Images de page
PDF
ePub

SGANARELLE feul.] Il faut voir fi celui-ci fera plus ques les autres.

L'

SCENE V.

CLITANDRE en habit de médecin,
SGANARELLE, LISETTE.

E voici.

LISETT E.

SGANARELLE. Voilà un médecin qui a la barbe bien jeune.

LISETTE. La fcience ne se mesure pas à la barbe, & ce n'eft pas par le menton qu'il eft habile.

SGANARELLE. Monfieur, on m'a dit que vous aviez des remédes admirables pour faire aller à la felle.

CLITANDRE. Monfieur, mes remédes font différens de ceux des autres. Ils ont l'émétique, les faignées, les médecines, & les lavemens; mais moi, je guéris par des paroles, par des fons, par des lettres, par des talifmans, & par des anneaux conftellés.

LISETTE. Que 10 is ai-je dit?

SGANARELLE. Voilà un grand homme!

LISETTE. Monfieur, comme votre fille eft-là toute habillée dans une chaife, je vais la faire passer ici. SCANARELLE. Oui. Fais.

CLITANDRE tâtant le poulx à Sganarelle.] Votre fille eft bien malade.

SCANARELLE. Vous connoiffez cela ici ?

CLITANDRE. Oui, par la fympathie qu'il y a entre le pére & la fille.

SCENE

SCANAREL alone.] I muft fee if this will do more

than the others.

SAGARSINCFENDRE

குக்கு

SCENE V.

CLITANDER in the Habit of a Physician,
SGANAREL, LYSETTA.

TERE he is.

H

Beard.

LYSETTA.

SCANAREL. This Phyfician has but a young

LYSETTA. Knowledge is not meafur'd by the Beard; his Skill doesn't lie in his Chin.

SGANAREL. Sir, I'm told you have wonderful Recipes to make People go to Stool.

CLITANDER. Sir, my Remedies are different from: thofe of others; they have Emeticks, Bleedings, Purges, Glyfters; but I cure by Words, Sounds, Letters, Talismans, and conftellated Rings.

LYSETTA. Did not I tell you?
SGANAREL. A great Man this!

LYSETTA. Sir, your Daughter being yonder in her Chair, drefs'd, I'll bring her to you.

SGANAREL. Do fo.

CLITANDER feeling Sganarel's Pulfe.] Your Daugh

ter's very bad.

SGANAREL. Can you tell that here ?

CLITANDER. Yes, by the Sympathy there is be

tween Father and Daughter.

[blocks in formation]

R

SCENE VI.

SGANARELLE, LUCINDE, CLITANDRE,

LISETTE.

LISETTE à Clitandre.

Enez, Monfieur, voilà une chaife auprès d'elle.

The Sganarelle. Allons, laiflez-les-là, cous d'euse.

SGANARELLE. Pourquoi? Je veux demeurer-là LISETTE. Vous moquez-vous? Il faut s'éloigner." Un médecin a cent chofes à demander, qu'il n'est pas honnête qu'un homme entende.

[Sganarelle & Lifette s'éloignent. CLIT ANDRE bas à Lucinde.] Ah! Madame, que le raviffement ou je me trouve eft grand, & que je fçais peu par ou vous commencer mon difcours! Tant que je ne vous ai parlé que des yeux, j'avois, ce me sembloit, cent chofes à vous dire ; &, maintenant que j'ai la liberté de vous parler de la façon que je fouhaitois, je demeure interdit, & la grande joie ou je fuis étouffe toutes mes paroles.

LUCINDE. Je puis vous dire la même chofe; & je fens, comme vous, des mouvemens de joie qui m'empêchent de pouvoir parler.

CLITANDRE. Ah! Madame, que je ferois heureux,' s'il étoit vrai que vous fentiffiez tout ce que je fens, & qu'il me fut permis de juger de votre ame par la mienne!. Mais, Madame, puis-je au moins croire que ce foit à vous à qui je doive la pensée de cet heureux ftratagême qui me fait jouir de votre présence ?

LUCINDE. Si vous ne m'en devez pas la pensée, vous m'êtes redevable au moins d'en avoir approuvé la propofition avec beaucoup de joie.

SGANARELLE à Lifette.] Il me femble qu'il lui parle de bien près.

[blocks in formation]

SGANAREL, LUCINDA, CLITANDER, LYSETTA.

LYSETTA to Clitander.

IR, here's a Chair near her. [To Sganarel. I Come, let's leave 'em both here.

STR

SGANAREL. Why fo? I'll ftay here.

LYSETTA. You jeft fure! we must leave 'em a Physician has a hundred Questions to ask which 'tisn't fit for a Man to hear. [Sganarel and Lyfetta retire.

CLITANDER apart to Lucinda.] Ah! Madam, how great is my Pleasure! and how little do I know in what manner to begin my Difcourfe to you! Whilft I spoke to you only by my Eyes, I thought I had a hundred things to fay; and now I have the liberty to speak to you as I defir'd, I am filent, and my Excefs of Joy ftifles my Words.

LUCINDA. I may fay the fame, and, like you, I feel Movements of Joy which hinder me from speaking to you.

CLITANDER. Ah! Madam, how happy fhould I be if you really felt all I feel, and if I were permitted to judge of your Heart by my own! But, Madam, may I believe that 'tis to you I owe the Thought of this happy Stratagem, which gives me the Enjoyment of your Prefence?

LUCINDA. If you don't owe the Thought of it to me, you are at least oblig'd to me for having gladly approved the Propofition.

SGANAREL to Lyfetta.] He talks mighty clofe to

her.

[blocks in formation]

LISETTE à Sganarelle.] C'eft qu'il obferve fa phyfionomie, & tous les traits de fon vifage.

CLIT ANDRE à Lucinde.] Serez-vous conftante, Madame, dans ces bontés que vous me témoignez ?

LUCINDE. Mais vous, ferez-vous ferme dans les réfolutions que vous avez montrées ?

CLITANDRE. Ah! Madame, jufqu'à la mort. Je n'ai point de plus forte envie que d'être à vous, & je vais le faire paroître dans ce que vous m'allez voir faire..

SGANARELLE à Clitandre.] Hé bien, notre malade? Elle me femble un peu plus gaie.

CLITANDRE. C'est que j'ai déja fait agir fur elle un de ces remédes que mon art m'enfeigne. Comme l'efprit a grand empire fur le corps, & que c'eft de lui, bien fouvent, que procédent les maladies, ma coutume eft de courir à guérir les efprits, avant que de venir au corps. J'ai donc obfervé fes regards, les traits de fon vifage, & les lignes de fes deux mains ; &, par la science que le Ciel m'a donnée, j'ai reconnu que c'étoit de l'efprit qu'elle étoit malade, & que tout fon mal ne venoit que d'une imagination déréglée, & d'un défir dépravé de vouloir être mariée. Pour moi, je ne vois rien de plus extravagant & de plus ridicule, que cette envie qu'on a du mariage.

SGANARELLE à part.] Voilà un habile homme! CLITANDRE. Et j'ai eu, & aurai, pour lui, toute ma vie, une averfion effroyable.

SCANARELLE à part.] Voilà un grand médecin ! CLIT ANDRE. Mais, comme il faut flater l'imagination des malades, & que j'ai vu en elle de l'aliénation d'efprit, & même qu'il y avoit du péril à ne lui pas donner un promt fecours, je l'ai prise par fon foible, & lui ai dit que j'étois venu ici pour vous la demander en mariage. Soudain, fon visage a changé, fon teint s'est éclairci, fes yeux fe font animés; &, fi vous voulez,

pour

« PrécédentContinuer »