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Babylone, assemble tes devins: que dis-je, tes | Dès le commencement je suis : je suis le Seidevins? assemble tes dieux : Qu'ils viennent: gneur votre saint, le roi et le créateur d'Israël. qu'ils nous annoncent les choses futures: qu'ils Ne songez plus aux choses passées, j'en vais nous annoncent du moins tous les temps passés | faire de nouvelles. J'ai formé ce peuple pour (et qu'ils fassent la liaison des uns avec les autres): moi, et je veux qu'il raconte mes louanges. nous serons attentifs à vos paroles. Dites-nous ce qui arrivera, que nous sachions les choses futures; annoncez-les-nous, et nous avouerons que vous êtes des dieux. Faites-nous du bien et du mal, si vous pouvez ': car si vous le pouvez faire à votre gré, vous pouvez le prévoir et le deviner. Mais vous n'êtes rien, tant que vous êtes de faux dieux. Votre ouvrage n'est rien non plus: il est au rang de ce qui n'est pas: celui qui vous choisit pour son Dieu est abominable 2. | C'est ainsi que le prophète Isaïe, et avec lui tous les saints, convainquent de néant les dieux des païens.

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Je suis le premier et le dernier, encore un coup, et il n'y a de Dieu que moi seul. Je suis le Seigneur qui fais tout: qui rends inutiles tous les présages des devins : je leur renverse l'esprit, et je change leur sagesse en folie. Mais au contraire, j'exécuterai après plusieurs siècles, et je ferai revivre la parole du prophète mon serviteur que j'ai inspiré, et j'accomplirai les prédictions de mes messagers. Je dis à Jérusalem ruinée et changée en solitude: Tu seras pleine d'habitants. Je dis aux villes de Juda: Vous serez rebâties, je relèverai vos ruines, et je remplirai vos rues solitaires et abandonnées. J'ai dit à Cyrus: Vous êtes le prince que j'ai choisi: vous accomplirez ma volonté. J'ai dit à Jérusalem: Vous serez bâtie; et au temple réduit en cendres: Vous serez fondé de nouveau 1. J'ai nommé Cyrus pour accomplir cet ouvrage.

Voici ce qu'a dit le Seigneur à Cyrus: Mon

Mais moi, dit le Seigneur par la bouche de ce saint prophète, comme je fais tout, je prédis ce que je veux. Qui sera celui qui le fera venir de l'orient: qui l'appellera de loin, afin qu'il le suive? qui dissipera devant son épée les nations comme de la poussière, et les armées devant son arc, comme de la paille que le ventoint, que j'ai pris par la main pour lui assujetemporte3? je le ferai venir de l'aquilon et de l'orient 4 celui que je sais et que je vois de toute éternité *. C'est Cyrus que j'ai nommé pour être le libérateur de mon peuple. Il connoîtra mon nom : tous les princes seront devant lui comme des gens qui amassent de la boue. Qui est-ce qui l'a annoncé dès le commencement? C'est moi le Seigneur, c'est là mon nom : je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni ma louange aux idoles. Ce que j'ai annoncé au commencement, et qui a paru le premier dans mes oracles, voilà qu'il arrive. Je découvrirai encore de nouvelles choses: devant qu'elles paroissent, je vous les ferai entendre. Israël, tu es un peuple dissipé: qui t'a donné en proie à tes ennemis, si ce n'est le Seigneur lui-même, parceque nous avons péché? et il a répandu sur nous le souffle de sa colère. ".

Et maintenant, dit le Seigneur, je te crée de nouveau, Jacob; et je te forme, Israël. Je suis le Seigneur ton Dieu et ton Sauveur, 6 Israël! Je suis. Il n'y a point de Dieu devant moi, et il n'y en aura point après. Je suis, je suis le Seigneur, et il n'y a que moi qui sauve.

Is. XLI. 22, 23. - Ibid. 24. — 3 Ibid. 2. — 4 Ibid. 25. *M. Bossuet, en citant le v. 2 de ce chapitre, n'a pas exprimé le mot justum, le juste, qui est dans le texte sacré. Ici il fait entendre que Cyrus étoit la figure de Jésus-Christ, et que c'étoit ce Juste par excellence que le Saint-Esprit faisoit annoncer principalement. (Edit de Déforis.)

5 Is. XLI. 26. -6 Is. XLII, 8. 9.7 Ibid., 22, 24, 25. Is, XLIII. 1, 3, 10, 11, 13, 15, 18, 19, 21.

tir les nations, et mettre en fuite les rois devant lui; je te livrerai les trésors cachés; ce qu'on aura recelé dans les lieux les plus cachés te sera ouvert : afin que tu saches que je suis le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui te nomme par ton nom. Je ne l'ai pas fait pour l'amour de toi; mais pour l'amour de Jacob mon serviteur, et d'Israël que j'ai choisi. C'est pour lui que je t'ai nommé par ton nom. Je t'ai représenté, je t'ai figuré tel que tu es. Tu ne me connoissois pas : et moi je te revêtois de puissance, afin que du levant jusqu'au couchant on sache qu'il n'y a de Dieu que moi; et que moi, et non pas un autre. Je suis le Seigneur ; c'est moi qui crée la lumière, et qui répands les ténèbres: je pardonne et je punis: je distribue le bien et le mal, la paix et la guerre, selon le mérite d'un chacun je suis le Seigneur qui fais toutes ces choses 2. Ainsi parloit Isaïe. Et deux cent cinquante ans après, Cyrus, vainqueur selon cet oracle, vit la prophétie, et publia cet édit: Voici ce que dit Cyrus, roi de Perse. Le Dieu du ciel, le Seigneur m'a livré tous les royaumes de la terre, et m'a commandé de rebátir sa maison dans Jérusalem 3.

Cent autres pareils exemples justifient la prescience et la providence de Dieu : mais celui-ci comprend tout et ne laisse rien à desirer.

'Is. XLIV. 6. 24. 25, 23. 28. — Is. XLV. 1, 5. 4, 5, 6. 7. —~ 3 II. Par. xxxvi. 22, 25. I. Esd., 1, 1, 2, VI. 2. 5.

VIe ÉLÉVATION.

La toute puissante protection de Dieu. Montez à la cime d'une montagne élevée, vous qui évangélisez, vous qui annoncez à Sion la bonne nouvelle de son salut: élevez une voix puissante, vous qui annoncez à Jérusalem son bonheur élevez votre voix, ne craignez pas. Dites aux villes de Juda: Voici votre Dieu qui vient à votre secours; c'est votre Dieu qui vient avec force, et avec un bras dominant: il vient, et avec lui vient sa récompense, et son ouvrage ne manquera pas. Comme un pasteur pait son troupeau; comme il ramasse avec son bras pastoral ses tendres agneaux, et qu'il porle lui-même les petits qui ne peuvent pas se soutenir ainsi fera le Seigneur '.

Qui est celui qui a mesuré l'immensité des caux par sa main, et qui a pesé les cieux avec son poignet, et avec trois doigts toute la masse de la terre? Qui est celui qui a mis les montagnes et les collines dans une balance 2, et a pu faire que toute la terre se servant à elle-même de contre-poids, demeurât dans l'équilibre au milieu des airs? Qui a aidé l'esprit du Seigneur, ou qui lui a servi de conseiller, et lui a montré dans ces grands ouvrages ce qu'il falloit faire? S'il faut lui offrir des sacrifices selon sa grandeur, le Liban n'aura pas assez de bois, ni la terre assez d'animaux pour son holocauste . C'est-à-dire que le cœur de l'homme, quoique plus grand que tout l'univers, et que toute la nature corporelle, n'aura pas assez d'amour ni assez de desirs à lui immoler. Le cœur de l'homme se perd, quand il veut adorer Dieu.

Savez-vous bien le commencement de toutes choses? Avez-vous compris les fondements de la terre, ni comme Dieu se repose sur son vaste tour, et en fait comme son siége, ou comme l'escabeau de ses pieds? Levez les yeux, et voyez qui a créé tous ces luminaires, qui les fait marcher comme en ordre de bataille, et les nomme chacun par son nom, sans en omettre un seul dans sa puissance. Jacob, qui, vous défiant de cette puissance, dites en vous-même : Mes voies sont cachées au Seigneur, il ne sait plus où je suis, et mon Dieu n'exercera pas son jugement sur moi, pour me punir ou pour me sauver: ignorez-vous que le Seigneur est éternel; qu'il a marqué et créé les limites de la terre? Sans défaillance, sans travail, sans lassitude, il agit sans cesse, et sa sagesse est impénétrable. Il rend la force à celui qui est épuisé, il donne du courage et de la vertu à celui qui n'est Is. XL. 9, 40, 41.- - Ibid. 12. 3 Is. XL. 13.- - Ib. 16. Ibid., 21, 22.

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plus. La jeunesse la plus robuste tombera en foiblesse malgré sa vigueur : mais ceux qui espèrent au Seigneur verront leurs forces se renouveler de jour en jour: quand ils croiront être à bout, et n'en pouvoir plus, tout d'un coup ils pousseront des ailes semblables à celles d'un aigle: ils courront, et ne se lasseront point : ils marcheront, et ils seront infatigables'. Marchez donc, ames pieuses, marchez: et quand vous croirez n'en pouvoir plus, redoublez votre ardeur et votre courage.

Je vous tirerai, dit le Seigneur 2, des extrémités de la terre. Je vous ai pris par la main, et je vous ferai revenir du bout du monde : je vous ai dit : Vous êtes mon serviteur, je vous ai choisi, et ne vous ai pas rejeté. Ne craignez donc rien, puisque je suis avec vous: ne vous laissez point affoiblir, puisque je suis votre Dieu. Je vous ai fortifié, je vous ai secouru, et la droite de mon Juste, de mon Christ, a été votre soutien. Tous vos ennemis seront confondus, et seront comme n'étant pas; vous demanderez où ils sont, et vous les verrez disparus : vos rebelles, qui vous livroient de continuels assauts, seront comme n'étant pas; tous leurs efforts seront vains et comme un néant: parceque moi, qui suis le Seigneur, je vous ai pris par la main, et je vous ai dit dans le fond du cœur: Ne craignez point, je vous ai aidé. Jacob qui étoit petit et foible comme un vermisseau qui à peine se peut traîner; Israélites qui étiez languissants, abattus, et réduits au rang des morts, je vous ai ressuscités, moi le Seigneur, par mon secours tout puissant, et je suis votre rédempteur, moi le Saint d'Israël. Vous mettrez vos ennemis en fuite: vous serez sur eux comme un chariot neuf armé de tranchants de fer: vous détruirez leurs armées ; et leurs forteresses fussent-elles élevées comme des montagnes, vous les réduirez en poudre : vous pousserez vos ennemis devant vous, comme un tourbillon fait la poussière: et vous vous réjouirez dans le Seigneur, et votre cœur transporté d'aise triomphera dans le Saint d'Israël.

Il ne faut pas dire que ce soient ici des miracles, des effets extraordinaires de la toute-puissance de Dieu. Dieu ne montre des effets sensibles de cette puissance, que pour nous convaincre de ce qu'il fait en toute occasion plus secrètement. Son bras n'est pas moins fort quand il se cache, que quand il se déclare; il est toujours et partout le tout puissant, le triomphateur en Israël 3 comme il s'appelle lui-même, le protecteur invincible et toujours présent de ses amis.

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Ecoute donc, Jacob mon serviteur, Israël que j'ai élu. Voici ce que dit le Seigneur: Moi qui te forme, moi qui te crée, qui te tire du néant à chaque moment, qui suis ton secours dès le ventre de ta mère', dès le commencement de ta vie, dans ta plus grande foiblesse, et parmi les plus impénétrables ténèbres. Mon serviteur, que j'ai aimé, homme droit que j'ai choisi, je t'enverrai du ciel mes consolations,j'épancherai des eaux abondantes sur celui qui aura soif, je verserai des torrents sur cette terre desséchée, je répandrai mon esprit sur toi, je te rendrai féconde en bonnes œuvres, et je bénirai tes productions. Ecoutez ces paroles, ames désolées, que Dieu semble avoir délaissées dans son courroux, mais que son amour cependant met à l'épreuve. Vous vivrez, c'est moi qui le promets, moi qui suis le véritable et le saint, le fidèle et le tout puissant: je fais tout ce que je veux. Le Seigneur a juré, et il a dit: Si ce que je pense n'arrive pas, si ce que je résous ne s'accomplit point, je ne suis pas Dieu : mais je suis Dieu, je suis le Dieu des armées, le Dieu qui fait tout ce qui lui plaît dans le ciel et dans la terre. Le Seigneur a prononcé ; et qui pourra anéantir son jugement 2? le Seigneur a étendu son bras; et qui en pourra éviter les coups, ou en détourner l'effet?

VII ÉLÉVATION.

La bonté de Dieu, et son amour envers les siens.

3

C'est un père, c'est une mère, c'est une nourrice. Une mère peut-elle oublier son enfant qu'elle a porté dans son sein? Et quand elle l'oublieroit, je ne vous oublierai pas 3, dit le Seigneur. Le Seigneur ton Dieu l'a porté sur ses bras comme un petit enfant *. Comme un aigle qui porte ses petits, qui étend ses ailes sur eux, qui vole sur eux, et les provoque à voler: ainsi Dieu ne détourne point ses regards de dessus son nid, et le garde comme la prunelle de son œil. Il nous porte à ses mamelles pour nous allaiter, il nous met sur ses genoux et non content de nous nourrir, il joint à la nourriture les tendresses et les caresses: comme une mère caresse son enfant qui suce son lait, ainsi je vous consolerai, dit le Seigneur.

Plus que tout cela, c'est un amant passionné, c'est un tendre époux. Voici ce que dit le Seigneur à Jérusalem, à l'ame fidèle: Quand tu es venue au monde, tu étois dans l'impureté de ton père Adam, dont tu avois hérité la corruption et le péché. On ne t'avoit point coupé le nombril, ' Is. XLIV, 1 2. etc. * Job. XL. 3. 3, Is. XLIX, 15. Deut. 1, 3'. - Ibid. XXXII, 10, 11.6 Is. LXVI, 12, 15.,

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tu n'avois point été lavée d'eau, ni salée de sel,
ni enveloppée dans des langes personne n'a-
voit eu compassion de toi, ni ne t'avoit regar-
dée d'un œil de pitié : exposée et jetée à terro
comme un avorton par un extréme mépris dès
le jour de ta naissance, tu n'étois que pour ta
perte, et personne n'avoit soin de toi '. Voilà
quelle est par elle-même la nature humaine con-
que en iniquité et dans le péché. Alors, dil le
Seigneur, je t'ai vue en passant, pauvre et dé-
laissée, et pendant que souillée encore de ton
sang, et toute pleine de l'impureté de ta nais-
sance, tu n'avois rien qui ne fît horreur,
et que
tu étois livrée inévitablement à la mort. Je t'ai
dit: Je veux que tu vives. Vis, malheureuse
ame, c'est moi qui le dis, vis tout horrible que
tu es dans l'impureté de ton sang, dans l'ordure
de ton péché. C'est ainsi que Dieu parle à l'ame
qu'il lave par le baptême.

Mais ce n'est pas là qu'il borne ses soins: Tu
croissois, dit le Seigneur; ta raison se formoit
peu à peu, et tu devenois capable des ornements
qu'on donne à de jeunes filles 2, des vertus dont
il faut parer les ames dès leur jeunesse. Tu com-
mençois à pouvoir porter des fruits: les mamelles
s'enfloient et se formoient, et tu étois parvenue
à l'âge qui donne des amants. Mais, de peur que
tu n'en prisses qui fussent indignes de toi, je
me suis présenté moi-même à tes desirs. J'ai
passé, et je l'ai vue en cet áge: et quoique tu
fusses nue et pleine encore de confusion, sans
raison, sans règle par toi-même et dans tes pre-
miers desirs, je t'ai épousée, je t'ai appelée dans
ma couche, et à des embrassements qui purifient
l'ame : j'ai contracté avec toi un mariage éternel.
J'ai fait une alliance avec toi : j'ai juré par ma
| vérité que je ne t'abandonnerois pas, et tu es
devenue mienne. Je t'ai lavée d'une eau sainte.
Dès les premiers jours de ta naissance, où je t'a-
vois ordonné de vivre, tu avois déja été purgée
par l'eau du baptême; mais il a fallu te laver en-
core des mauvais desirs que la racine impure de
ta convoitise poussoit sans cesse; l'impureté du
sang dont tu étois née étoit encore sur toi; je
l'ai ôtée par de saintes instructions, et j'ai mis
sur toi toute la sainteté de ton baptême. Et je
t'ai oint d'une huile sainte, par l'abondance de
mes graces. Je t'ai donné des habits de diverses
couleurs : je t'ai ornée de toutes les vertus : et
je t'ai chaussée avec soin des plus belles peaux.
Je t'ai environnée d'habits de fin lin, qui sont
les justices des saints, et je t'ai revêtue des choses
les plus fines3: je t'ai ôté par ma grace tes desirs
grossiers et charnels.

1 Ezech. XVI, 2, 5, 4, 5, 6. - Idem. XVI. 7, 8, 9, 10. 3 Apoc. XIX. 8.

impures et désordonnées? Toute la terre a été souillée de tes prostitutions et de tes malices. Tu as le front d'une impudique, tu n'as pas rougi de tes excès. Reviens donc du moins do

Mon amour a été plus loin; et ne voulant pas | ambition à laquelle tu sacrifiois tout, tes amours seulement que tu fusses nette et pure, mais encore riche et opulente, je t'ai donné les grands ornements, des bracelets dans tes bras, un riche collier autour de ton col, des cercles d'or et des pierreries pendantes à tes oreilles, et une cou-rénavant : appelle-moi mon père, mon époux. ronne sur la tête. Tu reluisois toute d'or et d'ar- et le conducteur de ma virginité. Pourquoi gent, et tout éloit riche et magnifique dans tes veux-tu toujours l'éloigner de moi comme une habits. Je te nourrissois de ce qu'il y a de meil- femme courroucée, et veux-tu persister dans leur et de plus exquis: toutes les douceurs étoient ton injuste colère? Tu as dit que tu ferois mal, servies sur ta table. Par ces ornements, par ces tu t'en es vantée, et tu l'as fait, et tu l'as pu '. soins, ta beauté avoit reçu un si grand éclat que | Je t'ai abandonnée à tes voies. Reviens, infidèle; lout le monde en étoit ravi. Je t'ai élevée jusque et je ne détournerai pas mes yeux de toi: parcedans le tróne. Tout l'univers ne parloit que de que je suis le Saint, dit le Seigneur ; et ma cota beauté, de cette beauté que moi seul je t'a- lère ne sera pas éternelle. Connois seulement vois donnée, dit le Seigneur Dieu, qui suis le ton iniquité, et que tu as prévariqué contre le beau et le bon par excellence, et l'auteur de toute Seigneur. Il n'y a point d'arbre feuillu, dans la beauté et de tout bien dans mes créatures. forét, qui ne soit témoin de ta honte; il n'y a point de vain plaisir qui ne t'ait déçue: et tu ne m'as point écouté, dit le Seigneur. Convertissezvous, enfants rebelles, convertissez-vous 2.

Regarde, ame chrétienne, quel amant, quel époux t'a été donné. Il t'a trouvée étant laide, il t'a fait belle; il n'a cessé de t'embellir de plus en plus : il a prodigué sur toi tous ses dons, toutes ses richesses: il t'a placée dans son trône : il t'a fait reine: ses anges t'ont admirée comme l'épouse du Roi des rois, comme reçue dans sa couche, unie à son éternelle félicité. Comblée de sa gloire et de ses délices, qu'avois-tu à desirer, ame chrétienne, pour connoître toutes les bontés et tout l'amour de cet époux bienfaisant?

VIII• ÉLÉVATION,

Bonté et amour de Dieu envers les pécheurs pénitents,

On dit par commun proverbe : Si un mari quitte sa femme, et que se retirant de lui elle épouse un autre mari, la reprendra-t-il? Cette femme ne sera-t-elle pas souillée et abominable? El toi, ame pécheresse, tu t'es livrée à tous tes amants. Ce n'est pas moi qui t'avois quittée: non, je suis un époux fidèle, et qui jamais ne fais divorce de moi-même : c'est toi, ame infidèle, qui m'as abandonné, et t'es donnée non pas à un seul amant, mais à mille et mille corrupteurs. Reviens toutefois à moi, dit le Seigneur, et je te recevrai 2.

Regarde de tous cólés; et tant que ta vue se pourra étendre, tu ne verras que des marques de tes infamies. En quel lieu ne t'es-tu pas prostituée, ame impudique, et livrée à tous les desirs de ton cœur? Tu étois comme exposée dans les chemins publics, et il n'y avoit aucune créature qui ne captivat ton cœur. Te répéterai-je tes vengeances, tes envies, tes haines secrètes, ton

Ezec. XVI, 11, 12, 13, 14. — 2 Jerem. 111. 4.

Revenez à la maison paternelle, enfants prodigues3, on vous rendra votre première robe, on célébrera un festin pour votre retour, toute la maison sera en joie; et votre père, touché d'une tendresse particulière, s'excusera envers les justes qui ne l'ont jamais quitté, en leur disant : Vous êtes toujours avec moi; mais il faut que je me réjouisse, parceque votre frère étoit mort, et il est ressuscité : il étoit perdu, et il a été retrouvé. Réjouissez-vous avec moi, et avec tout le ciel, qui fait une fête de la conversion des pécheurs, et conçoit une joie plus grande pour le retour d'un seul, que pour la persévérance de quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de pénitence 3.

Revenez donc, enfants désobéissants; revenez, épouses infidèles, parceque je suis votre époux 6. Est-ce ma volonté que l'impie périsse, et non pas qu'il se convertisse, et qu'il vive? Convertissez-vous, faites pénitence, et votre péché ne vous tournera pas à ruine. Éloignez de vous toutes vos prévarications et vos désobéissances, et faites-vous un cœur nouveau et un nouvel esprit. Et pourquoi voulez-vous mourir, maison d'Israël, pendant que moi, moi que vous avez offensé, je veux votre vie? Non, je ne veux point la mort du pécheur, dit le Seigneur Dieu : revenez, et vivez1.

C'est moi, c'est moi-même qui efface vos iniquités pour l'amour de moi-même, et pour contenter ma bonté; et je ne me ressouviendrai plus de vos péchés. Seulement, souvenez-vous de moi.

Jerem. 11. 2, 3 4. 5. — Ibid. 12. 15, 14.3 Luc. XV. 22. 23 et suiv. — Ibid. 34, 51. —1 Ibid 6,7. -—6 Jerem., III, 14.-7 Ezech. xvII. 25, 30.51, 32

Entrons en jugement l'un avec l'autre : je veux vos habitudes invétérées, par votre inflexibilité bien me rabaisser jusque-là. Plaidez votre cause: dans le mal. Et moi aussi, dit le Seigneur, je avez-vous de quoi justifier vos ingratitudes', m'endurcirai sur vous, et j'oublierai que je suis après que je vous ai pardonné tant de fois? Ja- père. Vous implorerez en vain ma miséricorde, cob, souvenez-vous-en, ne m'oubliez pas. J'ai poussée à bout par vos ingratitudes: votre inseneffacé comme un nuage vos iniquités: j'ai dissi- | sibilité fait la mienne. Je vous ai fait ce cruel et pé vos péchés, comme le soleil dissipe un brouil- insupportable traitement, à cause de la multilard. Pécheurs, retournez à moi, parce que je tude de vos crimes, et de vos durs péchés '; à vous ai rachetés. O cieux, chantez ses louan- cause de la dureté inflexible de votre cœur rebelle ges: terre, faites retentir vos louanges d'une et opiniâtre. extrémité à l'autre: montagnes, portez vos cantiques jusques aux nues, parceque le Seigneur a fait miséricorde. Autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant a-t-il exalté et affermi ses miséricordes: autant que le levant est loin du couchant, autant a-t-il éloigné | de nous nos iniquités. Comme un père a pitié da ses enfants, ainsi Dieu a eu pilié de nous, parcequ'il connoit nos foiblesses, et de quelle masse nous sommes pétris. Nous ne sommes que boue et poussière; nos jours s'en vont comme une herbe, et tombent comme une fleur: et notre ame, plus fragile encore que notre corps, n'a point de consistance 3.

IX ÉLÉVATION.

L'amour de Dieu méprisé et implacable.

Parceque vous n'avez pas voulu servir le Seigneur votre Dieu avec plaisir et dans la joie de votre cœur, dans l'abondance de tous biens, vous serez assujetti à un ennemi implacable que le Seigneur enverra sur vous, dans la faim et dans la soif, dans la nudité et dans la disette; et il mettra sur vos têtes un joug de fer dont vous serez accablé....*. Et comme le Seigneur a pris plaisir de vous bien faire, de vous multiplier, de vous enrichir à pleines mains; ainsi il prendra plaisir de vous perdre, de vous detruire, de vous écraser 3. Pesez ces paroles: la mesure de vos tourments sera l'amour méprisé.

Pourquoi criez-vous vainement, et que vous sert de pousser jusqu'au ciel vos plaintes inutiles sous la main qui vous brise? Votre fracture est incurable; la gangrène est dans votre plaie, et il n'y a plus de remède: il n'y a plus pour vous de baume ni de ligature. Je vous ai frappé d'un coup d'ennemi d'une plaie cruelle: non d'un châtiment paternel pour vous corriger, mais du coup d'une main vengeresse et impitoyable, pour contenter une inexorable justice. Vos péchés sont devenus durs par la dureté de votre cœur, par

' Is. XLIII. 29, 25. — Ibid., XLIV, 21, 22, 23. 11. 12, 43, 44, 45. Deut. XXVIII. 47, 48. Jerem, xxx. 12, 15, 14.

-3 PS. CII.
Ibid. 63.

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Il est temps que le jugement commence par la maison de Dieu 2: Amenez-moi Jérusalem, amenez-moi cette ame comblée de tant de graces: je la perdrai: je l'effacerai comme on efface une écriture dont on ne veut pas qu'il reste aucun trait: je passerai et repasserai un stylet de fer sur son visage3, et il n'y restera rien de sain et d'entier.

Xe ÉLÉVATION.

La sainteté de Dieu : Dieu est le Saint d'Israël, le trèssaint, trois fois saint.

Dieu se délecte particulièrement dans le nom de saint. Il s'appelle très souvent le Saint d'Israël 4. Il veut que sa sainteté soit le motif, soit le principe de la nôtre: Soyez saints, parceque je suis saint. Sa sainteté, qui fait la consolation de ses fidèles, fait aussi l'épouvante de ses ennemis. A qui est-ce que tu t'attaques, Rabsace insensé? de qui as-tu blasphémé le nom? contre qui as-tu élevé ta voix, et lancé tes regards superbes? contre le Saint d'Israël. Pendant que tu t'emportois comme un furieux contre moi, ton orgueil est monté jusqu'à mes oreilles. Je mettrai un frein à ta bouche, et un cercle de fer à tes narines; et je te ramènerai au chemin par où tu es venu 6.

Et ailleurs: Le vigilant et le saint est descendu du ciel 7; c'est un ange, si vous voulez; quoi qu'il en soit, sa puissance est dans sa sainteté. La sentence est partie d'en-haut; et il a crié puissamment: Coupez l'arbre, abattez ses branches: il a été ainsi ordonné dans l'assemblée de ceux qui veillent toujours: c'est la sentence des saints, dont la force est dans leur sainteté. Et après : Le royaume a été donné au peuple des saints du Très-Haut, parcequ'il est saint, et le tout puissant protecteur de la sainteté. Les païens mêmes savoient la puissance attachée à la sainteté du nom divin. La reine vint dire au roi Balthasar: lly a un homme dans votre royaume qui a en lui-même l'esprit des saints dieux ' ;

9

' Jerem. xxx. 45. — 2 I. Pet. IV. 17- — 3 IV. Reg. xx1, 12, 12. - 4 Ps. LXX. 22. Is. XXII, 6 et ailleurs. -5 Lev. XI. 44. 45. XIX. 2 et ailleurs. — 6 IV. Reg. xix. 22, 28. [s. XXXVII. 23, 29. -7 Dan. !Iv. 10, 41, 44. — § Ibid. VII. 48, 22. — Ibid. v. 40, 11.

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