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domine. Tu connaîtras, comme il est juste, que la nature est, en tout, semblable à elle-même. Alors tu cesseras d'espérer ce que tu espérais en vain, et rien ne te sera caché. (269)

k Voir renvoi 9, a.

I PLATON: Car la réflexion lui découvrira qu'un seul lien unit naturellement toutes choses... (x, 191)

m Car, comme tout se tient dans la nature et que l'àme a tout appris, rien n'empêche qu'en se rappelant une seule chose, ce que les hommes appellent apprendre, elle ne trouve de soi-même tout le reste, pourvu qu'elle ait du courage et qu'elle ne se lasse point de chercher. (Iv, 349)

n Mais ce qu'il y a de divin et d'admirable, pour ceux qui savent le comprendre, c'est que la loi qui fait se développer suivant la raison deux la progression ascendante ou descendante des nombres, est aussi celle que suit la nature dans la production des genres et des espèces pour chaque classe d'êtres. (x, 189)

o Mais il est impossible de bien combiner deux choses sans une troisième: il faut entre elles un lien qui les assemble. Il n'est pas de meilleur lien que celui qui de lui-même et des choses qu'il unit fait un seul et même tout. Or telle est la nature de la proportion qu'elle atteint parfaitement ce but. (vi, 184)

p Lorsque toutes les parties et tous les membres de l'animal mortel furent unis ensemble, comme il devait nécessairement puiser la vie dans le feu et dans l'air, de peur qu'il ne pérît consumé ou dissout par eux, les dieux lui préparèrent une ressource. Ils firent une nouvelle espèce d'êtres, analogue à l'espèce humaine, quoique avec d'autres formes et d'autres sens et comme une autre sorte d'animaux. Ce sont les arbres, les plantes, les graines, formés et élevés par l'agriculture, et devenus domestiques; car primitivement il n'existait que des espèces sauvages, les aînées des espèces apprivoisées. Et en effet, tout ce qui participe à la vie peut, à bon droit, être appelé un animal. Or les êtres dont nous parlons participent certainement à la troisième espèce d'âme, celle qui est située entre le diaphragme et le nombril, et qui, privée d'opinion, de raisonnement et d'intelligence, a du moins la sensation agréable et désagréable, ainsi que les appétits. Car le végétal ne cesse d'éprouver ces impressions; mais comme son agitation est concentrée en lui-même, qu'il résiste à tout mouvement étranger et n'use que de celui qui lui est propre, il ne lui a pas été donné de raisonner sur ce qui lui est utile ou nuisible, ni de se connaître soi-même. Il vit donc à la manière d'un animal, mais il vit immobile, enraciné dans le sol, parce qu'il est dépourvu de la faculté de se transporter d'un lieu dans un autre. (vi, 272)

q ARISTOTE: Le monde n'est pas comme un mauvais poème dont les épisodes soient sans lien entre eux. De même la nature ne saute pas brusquement et par caprice d'une forme vivante à une autre ; elle n'ignore pas l'art des transitions. Dans la nature, le passage des êtres inanimés aux animaux se fait peu à peu et d'une façon tellement insensible qu'il est impossible de tracer une limite entre ces deux classes. Après les êtres inanimés, viennent les plantes qui diffèrent entre elles par l'inégalité de la quantité de vie qu'elles possèdent. Comparées aux corps bruts, les plantes paraissent douées de vie; elles paraissent inanimées comparées aux animaux. Des plantes aux animaux, le passage n'est point subit et brusque; on trouve dans la mer des êtres dont on douterait si ce sont des

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animaux ou des plantes; ils sont adhérents aux autres corps et beaucoup ne peuvent être détachés, sans périr, des corps auxquels ils sont attachés. (Métaph. 193)

r ÉPICTÈTE: Ne te semble-t-il pas que toutes les choses de cet univers ont une liaison intime entre elles? Ne te semble-t-il pas que les choses terrestres ont de la sympathie avec les célestes? (62)

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Celui donc qui a compris l'économie de l'univers, qui sait que ce qu'il y a de plus imposant et de plus vaste, c'est ce système, cette union des hommes et de Dieu; que de là sont venues les semences qui ont donné l'être, non seulement à mon père et à mon aïeul, mais à tout ce qui est engendré et produit sur la terre et avant tout aux créatures raisonnables, parce qu'il n'y a qu'elles qui, étant constituées pour la raison, soient de nature à avoir quelque commerce avec Dieu, pourquoi celui-là ne se dirait-il pas citoyen du monde ? pourquoi pas fils de Dieu ? (40)

t MARC-AURÈLE: Il faut que tu aies toujours tout prêts les préceptes qui te peuvent aider à connaître les choses divines et humaines et à faire la plus petite chose en te souvenant toujours du lien qui lie les unes avec les autres: car tu ne feras jamais bien aucune chose purement humaine, si tu ne connais pas les rapports qu'elle a avec les choses divines; ni aucune chose divine si tu ne sais pas toutes les liaisons qu'elle a avec les choses humaines. (Rois Ph. 33)

u KÉPLER: Les exemples abondent pour montrer la parenté des phénomènes célestes avec les phénomènes terrestres... tout est simple dans la variété des opérations naturelles. (Hoffer 585)

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PASCAL: Il y a un art pour faire voir la liaison des vérités avec leurs principes.

x BOSSUET: Car toutes ces vérités éternelles ne sont au fond qu'une seule vérité. En effet je m'aperçois, en raisonnant, que ces vérités sont suivies. La même vérité qui me fait voir que les mouvements ont certaines règles, me fait voir que les actions de ma volonté doivent aussi avoir les leurs. Et je vois ces deux vérités dans cette vérité commune qui me dit que tout a sa loi, que tout a son ordre ainsi la vérité est une de soi; qui la connaît en partie, en voit plusieurs ; qui les verrait parfaitement n'en verrait qu'une. (De la Conn. de Dieu et de soi-même, 167)

y SPINOZA: Non seulement Spinoza donne des âmes aux bêtes, mais même aux êtres en apparence inanimés, aux plantes et aux minéraux. Tout, quoique à divers degrés, est animé dans son univers: omnia quamvis diversis gradibus animata tamen sunt. (Bouil. 1, 369) ༧ LEIBNIZ se plaît à répéter que la nature ne fait pas de saut, elle ne va que par degrés insensibles, en sorte que tout naît de petits commencements, il y a des germes de tout, point de vide et point de cahots. Plus on pénètre dans l'observation de la nature... plus on s'assure que la nature suit cette loi (de la continuité) à partir de la plus infime monade, jusqu'à la monade raisonnable. Du dernier jusqu'au plus parfait des êtres organisés, de l'âme la plus inconsciente jusqu'à celle qui a la plus claire conscience d'ellemême, il y a des degrés insensibles par où l'on va de l'une à l'autre. Tout se tient, tout est lié, le passage d'un règne à un autre ne se fait pas sans intermédiaires. Bouillier ajoute : Les intermédiaires entre le règne animal et le règne végétal n'étaient pas connus du

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temps de Leibniz; cependant telle est sa foi en cette loi de la continuité qu'il n'hésite pas à affirmer qu'ils existent et que la science les découvrira, prédiction bientôt confirmée par la découverte des zoophytes. (11, 433)

a. a FÉNELON: ...On ne montre point les vrais principes des choses, on se borne à des raisons superficielles et souvent fausses; on n'est pas capable de montrer l'étendue des vérités, parce que toutes les vérités générales ont un enchaînement nécessaire et qu'il les faut connaître presque toutes pour en traiter solidement une en particulier. (398)

a.b LOCKE: C'est pourquoi, si nous voulons nous conduire en ceci selon les avis de la raison, il faut que nous adaptions la méthode que nous suivons dans nos recherches aux idées que nous examinons et à la vérité que nous cherchons. Les vérités générales et certaines ne sont fondées que sur les rapports des idées abstraites. L'application de l'esprit, réglée par une bonne méthode et accompagnée d'une grande pénétration d'esprit, qui lui fasse trouver ces différents rapports, est le seul moyen de découvrir tout ce qui peut former, au sujet de ces idées, des propositions générales qui soient véritables et certaines. Et pour apprendre par quels degrés on doit avancer dans cette recherche, il faut s'adresser aux mathématiciens qui, de commencements fort clairs et fort faciles, s'élèvent par des degrés insensibles et par une suite non interrompue de raisonnements à la découverte et à la démonstration de vérités qui paraissent d'abord au-dessus de la capacité humaine. (409) a.c Il y a des bêtes qui semblent avoir autant de connaissance et de raison que quelques animaux qu'on appelle hommes; et il y a une si grande proximité entre le règne animal et le végétal que si vous prenez l'être le plus imparfait de l'un, et le plus parfait de l'autre, à peine remarquerez-vous aucune différence considérable entre eux; et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on arrive aux dernières parties de la matière et aux moins organisées, on trouvera partout les différentes espèces liées ensemble et ne différant que par des degrés presque insensibles. (270)

a.d LINNÉE: Natura non facit saltus, la nature ne fait pas de saut, ce qui veut dire que dans la création vivante tout procède par gradations insensibles. (L. Figuier, 65)

a.e Les minéraux croissent; les végétaux croissent et vivent; les animaux croissent, vivent et sentent. (B. de St-Germ., 163)

a.f CONDILLAC: Il faut dans l'exposition comme dans la recherche de la vérité, commencer par les idées les plus faciles et qui viennent immédiatement des sens et s'élever ensuite par degrés à des idées plus simples ou plus composées. Il me semble que si on saisissait bien le progrès des vérités, il serait inutile de chercher des raisonnements pour les démontrer, et que ce serait assez de les énoncer; car elles suivraient dans un tel ordre, que ce que l'une ajouterait à celle qui l'aurait immédiatement précédée serait trop simple pour avoir besoin de preuves. De la sorte on arriverait aux plus compliquées et on s'en assurerait mieux que par toute autre voie; on établirait même une telle subordination entre toutes les connaissances acquises, qu'on pourrait à son gré aller des plus composées aux plus simples et des plus simples aux plus composées. A peine pourrait-on les oublier; ou du moins si cela arrivait, la liaison qui serait entre elles faciliterait les moyens de les retrouver. (1. 384)

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a.g On commence je crois à comprendre comment l'analogie nous conduit de proche en proche ; on le comprendra dans la suite et on sera bien convaincu qu'il n'y a point de saut dans l'esprit humain. Il est vrai qu'il y a eu des hommes de génie qui ont voulu paraître avoir franchi de grands intervalles, bien assurés qu'ils nous étonneraient d'autant plus que nous serions moins capables de les suivre. C'est un petit charlatanisme qu'il faut leur pardonner, quand d'ailleurs ils nous éclairent. (196)

a.h FRANKLIN: Ma brochure imprimée à Londres, en 1725, avait pour épigraphe ces vers de Dryden :

Tout est bien; mais l'œil faible de l'homme
Ne saurait voir qu'une part de la chaîne,

l'anneau qui le touche,

Il n'atteint pas cette balance équitable
qui pèse tout, là-haut.

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a. i GŒTHE: Un phénomène, une expérience ne peuvent rien prouver: c'est l'anneau d'une grande chaîne, lequel n'a de valeur que par la liaison. (1, 507)

a.j BUFFON: Prenant son corps pour le modèle physique de tous les êtres vivants et les ayant mesurés, sondés, comparés dans toutes leurs parties, l'homme a vu que la forme de tout ce qui respire est à peu près la même; qu'en disséquant le singe on pouvait donner l'anatomie de l'homme... et ce plan, toujours le même, toujours suivi de l'homme au singe... aux quadrupèdes... aux cétacés... aux oiseaux... aux poissons... aux reptiles, ce plan, dis-je, bien saisi par l'esprit humain, est un exemplaire fidèle de la nature vivante et la vue la plus simple et la plus générale sous laquelle on puisse la considérer; et lorsqu'on veut l'étendre et passer de ce qui vit à ce qui végète, on voit ce plan, qui n'a varié que par nuances, se déformer par degrés des reptiles aux insectes... aux vers... aux zoophytes... aux plantes ; et quoique altéré dans toutes les parties extérieures, conserver néanmoins le même fond, le même caractère, dont les principaux traits sont la nutrition, le développement et la reproduction, traits généraux et communs à toute substance organisée, traits éternels et divers que le temps, loin d'effacer ou de détruire, ne fait que renouveler et rendre plus évidents. (xiv, 28)

a.l

BONNET: Une même chaîne embrasse le physique et le moral, lie le passé au présent, le présent à l'avenir, l'avenir à l'éternité. Il n'y a rien d'isolé, ni de solitaire dans la nature, tout y est lié; tous les êtres tiennent entre eux par divers rapports. Tout est gradué et nuancé dans la nature; il n'est point d'être qui n'en ait au-dessus ou au-dessous de lui qui lui ressemblent par quelques caractères et qui en diffèrent par d'autres. (Principes philosoph. 223)

a. m Entre le degré le plus bas et le degré le plus élevé de la perfection

a.n

corporelle ou spirituelle il existe un nombre presque infini de degrés intermédiaires; la suite de ces degrés compose la chaîne universelle, elle unit tous les êtres, lie tous les mondes, embrasse toutes les sphères. Un seul être est hors de cette chaîne et c'est lui qui l'a faite. (Ibid. 511)

GOETHE: Aussi les savants ont-ils senti de tout temps la nécessité de considérer les végétaux et les animaux comme des organismes

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vivants, d'embrasser l'ensemble de leurs parties extérieures qui sont visibles et tangibles pour en déduire leur structure intérieure et dominer pour ainsi dire le tout par l'intuition. (Œuvr. d'hist. nat. Traduct. Martin, 1837. F. 15)

a.o NAPOLÉON: Il existe un lien entre l'animal et la divinité. L'homme est seulement un animal plus parfait que le reste. Mais que savonsnous si les animaux n'ont pas un langage particulier? Mon opinion est qu'il y a de notre part présomption à assurer que non, parce que nous ne les entendons pas. Un cheval a de la mémoire, de la connaissance, de l'amour. Qui peut nier l'intelligence des chiens? Les plantes sont autant d'animaux qui mangent et boivent, et il existe des degrés jusqu'à l'homme qui est seulement le plus parfait de tous. Le même esprit les anime plus ou moins. (67) a.p FLOURENS : Ce qui distingue M. Geoffroy comme zoologiste, c'est la perception aussi juste que prompte des analogies des êtres; c'est ce que lui-même appelait si bien le sentiment des rapports. Ce sentiment si vif lui découvre une loi supérieure de la méthode.

A côté du principe de la subordination des organes, il pose le principe des subordinations mobiles : le même caractère qui domine dans un groupe peut n'être qu'un caractère subordonné dans un

autre.

Il voit la méthode sous un nouvel aspect.

La classification générale n'a d'autre mérite, à ses yeux, que le mérite négatif de ne pas rompre le rapprochement naturel, le rapprochement direct des espèces.

Et ceci posé, tout change.

La méthode n'est plus une suite de divisions, de coupes, de ruptures. C'est un enchaînement de rapports qui s'appellent, qui s'adaptent, qui s'identifient. (247)

Et je ne fus pas beaucoup en peine de chercher par lesquelles il étoit besoin de commencer, car je savois déjà que c'étoit par les plus simples et les plus aisées à connoître ; et, considérant qu'entre tous ceux qui ont ci-devant recherché la vérité dans les sciences, il n'y a eu que les seuls mathématiciens qui ont pu trouver quelques démonstrations, c'est-à-dire quelques raisons certaines et évidentes, je ne doutois point que ce ne fût pas les mêmes qu'ils ont examinées ; bien que je n'en espérasse aucune autre utilité, sinon qu'elles accoutumeroient mon esprit à se repaître de vérités et ne se contenter point de fausses raisons. (43)

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a DESCARTES: Mais quand je me demandai d'où venoit que les premiers inventeurs de la philosophie ne vouloient admettre à l'étude de la sagesse personne qui ne possédât les mathématiques, comme si cette science leur eût paru la plus facile et la plus nécessaire pour former et préparer l'esprit à en comprendre de plus hautes, je soupçonnai qu'ils connoissoient certaines mathématiques fort différentes des mathématiques vulgaires de notre temps. Non pas que je croie qu'ils aient parfaitement connu cette science:... Toutefois je suis convaincu que les premiers germes de vérité qui ont été déposés par la nature dans l'esprit de l'homme, et que nous

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