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d Car la constitution de notre nature étant telle que notre esprit a besoin de beaucoup de relache, afin qu'il puisse employer utilement quelques moments en la recherche de la vérité et qu'il s'assoupirait, au lieu de se polir, s'il s'appliquait trop à l'étude,... (IX, 239)

e SPINOZA: Oui, il est d'un homme sage d'user des choses de la vie et d'en jouir autant que possible, de se réparer par une nourriture modérée et agréable, de charmer ses sens du parfum et de l'éclat verdoyant des plantes, d'orner même son vêtement, de jouir de la musique, des jeux, des spectacles et de tous les divertissements que chacun peut se donner sans dommage pour personne. (Et. iv, 45)

f LE LOTUS: Cette exposition de la loi, du lotus de la bonne loi, est la première des lumières, une lumière dont l'éclat l'emporte sur celui de cent mille myriades de Kotis (10 millions) de lunes. De même que le disque du soleil dissipe l'obscurité de toutes les ténèbres, de même cette exposition de la loi, du lotus de la bonne loi, dissipe l'obscurité de toutes les ténèbres des mauvaises œuvres. (XXII, 249)

g

PINDARE N'efface pas le plaisir de ta vie; car les douces jouissances sont pour l'homme le plus grand de tous les biens. (241)

h SOCRATE: En ce qui concerne l'âme, est-ce une grande quantité d'aliments qu'on lui donne qui est utile, ou une quantité modérée ? Modérée. Mais les sciences ne sont-elles pas au nombre des aliments de l'âme? - Oui. Et par conséquent, c'est une quantité modérée et non une multitude de sciences qui est utile à l'âme. (Les Rivaux, x, 123)

i PLATON: Et si quelqu'un disait que nous ressemblons à des ouvriers devant lesquels on a mis la sagesse et la volupté comme des matières qu'ils doivent allier ensemble pour en former quelqu'ouvrage, cette comparaison ne serait-elle pas juste? Très juste. (IV, 540)

j Nous faisons en quelque sorte ici l'office d'échansons, ayant à notre disposition deux fontaines: celle du plaisir, qu'on peut comparer à une fontaine de miel, et celle de la sagesse, source sobre, qui ne connaît pas le vin, et d'où sort une eau austère et salutaire : c'est là ce qu'il faut nous efforcer de mêler ensemble de notre mieux. Sans contredit. (iv, 544)

k Je sais que l'avis qui l'emporta fut qu'on ne devait pas se proposer de devenir un philosophe, à la rigueur, et que vous vous conseillâtes mutuellement de bien prendre garde de vous faire tort sans le vouloir en vous appliquant à l'étude plus qu'il ne faut. (Plat. Cous. III, 302)

Toutes fois, ces neuf années s'écoulèrent avant que j'eusse pris aucun parti touchant les difficultés qui ont coutume d'être disputées entre les doctes, ni commencé à chercher les fondements d'aucune philosophie plus certainé que la vulgaire. Et l'exemple de plusieurs excellents esprits qui, en ayant eu ci-devant le dessein me sembloient n'y avoir pas réussi, m'y faisoit imaginer tant de difficultés, que je n'eusse peut-être pas encore sitôt osé l'entreprendre, si je n'eusse vu que quelques-uns faisoient déjà courre le

bruit que j'en étais venu à bout. Je ne saurois pas dire sur quoi ils fondoient cette opinion; et, si j'y ai contribué quelque chose par mes discours, ce doit avoir été en confessant plus ingénument ce que j'ignorois que n'ont coutume de faire ceux qui ont un peu étudié, et peut-être aussi en faisant voir les raisons que j'avois de douter de beaucoup de choses que les autres estiment certaines, plutôt qu'en me vantant d'aucune doctrine. (74)

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a

Voir le Disc. de la Méth., renv. 10, 108.

b PLATON: ...Car tous ceux qui m'entendent croient que je sais toutes les choses sur lesquelles je découvre l'ignorance des autres. (1, 62) Car si je fais naître des doutes dans l'esprit des autres, ce n'est pas que j'en sache plus qu'eux, je doute au contraire plus que personne, et c'est ainsi que je fais douter les autres. (iv, 347)

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d Toi surtout, un sage dont l'intelligence l'emporte si fort sur la plupart des hommes. Socrate Axiochus, tu es dans l'erreur, je ne mérite pas cet éloge; tu t'imagines, comme la foule des Athéniens, parce que je cherche la vérité, que je la connais et la possède. Pour moi, je me trouverais très heureux de savoir les choses vues de tout le monde, tant je suis loin de la sagesse. (x, 237)

e

GOETHE: On ne sait proprement que lorsqu'on sait peu: avec le savoir augmente le doute. (1, 427)

f GRANDS LLAMAS. L'un d'eux disait à lord Dufferin Moi, très humble et très insignifiant personnage, qui n'ai acquis, bien que je me sois appliqué depuis l'enfance à l'étude, que le plus petit grain de savoir, quantité qu'on pourrait comparer à la gorgée d'eau qu'avale un insecte... (1, 54)

Mais, ayant le cœur assez bon pour ne vouloir point qu'on me prît pour autre chose que je n'étois, je pensai qu'il falloit que je tâchasse par tous moyens à me rendre digne de la réputation qu'on me donnoit, et il y a justement huit ans que ce désir me fit résoudre à m'éloigner de tous les lieux où je pouvois avoir des connoissances, et à me retirer ici en un pays où la longue durée de la guerre a fait établir de tels ordres que les armées, qu'on y entretient ne semblent servir qu'à faire qu'on y jouisse des fruits de la paix avec d'autant plus de sûreté, et où, parmi la foule d'un grand peuple fort actif, et plus soigneux de ses propres affaires que curieux de celles d'autrui, sans manquer d'aucune des commodités qui sont dans les villes les plus fréquentées, j'ai pu vivre aussi solitaire et retiré que dans les déserts les plus écartés. (75)

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a Voir le Disc. de la Méth., renvoi 68.

QUATRIÈME PARTIE

Je ne sais si je dois vous entretenir des premières méditations que j'y ai faites; car elles sont si métaphysiques et peu communes, qu'elles ne seront peut-être pas au goût de tout le monde; et, toutefois, afin qu'on puisse juger si les fondements que j'ai pris sont assez fermes, je me trouve en quelque façon contraint d'en parler. J'avois dès longtemps remarqué que pour les mœurs il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étoient indubitables, ainsi qu'il a été dit ci-dessus; mais pour ce qu'alors je désirois vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu'il falloit que je fisse tout le contraire, et que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrois imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne me resteroit point après cela quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable. (76)

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a Voir le Disc. de la Méth., renv. 34, 79.

b PLATON: T'es-tu jamais avisé de vouloir chercher ou apprendre ce que tu croyais savoir ? Non certainement. (1, 140)

c Penses-tu qu'il eut entrepris de chercher ou d'apprendre ce qu'il croyait savoir, encore qu'il ne le sut point, avant d'être parvenu à douter, et jusqu'à ce que, convaincu de son ignorance, il a désiré savoir... Considère maintenant comment, partant de ce doute, il découvrira la chose en cherchant avec moi, tandis que je ne ferai que l'interroger et ne lui enseignerai rien... (w, 359)

d ÉPICTÈTE: Il y a deux choses qu'il faut extirper dans l'homme, la présomption et la défiance. La présomption consiste à croire qu'on n'a besoin de rien; et la défiance à penser qu'on ne peut vivre heureux au milieu des circonstances qui nous environnent. L'examen suffit pour dissiper la présomption, et c'est par là que Socrate commence. (320)

e F. BACON Au fond, les sources et les causes de tous les abus qui se sont introduits dans les sciences se réduisent à une seule, à celle-ci : c'est précisément parce qu'on admire et qu'on vante les forces de l'esprit humain qu'on ne pense point à lui procurer de vrais secours. (Nov. Org. 1)

f La route nouvelle et sûre que nous traçons à l'entendement humain commençant aux perceptions des sens. Ils l'avaient sans doute en vue ces anciens philosophes qui faisaient jouer un si grand rôle à la dialectique. Ils y cherchaient eux-mêmes des secours pour l'entendement estimant eux-mêmes suspects sa marche native, son mouvement spontané. (Ibid. 608)

g FENELON: Il me semble que la seule manière d'éviter toute erreur est de douter sans exception de toutes les choses dans lesquelles je

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ne trouverai pas une pleine évidence. Je me défie donc de tous mes préjugés : la clarté avec laquelle j'ai cru jusqu'ici voir diverses choses n'est point une raison de les supposer vraies. Je me défie de tout ce qu'on appelle impression des sens, principes accoutumés, vraisemblances; je ne veux rien croire, s'il n'y a rien qui soit parfaitement certain; je veux que ce soit la seule évidence et l'entière certitude des choses qui me force à y acquiescer, faute de quoi je les laisserai au nombre des douteuses. (101)

Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avoit aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer; et parce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j'étois sujet à faillir autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avois prises auparavant pour démonstrations; et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous peuvent aussi venir quand nous dormons sans qu'il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui m'étoient jamais entrées en l'esprit n'étoient non plus vraies que les illusions de mes songes. (77)

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a PLATON: Or, nous avons encore à parler des songes, des maladies, de la folie surtout et de ce qu'on appelle entendre, voir et en un mot sentir de travers. Tu sais que tout cela est regardé comme une preuve incontestable de la fausseté du système dont nous parlons, parce que les sensations qu'on éprouve en ces circonstances sont tout à fait menteuses... Tu as, je pense, entendu souvent... ceux qui demandent comment nous pourrions prouver que nous veillons, au cas qu'on nous demandât en ce moment si nous dormons et si nos pensées sont autant de rêves, ou si nous sommes éveillés et si nous conversons réellement. Il est fort difficile, Socrate, de démêler les véritables signes auxquels cela peut se reconnaître; car ce sont, dans l'un et l'autre état, les mêmes caractères qui se répondent pour ainsi dire... (ш, 48)

b Mais quoi! par rapport à la vue, la distance trop grande ou trop petite empêche de connaître la vérité des objets, et nous fait juger à faux... (IV, 491)

c Quand done, reprit Socrate, l'âme trouve-t-elle la vérité? Car pendant qu'elle la cherche avec le corps, nous voyons clairement que ce corps la trompe et l'induit en erreur... Et celui-là saisira le plus clairement l'essence de toutes choses, qui examinera chaque chose par la pensée seule, sans chercher à soulager sa méditation par la vue, ni à soutenir son raisonnement par aucun autre sens corporel... Pendant que nous serons dans cette vie, nous n'approcherons de la vérité qu'autant que nous nous éloignerons du corps... (v, 25)

d. Ainsi celui qui s'applique à la dialectique, s'interdisant absolument l'usage des sens, s'élève par la raison seule jusqu'à l'essence des choses;... (vii, 368)

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e LUCRÈCE: Enfin quand le sommeil rend les membres immobiles par un gracieux assoupissement, et que tout le corps jouit dans le lit d'un souverain repos; si est-ce que parfois en cet état il nous semble que nous sommes éveillés, et que nous remuons nos membres, voire même pendant la plus sombre obscurité de la nuit, nous pensons voir le soleil, et la lumière du jour : nous nous persuadons dans ce lieu fermé, que le ciel, la mer, les rivières et les monts se changent facilement : que nous traversons à pied les campagnes, que nous entendons du bruit, quoique de toutes parts, le silence de la nuit soit profond, et que nous parlons, encore que nous nous taisons. (321)

J FENELON: J'ai toujours reconnu qu'il y a un temps, toutes les nuits, où je crois voir ce que je ne vois point, et où je crois toucher ce que je ne touche pas; j'ai appelé ce temps le temps du sommeil : mais qui m'a dit que je ne suis pas toujours endormi, et que toutes mes perceptions ne sont pas des songes? (102)

Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulois ainsi penser que tout étoit faux, il falloit nécessairement que moi qui le pensois fusse quelque chose; et remarquant que cette vérité je pense, donc je suis, étoit si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étoient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvois la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchois. (78)

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a DESCARTES : Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps : ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point? Tant s'en faut ; j'étais, sans doute, si je me suis persuadé ou seulement si j'ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n'y a donc point de doute que je suis, s'il me trompe; et qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saura jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu'après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure et tenir pour constant que cette proposition, je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit. (1, 248)

b Mais qu'est-ce qu'un homme ? Dirai-je que c'est un animal raisonnable? Non certes: car il me faudroit par après rechercher ce que c'est qu'animal et ce que c'est que raisonnable, et ainsi d'une seule question je tomberois insensiblement en une infinité d'autres plus difficiles et plus embarrassées; et je ne voudrois pas abuser du peu de temps et de loisir qui me reste en l'employant à démêler de semblables difficultés. Mais je m'arrêterai plutôt à considérer ici les pensées qui naissoient ci-devant d'elles-mêmes en mon esprit, et qui ne m'étoient inspirées que de ma seule nature lorsque je m'appliquois à la considération de mon être. Je me considérois premièrement comme ayant un visage, des mains, des bras, et toute cette machine composée d'os et de chair, telle qu'elle

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