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tre corps se nourrit. Pourriez-vous ajouter une coudée à votre taille ? Pendant que vous dormiez, Dieu vous faisoit croître; et d'enfant il vous a fait homme. Croyez qu'il fera ainsi tout ce qui convient à votre corps: reposez-vous sur sa puissance et sur sa bonté.

A ces mots, Ne vous inquiétez pas, que saint Matthieu a rapportés, saint Luc joint ceux-ci : Ne soyez point comme suspendus en l'air, comme en péril de tomber, et toujours dans l'agitation: car c'est l'effet de l'inquiétude. Soyez donc non pas comme suspendus, mais solidement appuyés sur la divine Providence.

XXXIe JOUR.

Ne ressembler pas les païens. Matth. vi. 52.

Les païens recherchent ces choses 3. Voyez toujours comment Jésus-Christ nous élève audessus des vices des païens, et même au-dessus de leurs vertus. Les publicains le font bien, les gentils le pratiquent bien, nous disait-il tout-àl'heure songeons bien en quoi nous les surpassons. Ce n'est pas sans raison que Jésus-Christ dit que les Ninivites, et tous les païens, s'élèveront contre nous au jour du jugement. A quoi nous sert le christianisme, si nous menons une vie païenne? Hélas, hélas! que de paganisme au milieu des fidèles! Combien de chrétiens vivent comme s'ils ne connoissoient pas Dieu! I n'y a point en effet de Dieu pour eux. Hélas! où trouverons-nous assez de larmes pour déplorer notre aveuglement?

XXXII JOUR.

que Dieu par sa bonté nous peut tout donner; et le fait sans que nous en prenions aucun soin. Cela arrive souvent à l'égard des biens de la terre: mais pour le royaume de Dieu, cherchez: Opérez votre salut avec crainte et tremblement, comme dit saint Paul '. C'est la seule chose qui mérite vos inquiétudes.

Et toutefois, je l'oserai dire il faut encore bannir l'agitation et l'inquiétude de cette recherche. Car, comme ajoute le même saint Paul 2: Dieu opère en vous le vouloir et le faire, selon sa bonne volonté. Tremblez donc en opérant votre salut et toutefois ne vous défiez pas trop de vos forces; car Dieu travaille avec vous: c'est lui-même qui fait avec vous tout ce que vous faites. Espérez donc en son secours : abandonnez-vous entre ses bras. Il est bon: il aura pitié de votre foiblesse il opérera en vous, par sa bonne volonté, ce qu'il faut aussi que vous opériez. Opérez donc votre salut : travaillez-y avec soin, et même avec tremblement : mais travaillez-y toutefois avec une espèce de repos, comme celui qui attend tout secours d'un Dieu tout-puissant et tout bon.

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Ne vous inquiétez pas du lendemain : le lendemain sera inquiet pour lui-même : à chaque jour suffit son mal 3. Ce précepte, si important pour tous les soins de la vie, l'est encore plus pour les affaires du salut. Il y en a qui se tourmentent en disant : Voilà qui est bien : je me suis confessé, j'ai commencé à me convertir : mais que de peines viendront dans la suite, que de tentations, que d'ennuis! Je n'y pourrai résister: la vie est longue je succomberai sous tant de travaux. Allez, mon fils; allez, ma fille; surmontez les difficultés de ce jour : ne vous in

Chercher Dieu et sa justice, et comment. Matth. vi. 35, 34. quiétez pas de celles de demain : les unes après

Cherchez donc le royaume de Dieu, et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît ". Le royaume de Dieu et sa justice non pas une justice simplement morale, à la manière des païens mais la justice chrétienne, fondée sur l'exemple de Jésus-Christ, et sur les règles de l'Evangile, que vous venez de voir une justice qui vous fasse vivre autrement que ceux qui ne connoissent pas Dieu; autrement qu'on ne vivoit avant que Jésus-Christ eût paru : une justice conforme à votre vocation, à votre état, et aux graces que vous avez reçues : car c'est là ce qui s'appelle le royaume de Dieu et sa justice.

Cherchez dans tout le reste dont il a parlé, il n'a point dit ce mot, cherchez: car il suppose

les autres, vous les vaincrez toutes. A chaque jour suffit son mal. Celui qui vous a aidés aujourd'hui ne vous abandonnera pas demain : trop de prévoyance et d'inquiétude vous perd.

XXXIII JOUR.

Encore de l'avarice et des richesses. Ne mettre pas sa confiance en ce qu'on possède. Luc. xi. 15, 16 et suiv.

Joignons ici ce qui est dit dans saint Luc : Donnez-vous de garde de toute avarice 1. Déracinez un si grand mal tout entier, et jusqu'à la moindre fibre: n'en souffrez pas en vous le plus petit sentiment.

Quelque riche que vous soyez, il vous manque

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toujours quelque chose; ou dans les biens, ou dans la santé, ou dans la fortune, et dans la grandeur. Réjouissez-vous de ce manquement; acceptez avec joie et consolation cette partie de la pauvreté qui vous est échue. Aimez-la comme un caractère du christianisme; comme une imitation de Jésus-Christ. Aimez votre pauvreté, votre dépouillement. Renoncez à tout esprit de propriété, si vous êtes religieux réjouissez-vous en notre Seigneur, de ce que non seulement vous ne possédez aucun bien; mais encore de ce que vous êtes par choix et par état incapable d'en posséder.

En quelque abondance qu'on soit, la vie ne consiste pas en ce qu'on possède. Vous avez beau dire : J'ai de quoi vivre. Vous n'en vivrez pas davantage. Vous avez beau dire: Je n'ai rien à craindre, j'ai tout avec abondance. Insensé, vous mourrez cette nuit. Mais comment explique-t-on la mort? On vous redemandera votre ame 2: elle n'est pas à vous, vous n'avez la vie que par emprunt. On vous la redemandera on vous en demandera compte. Et quand? Cette nuit. On vous trouvera demain mort dans votre lit, sans que tout ce grand bien que vous vantiez vous ait pu procurer le moindre secours, ni prolonger votre vie d'un moment.

Que ferai-je, dit cet homme riche3, dans une si grande abondance de toutes sortes de biens? Voilà le premier effet des grandes richesses: l'inquiétude. Que ferai-je ? où les mettrai-je ? comment les garder? Mes greniers n'y suffisent pas: j'en ferai d'autres, et je dirai à mon ame: Réjouis-toi : fais grand'chère: ne refuse rien à tes sens : bois, mange, repose-toi dans ton abondance. Et pendant que tu t'imagines pouvoir te reposer dans tes richesses, on t'ôte, non pas ces richesses, mais cette ame même que tu invitois à la jouissance. Et à qui sera ce grand bien que tu avois acquis? Qui est-ce qui en jouira pour toi quand tu n'y seras plus pour en jouir?

Ainsi est celui qui amasse des trésors sur la terre, et qui n'est pas riche en Dieu, qui ne met pas en lui toutes ses richesses. Telle est son aventure, tel, est son état, telle est la fin de sa vie c'est à cela qu'aboutissent toutes ses richesses.

XXXIV JOUR.

Considérer ce que Dieu fait pour le commun des plantes et des animaux: se regarder comme son troupeau favori. Luc. XII. 22, 24, 29 et suiv.

C'est pour cela que je vous dis : Ne soyez point en inquiétude: considérez les corbeaux*. Dans saint Matthieu il est dit en général les oiseaux du ciel 2. Dans saint Luc on lit les corbeaux, animal des plus voraces; et néanmoins sans greniers, ni provision : qui sans semer, et sans labourer, trouve de quoi se nourrir. Dieu lui fournit ce qu'il lui faut, à lui, et à ses petits qui l'invoquent, dit le Psalmiste 3. Dieu écoute leurs cris, quoique rudes et désagréables : et il les nourrit aussi bien que les rossignols, et les autres, dont la voix est la plus mélodieuse et la plus douce.

Jésus-Christ nous apprend, dans ce sermon admirable, à considérer la nature, les fleurs, les oiseaux, les animaux, notre corps, notre ame, notre accroissement insensible; afin d'en prendre occasion de nous élever à Dieu. Il nous fait voir toute la nature d'une manière plus relevée, d'un œil plus perçant, comme l'image de Dieu. Le ciel est son trône : la terre est l'escabeau de ses pieds: la capitale du royaume est le siége de son empire: son soleil se lève, la pluie se répand pour vous assurer de sa bonté. Tout vous en parle : il ne s'est pas laissé sans témoignage.

Nous avons déja remarqué que pour signifier l'inquiétude, Jésus-Christ se sert de ce mot dans saint Luc: Ne demeurez pas comme suspendus en l'air, comme quand on ne sait ni comment ni sur quoi on est soutenu, et qu'on se croit toujours prêt à tomber. Ne soyez point dans cette terrible inquiétude; mais croyez que Dieu vous soutient.

Mais de toutes les paroles qui sont particulières à saint Luc dans ce discours du Fils de Dieu, les plus capables de nous inspirer du courage parmi nos misères et nos foiblesses sont cellesci: Ne craignez point, petit troupeau, parcequ'il a plu à votre Père céleste de vous donner son royaume 3. Dans tout ce qui précède, on nous apprend à ne pas craindre de manquer de nourriture: car Dieu y pourvoit; et sa conduite ordinaire est de ne pas laisser manquer du néces

Après toutes ces réflexions, revenez encore aux paroles du Fils de Dieu : relisez-les, savou-saire ceux qui se fient en lui. Mais ici, il nous rez-les encore une fois : vous les trouverez sans comparaison plus fortes par elles-mêmes que tout ce que nous avons pu dire ou penser, pour vous en faire sentir la vertu.

2 Luc. xu. 15.3 Ibid. x11. 20.- Ibid. 17.— ^ Ibid. 18.Ibid. 20. - Ibid. 21.

élève plus haut. Car, après tout, quand vous viendriez à manquer de pain, qu'en serait-il? Vous auriez encore un royaume. Et quel royaume ?

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XXXVI JOUR.

Ne point juger. Matth, vii. 1, 2 et suir.

Celui de Dieu. Ne craignez pas, petit troupeau, car Dieu vous donne son royaume. Ce royaume n'est pas pour les grands du monde : c'est pour les petits, c'est pour les humbles, c'est pour ce petit troupeau que le monde compte pour rien, mais Ne jugez pas. Il y a un juge au-dessus de que le Père regarde : qui en effet semble n'être vous un juge qui jugera vos jugements, qui rien en comparaison de la multitude immense, vous en demandera compte; qui, par un juste et de l'éclat des impies. Mais c'est pour ce petit jugement, vous punira d'avoir jugé sans poutroupeau que Dieu conserve le reste des hommes. voir et sans connoissance, qui sont les plus Que craignez-vous done? De mourir de faim? | grands défauts d'un jugement. Combien de martyrs en sont morts dans les prisons? cette mort les a-t-elle empêchés de recevoir la couronne du martyre? Au contraire, c'est par elle qu'elle a été mise sur leur tête. Ne craignez donc rien, petit troupeau. Vendez tout, donnez tout aux pauvres; et faites-vous un trésor qu'on ne puisse ni voler, ni diminuer1 : c'est celui des bonnes œuvres.

XXXV JOUR.

Le même sujet. Se garder de toute avarice. Luc. XII. 15, 21.

On ne sauroit trop méditer cet admirable discours de notre Seigneur: Donnez-vous garde de toute avarice 2. Il y a plusieurs sortes d'avarice. Il y en a une triste et sordide, qui amasse sans fin, et sans jouir; qui n'ose toucher à ses richesses, et qui semble, comme dit le sage, ne s'étre réservé sur elles aucun droit, que celui de les regarder, et de dire: Je les ai 3. Mais il y a une autre avarice plus gaie et plus libérale, qui veut amasser sans fin comme l'autre; mais pour jouir, pour se satisfaire: et telle étoit l'avarice de l'homme qui nous est dépeint dans cet évangile.

Un tel avare a beaucoup de dédain pour cette sorte d'avarice, où l'on se plaint tout à soi-même au milieu de l'abondance. Il s'imagine être bien plus sage, parcequ'il jouit : mais cependant Dieu l'appelle insensé 1.

L'un est fol par trop d'épargne, et parcequ'il s'imagine pouvoir être heureux par un bien dont il ne fait aucun usage: mais l'autre est fol pour trop jouir, et parcequ'il s'imagine un repos solide dans un bien qu'il va perdre la nuit suivante. Donnez-vous donc de garde de toute avarice; et autant de celle qui jouit, que de celle qui se refuse tout. Soyez riche en Dieu faites de Dieu et de sa bonté tout votre trésor. C'est ce trésor-là dont on ne peut trop jouir : c'est ce trésor-là où il n'y a jamais rien à épargner, parceque plus on l'emploie plus il s'augmente.

'Luc. XII. 33.- 2 Ibid. 15.— Eccle. v. 9, 10.— 1 Lu^. XII. 20.

Sans pouvoir. Qui êtes-vous pour juger le serviteur d'autrui ? S'il tombe, ou s'il demeure ferme, cela regarde son maître 2: c'est à lui de le juger.

Ne jugez donc pas celui dont vous n'êtes pas le juge.

Ce que saint Paul ajoute, juge téméraire, vous ferme encore plus la bouche. Vous prononcez sur l'état du serviteur d'autrui, et vous dites, ou qu'il tombe, ou qu'il va tomber. Mais il ne tombera pas, dit saint Paul 3: Dieu est assez puissant pour l'affermir. Ne jugez donc pas qu'il va tomber.

Saint Paul continue: Pourquoi jugez-vous votre frère? ou pourquoi méprisez-vous votre frère 1? C'est votre frère, c'est votre égal: il ne vous appartient pas de le juger. Vous êtes tous deux justiciables du grand juge devant qui tous les hommes ont à comparoître : Nous avons tous à comparoître devant le tribunal de JésusChrist....... Chacun y rendra compte pour luiméme 3. Ne songez donc point à juger les autres songez au compte qu'il vous faudra rendre de vous-même.

Saint Jacques n'est pas moins fort. Il n'y a, dit-il, qu'un législateur, et qu'un juge, qui peut perdre un homme, ou le délivrer. D'où il conclut: Qui étes vous donc, vous qui jugez votre frère? Ce qu'il tire de ce beau principe: Celui qui juge son frère, ou qui médit de son frère, juge la loi, et médit de la loi. Car la loi vous a interdit ce jugement que vous usurpez. Mais, poursuit ce grand apôtre, si vous jugez la loi, vous ne voulez donc pas vous en rendre l'observateur, mais le juge. Vous vous élevez au-dessus de votre règle : la loi retombera bientôt sur vous de tout son poids, et vous en serez accablé. Voyez, en deux versets de cet apôtre, quelle force et quelle lumière de la vérité contre vos jugements téméraires.

Vous voyez que vous jugez sans pouvoir: mais vous jugez encore sans connoissance. Vous ne connoissez pas celui que vous jugez: vous n'en

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voyez pas l'intérieur : vous ne savez pas son intention, qui peut-être le justifie; et si son crime est manifeste, vous ne savez pas s'il ne s'en repentira point, ou s'il ne s'en est pas déja repenti, et s'il n'est point un de ceux dont la conversion réjouira le ciel. Ne jugez donc pas.

La charité n'est point soupçonneuse : elle ne pense pas le mal: elle est douce: elle est patiente: elle souffre tout: elle croit tout: elle espère tout: elle ne se réjouit pas du mal d'autrui; mais elle se réjouit quand tout le monde fait bien en vérité 1. Ainsi elle ne se plaît pas à juger.

D'autant plus qu'en jugeant les autres, elle se jugeroit et se condamneroit elle-même. Vous étes inexcusable, 6 tout homme qui jugez, par cequ'en ce que vous jugez les autres, vous vous condamnez vous-même; puisque vous faites les mémes choses que vous condamnez 2. Vous vous jugez par votre propre bouche, mauvais serviteur, et vous-même vous prononcez votre sentence. En telle forme que vous jugerez, vous serez jugé : et la mesure que vous aurez faite aux autres, sera votre règle3.

Quelle joie à un criminel d'entendre de la propre bouche de son juge: Vous ne serez pas jugé1! Mais pour cela, il faut qu'il ne juge pas.

XXXVIIe JOUR.

XXXVIII JOUR.

La chose sainte: discernement dans la prédication de l'Evangile. Matth. vII. 6.

La chose sainte, c'est le corps de Jésus-Christ; il ne le faut pas donner aux chiens', aux impurs, aux impudents, à ceux qui jappent indifféremment contre tout le monde; à ceux qui retombent dans leurs péchés, et que saint Pierre nous a figurés sous l'image d'un chien qui retourne à son vomissement; el d'un pourceau qui, s'étant lavé, se vautre de nouveau dans la boue 2. Nous en avons parlé dans les méditations précédentes, à l'occasion d'un passage de saint Pierre.

En général, la chose sainte signifie tous les mystères que les pasteurs de l'Eglise sont avertis de donner avec beaucoup de discernement; et de ne les pas donner à profaner aux indignes.

Les perles devant les pourceaux, sont les saints discours devant ceux qui sont incapables de les goûter; et qui pour cette raison se tournent avec une espèce de fureur contre ceux qui leur présentent une chose si peu convenable à leur nature.

Considère, chrétien, à quoi tu te réduis par ton péché! Dieu qui t'avait fait à son image, et qui avoit mis ton ame, renouvelée par la grace, au rang de ses épouses, te met au rang des

Voir les moindres fautes d'autrui, et ne voir pas en soi les chiens et des pourceaux. Aie pitié de ton état,

plus grandes. Matth. vi. 3, 4, 5.

Voici une autre raison de ne juger pas, que Jésus-Christ nous explique : c'est que votre crime est plus grand que celui que vous condamniez. Pourquoi voyez-vous un fétu? Une poutre vous crève les yeux, et vous ne la voyez pas".

Hypocrite! La plus mauvaise hypocrisie, c'est de condamner tout le monde. On fait par là le vertueux, on prétend faire admirer la régularité de ses mœurs, la sévérité de sa doctrine : c'est un homme incorruptible, qui ne flatte et qui n'épargne personne; mais l'hypocrite qu'il est, il ne songe pas seulement à se corriger. Il épilogue sans cesse sur les défauts les plus légers des autres; et il ne songe pas seulement aux vices énormes qui l'accablent. Il n'y a point d'hommes plus indulgents pour eux-mêmes, que ces impitoyables censeurs de la vie des autres.

AI. Cor. XHI. 4, 5, 6, 7. - Rom. II, 1. Matth. vn. 2. * Matth. vII. 1. — Ibid. 5.

et songe à t'en retirer, ayant recours à la prière, dont il va être encore parlé ci-après.

XXIX JOUR.

Prier avec foi demander: chercher : frapper. Matth. VIL. 7.

Après avoir fait voir au pécheur l'état déplorable et honteux où il tombe, notre Seigneur lui montre dans la prière le moyen d'en sortir.

Demandez: cherchez : frappez 3: ce sont trois degrés, et comme trois instances qu'il faut faut faire persévéramment, et coup sur coup. Mais que faut-il demander à Dieu pour sortir de cet état plus que bestial où le péché nous avoit mis? Il faut l'apprendre de ces paroles de saint Jacques: Si quelqu'un manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne abondamment à tous, sans jamais reprocher ses bienfaits: mais il la faut demander avec foi, et sans hésiter.

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vera1.

C'est ce que notre Seigneur nous apprend lui- | Cette prière perpétuelle ne consiste pas en une même : En vérité, je vous le dis: Si vous avez perpétuelle tension de l'esprit, qui ne feroit la foi, et que vous n'hésitiez pas, vous obtien- qu'épuiser les forces, et dont on ne viendroit drez tout, jusqu'à précipiter les montagnes peut-être pas à bout. Cette prière perpétuelle se dans la mer. Et je vous le dis encore un coup: fait, lorsqu'ayant prié à ses heures, on recueille Tout ce que vous demanderez dans votre prière, de sa prière et de sa lecture quelque vérité, ou croyez que vous le recevrez, et il vous arri- | quelque mot, qu'on conserve dans son cœur, et qu'on rappelle sans effort de temps en temps; en se tenant le plus qu'on peut dans un état de dépendance envers Dieu, en lui exposant son besoin; c'est-à-dire en l'y remettant devant les yeux sans rien dire. Alors, comme la terre entr'ouverte et desséchée semble demander la pluie, seulement en exposant au ciel sa sécheresse; ainsi l'ame, en exposant ses besoins à Dieu. Et c'est ce que dit David: Mon ame, ό Seigneur, est devant vous comme une terre desséchée'. Seigneur, je n'ai pas besoin de vous

Regardez donc où vous en êtes par votre péché, et demandez avec foi votre conversion. Ne dites pas qu'elle est impossible: quand vos péchés seroient d'un poids aussi accablant que celui d'une montagne, priez, et il cédera à la prière: Croyez fermement que vous obtiendrez ce que vous demanderez; et il vous sera donné. Jésus-Christ se sert exprès de ces comparaisons si extraordinaires, pour montrer que tout est possible à celui qui prie. Animez votre courage, chrétien, et ne déses- prier; mon besoin vous prie; mon indigence pérez jamais de votre salut.

XLE JOUR.

vous prie; ma nécessité vous prie. Tant que cette disposition dure, on prie sans prier; tant qu'on demeure attentif à éviter ce qui nous met en péril, on prie sans prier; et Dieu entend ce

Persévérance et humilité dans la prière. Matth. vn. 7. 8. langage. O Seigneur, devant qui je suis, et à qui

Luc. XI, 5, 6, et suiv.

ma misère paroît tout entière, ayez-en pitié; et toutes les fois qu'elle paroîtra à vos yeux, Ô Dieu très bon, qu'elle sollicite pour moi vos miséricordes! Voilà une des manières de prier toujours, et peut-être la plus efficace.

XLII JOUR.

4, 5, 7.

L'importunité dont il faut se servir envers Dieu, c'est cette manière pressante dont il a été parlé ci-devant.

Frappez: persévérez à frapper, jusqu'à vous rendre importun, s'il se pouvoit. Il y a une manière de forcer Dieu, et de lui arracher ses graces; et cette manière est de demander sans relâche, avec une ferme foi. D'où il faut conclure avec l'Evangile: Demandez, et on vous donnera: cherchez, et vous trouverez frappez, Importuner Dieu par des cris vifs et redoublés. Luc. xvi. et il vous sera ouvert 2. Ce qu'il répète encore une fois, en disant: Car quiconque demande, reçoit; et quiconque cherche, trouve; et on ouvre à quiconque frappe. Il faut donc prier pendant le jour, prier pendant la nuit, et tout autant de fois qu'on s'éveille. Et quoique Dieu semble ou n'écouter pas, ou même nous rebuter, il faut frapper toujours; attendre tout de Dieu, et néanmoins agir aussi. Car il ne faut pas seulement demander comme si Dieu devoit tout faire lui tout seul; mais encore chercher de son côté, et faire agir sa volonté avec la grace; car tout se fait par ce concours. Mais il ne faut jamais oublier que c'est toujours Dieu qui prévient; car c'est là le fondement de l'humilité.

XLI JOUR.

Prière perpétuelle. Luc. xvIII. 1, 8.

Songez à ce cri des élus, qui s'élève nuit et jour devant Dieu. Il faut être persuadé que nos injustices, nos scandales, tout ce que nous faisons qui édifie mal les saints, et qui les fait souffrir, crie vengeance nuit et jour contre nous; et que nous ne pouvons apaiser ce cri que par un cri continuel de pénitence. Miséricorde, mon Dieu, miséricorde! C'est ce qu'il faut crier nuit et jour; c'est ce que notre besoin crie sans cesse. Songez au triste état de ce juge qui ne se soucie ni de Dieu, ni des hommes 2. Quand rien ne retient, il n'y a plus d'espérance. Quand on a quelque frein, et qu'en ne craignant point Dieu, on est du moins un peu retenu par la crainte des hommes; on peut espérer, et les pas

Il faut prier toujours, et ne cesser jamais 3. sions souffrent quelque sorte de modération.

Matth. xxI. 21, 22. Marc. x1. 23, 24. Luc. XI. 9, 10. 3 Luc. XVIII, 1.

Ps. CXLII. 6. -2 Luc. XVIII. 4.

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