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chrétien qui que vous soyez, ne soyez en peine de | Le royaume de Dieu est au dedans de vous 1. Cet rien: ne soyez point en peine de votre foiblesse; car Dieu sera votre force. Le dirai-je? oui, je le dirai ne soyez point en peine de vos péchés mêmes, parceque cet acte, s'il est bienfait, les emporte tous: et toutes les fois qu'il n'a pas tout son effet, c'est à cause qu'il n'est pas fait dans toute sa perfection. Tâchez donc seulement de le bien faire, et livrez-vous tout entier à Dieu, afin qu'il le fasse en vous, et que vous le fassiez avec son secours. Tout est fait, et vous n'avez qu'à y de

meurer.

Cet acte est le plus parfait et le plus simple de tous les actes; car ce n'est pas un effort comme d'un homme qui veut agir de lui-même; mais c'est se laisser aller pour être mu et poussé par l'Esprit de Dieu, comme dit saint Paul', non pas toutefois, à Dieu ne plaise, à la manière des choses inanimées; puisque c'est se laisser aller à cet Esprit qui nous meut volontairement, librement, avec une sincère complaisance pour tout ce que Dieu est, et par conséquent pour tout ce qu'il veut, puisque sa volonté, c'est Dieu lui-même: pour dire avec le Sauveur: Oui, mon Père, il est ainsi; parcequ'il a été ainsi déterminé devant vous 2.

Il ne faut donc pas s'imaginer, comme quelques-uns, qu'on tombe, par cet abandon, dans une inaction ou dans une espèce d'oisiveté. Car, au contraire, s'il est vrai, comme il l'est, que nous soyons d'autant plns agissants que nous sommes plus poussés, plus mus, plus animés par le Saint-Esprit ; cet acte par lequel nous nous y livrons, et à l'action qu'il fait en nous, nous met, pour ainsi parler, tout en action pour Dieu. Nous allons avec ardeur à nos exercices, parceque Dieu, à qui nous nous sommes abandonnés, le veut ainsi : nous recourons continuellement aux saints sacrements, comme aux secours que Dieu, à qui nous nous sommes livrés, nous a donnés pour nous soutenir. Ainsi un acte si simple enferme tous nos devoirs, la parfaite connoissance de tous nos besoins, et un efficace desir de tous les remèdes que Dieu a donnés à notre impuissance.

C'est cet acte qui nous fait dire: Que votre nom soit sanctifié. Car nous sanctifions, autant qu'il est en nous, tout ce qui est en Dieu, quand nous nous y unissons de tout notre cœur. Ce même acte nous fait dire encore: Que votre règne arrive 3; puisque nous ne nous livrons à Dieu qu'afin qu'il règne en nous et qu'il règne sur nous, qu'il règne sur tout ce qui est, qu'il fasse en nous son royaume, ainsi que dit le Sauveur:

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acte nous fait dire aussi : Votre volonté soit faite dans la terre comme au ciel2, parceque nous consentons, de tout notre cœur, de la faire en tout ce qui dépend de nous, et que Dieu la fasse en tout ce qui n'en dépend pas: en sorte qu'il soit maitre en nous, comme il l'est au ciel sur les esprits bienheureux, qui n'ont, lorsque Dieu agit, qu'un Amen à dire, c'est-à-dire Ainsi soit-il ; qu'un Alleluia à chanter, c'est-à-dire Dieu soit loué de tout ce qu'il fait, comme il paroît dans l'Apocalypse 3, et, comme dit l'apôtre saint Paul : abondant en actions de graces, rendant graces en tout temps et en toutes choses à Dieu le Père, par notre Seigneur Jésus-Christ.

Ainsi le partage du chrétien est une continuelle action de graces rendue à Dieu de tout ce qu'il fait; parceque tout ce qu'il fait tourne à sa gloire: et cette action de graces est le fruit de cet abandon par lequel nous nous livrons à lui par une entière complaisance pour ses volontés.

Vous trouverez dans cet acte, ame chrétienne, un parfait renouvellement des promesses de votre baptême: vous y trouverez une entière abnégation de tout ce que vous êtes née; parceque si vous n'étiez née dans l'iniquité, et que vous ne fussiez point, par votre naissance, toute remplie de péché et d'ordure, vous n'auriez pas eu besoin de renaitre : vous y trouverez un entier abandon à cet esprit de nouveauté 3 qui ne cesse de vous réformer intérieurement et extérieurement, en remplissant tout votre intérieur de soumission à Dieu, et tout votre extérieur de pudeur, de modestie, de douceur, d'humilité et de paix.

Vous trouverez dans le même acte, ame religieuse, le renouvellement de tous vos vœux ; parceque si Dieu seul est votre appui, auquel vous vous livrez tout entière, vous ne voulez donc nul appui dans ces biens extérieurs qu'on nomme richesses; et ainsi vous êtes pauvre. Vous en voulez encore moins dans tout ce qui flatte les sens, et ainsi vous êtes chaste; et encore moins, sans hésiter, en tout ce qui flatte au dedans votre volonté, et ainsi vous êtes obéissante.

Car qu'est-ce que l'amour des richesses, si ce n'est un emprunt qu'on fait des choses extérieures, et par conséquent une marque de la pauvreté du dedans? Et qu'est-ce que l'amour des plaisirs des sens, sinon encore un emprunt que l'ame va faire à son corps et aux objets qui

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l'environnent, et par conséquent toujours une pauvreté du dedans? Et qu'est-ce que l'amour de sa propre volonté, si ce n'est encore un emprunt que l'ame se va faire continuellement à elle-même pour tâcher de se contenter, sans pouvoir jamais en venir à bout? au lieu de se faire riche une bonne fois, en s'abandonnant à Dieu, et en prenant tout en lui, ou plutôt en le prenant lui-même tout entier.

Te voilà donc, ame chrétienne, rappelée à ton origine, c'est-à-dire à ton baptême. Te voilà, ame religieuse, rappelée à ton origine, c'est-àdire au jour bienheureux de ta profession. Que reste-t-il maintenant, sinon que tu renouvelles ta ferveur, et que ton sacrifice soit agréable comme le sacrifice des premiers jours, lorsque, tout abîmée en Dieu, et toute pénétrée du dégoût du monde, tu ressentois la première joie d'une ame renouvelée et délivrée de ses liens?

Cet abandon est la mort du péché: et premièrement c'est la mort des péchés passés; parceque, lorsqu'il est parfait, il les emporte. Car cet acte, qu'est-ce autre chose qu'un amour parfait, et une parfaite conformité de nos volontés avec celle de Dieu ? A qui se peut-on livrer, sinon à celui qu'on aime? Et qui est celui qu'on aime, sinon celui à qui on se fie souverainement? Qu'est-ce donc, encore un coup, qu'est-ce que cet acte, sinon, comme dit saint Jean, cet amour parfait, cette parfaite charité qui bannit la crainte? Il n'y a donc plus rien à craindre pour ceux qui feront cet acte avec toute la perfection que Dieu y demande : il n'y a plus rien à craindre, ni péchés passés, ni supplice, ni punition. Tout disparoit devant cet acte, qui enferme par conséquent toute la vertu de la contrition, et celle du sacrement de pénitence, dont elle emporte le vœu. Mais quels regrets, quelle repentance ne reste-t-il point de cet abandon! quelle douleur d'avoir abandonné, quand ce ne seroit qu'un seul moment, celui à qui on s'est livré en s'abandonnant tout entier !

O mon Dieu, je n'aurai jamais assez de larmes pour déplorer un si grand malheur, quand je serois tout changé en pleurs. Mais si jamais j'ai des larmes, si je regrette jamais mes péchés, ce sera pour avoir tant offensé et outragé cette divine bonté, à laquelle je m'abandonne.

Mais aussi pour faire un tel acte, et s'abandonner tout-à-fait à Dieu, à quoi ne faut-il pas renoncer? à quelles inclinations? à quelles douceurs? Car puis-je me livrer à Dieu, avec l'amour, pour petit qu'il soit, des biens de la terre,

sans craindre cette sentence du Sauveur : Vous

AI. Joan. IV. 18.

ne pouvez pas servir deux maitres' ? Il faut renoncer à tout autre maître, c'est-à-dire, à tous les desirs qui me maîtrisent, et qui dominent dans le cœur. Il faut renoncer jusqu'au bout; car il seroit encore mon maître où je ne voudrois pas renoncer tout-à-fait. Ainsi cet abandon n'est pas seulement la mort des péchés passés, c'est encore celle des péchés à venir. Car quelle ame qui se livre à Dieu, pourroit, dans ce saint état, se livrer à l'iniquité et à l'injustice? Et en même temps c'est la mort de tous les scrupules, parceque l'ame, livrée à Dieu et à sa bonté infinie, afin qu'il fasse et excite en elle tout ce qu'il faut pour lui plaire, ne peut rien craindre, ni d'ellemême ni de son péché; puisqu'elle est toujours unie, par son fond, au principe qui les guérit et les purifie.

Comment donc, direz-vous, une telle ame n'est-elle pas assurée de sa sainteté et de son salut? Comment, si ce n'est pour cette raison qu'il ne lui est jamais donné en cette vie, de savoir si elle s'abandonne à Dieu de bonne foi, ni si elle persévérera à s'y abandonner jusqu'à la fin? Ce qui la porte à s'humilier jusqu'aux enfers; et en même temps lui sert d'aiguillon pour s'abandonner à Dieu de nouveau à chaque moment, avec la même ferveur et la même ardeur que si elle n'avoit jamais rien fait; mettant sa force, son repos et sa confiance, non en elle-mêmeni dans ce qui est en elle, mais en Dieu dont tout lui vient.

C'est là enfin, pour revenir à l'Evangile que nous avons lu au commencement, et à Marie que nous y avons vue si attentive au Sauveur : c'est là, dis-je, ce qui s'appelle étre véritablement asqu'il veut, et se laisser gouverner par ce qu'on sise aux pieds du Sauveur, pour écouter ce écoute comme sa loi. C'est là cet un nécessaire que Jésus explique, et que Marie avoit déja choisi; et il ne faut pas s'étonner si Jésus ajoute: Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point étée2.

Elle a choisi d'être assise aux pieds du Sauveur; d'être tranquille, attentive, obéissante à sa parole, c'est-à-dire, à sa volonté, à sa parole intérieure et extérieure, à ce qu'il dit au dedans et à ses ordres. au dehors; d'être unie à sa vérité, et abandonnée

Elle a choisi la meilleure part, qui ne lui toutes les pensées des hommes périront 3 : mais sera point ótée. La mort viendra; et, en ce jour, cette pensée, par laquelle l'homme s'est livré à Dieu, ne périra pas; au contraire, elle recevra sa perfection: car la charité, dit saint Paul1,

AMatth. vi. 24. -2 Luc. x. 43. Ps. CXLV. 4. XIII. 8, 9, 10.

ne

-'1. Cor.

finira jamais, pas même lorsque les prophéties s'évanouiront, et que la science humaine sera abolie; la charité ne finira pas; et rien ne périra que ce qu'il y a d'imparfait en nous.

Viendra le temps de sortir de la retraite, et de rentrer dans les exercices ordinaires : mais le partage de Marie ne périra pas. La parole qu'elle a écoutée la suivra partout l'attention secrète qu'elle y aura, lui fera tout faire comme il faut : elle ne rompra ce silence intime qu'avec peine, et lorsque l'obéissance et la charité le prescriront une voix intérieure ne cessera de la rappeler dans son secret. Toujours prête à y retourelle ne laissera pas de prêter son attention à ses emplois : mais elle souhaitera, avec une infatigable ardeur, sa bienheureuse tranquillité aux pieds du Sauveur; et encore avec plus d'ardeur, la vie bienheureuse, où la vérité sera manifestée, et où Dieu sera tout en tous. Amen,

ner,

amen.

:

Au reste, mes Frères, que tout ce qui est véritable, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, tout ce qui nous peut rendre aimables (sans vouloir plaire à la créature); tout ce qui est d'édification et de bonne odeur s'il y a quelque sentiment raisonnable et vertueux, et quelque chose de louable dans le réglement des mœurs; que tout cela soit le sujet de vos méditations, et l'unique entretien de vos pensées. Car à quoi pense celui qui est uni à Dieu, sinon aux choses qui lui plaisent? Que si quelqu'un parle, que ce soit comme si Dieu parloit en lui. Si quelqu'un sert dans quelques saints exercices, qu'il y serve comme n'agissant que par la vertu que Dieu lui donne; afin qu'en tout ce que vous faites, Dieu soit glorifié par Jésus-Christ2. Et tout ce que vous ferez faites-le de tout votre cœur; jamais avec nonchalance, par coutume, et comme par manière d'acquit faites-le, dis-je, de tout votre cœur, comme le faisant pour Dieu, et non pour les hommes. Servez notre Seigneur Jésus-Christ3, que ce soit votre seul Maître. Amen, amen. Oui, je viens bientôt. Ainsi soit-il. Venez, Seigneur Jésus, venez. La grace de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous1. Amen, amen.

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SUR LE PARFAIT ABANDON.

Quand on est bien abandonné à Dieu, on est prêt à tout on suppose le pis qu'on en puisse supposer, et on se jette aveuglément dans le sein de Dieu. On s'oublie, on se perd; et c'est là la plus parfaite pénitence qu'on puisse faire, que cet entier oubli de soi-même · car toute la conversion ne consiste qu'à se bien renoncer et s'oublier, pour s'occuper de Dieu et se remplir de lui. Cet oubli est le vrai martyre de l'amourpropre : c'est sa mort et son anéantissement, où il ne trouve plus de ressource: alors le cœur se dilate et s'élargit. On est soulagé en se déchargeant du dangereux poids de soi-même, dont on étoit accablé auparavant. On regarde Dieu comme un bon père, qui nous mène, comme par la main, dans le moment présent; et on trouve tout son repos dans l'humble et la ferme confiance en sa bonté paternelle.

Si quelque chose est capable de rendre un cœur libre, et de le mettre au large, c'est le parfait abandon à Dieu et à sa sainte volonté : cet abandon répand dans le cœur une paix divine, plus abondante que les fleuves les plus vastes et les plus remplis. Si quelque chose peut rendre un esprit serein, dissiper les plus vives inquiétudes, adoucir les peines les plus amères, c'est assurément cette parfaite simplicité et liberté d'un cœur entièrement abandonné entre les mains de Dieu. L'onction de l'abandon donne une certaine vigueur dans toutes les actions, et épanche la joie du Saint-Esprit jusque sur le visage et dans les paroles. Je mettrai donc toute ma force dans ce parfait abandon entre les mains de Dieu par Jésus-Christ, et il sera ma conclusion pour toutes choses, en la vertu du Saint-Esprit. Amen.

ACTE D'ABANDON.

O Dieu saint, ô Dieu vengeur des crimes, j'adore vos saintes et inexorables rigueurs, et je m'y abandonne entièrement en Jésus-Christ, qui s'y est abandonné pour moi; afin de m'en délivrer. Il s'est soumis volontairement à porter mes péchés et ceux de tout l'univers. Il s'est livré pour eux tous aux rigueurs de votre justice; parcequ'il a un mérite infini à lui opposer pour vous apaiser envers moi. Je vous offre ses mérites et sa sainteté parfaite, dont il m'a couvert et revêtu ne me regardez pas en moi-même; mais regardez-moi en Jésus-Christ, comme un membre dont il est le chef: donnez-moi telle part

1

RÉNOVATION DE L'ENTRÉE DANS LA SAINTE RELIGION. 515 que vous voudrez à son sacrifice, et à sa sainte | les graces qu'il vous a faites ; et efforcez-vous mort et passion; afin qu'en Jésus-Christ votre sans cesse, avec son divin secours, à y répondre Fils, je sois sanctifié en vérité. Amen. de plus en plus, à mériter celles qu'il vous prépare, et à parvenir à leur parfaite consommation par une heureuse persévérance. Amen.

AUTRE ACTE.

Mon Dieu, qui êtes la bonté même, j'adore cette bonté infinie; je m'y unis, je m'appuie sur elle, plus encore en elle-même que dans ses effets. Je ne sens en moi aucun bien, aucunes bonnes œuvres faites dans l'exactitude de la perfection que vous voulez, ni par où je puisse vous plaire aussi n'est-ce pas en moi ni en mes œuvres que je mets ma confiance; mais en vous seul, ô bonté infinie, qui pouvez, en un moment, faire en moi tout ce qu'il faut pour vous être agréable. Je vis dans cette foi; et je remets durant que je vis, jusqu'au dernier soupir, mon cœur, mon corps, mon esprit, mon ame, mon salut et ma volonté entre vos divines mains.

O Jésus, Fils unique du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde pour racheter mon ame pécheresse, je vous la remets. Je mets votre sang précieux, votre sainte mort et passion, et vos plaies adorables, et surtout celle de votre sacré cœur, entre la justice divine et mes péchés; et je vis ainsi dans la foi et dans l'espérance que j'ai en vous, ô Fils de Dieu, qui m'avez aimé, et qui vous êtes donné pour moi. Amen.

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Ne craignez rien avec cet acte qui efface les péchés en un moment. Faites-vous le lire dans vos peines; tenez-le tant que vous pourrez entre vos mains et quand vous croyez ne le

pouvoir plus reproduire, tenez-en le fond, et incorporez-le dans l'intime de votre cœur.

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Il faut la célébrer tous les ans dans les transports de joie, de reconnoissance et d'amour, pour le choix plein de miséricorde et de bonté Dieu a fait de nous, en nous attachant pour jamais à lui. O mon ame, bénissez le Seigneur; et que tout ce qui est en moi loue son saint nom en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. O mon ame, bénissez le Seigneur, et n'oubliez jamais toutes

C'est-à-dire l'Acte de charité parfaite. Voyez ce qui est dit à ce sujet ci-dessus, pag. 514 et 543. Edit. de Versailles.

3.

Laissons de nouveau évanouir le monde et tout son faux éclat, tout ce qui le compose, et qui fait l'empressement des hommes insensés; et quand, par les lumières de la fói, tout sera mis en pièces et en morceaux, et que nous le verrons comme déja détruit, restons seuls avec Dieu seul, environnés de ce débris et de ce vaste néant : laissons-nous écouler dans ce grand tout qui est Dieu; en sorte que nous-mêmes nous ne soyons plus rien qu'en lui seul. Nous étions en lui, avant tous les temps, dans son décret éternei; nous en sommes sortis, pour ainsi dire, par son amour qui nous a tirés du néant. Retournons à cette fin adorable, à cette idée, à ce décret, à ce principe et à cet amour; et le jour anniversaire que nous partimes pour aller à la maison de Dieu, la sainte religion, afin de nous immoier à lui, disons, avec une plénitude de cœur, dans une joie pure, le Psaume cxxi: Lætatus sum in his. Le jour de notre arrivée, et de notre entrée, le Psaume LXXXIII: Quàm dilecla, et le LXXXIV: Benedixisti, appuyant sur les versets 8 et 9. Le lendemain, le Psaume xc: Qui habitat, et le LXXXI: Memento, Domine, David; arrêter sur le verset 15. Le troisième jour, le Psaume LXXXVI: Fundamenta: admiet la confiance. Le quatrième jour, pour rendre rons les fondements de Sion, qui sont l'humilité graces à Dieu de notre liberté, les Psaumes CXIV: Dilexi, quoniam exaudiet, et cxv: Credidi propter, qui n'en font qu'un dans l'original, et qui sont de même dessein: appuyer sur les versets 7, 8, du Psaume Credidi. Le cinquième jour, dans les mêmes vues encore, mais avec une plus intime joie de notre sortie du monde, le Psaume cxIII: In exitu Israel de Ægypto. Le sixième jour, le Psaume cxxv et le XXII: In convertendo, et Dominus regit me. Le septième jour, adorons l'Époux céleste dans le sein et à la droite de son Père, et au sortir des temps de sa sainte enfance, par les Psaumes XXIX: Exaltabo te, Domine, et xxxix: Expectans expectavi. Le huitième jour de l'octave, disons, avec une pleine effusion de cœur, en éclatant en reconnoissance et en action de graces, le Psaume CII: Benedic, anima mea, Domino, le CXLIV: Exaltabo te, et le cxvII: Confitemini. Ainsi se célébrera notre heureuse délivrance de la servitude du siècle.

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544 RÉNOVATION DE L'ENTRÉE DANS LA SAINTE RELIGION.

Consacrons-nous donc de nouveau au Seigneur notre Dieu, de tout notre cœur, de toute notre ame et de toutes nos forces, comme des victimes qu'on mène librement à l'autel, qui est le sens des versets 26, 27, de ce dernier Psaume. Voilà les Psaumes pour la veille et l'octave de la fête de notre sainte dédicace. Lisons encore, durant cette aimable octave, les chapitres LI et LIV d'Isaïe, le chapitre VIII de l'Évangile de saint Jean, et demandons à Dieu la liberté véritable, qui est celle que Jésus-Christ donne par la vérité. Ecoutons plutôt les promesses que les menaces. Accoutumons-nous à craindre la vérité; mais à espérer encore davantage en la grande bonté de Dieu lisons-en les merveilles dans le chapitre v de l'Épitre aux Romains.

DU PROPHÈTE ISAIE.

CHAPITRE LII, VERSETS CHOISIS.

1. Levez-vous, Sion, levez-vous; revêtezvous de votre force, parez-vous des vêtements de votre gloire, Jérusalem, ville du Saint: parcequ'à l'avenir il n'y aura plus d'incirconcis et d'impurs qui passent au milieu de vous,

2. Sortez de la poussière, levez-vous, asseyezvous, ô Jérusalem; rompez les chaînes de votre cou, filles de Sion captive.

3. Car voici ce que dit le Seigneur: Vous avez été vendues pour rien, et vous serez rachetées sans argent.

4. Il viendra un jour auquel mon peuple connoîtra la grandeur de mon nom, un jour auquel je dirai Moi qui parlois autrefois, me voici présent.

7. Que les pieds de celui qui annonce et qui prêche la paix sur les montagnes, sont beaux; les pieds de celui qui annonce la bonne nouvelle, qui prêche le salut, qui dit à Sion: Votre Dieu va régner!

8. Alors vos sentinelles se feront entendre: ils éleveront leur voix; ils chanteront ensemble des cantiques de louanges: parcequ'ils verront, de leurs yeux, que le Seigneur aura converti Sion.

9. Réjouissez-vous, désert de Jérusalem, louons tous ensemble le Seigneur, parcequ'il a consolé son peuple, et racheté Jérusalem.

10. Le Seigneur a fait voir son bras saint à toutes les nations et toutes les régions de la terre verront le Sauveur que notre Dieu doit

envoyer.

11. Retirez-vous, sortez de Babylone, ne touchez rien d'impur: sortez du milieu d'elle; purifiez-vous, vous qui portez les vases du Seigneur.

12. Vous n'en sortirez point en tumulte, ni par une fuite précipitée, parceque le Seigneur marchera devant vous, le Dieu d'Israël vous rassemblera.

13. Mon serviteur sera rempli d'intelligence; il sera grand et élevé; il montera au plus haut comble de la gloire.

14. Il paroîtra sans gloire et sans éclat devant les hommes, et dans une forme méprisable.

15. Il arrosera beaucoup de nations. Les rois se tiendront devant lui dans le silence: ceux à qui il n'a pas été annoncé le verront; et ceux qui n'avoient point entendu parler de lui, le contempleront.

CHAPITRE LV, VERSETS CHOISIS.

1. Vous tous qui avez soif, venez aux eaux; vous qui n'avez point d'argent, hâtez-vous, achetez et mangez, venez et achetez sans argent, et sans aucun échange, le vin et le lait.

2. Pourquoi employez-vous votre argent à ce qui ne peut vous nourrir, et vos travaux à ce qui ne peut vous rassasier? Écoutez-moi avec attention: nourrissez-vous de la bonne nourriture que je vous donne; et votre ame, en étant comme engraissée, sera dans la joie.

3. Abaissez votre oreille, et venez à moi; écoutez-moi, et votre ame trouvera la vie : je ferai avec elle une alliance éternelle.

6. Cherchez le Seigneur pendant qu'on le peut trouver; invoquez-le pendant qu'il est proche. 7. Que l'impie quitte ses voies, et l'injuste ses pensées, et qu'il retourne au Seigneur; et il lui fera miséricorde: qu'il retourne à notre Dieu, parcequ'il est plein de bonté pour pardonner.

8. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit le Seigneur;

9. Mais autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes voies et mes pensées sont au-dessus de vos pensées.

10. Et comme la pluie et la neige descendent du ciel et n'y retournent plus, mais qu'elles abreuvent la terre, la rendent féconde et la font germer; en sorte qu'elle donne la semence pour semer, et le pain pour s'en nourrir :

11. Ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne retournera point sans fruit; mais elle fera tout ce que je veux :

12. Vous sortirez avec joie et vous serez conduits dans la paix. Les campagnes et les collines retentiront de cantiques de louanges.

13. Le sapin s'élevera au lieu des herbes les plus viles: le myrte croîtra au lieu de l'ortie; et

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