière efficace.

Ces secours étaient encore plus nécessaires après la bataille de Sedan. Là, tout faisait défaut. Les vivres eux-mêmes manquaient. Quant aux médicaments et aux effets de pansement, ils n'existaient qu'en très minime quantité, tellement les ambulances se trouvaient mal outillées ou déjà désorganisées.

Aussi, dès le 3 septembre, le comité central de Luxembourg envoie d'urgence sur le champ de bataille de Sedan des quantités considérables de vivres, de médicaments et d'objets de toute nature indispensables au traitement des blessés. Il doit même faire un pressant appel aux dames du comité pour renouveler la provision déjà épuisée -de bandages, de compresses, de pièces de linge nécessaires pour les panse

ments.

Il y eut à ce moment, à Sedan et dans les environs, sous les auspices du comité central de Luxembourg, plus de soixante personnes venues du Grand-Duché pour accomplir ces œuvres d'assistance. Parmi elles, dix médecins, des pharmaciens, des infirmiers. De nombreuses voitures accompagnaient ces convois.

Les rapports faits au comité central constatent que les envois multiples de secours dirigés du Grand-Duché sur Sedan ont été d'autant plus appréciés qu'ils étaient les premiers. Et cela, dans un moment où la pénurie de toutes choses était telle que, sans les expéditions des Luxembourgeois, mainte ambulance aussi bien allemande que française - aurait succombé, faute de vivres et d'objets de pansement. Les officiers des deux nations félicitèrent chaudement les Luxembourgeois de leur dévouement, les appelant la providence des blessés et reconnaissant que d'aucun pays il ne leur était venu d'aide aussi prompte et aussi efficace.

Les membres du comité de secours luxembourgeois eurent d'autant plus de mérite à accomplir ainsi cette œuvre de charité que, quelquefois, leur langage et leur accent les firent prendre pour des Prussiens par les populations fran

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