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DE PHILOSOPHIE,

PAR M. PH. DAMIRON,

ANCIEN ÉLÈVE de l'école normale,

PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU COLLEGE ROYAL DE
LOUIS-LE-GRAND ET A L'ÉCOLE NORMALE.

TROISIEME PARTIE.

LOGIQUE.

A PARIS,

CHEZ L. HACHETTE,

LIBRAIRE DE L'UNIVERSITÉ ROYALE DE FRANCE,

RUE PIERRE-SARRAZIN, N° 12.

-

1836.
JNE

LENOX LIE

NEW YORK

PRÉFACE.

OBJET ET BUT DE LA LOGIQUE, SON CARACTÈRE, SON DOMAINE. APPLICATION QU'ON PEUT EN FAIRE A L'HIS

TOIRE DE LA PHILOSOPHIE.

Me voici fidèle à l'engagement que j'ai pris, dans un autre ouvrage (1), de donner aussitôt que je le pourrais un Traité de logique. Je commencerai par ce travail cette suite de publications que je conçois et que j'ai indiquées comme autant de dépendances de la morale générale.

La logique, sans aucun doute, est une de ces dépendances. L'art, en effet, dont l'objet est de diriger l'intelligence dans la recherche de la vérité, est certainement une application de la théorie du bien; il s'y rattache comme tout art qui se propose sous quelque rapport la perfection de notre nature. J'ai, en plus d'une occasion, essayé de l'expliquer; mais peut-être n'est-ce pas encore un

(1) Cours de philosophie, deuxième partie (Morale).

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point tellement compris qu'il ne faille pas y le remettre en lumière. La logique s'estime et s'apprécie par la science, et la science par la vérité, dont elle est la possession.

Qu'est-ce donc que la vérité ? On l'a dit bien des fois, et de bien des façons; mais je n'en ai pas moins besoin de le redire encore ici d'une manière particulière.

La vérité, c'est ce qui est; c'est ce qui est de son être propre, objectivement, réellement, et non pas sous le bon plaisir et du chef de l'esprit. La vérité est faite pour l'esprit, mais non par l'esprit; de même que l'esprit, à son tour, est fait pour la vérité, et non par la vérité; de l'un à l'autre il y a affinité et harmonie, mais non génération et identité; ils se conviennent, mais ne s'unifient pas.

La vérité est ce qui est, elle est tout ce qui est; son domaine est l'univers; l'existence des choses, leurs attributs et leurs rapports; la nature, l'homme et Dieu, considérés sous ce triple aspect; toutes les vérités partielles qui sont comme autant de faces de la grande vérité, et cette vérité ellemême, la vérité des vérités, celle qui fonde,

constitue et unit toutes les autres, voilà tout ce qu'est le vrai : le vrai est égal à l'être.

Seulement, le vrai n'est jamais que l'être devenu accessible et perceptible à l'intelligence; l'être qui lui serait insaisissable pourrait être en réalité, mais ne serait pas en vérité. Le vrai est nécessairement intelligible.

Or il n'y a finalement d'intelligible que le général. Il n'y a pas de science de ce qui passe, de ce qui est un jour et n'est pas l'autre, de ce qui change d'un jour à l'autre, de ce qui n'a pas trace de permanence, de fixité et d'unité; il n'y a pas de science du particulier, non que notre esprit reste étranger à ce qui est particulier, à ce qui est par là même l'objet inévitable de ses premières perceptions; mais si c'est là son point de départ, ce n'est pas là son terme. Il commence par le particulier, mais il ne s'arrête qu'au général. Il n'y a achèvement de pensée, consommation de connaissance, science, enfin, que par le général.

Mais qu'est-ce que le général ? Ce qui ne passe pas, ce qui demeure, ce qu'il y a d'essentiel. et de constant dans les choses; et, pour le dire en un inot, le général, c'est l'ordre.

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