Images de page
PDF
ePub
[blocks in formation]

A.BALUFFE, H. DE BORNIER, C. BROUCHOUD, E. CAMPARDON, J. CLARETIE,
F. COPPÉE, E. COTTINET, G. DEPPING, P. D'ESTRÉE,
V. FOURNEL, J. GUILLEMOT, F. HILLEMACHER,

A. HOUSSAYE, H. DE LAPOMMERAYE, G. LARROUMET, J. LOISELEUR,
P. MESNARD, L. MOLAND, A. DE MONTAIGLON, EUG. NOEL,
CH. NUITTER, E. PICOT, L. DE LA PIJARDIÈRE,
ED. THIERRY, E. THOINAN, ETC.

[merged small][merged small][graphic][merged small]

TRESSE & STOCK, LIBRAIRES-ÉDITEURS
8, 9, 10, II, GALERIE DU THÉATRE FRANÇAIS

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

UNE NOUVELLE SIGNATURE DE MOLIÈRE (Fac-simile hors texte).

MOLIÈRE SANS LE SOU. A. Baluffe.

[merged small][ocr errors]

· Du Monceau.

ÉPHÉMÉRIDES MOLIÉRESQUES.-G. M.

BULLETIN THÉATRAL.- Mondorge.

LE PRIX D'ABONNEMENT EST DE 12 FRANCS PAR AN

POUR TOUTE LA FRANCE — ÉTRANGER, 13 FRANCS.

UN NUMÉRO: UN FRANC 50 CENT.

On s'abonne à la librairie TRESSE et STOCK, 10, Galerie du Théâtre Français, ou par mandat sur la poste adressé à M. G. MONVAL, 79, boulevard de Clichy, auquel les manuscrits, communications, demandes et réclamations devront être envoyés par lettre affranchie.

ÉMILE PERRIN

M. Emile Perrin est décédé le jeudi 8 octobre, dans sa 71° année.

Toute la presse a reproduit les éloquents discours prononcés sur sa tombe, le mardi 13; presque tous les journaux ont publié son portrait et sa biographie.

Que pourrais-je ajouter à ce qui a été dit et si bien dit de l'homme, du dilettante, de l'artiste, de l'administrateur, du lettré ? Quelques détails sans importance à cette place, quelques souvenirs personnels dont je dois garder le secret, puisqu'ils me viennent d'un chef éminent qui a bien voulu quelquefois oublier la distance hiérarchique pour penser tout haut devant moi, et que je n'ai pas plus le droit de trahir aujourd'hui qu'hier. Mais ce que je puis, ce que je dois dire ici, c'est mon profond respect, ma vive admiration, ma reconnaissance émue, mes sincères regrets.

Si notre petite revue porte aujourd'hui le deuil pour la troisième fois depuis sa naissance, c'est non-seulement du directeur de la Maison de Molière (le premier, depuis Molière lui-même, qui soit mort à son poste, dans l'exercice de ses fonctions), c'est aussi le deuil d'un moliériste de haute valeur et de grand exemple.

M. Perrin était, dans la meilleure acception du terme, moliériste : il n'aimait pas beaucoup le mot, malgré son ancienneté; mais l'idée de grouper les efforts des chercheurs spéciaux et de centraliser leurs travaux dans un recueil périodique, lui avait plu tout d'abord. Il encouragea nos débuts, voulut présider notre premier banquet et ne cessa de s'intéresser à nos petites découvertes.

Il aimait Molière par-dessus tous les grands Français; cette raison robuste, cette franche et måle simplicité, cette mesure souveraine ravissaient son esprit sobre, net, clair et précis. La figure même du Contemplateur l'attirait invinciblement, et nous n'eûmes pas à faire de grands efforts pour le décider à écrire son étude magistrale sur les Portraits de Molière.

Son œuvre le passionnait plus encore, cela va sans dire. Il en citait des fragments avec une joie naïve, presque avec orgueil, et demeurait comme étonné de cette profondeur d'observation, de cette rectitude de pensée, de cette vérité de langage dont le secret semble perdu.

On sait avec quel soin délicat M. Perrin remonta, pour le Jubilé de 1880, le Bourgeois gentilhomme et cet admirable Impromptu de Versailles qu'on commençait à oublier. L'un de ses derniers projets fut de donner aux reprises de Don Juan et des Fâcheux un éclat digne de Molière.

C'est de Molière sans doute qu'il avait appris l'art de juger les hommes et de lire au fond des cœurs. De lui peutêtre encore tenait-il l'horreur du faux sous toutes ses formes faux modestes, faux dévoués, faux désintéressés, faux savants, réputations surfaites, élus de la camaraderie ou de la réclame, mouches du 'coche, quémandeurs de tout

[ocr errors]

rang et de toute fortune, voleurs de temps, éternels fâcheux, avaient successivement défilé devant lui dans sa longue carrière. Très physionomiste, M. Perrin les pénétrait du premier coup avec un flair spécial et une perspicacité rare. C'est dire à quel degré Molière, le grand arracheur de masques, était << son homme », selon la belle expression de La Fontaine.

Il le trouvait grand jusque dans ses plus petites productions. Je me souviendrai toujours de son enthousiasme pour la dédicace des Fâcheux au Roi, qu'il considérait comme un chef-d'oeuvre de tact, de bienséance et de goût.

N'étaient-ce pas là les qualités maîtresses de M. Perrin lui-même, le secret de sa force et de ses succès ? N'y joignait-il pas une douceur, une bonne grâce, une affabilité souriante, un charme d'autant plus précieux qu'il les cachait sous une apparente froideur et une brusquerie voulue?

Ceux qui l'ont connu l'ont aimé; ceux qui l'ont servi n'oublieront jamais ce chef qui savait commander, quoique donnant ses ordres du ton dont on exprime un désir.

Ce sera l'aimer encore et vénérer sa mémoire que de bien servir la Maison qu'il aimait jusqu'à lui donner sa vie. Il la laisse grande et prospère, et c'est presque une consolation pour nous de pouvoir dire aujourd'hui, comme à la mort d'un roi: « M. Perrin est mort... Vive Molière !»>

GEORGES MONVAL.

« PrécédentContinuer »