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OUVRAGES DE PIÉTÉ,

SERMONS, ET ORAISONS FUNÈBRES.

AVERTISSEMENT

DE L'ÉDITION DE VERSAILLES (1815).

Les ouvrages qui doivent entrer dans la troisième classe des écrits de Bossuet intéresseront toutes les ames pieuses, et ne satisferont pas moins les hommes de goût. On y trouvera les Ouvrages de piété, les Sermons et les Oraisons funèbres.

temps avant sa mort. Il y joignit quelques écrits de piété que Bossuet avoit composés pour différentes personnes. Nous les avons aussi placés à la suite des Méditations. Les plus remarquables sont le Discours sur la vie cachée en Dieu, composé pour madame de Luynes, religieuse de Jouarre; le Discours sur l'acte d'abandon à Dieu; les Prières pour se préparer à la communion, et l'exercice de Préparation à la mort. Nous donnons dans le même volume plusieurs autres opuscules pieux de Bossuet, déja connus du public, et le TRAITÉ de la concupisceNCE, dont le but est de développer ces paroles célèbres de saint Jean: N'aimez ni le monde, ni ce qui est dans le monde; car il n'y a dans le monde que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, et orgueil de la vie. Ce Traité de la concupiscence fut imprimé pour la première fois en 1751. Nous croyons devoir avertir les lecteurs de quelques changements qui ont été faits dans le texte des Elevations et des Méditations, du Discours sur la vie cachée en Dieu, et du Traité de la concupiscence. Quoique les premiers éditeurs n'eussent pas altéré le sens de Bossuet, ils s'étoient permis un assez grand nombre d'omissions ou de substitutions de mots, peut-être dans l'intention de rendre le

Les ouvrages de piété forment trois volumes, qui sont les tomes VIII, IX et X de notre édition '. Le VIII volume ne contient que les ÉLÉVATIONS SUR LES MYSTÈRES. Aucun livre ne fait mieux connoître Dieu, Jésus-Christ, et l'excellence de notre religion. Malheureusement il n'a pas été achevé. Il finit au mystère de la prédication du Sauveur. Ce qui est dit de la doctrine de Jésus-Christ, dans les Méditations sur l'Évangile, peut être regardé comme une suite des Élévations. Mais Bossuet n'a développé, ni dans l'un ni dans l'autre de ces deux ouvrages, ce qui concerne la Passion, la Croix, la Mort, la Résurrection et l'Ascension de Jésus-Christ. C'est une perte qu'on ne sauroit trop regretter. Que n'eût-il pas dit de sublime et de tou-style plus net ou plus élégant. D. Déforis avoit déja rechant sur des mystères si profonds?

M. Bossuet, évêque de Troyes, neveu de l'évêque de Meaux, fit imprimer les Élévations en 1727. On éleva des doutes sur l'authenticité de cet ouvrage, dans lequel plusieurs personnes prévenues, et spécialement les rédacteurs des Mémoires de Trévoux, crurent apercevoir une doctrine differente de celle que Bossuet avoit défendue contre les calvinistes. Mais l'évêque de Troyes fit déposer au greffe du parlement le manuscrit original, et dissipa ainsi toutes les préventions. Nous ne donnons aucun autre détail sur cette affaire : il faudroit répéter ce qu'en a dit M. de Bausset, dans l'Histoire de Bossuet, tome II, liv. vii, n° 20.

Les Méditations sur l'Evangile sont précédées de la lettre que Bossuet écrivit en 1695 aux religieuses de la Visitation de la ville de Meaux, en leur adressant une copie de cet ouvrage. L'illustre prélat y explique d'une manière admirable les discours de notre Seigneur, et spécialement le sermon sur la montagne et le discours de la Cène. La première édition des Med tations sur l'Évangile est de 1731, en quatre volumes in-12. L'évêque de Troyes les fit imprimer, conformément aux intentions de son oncle, qui le lui avoit expressément recommandé peu de

'Ces trois volumes forment le tome III de notre édition à deux colonnes (L..

marqué ce défaut ; et il avoit donné, à la fin des tomes II et III de son édition, une longue série de corrections à faire d'après les manuscrits originaux. Ayant fait une nouvelle collation de ces manuscrits avec les imprimés, aux corrections indiquées par D. Déforis, nous en avons ajouté beaucoup d'autres, qu'il avoit sans doute omises pour ne pas rendre trop long son errata; et nous pouvons dire que le texte de Bossuet paroit pour la première fois dans toute sa pureté.

Il nous reste à parler des sermons. Quoique Bossuet eût prêché très souvent à Metz, à Paris, à la cour et dans son diocèse, avec une réputation extraordinaire, on n'avoit de lui qu'un petit nombre de discours, savoir : le Sermon sur l'unité de l'Eglise, prèché à l'ouverture de l'assemblée du clergé en 1681, et imprimé à Paris en 1682; le Sermon pour la profession de madame de La Vallière, imprimé sans son aveu en 1691, et six ORAISONS FUNÈBRES, imprimées séparément in-4o, à l'époque même où elles furent prononcées, et recueillies depuis, par son ordre, en un volume in-12. Il ne fit pas entrer dans ce recueil l'Oraison funebre de Nicolas Cornet, grand-maître de Navarre. Elle fut donnée au public en 1698, in-8o, à Amisterdam, par les soins des héritiers de M. Cornet. Mais l'abbé Ledieu nous apprend que Bossuet, après l'avoir lue, dit qu'il n'y reconnoissoit pas son ouvrage. Nous De parlons pas d'un sermon préché à l'ouverture d'une mis

sion, et imprimé dans un recueil de Lettres et Opuscules de Bossuet, Paris, 1748, 2 vol. in-12.Les autres discours de de ses héritiers, qui ignoroient eux-mêmes la valeur du trésor qu'ils possédoient dans d'immenses portefeuilles presque oubliés. On ne sauroit avoir trop de reconnoissance pour le service qu'ont rendu à la religion et à la littérature française D. Déforis, et de D. Coniac, son collaborateur, en consacrant des années entières à déchiffrer, comparer, mettre en ordre et publier, avec des soins et une exactitude bien pénible, un nombre presque infini de feuilles volantes, chargées de ratures, de renvois, de corrections de toute espèce. Le premier fruit de leur travail parut en 1772, en trois volumes in-4°, qui forment les tomes IV, V et VI de la dernière édition. Ils donnèrent en 1788 deux nouveaux volumes, qui sont les tomes VII et VIII; celui-ci renferme les Oraisons funèbres. Quelques personnes zélées pour la gloire de Bossuet, et spécialement M. de Montholon, doyen et grand-vicaire de Me z, ayant communiqué trop tard aux éditeurs un certain nombre de panegyriques de Bossuet, dont elles avoient les originaux, on en forma la seconde partie du tome VII.

l'évêque de Meaux étoient restés inconnus entre les mains

Nous avons distribué tous ces discours de la manière qui nous a paru la plus naturelle et la plus commode pour les lecteurs. Après les sermons pour l'Avent, le Carême et quelques dimanches de l'année, on trouvera ceux sur les fêtes de la sainte Vierge, les Panegyriques, les Oraisons

funèbres, et quelques sermons pour des vêtures et profes

sions religieuses.

Les éditeurs bénédictins avoient cru devoir porter l'exactitude jusqu'à mettre au bas des pages les tours de phrases et les mots différents que Bossuet avoit indiqués dans son manuscrit, comme pouvant servir à exprimer sa pensée.

Nous avons supprimé la plupart de ces variantes, qui étoient sans intérêt. Mais nous avons conservé toutes celles qu'un lecteur judicieux auroit pu regretter.

Nous avouerons, en finissant, que la plupart des sermons de Bossuet sont restés imparfaits. Plusieurs même ne présentent que des plans ou des fragments, que l'orateur remplissoit en chaire, sans le secours de l'écriture, après avoir médité son sujet. Mais quoique Bossuet n'y ait pas mis la dernière main, et qu'il parût avoir dédaigné luimême ces productions de son génie, on ne peut s'empêcher de reconnoître qu'on y trouve des desseins supérieurement conçus, des aperçus nouveaux, des traits d'une éloquence admirable; et s'il nous étoit permis d'employer les expressions d'un poëte, nous dirions que ces sermons, tels qu'ils sont, étincellent pourtant de sublimes beautés.

ÉLÉVATIONS A DIEU

SUR TOUS LES MYSTÈRES

vine bouche: C'est ici la vie éternelle de vous connoître, vous qui êtes le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que vous avez envoyé '. En la foi de cette parole, je veux, avec votre grace, me rendre attentif à connoître Dieu, et à vous connoître.

Vous êtes Dieu vous-même, et un seul Dieu avec votre Père, selon ce qu'a dit votre disciple bien aimé en parlant de vous: Celui-ci est le vrai Dieu et la vie éternelle 2: et saint Paul: que vous êtes né des patriarches, Dieu béni au-dessus de tout3. Et quand vous dites que la vie éternelle est de connoître Dieu et Jésus-Christ, ce n'est pas pour vous distinguer d'avec Dieu ( loin de nous un tel blasphème); mais pour nous rendre attentifs à votre divinité unie à nous par le mystère de l'incarnation, qui vous rend le vrai Emmanuel, Dieu avec nous ; et par vous, nous fait entrer en société avec Dieu, selon ce que dit saint Pierre, que nous sommes participants de la nature divine 6.

Je m'approche donc de vous autant que je puis, avec une vive foi, pour connoître Dieu en vous

et par vous, et le connoître d'une manière digne de Dieu, c'est-à-dire d'une manière qui me porte à l'aimer et à lui obéir; selon ce que dit encore votre disciple bien aimé : Celui qui dit qu'il connoit Dieu, et ne garde pas ses commandements, c'est un menteur 7; et vous-même: Celui qui fait mes commandements, c'est celui qui m'aime 3.

C'est donc uniquement pour vous aimer, que je veux vous connoître: et c'est pour m'attacher à faire votre volonté, que je veux vous connoître et vous aimer; persuadé qu'on ne peut vous bien connoître, sans s'unir à vous par un chaste et pur amour.

Pour vous bien connoître, ô mon Dieu et cher Sauveur, je veux toujours, avec votre grace, vous considérer dans tous vos états et tous vos mystères; et connoître avec vous en même temps votre Père qui vous a donné à nous, et le SaintEsprit que vous nous avez donné tous deux. Et toute ma connoissance ne consistera qu'à me réveiller, et à me rendre attentif aux simples et pures idées que je trouverai en moi-même dans les lumières de la foi, ou peut-être dans celles de

DE LA RELIGION CHRÉTIENNE. la raison, aidée et dirigée par la foi même. Car

PRIÈRE A JÉSUS-CHRIST.

c'est ainsi que j'espère parvenir à vous aimer, puisque le propre de la foi, selon ce que dit saint Paul, c'est d'être opérante et agissante par amour". Amen.

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PREMIÈRE SEMAINE.

ÉLÉVATIONS A DIEU SUR SON UNITÉ ET SA

PERFECTION.

PREMIERE ELEVATION.

L'être de Dieu.

De toute éternité Dieu est, Dieu est parfait, Dieu est heureux, Dieu est un. L'impie demande: Pourquoi Dieu est-il? Je lui réponds: Pourquoi Dieu ne seroit-il pas ? Est-ce à cause qu'il est parfait: et la perfection est-elle un obstacle à l'être? Erreur insensée au contraire, la perfection est la raison d'être. Pourquoi l'imparfait seroit-il, et le parfait ne seroit-il pas ? C'est-à-dire pourquoi ce qui tient plus du néant seroit-il, et que ce qui n'en tient rien du tout ne seroit pas? Qu'appellet-on parfait ? Un être à qui rien ne manque. Qu'appelle-t-on imparfait? Un être à qui quelque chose manque. Pourquoi l'être à qui rien ne manque ne seroit-il pas, plutôt que l'être à qui quelque chose manque? D'où vient que quelque chose est, et qu'il ne se peut pas faire que le rien soit, si ce n'est parceque l'être vaut mieux que le rien, et que le rien ne peut pas prévaloir sur l'être, ni empêcher l'être d'être ? Mais par la même raison, l'imparfait ne peut valoir mieux que le parfait, ni être plutôt que lui, ni l'empêcher d'être. Qui peut donc empêcher que Dieu ne soit : et pourquoi le néant de Dieu que l'impie veut imaginer dans son cœur insensé, pourquoi, dis-je, ce néant de Dieu l'emporteroit-il sur l'être de Dieu: et vaut-il mieux que Dieu ne soit pas, que d'être ?

O Dieu! on se perd dans un si grand aveuglement. L'impie se perd dans le néant de Dieu qu'il veut préférer à l'être de Dieu : et lui-même cet impie ne songe pas à se demander à lui-même pourquoi il est. Mon ame, ame raisonnable, mais dont la raison est si foible, pourquoi veux-tu être, et que Dieu ne soit pas ? Hélas! vaux-tu mieux que Dieu? Ame foible, ame ignorante, dévoyée, pleine d'erreur et d'incertitude dans ton intelligence, pleine dans ta volonté de foiblesse, d'égarement, de corruption, de mauvais desirs, faut-il que tu sois, et que la certitude, la compréhension, la pleine connoissance de la vérité, et l'amour immuable de la justice et de la droiture ne soit pas ?

Ps. XIII. 1.

6

IIe ÉLÉVATION.

La perfection et l'éternité de Dieu.

On dit: Le parfait n'est pas: le parfait n'est qu'une idée de notre esprit qui va s'élevant de l'imparfait qu'on voit de ses yeux, jusqu'à une perfection qui n'a de réalité que dans la pensée. C'est le raisonnement que l'impie voudroit faire dans son cœur insensé, qui ne songe pas que le parfait est le premier, et en soi, et dans nos idées; et que l'imparfait en toutes façons n'en est qu'une dégradation. Dis-moi, mon ame, comment entends-tu le néant, sinon par l'être? Comment entends-tu la privation, si ce n'est par la forme dont elle prive? Comment l'imperfection, si ce n'est par la perfection dont elle déchoit? Mon ame, n'entends-tu pas que tu as une raison, mais imparfaite, puisqu'elle ignore, qu'elle doute, qu'elle erre, et qu'elle se trompe? Mais comment entends-tu l'erreur, si ce n'est comme privation de la vérité; et comment le doute ou l'obscurité, si ce n'est comme privation de l'intelligence et de la lumière: ou comment enfin l'ignorance, si ce n'est comme privation du savoir parfait : comment dans la volonté, le déréglement et le vice, si ce n'est comme privation de la règle, de la droiture et de la vertu? Il y a donc primitivement une intelligence, une science certaine, une vérité, une fermeté, une inflexibilité dans le bien, une règle, un ordre, avant qu'il y ait une déchéance de toutes ces choses: en un mot, il y a une perfection avant qu'il y ait un défaut; avant tout déréglement, il faut qu'il y ait une chose qui est ellemême sa règle, et qui, ne pouvant se quitter soi-même, ne peut non plus ni faillir, ni défaillir. Voilà donc un être parfait : voilà Dieu, nature parfaite et heureuse. Le reste est incompréhensible, et nous ne pouvons même pas comprendre jusqu'où il est parfait et heureux; pas même jusqu'à quel point il est incompréhensible.

D'où vient donc que l'impie ne connoît point Dieu; et que tant de nations, ou plutôt que toute la terre ne l'a pas connu; puisqu'on en porte l'idée en soi-même avec celle de la perfection? D'où vient cela, si ce n'est par un défaut d'attention, et parceque l'homme, livré aux sens et à l'imagination, ne veut pas ou ne peut pas se recueillir en soi-même, ni s'attacher aux idées pures, dont son esprit embarrassé d'images grossières ne peut porter la vérité simple?

L'homme ignorant croit connoître le changement avant l'immutabilité; parcequ'il exprime le changement par un terme positif, et l'immutabilité par la négation du changement même : et il ne veut pas songer qu'être immuable c'est

être, et que changer c'est n'être pas: or l'être est, et il est connu devant la privation, qui est non-être. Avant donc qu'il y ait des choses qui ne sont pas toujours les mêmes, il y en a une qui toujours la même ne souffre point de déclin; et celle-là non seulement est, mais encore elle est toujours connue, quoique non toujours démêlée ni distinguée, faute d'attention. Mais quand, recueillis en nous-mêmes, nous nous rendrons attentifs aux immortelles idées dont nous portons en nous-mêmes la vérité, nous trouverons que la perfection est ce que l'on connoît le premier; puisque, comme nous avons vu, on ne connoît le défaut que comme une déchéance de la perfection.

III ÉLÉVATION.

Encore de l'ètre de Dieu, et de son éternelle béatitude.

Je suis celui qui suis: celui qui est m'envoie à vous 1 c'est ainsi que Dieu se définit luimême; c'est-à-dire que Dieu est celui en qui le non-être n'a point de lieu; qui par conséquent est toujours, et toujours le même par conséquent immuable: par conséquent éternel: tous termes qui ne sont qu'une explication de celui-ci: Je suis celui qui est. Et c'est Dieu qui donne luimême cette explication par la bouche de Malachie, lorsqu'il dit chez ce prophète : Je suis le Seigneur, et je ne change pas 2.

Dieu est donc une intelligence, qui ne peut ni rien ignorer, ni douter de rien, ni rien apprendre; ni perdre, ni acquérir aucune perfection: car tout cela tient du non-être. Or Dieu est celui qui est, celui qui est par essence. Comment donc peut-on penser que celui qui est ne soit pas, ou que l'idée qui comprend tout l'être ne soit pas réelle; ou que, pendant qu'on voit que l'imparfait est, on puisse dire, on puisse penser, en entendant ce qu'on pense, que le parfait ne soit pas ? Ce qui est parfait est heureux; car il connoît sa perfection: puisque connoître sa perfection est une partie trop essentielle de la perfection pour manquer à l'être parfait. O Dieu! vous êtes bienheureux! O Dieu! je me réjouis de votre éternelle félicité. Toute l'Écriture nous prêche que l'homme qui espère en vous est heureux 3 : à plus forte raison êtes-vous heureux vous-même, ô Dieu en qui on espère! Aussi saint Paul vous appelle-t-il expressément bienheureux: Je vous annonce ces choses selon le glorieux Évangile de Dieu bienheureux 4. Et encore: C'est ce que nous montrera en son temps celui qui est bien

Exod. 1. 14. - Mal. m. 6. Ps. XXII. 9. LXXXIII, 13.4 I. Tim. 1. 41.

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heureux, et le seul puissant, Roi des rois, et Seigneur des seigneurs, qui seul possède l'immortalité, et habite une lumière inaccessible, à qui appartient la gloire et un empire éternel. Amen. O Dieu bienheureux! je vous adore dans votre bonheur. Soyez loué à jamais, de me faire connoître et savoir que vous êtes éternellement et immuablement bienheureux. Il n'y a d'heureux que vous seul, et ceux qui connoissant votre éternelle félicité, y mettent la leur. Amen, amen.

IV ÉLÉVATION.

L'unité de Dieu.

Écoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur 2; car il est celui qui est. Celui qui est est indivisible: tout ce qui n'est pas le parfait dégénère de la perfection. Ainsi le Seigneur ton Dieu étant le parfait, est seul, et il n'y a point un au're Dieu que lui 3. Tout ce qui n'est pas celui qui est par essence et par sa nature, n'est pas et ne sera pas éternellement, si celui qui est seul ne lui donne l'être.

S'il y avoit plus d'un seul Dieu, il y en auroit une infinité. S'il y en avoit une infinité, il n'y en auroit point. Car chaque Dieu n'étant que ce qu'il est, seroit fini, et il n'y en auroit point à qui l'infini ne manquât : ou il en faudroit entendre un qui contînt tout, et qui dès-là seroit seul. Ecoute, Israël: écoute dans ton fond: n'écoute pas à l'endroit où se forgent les fantômes : écoute à l'endroit où la vérité se fait entendre, où se recueillent les pures et simples idées. Écoute là, Israël: et là, dans ce secret de ton cœur, où la vérité se fait entendre, là retentira sans bruit cette parole: Le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur. Devant lui les cieux ne sont pas : tout est devant lui comme n'étant point, tout est réputé comme un néant3, comme un vide, comme une pure inanité: parcequ'il est celui qui est, qui voit tout, qui sait tout, qui fait tout, qui ordonne tout, et qui appelle ce qui n'est pas comme ce qui est o.

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