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gnons-nous dans l'œuvre de Dieu? Les obstacles que nous suscitent les grands de la terre et leur fausse politique? Quand le monde sera plus fort que Dieu, nous devons tout craindre: tant que Dieu sera comme il est, le seul puissant', nous n'avons qu'à marcher la tête levée.

IX ÉLÉVATION.

Les Mages adorent l'enfant, et lui font leurs présents.

Après que les mages se furent soumis aux prêtres et aux docteurs, et se furent mis en chemin, selon leur précepte; l'étoile paroît de nouveau et les mène où étoit l'enfant 2. Fut-ce à l'étable ou à la crèche? Joseph et Marie y laissèrent-ils l'enfant? et ne songèrent-ils point, ou bien ne purentils point pourvoir à un logement plus commode? Contentons-nous des paroles de l'Évangile : L'étoile s'arrêta sur le lieu où étoit l'enfant. Sans doute, ou dans le lieu de sa naissance, ou auprès, puisque c'étoit là qu'on les avoit adressés : et on doit croire que ce fut à Bethléem même, afin que ces pieux adorateurs vissent l'accomplissement de la prophétie qu'on leur avoit enseignée. Quoi qu'il en soit Ils l'adorèrent et lui firent leurs présents3.

Faisons les nôtres à leur exemple, et que ces présents soient magnifiques. Les mages offrirent avec abondance, et de l'or, et les parfums les plus exquis, c'est-à-dire l'encens et la myrrhe.

Recevons l'interprétation des saints docteurs, et que l'Église approuve. On lui donne de l'or comme à un roi : l'encens honore sa divinité; et la myrrhe son humanité et sa sépulture, parceque c'étoit le parfum dont on embaumoit les morts.

L'or que nous devons offrir à Jésus-Christ, c'est un amour pur, une ardente charité, qui est cet or appelé dans l'Apocalypse, l'or purifié par le feu qu'il faut acheter de Jésus-Christ.

Comment est-ce qu'on achète l'amour? par l'amour même: en aimant on apprend à mieux aimer; en aimant le prochain, et en lui faisant du bien, on apprend à aimer Dieu : et c'est à ce prix qu'on achète son amour. Mais c'est lui qui commence en nous cet amour, qui va sans cesse s'épurant au feu des afflictions par la patience.

Je vous conseille, dit Jésus-Christ, d'acheter de moi cet or 5. Obtenez-le par vos prières : n'épargnez aucun travail pour l'acquérir. Joignez-y l'encens. Qu'est-ce que l'encens du chrétien? L'encens est quelque chose qui s'exhale, qui n'a

I. Tim. VI. 15.- Matth. u. 9. - Ibid. 11. Apoc. u. Is - Ibid.

son effet qu'en se perdant, Exhalons-nous devant Dieu en pure perte de nous-mêmes; puisque celui qui perd son ame la gagne '. Celui qui renonce à soi-même, celui qui s'oublie, qui se consume lui-même devant Dieu, est celui qui lui offre de l'encens. Épanchons nos cœurs devant lui; offrons-lui de saintes prières qui montent au ciel, tout ensemble qui se dilatent dans l'air, et qui édifient toute l'Église. Disons avec David : J'ai en moi mon oraison au Dieu de ma vie 2; j'ai en moi l'encens que je lui offrirai, et l'agréable parfum qui pénétrera jusqu'à lui. Ce n'est rien, si nous n'y ajoutons encore la myrrhe; c'est-àdire, un doux souvenir de la passion et de la sépulture du Sauveur : ensevelis avec lui, comme dit saint Paul 3. Car sans sa mort il n'y a point d'oblation sainte; il n'y a point de vertu ni de bon exemple.

Après avoir offert ces présents à Dieu, croirons-nous être quittes envers lui? non, puisqu'au contraire, en lui donnant ce que nous lui devons, nous contractons une nouvelle dette1. Nous vous donnons, disoit David, parmi ces riches offrandes, ce que nous avons reçu de votre main. Combien plus avons-nous reçu de sa main cet or de la charité; cet encens intérieur de notre cœur épanché dans la prière; cette pieuse et tendre méditation de la passion et de la mort de Jésus-Christ! Je le reconnois, ô Sauveur! plus je vous offre, plus je vous suis redevable: tout mon bien est à vous; et sans en avoir besoin, vous agréez ce que je vous donne, à cause que c'est vous-même qui me l'avez premièrement donné, et que rien n'est agréable à vos yeux, que ce qui porte votre marque et qui vient de vous.

Mais que donnerons - nous encore à JésusChrist? le mépris des biens de la terre. Que les mages sortirent contents de trouver le Roi des Juifs, qu'ils étoient venus chercher de si loin, que l'étoile, que la prophétie leur avoit montré : de le trouver, dis-je, ou dans son étable, ou dans un lieu toujours pauvre, sans faste, sans appareil! qu'ils retournèrent contents de l'usage qu'ils avoient fait de leurs richesses en les lui offrant! Offrons-lui tout dans ses pauvres : la partie que nous leur donnons de nos biens, est la seule qui nous demeure ; et par celle-là que nous quittons, nous devons apprendre à nous dégoûter, à nous détacher de l'autre.

'Matt. xvi. 25. Luc. XIV. 33. Ps. XLI. 9. Rom. vi. 4. -S. Aug. Serm. 299. de nat. Apostol. Petr. el Paul. n.3. ̧ Paral. XXIX. 44.

Xe ÉLÉVATION.

Les Mages retournent par une autre voie.

Après avoir adoré l'enfant, avertis en songe par un oracle du ciel de ne retourner plus à Hérode, ils retournèrent en leur pays par un autre chemin '. Ainsi fut trompée la politique d'Hérode mais Dieu veut en même temps nous apprendre à corriger nos premières voies; et après avoir connu Jésus-Christ, de ne marcher plus par le même chemin. Ne nous imaginons

Dieu à qui seul la gloire appartient. Si jusqu'ici vous avez aimé ce qu'on appelle les aises et les plaisirs, accoutumez-vous à goûter dans les maladies, dans les contradictions, dans toutes sortes d'incommodités, l'amertume qui vient troubler en vous la joie des sens, et y réveiller le goût de Dieu.

XVIII SEMAINE.

pas qu'un changement médiocre nous suffise, LA PRÉSENTATION DE JÉSus-christ au tempLE,

pour changer les voies du monde dans les voies de Dieu. Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, dit le Seigneur. Et voyez quel en est l'éloignement : Autant que le levant est éloigné du couchant, autant mes pensées sont éloignées de vos pensées, et mes voies de vos voies". Ainsi pour aller par une autre voie, pour quitter la région des sens, et s'avancer par les voies de Dieu, il faut être bien éloigné de soi-même; et la conversion n'est pas un petit ouvrage.

AVEC LA PURIFICATION DE LA SAINTE VIERGE.

PREMIÈRE ÉLÉVATION.

Deux préceptes de la loi sont expliqués.

La loi de Moïse ordonnoit deux choses aux parents des enfants nouvellement nés. La première, s'ils étoient les aînés, de les présenter et les consacrer au Seigneur, dont la loi rend deux raiNous avons, comme les mages, à retourner sons. L'une générale: Consucrez-moi tous les dans notre patrie. Notre patrie, comme la leur, premiers nés; car tout est à moi1: et dans la est en Orient. C'est vers l'Orient que Dieu avoit personne des aînés, tout le reste des familles planté son paradis; il nous y faut retourner. m'est donné en propre. La seconde raison étoit Dans quelle sainteté, dans quelle grace, dans particulière au peuple juif. Dieu avoit exterminé quelle simplicité l'homme avoit-il été créé! Dieu en une nuit tous les premiers-nés des Egyptiens; l'avoit fait droit et simple, et il s'est lui-même et épargnant ceux des Juifs, il voulut que doréjeté dans des disputes infinies 3. Pourquoi tant navant tous leurs premiers-nés lui demeurassent contester contre Dieu? Crains Dieu et observe consacrés par une loi inviolable, en sorte que. ses commandements : c'est là tout l'homme. leurs parents ne pussent s'en réserver la disposiHomme, ne dispute plus sur la nature de ton tion, ni aucun droit sur eux, qu'ils ne les eussent ame, sur les conditions de ta vie : craindre Dieu auparavant rachetés de Dieu, par le prix quet lui obéir, c'est tout l'homme. Que cela est clair! étoit prescrit. Cette loi s'étendoit jusqu'aux anii que cette voie est droite! que cette doctrine est maux; et en général tout ce qui étoit premiersimple! On devoit l'apercevoir d'abord, et dès né, ou, comme parle la loi, tout ce qui ouvroit le le premier regard se jeter dans cette voie. Pour-sein d'une mère 2, et en sortoit le premier, étoit quoi tant de laborieuses recherches? c'est que à Dieu. l'homme, à qui Dieu avoit d'abord montré son salut et sa vie dans son saint commandement, s'est laissé trahir par ses sens; et la trompeuse beauté du fruit défendu a été le piége que l'ennemi lui a tendu : de là il s'est engagé dans un labyrinthe d'erreurs où il ne voit plus d'issue. Revenez, enfants d'Israël, à votre cœur: connoissez votre égarement; changez votre voie. Si jusqu'ici vous avez cru vos sens, songez à présent que le juste vit de la foi. Si jusqu'ici vous avez voulu plaire aux hommes, et ménager une fausse gloire, songez maintenant à glorifier

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La seconde loi regardoit la purification des mères, qui étoient impures dès qu'elles avoient mis un enfant au monde. Il leur étoit défendu, durant quarante ou soixante jours, selon le sexe de leurs enfants, de toucher aucune chose sainte, ni d'approcher du temple et du sanctuaire. Aussitôt qu'elles étoient mères, elles étoient comme excommuniées par leur propre fécondité; tant la naissance des hommes étoit malheureuse et sujette à une malédiction inévitable. Mais voici que Jésus et Marie venoient la purifier, en subissant volontairement et pour l'exemple du monde, une loi pénale, à laquell

Exod. xut. 2, 42, 45. Num. vi. 47. -Ler, XII. 2, 6.

ils n'étoient soumis qu'à cause que le secret de l'enfantement virginal n'étoit pas connu.

Dans cette purification les parents devoient of frir à Dieu un agneau; et s'ils étoient pauvres et n'en avoient pas le moyen, ils pouvoient offrir à la place deux tourterelles, ou deux petits de colombe, pour être immolés, l'un en holocauste, et l'autre (selon le rit du sacrifice) pour le péché'. Et voilà ce que portoit la loi de Moïse, à l'opprobre perpétuel des enfants d'Adam et de toute sa race pécheresse.

II ÉLÉVATION.

La présentation de Jésus Christ.

La première de ces deux lois paroissoit manifestement avoir été faite en figure de JésusChrist, qui étant, comme dit saint Paul, le premier-né avant toutes les créatures 2, étoit celui en qui tout devoit être sanctifié et éternellement consacré à Dieu. Unissons-nous donc en ce jour par la foi à Jésus-Christ, afin d'être en lui et par lui présentés à Dieu pour être son propre bien, et nous dévouer à l'accomplissement de sa volonté, aussi juste que souveraine.

Nous savons que le premier acte de Jésus entrant au monde, fut de se dévouer à Dieu, et de se mettre à la place de toutes les victimes, de quelque nature qu'elles fussent, pour accomplir sa volonté en toute manière. Ce qu'il fit dans le sein de sa mère par la disposition de son cœur, il le fait aujourd'hui réellement en se présentant au temple, et se livrant au Seigneur comme une chose qui est à lui entièrement.

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frir par vous, et en vous, à Dieu votre Père.

Mais pourquoi ce premier-né est-il racheté ? Falloit-il racheter le Rédempteur? Le Rédempteur portoit en lui-même la figure des esclaves et des pécheurs: sa sainte mère ne le pouvoit conserver en sa puissance qu'en le rachetant. Il lui fut soumis, il lui obéit, il la servit durant trente ans. Rachetez-le, pieuse mère; mais vous ne le garderez pas long-temps: vous le verrez revendu pour trente deniers, et livré au supplice de la croix. Divin premier-né, soit que vous soyez racheté pour être à moi dans votre enfance; soit que vous soyez vendu pour être encore plus à moi à la fin de votre vie: je veux me racheter pour vous de ce siècle malin; je veux me vendre pour vous, et me livrer aux emplois de la charité.

Necherchons aucun prétexte pour nous exempter de l'observation de la loi. Par les termes mêmes de la loi de la purification, il paroît que la sainte Vierge en étoit exempte, n'ayant contracté ni l'impureté des conceptions ordinaires, ni celle du sang et des autres suites des vulgaires enfantements. Elle obéit néanmoins: elle s'y croit obligée pour l'édification publique; comme son Fils avoit obéi par son ministère à la loi servile de la circoncision.

III ÉLÉVATION.

La purification de Marie.

Ne cherchons aucun prétexte de nous dispenser des saintes observances de l'Eglise, de ses jeûnes, de ses abstinences, de ses ordonnances. Le plus dangereux prétexte de se dispenser de ce Entrons dans ce sentiment du Seigneur Jésus, que Dieu demande de nous, est la gloire des et, unis à son oblation, disons-lui d'une ferme hommes. Un fidèle vous dira: Si je m'humilie, foi : O Jésus, quelle victime voulez-vous que je si je me relâche, si je pardonne, on dira que sois? Voulez-vous que je sois un holocauste con- j'aurai tort. Un ecclésiastique à qui vous conseilsumé et anéanti devant votre Père par le martyre lerez de se retirer durant quelque temps dans un du saint amour? Voulez-vous que je sois, ou une séminaire, pour se recueillir et se redresser convictime pour le péché, par les saintes austérités tre ses dissipations, vous dira: On croira qu'on de la pénitence, ou une victime pacifique et eu-me l'a ordonné par pénitence, et on me croira charistique dont le cœur, touché de vos bienfaits, s'exhale en actions de graces, et se distille en amour à vos yeux? Voulez-vous qu'immolé à la charité je distribue tous mes biens pour la nourriture des pauvres, ou que, frère sincère et bienfaisant3, je donne ma vie pour les chrétiens, me consumant en pieux travaux dans l'instruction des ignorants et dans l'assistance des malades? Me voilà prêt à m'offrir, à me dévouer, pourvu que ce soit avec vous; puisque avec vous je puis tout, et que je serai heureux de m'of

Lec. XII. 8. - Coloss. 1, 13. -III. Joan. 5, 6.

coupable. Mais ni Jésus, ni Marie n'ont eu ces vues. Jésus ne dit pas: On me croira pécheur comme les autres, si je subis la loi de la circoncision. Marie ne dit pas: On me croira mère comme les autres, et le péché comme la concupiscence mêlé dans la conception de mon Fils, comme dans celle des autres, ce qui fera tort, non tant à moi qu'à la dignité et à la sainteté de ce cher Fils. Elle subit la loi, et donne un exemple admirable à tout l'univers, de mettre sa gloire dans celle de Dieu, et dans l'honneur de lui obéir, et d'édifier son Église.

IVe ÉLÉVATION.

L'offrande des deux tourterelles, ou des deux petits de colombe.

On offrira un agneau d'un an en holocauste pour un fils et une fille; et un petit de colombe ou une tourterelle pour le péché : que si l'on n'a pas un agneau d'un an, et qu'on n'en ait pas le moyen, on offrira deux tourterelles ou deux pelits pigeons, l'un en holocauste, et l'autre pour le péché '. Dieu tempère sa loi selon les besoins: sa rigueur, quoique régulière, est accommodante; et il permet aux pauvres, au lieu d'un agneau, qui dans son indigence lui coûteroit | trop, d'offrir des oiseaux de vil prix, mais agréables à ses yeux par leur simplicité et par leur douceur. Quoi qu'il en soit, il est constant que les tourterelles et les pigeons sont la victime des pauvres. Dans l'oblation du Sauveur l'Évangile excluant l'agneau, et ne marquant que l'alternative des colombes ou des tourterelles, a voulu expres sément marquer que le sacrifice de Jésus-Christ a été celui des plus pauvres. C'est ainsi qu'il se plaît dans la pauvreté; qu'il en aime la bassesse; qu'il en étale les marques en tout et partout. N'ou blions pas un si grand mystère; et en mémoire de celui qui étant si riche s'est fait pauvre pour l'amour de nous, afin de nous enrichir par sa pauvreté 2, aimons-en le précieux caractère.

Pour moi, disoit Origène3, j'estime ces tourterelles et ces colombes, heureuses d'être offertes pour leur Sauveur; car il sauve et les hommes et les animaux, et leur donne à tous leur petite vie. Allez, petits animaux et innocentes victimes, allez mourir pour Jésus. C'est nous qui devions mourir à cause de notre péché: sauvons donc Jésus de la mort, en subissant celle que nous avions méritée. Dieu nous en délivre par Jésus qui meurt pour nous: et c'est en figure de Jésus notre véritable victime, qu'on immole des animaux: ils meurent donc pour lui en quelque sorte, jusqu'à ce qu'il vienne; et nous sommes exempts de la mort par son oblation. Une autre mort nous est réservée; c'est la mort de la pénitence, la mort aux péchés, la mort aux mauvais desirs. Par nos péchés et nos convoitises nous donnons la mort à Jésus, et nous le crucifions encore une fois 5. Sauvons au Sauveur cette mort seule affligeante pour lui. Mourons comme des tourterelles et des colombes, en gémissant dans la solitude et dans la retraite: que les bois, que les rochers, que les lieux seuls et écartés

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retentissent de nos cris, de nos tendres gémissements. Soyons simples comme la colombe, fidèles et doux comme la tourterelle, mais ne croyons pas pour cela être innocents comme le sont ces animaux; notre péché est sur nous; et il nous faut mourir dans la pénitence.

Ve ÉLÉVATION.

Sur le saint vieillard Siméon.

Il y avoit dans Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon, qui vivoit dans l'attente de la consolation d'Israël, et le Saint-Esprit étoit en lui: el il lui avoit été révélé par le Saint-Esprit, qu'il ne mourroit point, qu'auparavant il n'eút vu le Christ du Seigneur1. Voici un homme admirable, et qui fait un grand personnage dans les mystères de l'enfance deJésus. Premièrement, c'est un saint vieillard qui n'attendoit plus que la mort : il avoit passé toute savie dans l'attente de la céleste consolation. Ne vous plaignez point, ames saintes, ames gémissantes, ames qui vivez dans l'attente: ne vous plaignez pas si vos consolations sont différées. Attendez : attendez encore une fois: Expecta: reexpecta 2. Vous avez long-temps attendu, attendez encore; expectans expectavi Dominum 3. Attendez en attendant: ne vous lassez jamais d'attendre. Dieu est fidèle ", et il veut être attendu avec foi. Attendez donc la consolation d'Israël. Et quelle est la consolation du vrai Israël? C'est de voir une fois, et peut-être à la fin de vos jours, le Christ du Seigneur.

Il y a des graces uniques en elles-mêmes, dont le premier trait ne revient plus; mais qui se continuent ou se renouvellent par le souvenir. Dieu les fait attendre long-temps pour exercer la foi, et en rendre l'épreuve plus vive. Dieu les donne quand il lui plaît, d'une manière soudaine et rapide: elles passent en un moment; mais il en demeure un tendre souvenir et comme un parfum: Dieu les rappelle, Dieu les multiplie, Dieu les augmente; mais il ne veut pas qu'on les rappelle comme de soi-même par des efforts violents: il veut qu'on l'attende toujours: et on ne se doit permettre que de doux et comme insensibles retours sur ses anciennes bontés. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre, écoutent 5. Telle sera, par exemple, une certaine suavité du SaintEsprit un goût caché de la rémission des péchés: un pressentiment de la jouissance future: une impression aussi efficace que sublime de la

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souveraine majesté de Dieu, ou de sa bonté et de sa communication en Jésus-Christ: d'autres sentiments que Dieu sait, et que saint Jean dans l'Apocalypse appelle la manne cachée', la consolation dans le désert, l'impression secrète dans le fond du cœur, du nouveau nom de Jésus-Christ, que nul ne connoit que celui qui l'a reçu 2. C'est la consolation de Siméon dans ce mystère. Tous les fidèles y ont part, chacun à sa manière, et tous doivent le comprendre selon leur capacité.

O Dieu et père de miséricorde, faites-moi entendre ce nouveau nom de votre Fils: ce nom de Sauveur, que chacun de nous se doit appliquer par la foi, lorsque Dieu dit à notre ame: Je suis ton salut ! La voilà, la consolation de Siméon: voyons comme il y est préparé.

VIC ELEVATION.

Dernière préparation à la grace que Siméon devoit rece

voir: le Saint-Esprit le conduit au temple.

Il vint donc au temple par un mouvement de l'esprit de Dieu . L'attente de Siméon étoit une préparation à la grace de voir Jésus: mais cette préparation étoit encore éloignée. La dernière et la plus prochaine disposition, c'est qu'après avoir long-temps attendu avec foi et patience, tout d'un coup il sent dans son cœur une impulsion aussi vive que secrète, qui le pressoit à ce moment d'aller au temple, sans qu'il sût peut-être distinctement ce qu'il y alloit trouver: Dieu se contentant de lui faire sentir que ses desirs seroient satisfaits. Il vint donc en esprit au temple: il y vint par une secrète instigation de l'esprit de Dieu. Allons aussi en esprit au temple, si nous y voulons trouver Jésus-Christ. N'y allons point par coutume, par bienséance: Les vrais adorateurs adorent Dieu en esprit et en vérité ». C'est le Saint-Esprit qui les meut; et ils suivent cet invisible moteur.

Le temple matériel, l'assemblée visible des fidèles, est la figure de leur invisible réunion avec Dieu dans l'éternité. C'est là le vrai temple de Dieu. Le vrai temple de Dieu, où il habite, c'est la sainte et éternelle société de ses saints, réunis en lui par Jésus-Christ. Ainsi, aller au temple en esprit, c'est s'unir en esprit à ce temple invisible et éternel, où Dieu, comme dit l'apôtre, sera tout en tous".

Allons donc en esprit au temple; et toutes les fois que nous entrerons dans ce temple matériel, unissons-nous en esprit à la sainte et éternelle

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Jérusalem' où est le temple de Dieu, où sont réunis les saints purifiés et glorifiés, qui attendent pourtant encore à la dernière résurrection leur parfaite glorification, et l'assemblage consommé de leurs frères qui manquent encore en leur sainte société, et que Dieu ne cesse de rassembler tous les jours.

Là donc on trouve Jésus-Christ, mais JésusChrist entier; c'est-à-dire le chef et les membres; mais il ne sera entier, que lorsque le nombre des saints sera complet. Ayons toujours la vue arrêtée à cette consommation de l'œuvre de Dieu; et nous irons en esprit au temple pour y trouver Jésus-Christ.

VII ÉLÉVATION.

Heureuse rencontre de Siméon et de Jésus.

Il vint en esprit au temple au moment que le père et la mère de Jésus l'y portoient, selon la coutume prescrite par la loi. Heureuse rencontre, mais qui n'est pas fortuite! Heureuse rencontre de venir au temple au moment que Joseph et Marie y portoient l'enfant! C'est pour cela que les anciens Pères grecs ont appelé ce mystère, la rencontre. Mais la rencontre parmi les hommes paroît au dehors comme un effet du hasard : il n'y a point de hasard, tout est gouverné par une sagesse dont l'infinie capacité embrasse jusqu'aux moindres circonstances. Mais surtout l'heureuse rencontre de Siméon avec Jésus porté dans le temple par ses parents, est dirigée par un ordre spécial de Dieu.

Dieu détermina le moment où l'on se devoit rencontrer. Par quel esprit Jésus vint-il au temple? S'il est écrit, que le Saint-Esprit le mena dans le désert3, ne doit-on pas dire de même que le Saint-Esprit le mena dans temple; qu'il y mena aussi Joseph et Marie? Voici donc l'heureuse rencontre conduite par le Saint-Esprit; le même Esprit qui mena au temple Joseph, Marie et Jésus, y mena aussi Siméon. Il cherchoit Jesus; mais plutôt et premièrement Jésus le cherchoit, et vouloit encore plus se donner à lui, que Siméon ne vouloit le recevoir.

Mettons-nous donc en état d'être menés par le même esprit qui mène Joseph, qui mène Marie, qui mène Jésus; et pour cela dépouillonsnous de notre propre esprit; car ceux qui sont conduits par leur esprit propre, ne peuvent pas être conduits par l'esprit de Dieu et de JésusChrist.

Mais qu'est-ce que cet esprit propre? appre

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