Images de page
PDF
ePub

vante. Sije croyois de moi-même pouvoir attirer ses regards, ma bassesse et mon néant m'ôteroit le repos avec l'espérance. Mais puisque de luimême, par pure bonté, il a tourné vers moi ses regards, j'ai un appui que je ne puis perdre, qui est sa miséricorde par laquelle il m'a regardée, à cause qu'il est bon et libéral.

Elle ne craint point après cela de reconnoitre ses avantages, dont elle a vu la source en Dieu, et qu'elle ne peut plus voir que dans ce principe: Et voilà, dit-elle, que tous les siècles me reconnoîtront bienheureuse.

Ici étant élevée à une plus haute contemplation, elle commence à joindre son bonheur à celui de tous les peuples rachetés: et c'est comme la seconde partie de son cantique.

VI ÉLÉVATION.

Seconde partie du cantique à ces paroles: Le Tout-Puis

sant m'a fait de grandes choses.

déployé la puissance de son bras: il a dissipé ceux qui étoient enflés d'orgueil dans les pensées de leur cœur. Il a renversé les puissants de dessus le trône et il a élevé les humbles'. Quand est-ce qu'il a fait toutes ces merveilles, si ce n'est quand il a envoyé son Fils au monde, qui a confondu les rois et les superbes empires par la prédication de son Evangile? Ouvrage où sa puissance a paru d'autant plus admirable, qu'il s'est servi de la foiblesse pour anéantir la force, et de ce qui n'étoit pas, pour détruire ce qui étoit, afin que, ne paroissant rien, nul homme ne se glorifie devant lui2; et qu'on attribuât tout à la seule puissance de son bras. C'est pourquoi il a paru au milieu des hommes comme n'étant rien. Et lorsqu'il a dit: Je vous loue, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces mystères aux sages et aux prudents, et que vous les avez révélés aux petits3: n'a-t-il pas véritablement confondu les superbes, élevé ceux qui étoient vils à leurs yeux et à ceux des autres?

Celui qui seul est puissant a fait en moi de Marie elle-même en est un exemple: il l'a grandes choses: et son nom est saint: et sa mi- élevée au-dessus de tout, parce qu'elle s'est déséricorde s'étend d'âge en áge, et de race en race clarée la plus basse des créatures. Quand il s'est sur ceux qui le craignent'. Elle commence à fait une demeure sur la terre, ce n'a point été voir que son bonheur est le bonheur de toute la dans les palais des rois : il a choisi de pauvres terre, et qu'elle porte celui en qui toutes les na- mais d'humbles parents, et tout ce que le monde tions seront bénies. Elle s'élève donc à la puis- méprisoit le plus, pour en abattre la pompe. sance et à la sainteté de Dieu, qui est la cause de C'est donc là le propre caractère de la puissance ces merveilles. divine dans la nouvelle alliance, qu'elle y fait sentir sa vertu par la foiblesse même.

Celui qui est seul puissant a fait en moi un ouvrage seul digne de sa puissance, un Dieu homme, une mère vierge, un enfant qui peut tout; un pauvre dépouillé de tout, et néanmoins sauveur du monde, dompteur des nations, et destructeur des superbes.

Et son nom est saint: Dieu est la sainteté même : il est saint et sanctifiant: et quand estce qu'il le paroît davantage, que lorsque son Fils, qui est aussi celui de Marie, répand la miséricorde, la grace et la sainteté, d'âge en âge sur ceux qui le craignent?

Si nous voulons participer à cette grace, soyons saints; et publions en même temps avec toutes les nations, que Marie est bienheureuse.

VIIe ÉLÉVATION.

Suite du cantique où sont expliqués les effets particuliers de l'enfantement de Marie, et de l'incarnation du Fils

de Dieu.

Pour expliquer de si grands effets, Marie en revient à la puissance de Dieu: I a, dit-elle,

Luc. 1. 49, 50.

Il a rassasié les affamés, et il a renvoyé les riches avec les mains vides. Et quand, si ce n'est lorsqu'il a dit : Heureux ceux qui ont faim; car ils seront rassasiés 5: Malheur à vous qui étes rassasiés, car vous aurez faim? C'est ici qu'il faut dire avec Marie: Mon ame glorifie le Seigneur, et n'exalte que sa puissance, qui va paroître par l'infirmité et par la bassesse.

C'est là que l'ame trouve sa paix, lorsqu'elle voit tomber toute la gloire du monde, et Dieu seul demeurer grand.

VIII ÉLÉVATION.

Effets particuliers de l'enfantement de Marie dans les deux derniers versets de son cantique.

Les palais et les trônes sont à bas : les cabanes sont relevées : toute fausse grandeur est anéantie: c'est un effet général de l'enfantement de Marie dans toute la terre. Mais ne dira-t-elle rien de la rédemption d'Israël, et de ces brebis

Luc. 1. 51, 52. -21. Cor, 1. 27. 28, 29. -Matt. XI. 25. Luc. 1. 55. - Matth. v. 6. — Luc. vi. 23.

perdues de la maison d'Israël, pour lesquelles son Fils a dit qu'il étoit venu? Écoutons la fin du divin cantique : Il a pris en sa protection Israël son serviteur'. Ce n'est point à cause des mérites dont se vantoient les présomptueux: au contraire il a abattu le faste pharisaïque, et les superbes pensées des docteurs de la loi ; il a reçu un Nathanaël, vrai Israélite, simple, sans présomption, comme sans fard et sans fraude: et voilà les Israélites qu'il a protégés; à cause qu'ils mettoient leur confiance, non point en eux-mêmes, mais en sa grande miséricorde. Il s'est souvenu des promesses qu'il a faites à Abraham et à sa postérité, qui doit subsister aux siècles des siècles 2.

corde qu'il nous a produits et régénérés. Nous sommes ceux que voyoit Marie, quand elle voyoit la postérité d'Abraham : nous sommes ceux au salut de qui elle a consenti, quand elle a dit: Qu'il me soit fait selon votre parole. Elle nous a tous portés dans son sein avec Jésus-Christ en qui nous étions.

Chantons donc sa béatitude avec la nôtre : publions qu'elle est bienheureuse; et aggrégeonsnous à ceux qui la regardent comme leur mère. Prions cette nouvelle Ève qui a guéri la plaie de la première, au lieu du fruit défendu dont nous sommes morts, de nous montrer le fruit béni de ses entrailles. Unissons-nous au saint cantique, où Marie a chanté notre délivrance future. DiHeureux! que Dieu ait daigné s'engager avec sons avec saint Ambroise2: Que l'ame de Marie nous par des promesses. Il pouvoit nous donner soit en nous pour glorifier le Seigneur, que l'esce qu'il eût voulu: mais quelle nécessité de nous prit de Marie soit en nous pour être ravis de le promettre? Si ce n'est qu'il vouloit, comme dit joie en Dieu notre Sauveur. Comme Marie, metMarie, faire passer d'âge en âge sa miséricorde, tons notre paix à voir tomber toute la gloire du en nous sauvant par le don; et nos pères par l'at-monde, et le seul règne de Dieu exalté, et sa votente. Attachons-nous donc avec Marie aux im- lonté accomplie. muables promesses de Dieu qui nous a donné Jésus-Christ. Disons avec Élisabeth: Nous sommes heureux d'avoir cru: ce qui nous a été promis s'accomplira. Si la promesse du Christ s'est accomplie tant de siècles après, doutons-nous qu'à la fin des siècles tout le reste ne s'accomplisse? Si nos pères avant le Messie ont cru en lui: combien maintenant devons-nous croire, que nous avons Jésus-Christ pour garant de ces promesses! Abandonnons-nous à ces promesses de grace, à ces bienheureuses espérances; et noyons dedans toutes les trompeuses espérances dont le monde

nous amuse.

Nous sommes les vrais enfants de la promesse; enfants selon la foi, et non pas selon la chair qui ont été montrés à Abraham, non point en la personne d'Ismaël, ni dans les autres enfants sortis d'Abraham selon les lois de la chair et du sang; mais en la personne d'Isaac, qui est venu selon la promesse, par grace et par miracles. Abraham a cru à cette promesse : Pleinement persuadé, et sachant très-bien que Dieu est puissant pour faire ce qu'il a promis. Il ne dit pas seulement qu'il prévoit ce qui doit arriver, mais encore qu'il fait ce qu'il a promis; il a promis à Abraham des enfants selon la foi: il les fait donc. Nous sommes ses enfants selon la foi: il nous a donc faits enfants de foi et de grace; et nous lui devons cette nouvelle naissance. Si Dieu nous a faits par grace selon sa promesse, ce n'a point été par nos œuvres, mais par sa miséri

[blocks in formation]
[ocr errors]

IX ÉLÉVATION.

Demeure de Marie avec Elisabeth.

Marie demeura environ trois mois dans la maison d'Élisabeih: et elle retourna en sa maison 3. La charité ne doit pas être passagère. Marie demeure trois mois avec Élisabeth: quiconque porte la grace ne doit point aller en courant, mais lui donner le temps d'achever son œuvre. Ce n'est pas assez que l'enfant ait tressailli une fois, ni qu'Élisabeth ait crié : Vous étes heureuil faut fortifier l'attrait de la grace : et c'est ce qu'a fait Marie, ou plutôt ce qu'a fait Jésus, ep demeurant trois mois avec son précurseur.

se;

Regardons ce saint précurseur sanctifié dès le ventre de sa mère. Comme les autres il étoit conçu dans le péché mais Jésus-Christ a voulu prévenir sa naissance, et la rendre sainte. Il a voulu qu'il fit son office de précurseur jusque dans le ventre de sa mère. Il ne faut pas s'étonner si, dès le commencement de l'évangile de l'apôtre saint Jean, on voit Jean-Baptiste si étroitement uni a Jésus. Jean-Baptiste, qui n'étoit pas la lumière, devoit pourtant, et devoit avant sa naissance, et dès le sein de sa mère, rendre témoignage à la lumière, encore cachée. H n'étoit pas la lumière: puisque conçu dans le péché, il attendoit pour en sortir la présence du Sauveur.

Il y avoit une véritable lumière qui illumino tout homme venant au monde : et c'est par

Luc. 1. 38. — 2 Ambr. in. Luc. l. 14, n. 26,— 1 Luc. 1. 38, 1 Joan. 1. 8. - Ibid. 9.

cette lumière que Jean a été illuminé, afin que nous entendions, que s'il montre Jésus-Christ au monde, c'est par la lumière qu'il reçoit de JésusChrist même. O Marie! ô Elisabeth! ô Jean! que vous nous montrez aujourd'hui de grandes choses! Mais, ô Jésus, Dieu caché, qui sans paroître faites tout dans cette sainte journée, je vous adore dans ce mystère et dans toutes les œuvres cachées de votre grace!

Savoir si la sainte Vierge vit la naissance de saint Jean, l'Évangile n'a pas voulu nous le découvrir. Elisabeth étoit dans son sixième mois, quand Marie la vint visiter: elle fut environ trois mois avec elle: elle étoit donc ou à terme ou bien près de son terme et l'Évangile ajoute aussi, que le temps d'Elisabeth s'accomplit insinuant, selon quelques uns, qu'il s'accomplit pendant que Marie étoit avec elle: mais qui osera l'assurer, puisque l'Évangile semble avoir évité de le dire? Quoi qu'il en soit, ou Marie attachée à sa solitude, et prévoyant l'abord de tout le monde au temps de l'enfantement d'Élisabeth, le prévint par sa retraite : ou si elle est demeurée avec tous les autres, elle y a été humble et cachée, inconnue, sans s'être fait remarquer dans une si grande assemblée, et contente d'avoir agi envers ceux à qui Dieu l'avoit envoyée. O humilité ! ô silence qui n'a été interrompu que par un cantique inspiré de Dieu, puissé-je vous imiter toute ma vie!

XV SEMAINE

LA NATIVITÉ DU SAINT PRÉcurseur.

PREMIÈRE ÉLÉVATION.

On accourt des environs.

Le terme d'Élisabeth étant accompli, les voisins et ses parents accoururent pour célébrer la miséricorde que Dieu avoit exercée (en lui ôtant sa stérilité) et s'en réjouir avec elle 2. Les vraies congratulations des amis et des parents chrétiens, doivent avoir pour objet la miséricorde que Dieu nous a faite sans cela, les compliments n'ont rien de solide, ni de sincère, et ne sont qu'un

amusement.

Dieu dispose avec un ordre admirable tout le tissu de ses desseins. Il vouloit rendre célèbre la naissance de saint Jean-Baptiste, où celle de son Fils devoit aussi être célébrée par la prophétic

A Luc. 1. 37. -Luc 1. 57, 58.

de Zacharie; et il importoit aux desseins de Dieu, que celui qu'il envoyoit pour montrer son Fils au monde, fût illustré dès sa naissance : et voilà que, sous le prétexte d'une civilité ordinaire, Dieu amasse ceux qui devoient être témoins de la gloire de Jean-Baptiste, la répandre et s'en souvenir. Car tout le monde étoit en admiration; et les merveilles qu'on vit paroître à la naissance de Jean-Baptiste, se répandirent dans tout le pays voisin : et tous ceux qui en ouïrent le récit, le mirent dans leur cœur, en disant : Que pensez-vous que sera cet enfant? Car la main de Dieu est visiblement avec lui '. Accoutumonsnous à remarquer, que les actions qui paroissent les plus communes, sont secrètement dirigées par l'ordre de Dieu, et servent à ses desseins, sans qu'on y pense, en sorte que rien n'arrive fortuitement.

II ÉLÉVATION.

La circoncision du saint précurseur, et le nom qui lui est donné.

Le huitième jour on vint circoncire l'enfant; et ils lui donnoient le nom de son père, Zacharie: mais Élisabeth répondit que son nom étoit Jean. On lui remontroit que personne n'avoit ce nom dans leur parenté : et en même temps ils demandèrent par signes à son père, quel nom il lui vouloit donner; et il écrivit sur des tablettes, que Jean étoit son nom 2. On connut donc, par le concours du père et de la mère à lui donner ce nom extraordinaire dans la famille, qu'il étoit venu d'en-haut: Et tout le monde étoit étonné. Le nom de Jean signifie grace, piété, miséricorde: et Dieu avoit destiné ce nom au précurseur de sa grace et de sa miséricorde.

3

Il paroît que Zacharie, à qui on ne parloit que par signes 3, n'étoit pas seulement devenu muet par son incrédulité; mais que l'ange l'avoit encore frappé de surdité, mais l'ouïe lui fut tout à coup rendue avec la parole, quand il eut obéi à l'ange, en donnant à son fils le nom de Jean. L'obéissance guérit le mal que l'incrédulité avoit causé : à l'instant celui qui n'entendoit rien que par signes, et ne parloit qu'en écrivant, eut la bouche ouverte, et entonna ce divin cantique.

IIIe ÉLÉVATION.

Le cantique de Zacharie. Première partie : quels sont les ennemis dont Jésus-Christ nous délivre: et quelle est la justice qu'il nous donne.

Béni soit le Seigneur Dieu d'Israël 1. C'est,

Luc. 1. 65,66,2 Ibid. 1. 59, 60, 61, 62, 65. — Ibid. 1. 62. 64. Luc. 1. 68.

:

après être demeuré long-temps muet, une soudaine | persécuteurs de l'Église et si les Juifs avoient exclamation pour exprimer les merveilles qu'il été fidèles à leur Messie, je ne doute pas que avoit été contraint de resserrer en lui-même, tou- Dieu ne les eùt tirés de leur servitude d'une machant le règne du Christ qui étoit venu, et qui nière éclatante, pour les faire marcher sans bientôt alloit paroître. C'est ce qu'il voit dans crainte, et servir Dieu en paix. son transport; et il voit en même temps la part qu'aura son fils à ce grand ouvrage, qui sont les deux parties de cet admirable cantique.

C'est pour la gloire de Jésus-Christ le témoignage d'un prêtre célèbre parmi le peuple, et aussi savant que pieux. C'est pourquoi toutes les paroles de son cantique ont de doctes et secrets rapports aux promesses faites à nos pères, et aux anciennes prophéties.

Il commence donc par bénir ce Dieu : Parcequ'il a visité son peuple, et en a opéré la rédemption, en lui envoyant son Fils, en qui il nous a élevé un puissant Sauveur dans la maison de David son serviteur1. Voilà comme tout le monde connoissoit que le Fils de Marie par elle sortoit de David, et en héritoit la royauté. Le mot de corne dont il se sert, est un mot de magnificence et de terreur, qui dans le style de l'Écriture signifie la gloire, et en même temps une force incomparable pour dissiper nos ennemis. C'est ce que devoit faire le Sauveur sorti de David, pour la rédemption du genre humain.

Le saint prêtre nous fait voir deux choses dans cette rédemption: la première, sont les maux dont elle nous affranchit: et la seconde, sont les graces qu'elle nous apporte.

Premièrement donc : Il avoit promis par la bouche de ses prophètes, qu'il nous délivreroit de nos ennemis et de ceux qui nous haïssent2. | Quels sont les ennemis dont nous devons être délivrés? Ce sont, avant toutes choses, les ennemis invisibles qui nous tenoient captifs par le péché, par nos vices et par tous nos mauvais desirs: ce sont là nos vrais ennemis, qui seuls aussi peuvent nous perdre. Jésus-Christ nous délivre aussi des ennemis visibles, en nous apprenant non seulement à ne les craindre plus, mais encore à les vaincre par la charité et par la patience, selon ce que dit saint Paul 3: Ne vous laissez pas vaincre par le mauvais, mais surmontez le mauvais par l'abondance du bien: soigneux de gagner par la charité vos frères qui vous persécutent; et entassant des charbons sur leurs tétes, pour les échauffer et fondre la glace de leurs cœurs endurcis.

Quand donc Dieu fait prospérer son peuple contre les ennemis qui les oppriment; qu'ils regardent ces heureux succès comme une grace du libérateur qui leur est venu, et qu'ils en profitent pour mieux servir Dieu : autrement, et s'ils en abusent pour mener une vie plus licencieuse, la paix n'est pas une paix sainte et chrétienne, mais un fléau de Dieu plus terrible que la guerre même.

Mais les véritables ennemis dont la défaite nous est promise par le Sauveur, sont les démons nos vainqueurs dès l'origine du monde; et nos convoitises qui nous font la guerre dans nos membres; et nos péchés qui nous accablent, et nos foiblesses qui nous tuent; et les terreurs de la conscience, qui ne nous laissent aucun repos. Voilà les vrais ennemis, les vrais maux dont JésusChrist nous délivre, pour nous faire marcher sans crainte en sa présence'.

Ce n'est pas assez de nous délivrer des maux : le règne de Jésus-Christ nous apporte la sainteté qui doit avoir deux qualités. La première est exprimée par ces paroles, afin que nous servions en sainteté et en justice devant lui: c'est-àdire dans une parfaite et véritable sainteté qui ne soit point extérieure, et aux yeux des hommes, mais aux yeux de Dieu. Car dans le règne de Jésus-Christ il ne s'agit pas de purifications extérieures, ni de vaines cérémonies, ni d'une justice superficielle3: il faut être saint à fond, se tenir sous les yeux de Dieu, faire tout uniquement pour celui qui sonde le fond des cœurs, et ne songer qu'à lui plaire. Ce n'est pas assez, et voici la seconde qualité de la vraie sainteté : il faut persévérer dans cet état: une vertu passagère n'est pas digne de Jésus-Christ. Ceux qui, transportés par la douceur d'une dévotion nouvelle, se retirent à la première tentation, sont ceux qu'il appelle temporels, ou justes pour un certain temps, et non pour toujours. La preuve du vrai chrétien est la persévérance; et la grace que Jésus-Christ nous apporte est une grace qui premièrement nous fait vraiment justes devant Dieu, et secondement nous fait justes, persévérants, marchant courageusement et humblement à la fois, sous les yeux de Dieu, durant toute la

C'est ainsi que le Sauveur nous apprend à vaincre nos ennemis. Mais s'il faut qu'ils soient vain-suite de nos jours. cus manifestement, Dieu les mettra à nos pieds d'une autre sorte, comme il y a mis les tyrans

* Luc. 1. 68, 69. — Ibid. 70,7'. — Rom, XII. 20, 24.

Commençons donc une vie nouvelle sous le

[blocks in formation]

règne de Jésus-Christ: soyons justes à ses yeux, | moi qui suis la vérité même. Abraham, continue en exterminant pour l'amour de lui toute tache l'apôtre ', ayant attendu avec patience, a obtenu qui offenseroit ses regards, et pratiquant une l'effet de cette promesse ; car comme les hommes vertu ferme et sévère qui ne se relâche jamais, jurent par celui qui est plus grand qu'eux, et que ni en rien, le serment où ils font entrer la toute-puissance et la vérité de Dieu dans leur engagement, est la plus grande assurance qu'ils puissent donner pour terminer tous leurs différends, dont aussi le serment est la décision: Dieu voulant aussi

IV ÉLÉVATION.

Sur quoi toutes ces graces sont fondées,

Pour exercer sa miséricorde envers nos pè-faire voir avec plus de certitude aux héritiers res, et se souvenir de son alliance sainte, selon de la promesse, la fermeté immuable de sa résoqu'il avoit juré à Abraham notre père '. Il sem- tion, a ajouté le serment à sa parole: afin qu'éble qu'il falloit dire que Dieu exerçoit ses misé- tant appuyés sur ces deux choses inébranlables, ricordes sur nous en mémoire de nos pères. Mais par lesquelles il est impossible que Dieu nous pour nous ôter davantage toute vue de notre pro- trompe (c'est-à-dire sur la parole de Dieu, et pre justice, et nous faire mieux sentir que nous sur le jurement qui la confirme), nous ayons une sommes sauvés par grace, le saint prêtre aime puissante consolation, nous qui avons mis nomieux dire, qu'il exerce sa miséricorde envers tre refuge dans la possession des biens proposés nos pères qui lui ont plu, qu'envers leurs enfants à notre espérance. ingrats: qu'il nous sauve par sa bonté, et non à cause de nos mérites; et pour satisfaire à sa promesse, plutôt qu'en ayant égard à nos œuvres qui sont si mauvaises,

VI ÉLÉVATION.

Il ne faut point ici de commentaire; il n'y a qu'à écouter toutes ces paroles, et nous en laisser pénétrer. Prenons garde seulement, qu'en nous attachant à la promesse, nous ne présumions Ce n'est pas qu'il ne faille croire que Dieu donne pas plus qu'il ne nous est promis: Dieu a promis des mérites à ses saints; mais c'est que ces mé-à la pénitence la rémission des péchés; mais il n'a rites sont des graces: c'est que la grace qui nous pas promis le temps de faire pénitence à ceux les donne, nous est donnée sans mérite: on a des qui ne cessent d'en abuser. mérites, quand on est saint; mais pour être saint, il n'y a point de mérite: la récompense est due après la promesse; mais la promesse a été faite par pure bonté : la récompense est due encore une fois à ceux qui font de bonnes œuvres; mais la grace qui n'est point due, précède afin qu'on les fasse. Enfants de grace et de promesse, vivez dans cette foi c'est la nouvelle alliance que Dieu a faite avec nous: Que nulle chair ne se glorifie en sa présence: et que celui qui se glofie, se glorifie en notre Seigneur 2.

V ÉLÉVATION.

Quel est le serment de Dieu et ce qu'il opère.

Selon qu'il avoit juré à notre père Abraham 3. Je ne puis mieux exprimer le mystère de ce serment, que par ces paroles de l'épître aux Hébreux : Dans la promesse que Dieu fit à Abraham, n'ayant point de plus grand que lui par qui il pút jurer, il jura par lui-même, comme il est écrit: J'ai juré par moi-même, dit le Seigneur; et ajouta: Si je ne vous comble de bénédictions, et si je ne multiplie votre race jusqu'à l'infini: suppléez, je serai un menteur,

[blocks in formation]

Seconde partie de la prophétie du saint cantique qui regarde saint Jean-Baptiste.

Et vous, enfant, vous serez appelé le prophète du Très-haut 2; son prophète particulier et par excellence: prophète et plus que prophète3, comme l'appelle le Sauveur, puisque non seulement vous l'annoncerez comme celui qui va venir à l'instant, mais encore que vous le montrerez au milieu du peuple, comme celui qui est venu. Vous marcherez devant le Seigneur pour lui préparer ses voies 3. Voilà donc comme Zacharie appelle Jésus-Christ le Très-haut, et, le Seigneur; c'est-à-dire dans un seul verset, il l'appelle par deux fois, Dieu. Voilà donc le caractère de la prophétie de saint Jean-Baptiste, marqué distinctement par Zacharie, qui est de marcher devant le Seigneur pour lui préparer sa voie. Et ce caractère est tiré de deux anciennes prophéties; l'une d'Isaïe : Une voix est entendue dans le désert: Préparez la voie du Seigneur; faites ses sentiers droits. L'autre de Malachie en confirmation : J'enverrai mon

Heb. vi, 15, 16, 17, 18. -Luc. 1. 76. - Matth. xt. 9.
Joan. 1. 45, 26, 27, 29 et seq. -
· — — 5 Luc. 1. 76, - [s. XL. 3.
Matth. 1.3. Marc. 1. 3. Luc. 11. 4.- Malach. 111. 1. Matth.
XI. 10. Marc. 1. 2. Luc, vit. 27.

« PrécédentContinuer »