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L'examen des registres de Drancy nous a permis de relever trois autres documents intéressant la grande famille des Comédiens Français, mais dont la publication n'entre pas dans le cadre de nos études spéciales:

C'est d'abord, sous la date du 10 juillet 1702, l'acte de remariage de Barthélemy Gourlin, excellent comédien connu au théâtre sous le nom de Rosélis, qui venait de prendre sa retraite après la mort de son camarade Champmeslé. (1)

Puis, le 1er septembre 1712, le remariage de Catherine de Vondrebeck, veuve d'Etienne Baron.

Enfin, 29 janvier 1736, la signature, comme parrain, de Denis Porlier Pagnon, un aïeul du tragédien Saint-Aulaire qui fut le professeur de Rachel.

Que de choses à trouver encore, aux portes mêmes de · Paris! Que de documents à exhumer des hôtels-de-ville et des études de notaires!

GEORGES MONVAL:

(1) J'ai relevé, aux Archives de l'état civil de Fontainebleau, l'acte de décès de Rosélis (que l'on croyait mort à Versailles dès 1710) à la date du 10 décembre 1718.

ENCORE LA MARQUISE!

Voici, et tout de suite, la réponse

vait faire prévoir à M. Du Monceau :

que mon article de

1o Oui, au XVIIe siècle (dans des cas très rares), on donnait « le prénom de Marquise » aux femmes;

2o Oui, ce même prénom, Mile Du Parc le donna personnellement à une de ses filleules, à Lyon.

Mais ce double fait, matériel, tire-t-il à conséquence? S'il tire à conséquence, je m'empresse d'y juxtaposer et opposer un triple fait non moins concluant, en sens contraire:

1o René Berthelot se paie un jour la fantaisie de prendre, par surcroit, le nom de Du Parc; 2° la femme de René Berthelot, née de Gorle, ne s'appelle plus que « M1le Du Parc »; -3° « le 10 janvier 1658 a esté enterré (à Lyon) un enfant du sieur René Du Parc, comédien », ce qui atteste que toute la famille porte, à l'occasion, ce seul nom de fantaisie.

Après ?...

Ce triple fait prouve-t-il que René Berthelot en soit plus anthentiquement et plus originairement Du Parc?

Le nom de Du Parc et le prénom de Marquise n'ont-ils pas la même provenance, et ne sont-ils point passés du domaine de la fantaisie dans le domaine des « faits » sans

que le prénom ait été mieux justifié, à l'état civil, que le nom?

A la vérité, je suis surpris que M. Du Monceau n'ait pas adressé à M. Brouchoud ses questions. C'est à M. Brouchoud (1) de nous dire comment « le prénom de Marquise, » si répandu au XVIIe siècle », pouvait devenir «< choquant >> << pour les protecteurs bienveillants » de Me Du Parc, qui faisaient à la comédienne l'honneur et surtout l'amitié de tenir une fille sur les fonts de baptême, le 16 octobre 1659? Ces protecteurs bienveillants, ces amis, devaient, semblerait-il, trouver tout naturel un tel prénom qu'ils devaient connaître, et qui aurait dû leur devenir familier par l'habitude. Mais point! Mile Du Parc n'ose avouer ce prénom si répandu de peur d'offusquer, offenser et scandaliser la „sœur d'un marquis en se prénommant Marquise! — Arrangez cela...

Peut-être M. Du Monceau observera-t-il qu'il n'est pas solidaire et garant des argumentations hasardeuses de M. Brouchoud? Soit!

Pour nous en tenir aux faits, positifs, certains, patents, indéniables, si Mile Du Parc a donné à une de ses filleules (on ne donne pas toujours ce qu'on a) le « prénom de Marquise >> il n'en est pas moins vrai que, d'après un texte

(1) Puisque l'occasion s'offre de questionner M. Brouchoud, dont nul plus que moi n'apprécie les heureuses découvertes faites à Lyon, me sera-t-il permis de lui demander, ne fût-ce qu'en note, s'il ne considère pas aujourd'hui comme erronées les deux dates qu'il a assignées (Moliériste de juin 1882; Lyon-Revue de mai 1883) au passage de Molière à Vienne? Selon M. Brouchoud, Molière aurait séjourné à Vienne en «< septembre 1654 », et vers ou peu avant « le mois d'avril 1655. » Or, nos renseignements personnels nous font conclure au rejet de ces deux dates, comme étant les moins probables de toutes celles qui, de 1646 à 1658 inclusivement, peuvent être mises en dis cussion. - A. B.

formel de Conrart, elle était, en 1658, appelée: La Marquise, par « surnom. »

et

Il n'en est pas moins vrai encore que c'était l'usage, avant, pendant et après le XVIIe siècle, de donner galammént, poétiquement et populairement, le surnom de Marquise « à la plus belle », comme un titre d'honneur; cet usage, qui s'est perpétué jusqu'à nos jours dans le midi surtout, était infiniment plus général, au temps de Mile Du Parc, que l'emploi de « Marquise » comme « prénom ».

La question, au bout du compte, prend la forme d'une équation. En 1653, Mlle Du Parc se prénommait Marquise. En 1658, elle se surnomme La Marquise.

On a prétendu qu'en 1653, au moment où elle signe : « Marquise de Gorle » son acte de mariage, Me Du Parc ne pouvait devoir « à ses admirateurs » l'adoption du surnom de Marquise? Pourquoi pas? Mlle Du Parc devait avoir eu le temps d'être « fort belle » avant d'épouser Berthelot. Et non seulement le temps d'être très belle, mais de faire remarquer, admirer cette éclatante beauté dont les plus grands poètes du siècle, Molière, les deux Corneille, Racine, La Fontaine allaient être successivement épris.

Mlle Du Parc n'avait-elle paru dans aucune troupe avant 1653? Si l'Etourdi fut joué à Lyon, cette année, n'y remplit-elle pas le rôle d'Hippolyte, ce qui indique des antécédents à la scène? En 1653 Mile Du Parc est déjà ce qu'elle sera en 1658: La Marquise !

Le père de Mile Du Parc, Jacques de Gorle, était « opérateur du Roy en sa ville de Lyon. » Il y résida plus de trente ans, comme le rival momentané de Molière, Cormier, résidait à la fin à Marseille (1). Ces opérateurs avaient des

(1) Par acte reçu, le 6 février 1654, en l'office de Me Roquemaure, notaire royal à Marseille, Cormier fit don « à l'hôpital de Caux de la

troupes de comédie, parfois très importantes, sous leur direction. On dit, dans l'Histoire de Barry, que ce fameux opérateur (il se trouvait à Lyon en 1655) « avait les plus belles femmes de l'Europe et la plus magnifique troupe qui fut jamais. » L'exhibition des belles femmes était une spécialité des opérateurs. La beauté de Mlle Du Parc devint, pour ainsi dire, un devoir professionnel... Mlle Du Parc était donc Marquise par destination!

AUGUSTE BALUFFE.

somme de trois cents livres. » Caux est une des localités les plus immédiatement voisines de La Grange-des-Prés, où demeurait le prince de Conti, quand Cormier s'y trouva en concurrence avec Molière, au mois de novembre 1653. Ainsi, moins de trois mois après le passage de l'opérateur Cormier chez le prince, les pauvres du voisinage de son château recevaient de Cormier en pur don le montant peut-être de ses représentations à La Grange! Ce détail, inédit, ne donne pas mauvaise opinion des opérateurs.

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