Images de page
PDF
ePub

(39)

seulement par réflexion. Tout corps est en mouvement ou en repos. Tous les Français sont nobles ou roturiers. Tout homme est sain ou malade. Tous les peuples se servent pour s'exprimer, ou de la parole seulement, ou de l'écriture outre la parole.

La 4° d'un accident en ses divers sujets, comme la division des biens en ceux de l'esprit et du corps.

Les règles de la division sont: 1" Qu'elle soit entière, c'est-à-dire que les membres de la division comprennent toute l'étendue du terme que l'on divise; comme pair et impair comprennent toute l'étendue du terme de nombre, n'y en ayant point qui ne soit pair ou impair...

La 2 règle qui est une suite de la première, est que les membres de la division soient opposés, comme pair, impair, raisonnable, privé de raison. Mais il faut remarquer ce qu'on a déjà dit dans la 1° partie, qu'il n'est pas nécessaire que toutes les différences qui font ses membres opposés soient positives; mais qu'il suffit que l'une le soit, et que l'autre soit le genre seul avec la négation de l'autre différence. Et que c'est même par là qu'on sait que les membres sont plus certainement opposés. Ainsi la différence de la bête d'avec l'homme n'est que la privation de la raison, qui n'est rien de positif: l'imparité n'est que la négation de la divisibilité en deux parties égales. Le nombre premier n'a rien que n'ait le nombre composé; l'un et l'autre ayant l'unité pour mesure, celui qu'on appelle premier n'étant différent du composé qu'en ce qu'il n'a point d'autre mesure que l'unité. (176) [Voir le renvoi 40, h].

d POISSON: La Division... Descartes se souvenait peut-être du souhait que Platon fait faire à Socrate: O que je serais heureux, si je pouvais rencontrer quelqu'un qui sut bien diviser. (58)

e

FENELON Quand on divise, il faut diviser simplement, naturellement: il faut que ce soit une division qui se trouve toute faite dans le sujet même; une division qui éclaircisse, qui range les matières, qui se retienne aisément, et qui aide à retenir tout le reste; enfin, une division qui fasse voir la grandeur du sujet et de ses parties. (375)

ƒ PLATON: Tout le reste n'est selon moi qu'un jeu d'enfant; mais il y a deux procédés dont il serait très utile de bien comprendre toute la portée en se les appropriant par la méthode : c'est d'abord d'embrasser d'un seul coup d'œil toutes les idées particulières éparses de côté et d'autre et de les réunir sous une seule idée générale... L'autre procédé c'est de savoir diviser l'idée générale en ses éléments, comme autant d'articulations naturelles, en se gardant toutefois de mutiler aucun de ces éléments primitifs... pour moi, je goûte fort cette manière de composer et de décomposer tour à tour les idées; c'est le moyen d'apprendre à parler et à penser. Et quand je crois rencontrer un homme capable de saisir à la fois l'ensemble et les détails d'un objet, je marche sur ses traces comme sur celles d'un Dieu. (1, 374)

g L'étranger: Diviser par genres, ne pas prendre la même espèce pour une autre, ni une autre pour la même, ne dirons-nous pas que c'est là le propre de la science dialectique ? - Théètète: Oui, nous le dirons. L'étranger: Celui qui est en état de faire cela démêle avec netteté l'idée unique répandue dans une multitude d'individus qui existent isolément; puis une multitude d'idées, différentes les unes des autres, et qui sont enveloppées dans une idée unique; puis encore une idée unique recueillie dans l'universalité des êtres, ramenés à l'unité; puis une multitude d'idées absolument

(39)

[ocr errors]

distinctes les unes des autres. Voilà ce qui s'appelle savoir discerner, parmi les genres, ceux qui sont capables de s'allier et ceux qui ne le sont pas. Théètète Parfaitement. - L'étranger: Mais le talent de la dialectique, tu ne l'accorderas à nul autre, je pense, qu'à celui qui est véritablement et purement philosophe. Théétète : Et comment pourrais-je l'accorder à un autre ? (iv, 199) h Dans nos divisions ne séparons pas une petite partie pour l'opposer seule au nombre et à la multitude, sans qu'elle forme une espèce; mais que chaque partie soit en même temps une espèce. Rien de plus beau, en effet, que de distinguer d'abord de tout le reste ce qu'on cherche, quand on le fait avec succès... mais il n'est pas sûr de procéder par de petites parties; le mieux est de diviser par moitié c'est la vraie méthode pour trouver les espèces. Or, c'est là l'essentiel dans nos recherches. (VI, 24)

i Mais parce que ceux qui divisent n'ont pas l'habitude de procéder par la considération des espèces, ils se hâtent de réunir ensemble les choses les plus diverses, les jugeant semblables, et par une erreur contraire, ils distinguent en plusieurs parties des choses qui ne diffèrent pas. (vi, 80)

j Platon applique continuellement ce procédé de la division; des dialogues entiers, le Sophiste et le Politique, par exemple, sont consacrés à en donner des exemples.

k LAVOISIER est si complètement disciple de la méthode analytique, si fidèle aux conseils, si respectueux des avertissements de Condillac touchant le danger des abstractions et l'ignorance où nous sommes de ce qui concerne la force, qu'il s'interdit toute spéculation sur les affinités : « cette loi rigoureuse dont je n'ai pas dû m'écar»ter, dit-il, de ne rien conclure au-delà de ce que les expériences » présentent, de ne jamais suppléer au silence des faits... » (Traité de Chimie, discours préliminaire.) (Papillon, 11, 165)

1 PINEL: Usage continuel de l'analyse pour décomposer les objets compliqués, considérer leurs éléments d'une manière isolée et bien déterminer leur caractère, pour pouvoir repasser ensuite à des notions justes et précises des objets composés... C'est là le caractère que je pense avoir imprimé à mon ouvrage. (Nosographie philosophique 6° édition, f° 25)

m GŒTHE: Pour me préserver de l'erreur, je considère tous les phénomènes comme indépendants les uns des autres et je m'efforce de les isoler; ensuite je les considère comme des corrélatifs et par l'enchaînement ils prennent une véritable vie. J'applique surtout cette méthode à la nature; mais cette manière d'observer est féconde même quand on l'applique à l'histoire contemporaine. (1, 499)

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connoissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. (40)

(40)

a

DESCARTES: Vme Règle pour la direction de l'Esprit. Toute la méthode consiste dans l'ordre et la disposition des choses vers lesquelles il est nécessaire de tourner son esprit pour découvrir quelque

(40)

vérité. Nous la suivrons de point en point si nous ramenons graduellement les propositions obscures et embarrassées à de plus simples, et si, partant de l'intuition des choses les plus faciles nous tâchons de nous élever par les mêmes degrés à la connoissance de toutes les autres. (x. 225)

b Mais comme tous les esprits ne sont pas également aptes à découvrir avec leurs seules forces la vérité, cette règle nous apprend qu'il ne faut pas nous occuper aussitôt de choses difficiles et ardues, mais commencer par l'examen des arts les moins importants et les plus simples, ceux principalement où l'ordre règne davantage, comme sont les métiers du tisserand, du tapissier et des femmes qui brodent ou font de la dentelle; comme sont encore toutes les combinaisons des nombres, toutes les opérations qui appartiennent à l'arithmétique, et autres arts semblables, qui tous exercent l'esprit d'une manière étonnante pourvu que nous les découvrions non par les autres, mais par nous-mêmes. En effet, comme il n'y a rien d'obscur en eux, et qu'ils sont tout à fait à la portée de l'intelligence humaine, ils nous font voir très distinctement des systèmes innombrables, tous différents entre eux et néanmoins réguliers; et c'est à en observer l'enchaînement comme il convient que consiste presque toute la sagacité humaine. (x1, 253)

c Vous ne devez pas aussi trouver étrange que je ne prouve point en ma seconde méditation que l'âme soit réellement distincte du corps, et que je me contente de la faire concevoir sans le corps, à cause que je n'ai pas encore en ce lieu-là les prémisses dont on peut tirer cette conclusion; mais on la trouve après en la sixième méditation: et il est à remarquer en tout ce que j'écris que je ne suis pas l'ordre des matières, mais seulement celui des raisons, c'est-à-dire que je n'entreprends point de dire en un même lieu tout ce qui appartient à une matière, à cause qu'il me serait impossible de le bien prouver, y ayant des raisons qui doivent être tirées de bien plus loin les unes que les autres; mais en raisonnant par ordre, a facilioribus ad difficiliora, j'en déduis ce que je puis, tantôt pour une matière, tantôt pour une autre, ce qui est à mon avis le vrai chemin pour bien trouver et expliquer la vérité; et pour l'ordre des matières, il n'est bon que pour ceux dont toutes les raisons sont détachées, et qui peuvent dire autant d'une difficulté que d'une autre. (vш, 432)

d Au reste, je trouve qu'on pourrait ajouter à ceci une invention, tant pour composer les mots primitifs de cette langue que pour leurs caractères; en sorte qu'elle pourrait être enseignée en fort peu de temps, et ce par le moyen de l'ordre, c'est-à-dire établissant un ordre entre toutes les pensées qui peuvent entrer en l'esprit humain, de même qu'il y en a un naturellement établi entre les nombres; et comme on peut apprendre en un jour à nommer tous les nombres jusques à l'infini, et à les écrire en une langue inconnue, qui sont toutefois une infinité de mots différents, qu'on pût faire le même de tous les autres mots nécessaires pour exprimer toutes les autres choses qui tombent en l'esprit des hommes. Si cela était trouvé, je ne doute point que cette langue n'eut bientôt cours parmi le monde, car il y a force gens qui emploieraient volontiers cinq ou six jours de temps pour se pouvoir faire entendre par tous les hommes. Mais je ne crois pas que votre auteur ait pensé à cela, tant pour ce qu'il n'y a rien en toutes ses propositions qui le témoigne, que pour ce que l'invention de cette langue dépend de la vraie philosophie; car il est impossible autrement de dénombrer toutes les pensées des hommes, et de les met

(40)

tre par ordre, ni seulement de les distinguer en sorte qu'elles soient claires et simples, qui est, à mon avis, le plus grand secret qu'on puisse avoir pour acquérir la bonne science; et si quelqu'un avait bien expliqué quelles sont les idées simples qui sont en l'imagination des hommes, desquelles se compose tout ce qu'ils pensent, et que cela fût reçu par tout le monde, j'oserais espérer ensuite une langue universelle fort aisée à apprendre, à prononcer et à écrire, et, ce qui est le principal, qui aiderait au jugement, lui représentant si distinctement toutes choses, qu'il lui serait presque impossible de se tromper; au lieu que, tout au rebours, les mots que nous avons n'ont quasi que des significations confuses, auxquelles l'esprit des hommes s'étant accoutumé de longue main, cela est cause qu'il n'entend presque rien parfaitement. Or je tiens que cette langue est possible, et qu'on peut trouver la science de qui elle dépend, par le moyen de laquelle les paysans pourraient mieux juger de la vérité des choses que ne font maintenant les philosophes. Mais n'espérez pas de la voir jamais en usage, cela présuppose de grands changements en l'ordre des choses, et il faudrait que tout le monde ne fût qu'un paradis terrestre ce qui n'est bon à proposer que dans le pays des romans. (vı, 68) e Mais je désire aussi que l'on remarque que, bien que j'aie ici tâché de rendre raison de toutes les choses matérielles, je ne m'y suis néanmoins servi d'aucun principe qui n'ait été reçu et approuvé par Aristote et par tous les autres philosophes qui ont jamais été au monde; en sorte que cette philosophie n'est point nouvelle mais la plus ancienne et la plus vulgaire qui puisse être; car je n'ai rien du tout considéré que la figure, le mouvement et la grandeur de chaque corps, ni examiné aucune autre chose que ce que les lois des mécaniques, dont la vérité peut être prouvée par une infinité d'expériences, enseignent devoir suivre de ce que des corps qui ont diverses grandeurs, ou figures, ou mouvements, se rencontrent ensemble. (m, 514)

ƒ A quoi je réponds qu'à la vérité je ne me vante de rien, et que je ne crois pas voir plus clair que les autres, mais que peut-être cela m'a beaucoup servi, de ce que ne me fiant pas trop à mon propre génie, j'ai suivi seulement les voies les plus simples et les plus faciles; car il ne se faut pas beaucoup étonner si j'ai peut-être plus avancé en suivant ces routes faciles et ouvertes à tout le monde, que peut-être d'autres n'ont fait avec tout leur esprit en suivant des chemins difficiles et impénétrables. (1x, 27)

g POISSON Règle. Ordre... C'est presque la même route que Socrate, dans Platon (in Menon), fait tenir à un enfant, qu'il veut instruire des mesures d'un carré. (74)

h LOGIQUE de P. R.: La 3 règle qui est une suite de la seconde, est que l'un des membres ne soit pas tellement enfermé dans l'autre, que l'autre en puisse être affirmé, quoiqu'il puisse quelquefois y être enfermé en une autre manière: Car la ligne est enfermée dans la surface comme le terme de la surface, et la surface dans le solide comme le terme du solide. Mais cela n'empêche pas que l'étendue ne se divise en lignes, surface et solide, parce qu'on ne peut pas dire que la ligne soit surface, ni la surface solide. On ne peut pas au contraire diviser le nombre en pair, impair et carré, parce que tout nombre carré étant pair ou impair, il est enfermé dans les deux premiers membres. (177)

(40)

i PLATON N'est-il pas vrai que l'homme vertueux, qui dans tous ses discours a le plus grand bien en vue, ne parlera point à l'aventure... Si tu veux jeter les yeux sur les peintres, les architectes, les constructeurs de vaisseaux, en un mot sur tel ouvrier qu'il te plaira, tu verras que chacun d'eux place dans un certain ordre tout ce qu'il place... (v, 276)

j Ce n'est le fait ni d'un aveugle ni d'un sourd que de traiter un sujet quelconque d'après les règles de la méthode; celui par exemple qui suivra dans tous ses discours un ordre méthodique expliquera exactement l'essence de l'objet auquel se rapportent toutes ses paroles, et cet objet n'est autre que l'âme. (11, 385)

k C'est par toutes ces actions et réactions qu'arrivent les phénomènes les plus étonnants, comme il paraîtra à quiconque saura conduire par ordre ses pensées. (vi, 278)

1 En parcourant par la raison tous ces éléments [les éléments de la connaissance], en examinant d'une extrémité à l'autre chacun d'eux, on arrive à peine à la science, quand les choses sont bien disposées et l'esprit lui-même bien disposé. (x, 390)

m L'étranger à Socrate le jeune : Mais en tout, il est plus aisé de s'exercer sur des petites choses que sur des grandes. (vi, 83)

n C'est une opinion générale et fort ancienne qu'il convient de s'exercer d'abord sur de plus petits objets, pour n'arriver que plus tard aux grands. (IV, 20)

o Or s'il en est ainsi nous ne ferions pas mal, toi et moi, de procéder de la sorte étudier d'abord la nature du type royal en général dans quelque petit exemple particulier, puis nous élever de là à l'idée du roi, qui toute grande qu'elle est, ne diffère cependant pas de celle que nous aurons examinée sous de plus faibles proportions... (vi, 65)

[ocr errors]

p Si on donnait à lire de loin à des personnes qui ont la vue basse des lettres écrites en petit caractère, et qu'elles apprissent que ces mêmes lettres se trouvent écrites ailleurs en gros caractères, il leur serait sans doute avantageux d'aller lire d'abord les grandes lettres et de les confronter ensuite avec les petites pour voir si ce sont les mêmes. Cela est vrai, reprit Adimante. Mais quel rapport cela a-t-il avec la question présente? - Je vais te le dire: La justice ne se rencontre-t-elle pas dans un homme et dans une société d'hommes ? Oui. Mais la société est plus grande que le simple particulier. Sans doute. Par conséquent la justice pourrait bien s'y trouver en caractères plus grands et plus aisés à discerner. Ainsi, nous chercherons d'abord, si tu le trouves bon, quelle est la nature de la justice dans les sociétés; nous l'étudierons ensuite en chaque particulier; et, comparant ces deux espèces de justices, nous verrons la ressemblance de la petite à la grande. (vi, 116)

-q Mettons fin à présent à la recherche où nous nous sommes engagés, dans la persuasion qu'il nous serait plus aisé de connaître quelle est la nature de la justice dans l'homme, si nous essayons auparavant de la contempler dans quelque modèle plus grand où elle se rencontrerait. Nous avons cru qu'un Etat nous offrait un modèle tel que nous le souhaitions; et sur ce fondement nous en avons formé un, le plus parfait qu'il nous a été possible, parce que nous savions bien que la justice se trouverait nécessairement dans un Etat bien constitué. (vi, 217)

« PrécédentContinuer »