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Ce sont Vital de Lestang, évêque de Carcassonne, président ;

Le comte de la Motte-Vachères, baron du Vivarais; Louis de Retz de Bressolles, baron de Villerousset, envoyé

de Polignac;

Antoine Dagut, vicaire général de Jean-Vincent de Tules, évêque de Lavaur;

Pierre-Nicolas de Rabaudy, député de Toulouse; Louis de Calvière de Boucoiran, sieur de Leuga, député de Nîmes; Charles de Rivière, sieur de Villeneufve, député de Mende; Henry Juvigny, docteur en médecine, député de Castres;

Fort Monset, diocésain de Carcassonne; Jacques de St Étienne et de Carmaing, sieur de Montagut, diocésain de Lavaur; Jean-Pierre de Monserrat-Cessolles, diocésain de St Papoul.

Ce document incontestablement authentique, venant à l'appui du reçu écrit par Molière et signé par lui, donne au nouvel autographe la valeur d'une pièce notariée.

On ne connaissait rien de l'itinéraire de Molière depuis son apparition en 1650 (1), à Narbonne, (10 janvier) et à Agen (13 février), jusqu'en 1652. M. A. Baluffe avait seulement avancé dans les termes suivants, une conjecture qui se trouve absolument justifiée :

lons parler, Miroménil, l'un des commissaires du roi, s'adressant aux membres du Tiers, leur dit : « Votre ordre est fort au-dessus de tous ceux de cette qualité dans le royaume. >>

(1) C'est l'année précédente qu'il avait joué à Toulouse, au mois de mai. Pour servir de rectification à un passage d'un de nos précédents articles: Le Moliériste, tome II, page 265.

« M. de Bioule... les avait pris déjà (Molière et les comédiens ses camarades) en 1650-1651, à la session des États à Pézenas, je le crois du moins. » (1)

La session de 1651 (2) s'ouvrit à Pézenas, dans la grande salle de l'hôtel-de-ville, le lundi 24 octobre 1650 et se termina le samedi 14 janvier 1651. Les commissaires du roi furent Louis de Cardaillac et Lévy, comte de Bieule (3), lieutenant général pour le roi en Languedoc, commissaire principal (4), assisté de Jacques Dyel, seigneur de Miroménil, conseiller du roi ordinaire en ses Conseils d'état et privé, de Louis le Tonnelier, seigneur de Breteuil, intendant de la justice en Languedoc et Roussillon, et de De Grefeuille et De Madron, trésoriers de France, généraux des finances à Toulouse et à Montpellier.

Pendant cette session à juste titre extraordinaire, les députés ne se refusèrent rien: on les a vus sè distribuer des gratifications énormes pour le temps, et se payer le luxe du théâtre, avec une troupe de choix : au saut du lit, ils

(1) Le Moliériste, VI, 210.

(2) Dans le langage administratif, les sessions des États sont toujours désignées par la date de l'année à laquelle se rapportaient les crédits mis en discussion. La session de 1650-1651 est dénommée États de 1651.

(3) Nous écrivons Bieule, et non Bioule, pour nous conformer à l'orthographe de la signature de Louis de Cardailhac, telle qu'on la trouve dans les quittances des Trésoriers de la Bourse. Les procès-verbaux des États n'emploient également que la forme Bieule.

(4) Le commissaire principal était comme un premier président d'un rang plus élevé que le président-né : « Vous, monsieur, que nous avons l'honneur d'avoir pour Président et Commissaire principal. » Harangue de Rebé, archevêque de Narbonne, président-né des États, au comte d'Aubijoux dans-la séance du 31 juillet 1651.

s'étiraient aux accords délicieux d'une messe en musique, exécutée par vingt-quatre excellents musiciens... Bon logis, bonne table et le reste :

<< Aux maistres de la musique des villes Dagde et Pezenas et a leurs compaignons en nombre de vingt quatre ramasses des meilleures villes de la province qui ont chanté tous les jours à la messe des Estatz pendant trois mois leur a esté accordé la somme de quatre mil livres qui leur seront payes comptant par le tresorier de la bource des Estatz. » (1)

Un dernier mot. La quittance de 1650 nous montre pour la première fois Molière à la tête de ses compagnons. Du Fresne s'est effacé : l'art comique a trouvé son maître. L. DE LA PIJARDIÈRE.

(1) A l'ouverture de la session, les instruments ordinaires n'avaient pas été goûtés: Le 31 octobre 1650, les États décident que les violons ne joueront plus à la messe des Etats « et ont este renvoyez aux Comptes pour estre payez de leur assistance a la procession et messes des estatz depuis louverture diceux jusques à présent. » Cette délibération est expliquée par celle du 12 janvier 1651.

MOLIÈRE-SANS-LE-SOU

I.

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J'ai publié dans le XIXe Siècle du 25 août le document suivant (1), extrait de l'Inventaire (inédit) de la maison de Conti (Archives nationales, K3-125):

« La 2o pièce de la cotte GG est une copie informe et non signée » d'une obligation de 100,000 livres que les sieurs Jean Baptiste, Ro> bert et Pierre Poquelin ont presté à S. A. S. Mgr le prince de Conty > et mise à l'instant entre les mains du sr Bauger, son thrésorier, pour

seureté dudit prest. S. A S. consent que lesdits Poquelin reprennent > cette somme de 100,000 1. sur celle de 225,000 1. due à S. A. S. par » le Roy en considération de son mariage et mesme sur les revenus » de ses biens esnoncés dans un estat qui est attaché à ladite copie » d'obligation qui ne sont signé (sic) ni l'un ni l'autre. »

Ce document est catalogué au chapitre des Affaires domestiques concernant « les pensionnaires » du prince Armand Bourbon de Conti. Il porte la rubrique caractéristique: Affaire du S Poquelin (DU S'!), titre que j'ai donné à mon article dans le XIXe Siècle. Il se rapporte aux dépenses du mariage du prince avec une nièce de Mazarin (23 février 1654). Et j'ai démontré que le remboursement de

(1) Il y avait un an que ce document était découvert par moi quand je l'ai édité. Il y avait un an également que M. Du Monceau m'avait fait les objections que contient le dernier numéro du Moliériste, C'est donc bien après réflexion que j'ai procédé.

l'obligation avait été opéré « le 1er décembre 1654 », èsmains, non du s' Bauger, trésorier de Son Altesse », mais de Fremin qui, en 1641 (Voir le Moliériste, tome iv, page 309) était positivement le « procureur de Jean Poquelin » (père de Molière) et de ses enfants mineurs,»

M. Du Monceau ne saurait concevoir qu'il s'agisse ici de Jean-Baptiste Poquelin Molière. Il m'objecte que si j'avais trouvé l'original de l'obligation, j'aurais pu constater, par les signatures, qu'il est question de trois cousins du poète (1). Or, M. Du Monceau n'a pas, plus que moi,

(1) A propos de celui de ces trois cousins qui avait, comme Molière, le prénom de Jean-Baptiste, j'ai, apparemment, commis dans le XIXe Siècle une petite erreur de détail en disant qu'il s'était marié « en 1658 ». Jal et M. Du Monceau, après Jal, donnent la date de 1649. Soit, et ce n'est pas pour si peu que je serai en reste avec mon contradicteur! Histoire de lui rendre la politesse, je lui fais remarquer qu'il se trompe à son tour en faisant Pierre Poquelin « directeur de la Compagnie des Indes », à laquelle il ne fut qu'« intéressé », d'après les termes d'une de ses propres lettres. Mais mon erreur, en somme, est-elle bien claire ? C'est, je crois, M. Du Mesnil, auteur d'une généalogie des Poquelin, qui a le premier qualifié Pierre Poquelin de « directeur » de la dite Cie. Or, le même M. Du Mesnil qui, d'après cela, a quelque autorité aux yeux de M. Du Monceau, donne à « Jean Baptiste », marié en « 1649 » un enfant, « François », né « vers 1688 ». Encore que je n'y voie pas d'inconvénient, c'est peut-être là un cas de paternité déjà tardive. Il est vrai que, par compensation, certains moliéristes inventent des phénomènes de précocité: un universitaire distingué, auteur d'une édition des Précieuses ridicules, fait accoucher Mile Du Parc à l'âge de onze ans. D'après le même éditeur, Bossuet, qui s'y prenait un peu bien tôt, commença de prêcher « vers 1630, »> c'est-à-dire à moins de trois ans ! Mais, passons! Je veux admettre, en ce qui concerne « Jean-Baptiste, » qu'il se maria effectivement en 1649 et non préventivement, pour extrême jeunesse et sous réserve, comme c'était assez l'usage alors, de consommation ultérieure; et pourtant, soit qu'on n'ait pas cherché, soit qu'on ait cherché sans trouver, il est impossible de citer un enfant de «Jean-Baptiste » avant « 1659 ». Voilà

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