faire repréfenter fa piéce. Il y fit plufieurs adouciffemens, que l'on avoit apparemment exigés. Il la produifit fous le titre de l'impofteur, & déguifa le perfonnage fous l'ajustement d'un homme du monde, en lui donnant un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée, & des dentelles fur tout l'habit; & crut pouvoir hazarder Tartuffe en cet état, le 5 août 1667. L'ordre qui lui fut envoyé le lendemain, d'en fufpendre la représentation, le rendit moins fenfible aux applaudiffemens qu'il avoit reçus. Ce ne fut néanmoins qu'en 1669, que le Roi donna une permiffion autentique de remettre cette comédie fur le théatre. Elle reparut à Paris le 5 février de cette année. Dès qu'elle eut été connue, les vrais dévots furent défabufés, les hypocrites confondus, & le poëte juftifié; on trouva dans le caractére & dans les difcours du vertueux Cléante, des armes pour combattre les raisonnemens faux & spécieux de l'hypocrifie. y Ce n'eft pas feulement par la fingularité & la hardieffe du fujet, ni par la fageffe avec laquelle il est traité, que cette piéce mérite des éloges. La premiére fcéne eft auffi heureufe que neuve, auffi fimple que vive; au lieu de ces confidences que l'on emploie fi ordinairement, une vieille grand'mére fcandalifée de ce qu'elle a pu voir de peu féant chez fa belle fille, fort en donnant à ceux qui compofent cette maison, des leçons aigres qui les caractérisent tous; car on diftingue le vrai jusques dans le langage de la prévention. Dès ce moment, tout eft en mouvement, & l'agitation théatrale, augmente par degrés jufqu'à la fin. La raillerie fine de Dorine, dans Playing of it. He soften'd several things in it, which It is not only for the Singularity and Boldness in [74] dans la fcéne avec fon maître, nous découvre Orgon tout entier, & nous prépare à reconnoître Tartuffe dans le portrait de l'hypocrite, que Cléante oppofe à celui du vrai dévot. Tartuffe annoncé pendant deux actes, paroît au troisiême. L'intrigue alors, plus animée, tire également fa vivacité & des nouveaux refforts qu'on emploie contre ce fcélérat, & de l'adreffe avec laquelle il sçait tourner à fon avantage tout ce qu'on entreprend contre lui. L'entêtement d'Orgon, qui s'accroît à mesure qu'on cherche à le détruire, donne lieu à cette fcéne fi finguliére & fi admirable du quatriéme acte, que la néceffité de démasquer un vice auffi abominable que l'hipocrifie, rendoit indispensable. L'éloge de Louis XIV, placé à la fin de la piéce, dans la bouche de l'exemt, ne peut juftifier, aux yeux des critiques, le vice du dénouement. in the Scene between her and her Mafter, gives us a plain Idea of Orgon, and prepares us to know Tartuffe in the Picture of the Hypocrite, which Cleanthes oppofes to that of the truly devout. Tartuffe, who is only talk'd of in the two first Acts, makes his Appearance in the third, when the Plot being then more animated receives equal Vivacity from the new Schemes which they employ'd against this Villain, and from the Address with which he turn'd every thing which was attempted againft him to his own Advantage. The Infatuation of Orgon, which increas'd in proportion to the Meafures which were taken to cure it, gave occafion to that fingular and admirable Scene of the fourth Act, which the Neceffity of unmasking a Vice fo abominable as that of Hypocrify, render'd indifpenfible. The Panegyrick of Lewis XIV. put in the Mouth of the Exempt at the End of the Piece, could not justify the Fault of the Unravelling in the Eyes of the Criticks. Dz ACTEURS. Madame PERNELLE, mére d'Orgon. ORGON, mari d'Elmire. ELMIRE, femme d'Orgon. DAMIS, fils d'Orgon. MARIANE, fille d'Orgon. VALERE, amant de Mariane. CLEANTE, beau-frère d'Orgon. TARTUFFE, faux dévot. DORINE, fuivante de Mariane. UN EXEMT. FLIPOTE, fervante de madame Pernelle. La Scéne eft à Paris, dans la maifon d'Orgon. |