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de son adhésion à notre démarche. Il leur transmettra copie de la communication dont je lui ai donné lecture, et de la réponse écrite qu'il m'a faite hier.

MOUY.

Le Ministre de France à Athènes, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères

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Je suis très reconnaissant à Votre Excellence du témoignage de satisfaction qu'elle a bien voulu m'adresser. Je ferai part à M. Delyannis de votre sentiment sur sa conduite. L'impression ici paraît jusqu'à présent excellente. Toutefois, mes collègues, qui ont reçu à l'instant du Gouvernement grec la communication officielle dont j'ai donné avis dans mon dernier télégramme comprenant les deux Documents que je vous ai indiqués, persistent, malgré mes observations réitérées, à signer leur Note collective ce soir. Ils n'en réfèrent pas à leurs Gouvernements et n'attendent pas la réponse aux télégrammes par lesquels dès hier soir, sans doute, ils ont informé leurs Cabinets de la situation.

Je m'abstiens, bien entendu, de me joindre à eux.

On dit qu'un premier décret, qui renvoie les deux dernières classes appelées, aurait été signé par le Roi dès ce matin.

MOUY.

L'Ambassadeur de France à Londres, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères

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Au reçu de votre télégramme d'aujourd'hui, j'ai vu immédiatement Lord Rosebery qui était venu en ville à lo suite des nouvelles d'Athènes. Je lui ai fait part de la communication de M. Delyannis à M. le Comte de Moüy, et je l'ai prié d'envoyer par le télégraphe des instructions au Représentant de la Reine à Athènes afin qu'il soit sursis à la remise de la Note collective.

Lord Rosebery m'a répondu que les Représentants des Puissances en Grèce avaient reçu de leurs Gouvernements respectifs l'ordre de procéder aujourd'hui même à la remise de cette note si le Gouvernement grec ne leur avait pas préalablement fait une déclaration analogue à celle dout M. le Comte de Mouy a été l'objet. D'après les dernières nouvelles reçues de Sir H. Rumboldt, cette note devait être présentée ce soir à cinq heures. Dans ces conditions, Lord Rosebery m'a prié de vous exprimer ses regrets que l'heure avancée ne lui permit pas d'adresser, en temps utile, à Athènes, l'ordre de surseoir à la démarche collective. Les Ambassadeurs d'Italie, d'Allemagne et de Turquie, qui étaient au courant de la résolution que vient de prendre le Gouvernement grec et de la démarche faite par M. Delyancis auprès de M. le Comte de Mouy, ont eu cette après-midi une entreyue avec Lord Rosebery. WADDINGTON.

Le Chargé d'Affaires de France à Vienne, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

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J'ai communiqué ce soir au Comte Kalnoky les informations contenues dans votre dernier télégramme. J'ai ajouté que vous attacheriez beaucoup de prix à ce qu'il donnât sans retard des instructions à son Représentant à Athènes en vue de surseoir à la remise de la Note collective.

Après m'avoir chargé dans les termes les plus obligeants de féliciter Votre Excellence du succès obtenu par la démarche amicale faite au nom du Gouvernement de la République, le Ministre m'a dit qu'il était, pour sa part, très disposé à retarder la remise de la Note collective, mais qu'il devait au préalable se mettre d'accord avec les autres Cabinets. Il allait, en tout cas, prescrire dès aujourd'hui au Ministre d'Autriche en Grèce de se concerter dans ce but avec ses Collègues. MONTMARIN.

L'Ambassadeur de France près Sa Majesté le Roi d'Italie, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

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J'ai demandé au comte Robilant de vouloir bien inviter le Ministre italien à suspendre la remise de la Note collective.

Il m'a répondu qu'il n'était pas contraire à l'idée du sursis suggérée par M. de Mouy, mais qu'il ne voulait prendre sur ce point aucune initiative. Il m'a fait observer que des instructions arriveraient trop tard puisqu'à l'heure où je parlais (5 h. 1/2) la Note était déjà entre les mains de M. Delyannis. Il a ajouté que le Ministre du Roi à Athènes avait reçu d'une façon générale l'ordre de régler sa conduite sur celle du Ministre d'Angleterre et que, si celui-ci jugeait à propos dans les conjonctures actuelles d'accorder an nouveau délai, M. Curtopassi, pour imiter son collègue, n'aurait pas besoin de nouvelles instructions. DECRAIS.

Le Ministre Plénipotentiaire chargé de la gestion intérimaire de l'Ambassade de France à Constantinople, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

(Télégramme.)

Péra, le 27 avril 1886.

Je me suis empressé d'annoncer au Ministre des Affaires étrangères le résultat de la démarche que Votre Excellence a prescrite à notre Ministre à Athènes, en vue du désarmement immédiat de la Grèce. Un télégramme du Ministre de Turquie à Athènes, reçu dans le courant de la journée, lui faisait pressentir ce dénouement. Saïd-Pacha s'est montré heureux d'en avoir la confirmation, et m'a dit que le Sultan, en me recevant demain en audience solennelle, à l'occasion de la remise de mes lettres de créance, me prierait de remercier Votre Excellence de la haute et efficace intervention de la France. MONTHOLON.

Le Ministre de France à Athènes, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

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Fort heureusement la remise de la Note collective n'a pas modifié les résolutions du Gouvernement grec. M. Delyannis me fait savoir, ce soir, par le Secrétaire général des Affaires étrangères, qu'il aurait l'intention de répondre demain en se référant à la communication qu'il a faite aujourd'hui aux Représentants des cinq Puissances, et qui indique les intentions du Cabinet royal. Il ajouterait, pour mettre fin à ce malentendu, que la démobilisation et la mise sur pied de paix étaient implicitement contenues dans l'adhésion à la communication française. Je suis frappé comme vous de la convenance de ménager certaines susceptibilités; j'ai insisté en ce sens auprès du Gouvernement grec qui comprend la haute valeur de cette considération, à son point de vue et au nôtre. MOUY.

Le Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères, au Ministre de France à Athènes. (Télégramme.)

Paris, le 27 avril 1886.

Il est très-important, pour prévenir toute complication ultérieure et pour que le Gouvernement grec garde entièrement le mérite de son initiative, qu'il rende effectives et notoires, sans aucun délai, les mesures de désarmement et toutes autres dispositions s'y rattachant.

Vous saurez, dans vos rapports avec vos Collègues, éviter tout ce qui pourrait amener des froissements que les derniers évènements permettent jusqu'à un certain point de prévoir. Je ne puis d'ailleurs, qu'approuver le tact et l'activité que vous avez déployés dans ces circonstances délicates.

C. DE FREYCINET.

Le Ministre de France à Athènes, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

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Revenant sur les intentions qu'il avait manifestées hier soir, M. Delyannis est venu tout à l'heure chez moi me dire que les Puissances le replacent par leur ultimatum dans la situation de céder devant la force: or, il croit devoir, si l'ultimatum subsiste, donner sa démission. J'ai insisté fortement pour qu'il maintint sa première pensée qui était, comme je vous l'ai dit hier soir, de constater dans sa réponse à la Note que sa libre décision pacifique était prise dès la veille, et qu'il est évident qu'elle implique la démobilisation et la mise sur le pied de paix. J'ai ajouté qu'il serait alors en mesure d'attendre après cette explication ce que répondraient les Puis

sances.

Il ne m'a pas formellement promis l'envoi de cette réponse en tout cas, il attendra jusqu'à demain pour la faire, afin que mes Collègues aient le temps de recevoir les directions de leurs cours. J'espère qu'elles détendront la situation. L'état des choses, excellent dimanche soir et hier, est

devenu d'instant en instant plus grave depuis l'envoi de la Note et l'apparition des quatre bâtiments à Phalère.

M. Delyannis m'a quitté pour aller chez le Roi; je l'ai prié de répéter à Sa Majesté les conseils prudents que je venais de lui faire entendre. Il m'a chargé de vous remercier de vos félicitations.

MOUY.

L'Ambassadeur de France à Berlin, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

(Télégramme.)

Berlin, le 27 avril 1886.

Je suis en mesure de vous faire connaitre le point de vue adopté par le Cabinet de Berlin à l'égard des affaires grecques.

La démarche que M. Delyannis a faite auprès du Ministre français n'est pas de nature à retarder l'exécution de l'accord intervenu entre les Puissances, dont le prestige pourrait souffrir si elles laissent durer la situation critique à laquelle elles ont entrepris de mettre fin.

L'Allemagne n'a d'autre intérêt dans cette affaire que la conservation de la paix et le maintien du respect qui est dû à toute action combinée entre les Puissances; elle est d'avis de ne renoncer à l'application du programme convenu que dans le cas où la Grèce ne se bornerait pas à de simples promesses, mais procèderait à un commencement d'exécution par la démobilisation effective de ses troupes. Les déclarations données jusqu'ici sont ambiguës et insuffisantes. Il résulte de cette façon d'envisager les choses que la Chancellerie allemande approuve la remise de la note collective qui a eu lieu hier soir à Athènes, et à laquelle M. de Moüy s'est abstenu de s'associer. Elle attache du prix à ce que le concert établi entre les Puissances ne se démente pas et à ce que leur pression sur la Grèce ne subisse aucun ralentissement, afin d'ôter au Cabinet d'Athènes toute possibilité de se dérober par un faux-fuyant et afin de l'empêcher de faire surgir des questions que l'Europe ne veut pas laisser mettre en discussion aujourd'hui, sous une forme ou des prétextes quelconques.

COURCEL.

L'Ambassadeur de France à Londres, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

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Dès ce matin j'avais communiqué par lettre à lord Rosebery le contenu de votre télégramme relatif à la démarche que M. Delyannis se proposait de faire auprès des Ministres des Puissances. Je lui ai donc demandé si cette démarche avait été faite. Il m'a répondu qu'hier, à 3 heures, M. Delyannis avait envoyé aux différents Représentants des Puissances copie de votre note avec une déclaration qu'il était prêt à suivre les conseils de la France. Lord Rosebery n'avait pas reçu encore le texte de cette déclaration. Toujours est-il que les Représentants des Puissances réunis à Athènes ont trouvé le document insuffisant ou pas assez explicite et ils ont résolu de passer outre.

En effet, la note collective a été remise hier entre 3 et 6 heures. Lord Rosebery a témoigné quelque surprise de ce que les Représentants n'aient pas jugé à propos d'en référer à leurs Gouvernements.

J'ai demandé ensuite à lord Rosebery comment il envisageait la situation. «Que M. Delyannis déclare nettement et sans ambages, m'a-t-il répondu, que cédant aux conseils de la France, il prend l'engagement de désarmer à bref délai, et je me tiens pour satisfait. L'essentiel pour nous est que la déclaration soit catégorique et ne laisse pas la porte ouverte à de nouvelles revendications. >>

Il m'a autorisé à vous télégraphier ce qu'il venait de me dire.
WADDINGTON.

Le Chargé d'affaires de France à Saint-Pétersbourg, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

(Télégramme.)

Saint-Pétersbourg, le 27 avril 1886. Je n'ai pu donner communication du contenu de vos derniers télégrammes à M. de Vlangali qu'aujourd'hui 27, à 2 heures.

M. de Vlangali n'avait rien reçu du Chargé d'Affaires de Russie à Athènes. Je lui ai donné lecture de la communication que M. de Mouy avait été chargé de faire en votre nom au Gouvernement hellénique. Il a approuvé sans réserve l'intention qui avait inspiré Votre Excellence et la forme amicale donnée par elle à ses conseils. Il a remarqué avec satisfaction l'expression des sentiments que Votre Excellence manifeste à la fin de sa déclaration et qui lui a paru calculée fort heureusement pour calmer les susceptibilités du Gouvernement grec et le décider à déférer au vœu des Puissances.

M. de Vlangali ne peut prendre de décision sans en référer à Livadia, mais il m'a promis de télégraphier aussitôt à M. de Giers et à l'Empereur pour les mettre au courant de vos démarches et de leur résultat si satisfaisant. Il a ajouté que probablement les Représentants à Athènes, en recevant la notification officielle de l'adhésion du Gouvernement grec à vos suggestions, auront suspendu toute démarche comminatoire, et que le Gouvernement impérial se montrera disposé, pour sa part, à seconder nos efforts dans la mesure compatible avec les ménagements qu'il doit observer envers les autres Puissances. TERNAUX-COMPANS.

Le Ministre de France à Athènes, au Président du Conseil, Ministre des Affaires étrangères.

(Télégramme.)

Athènes, le 27 avril 1886.

Une circulaire adressée ce soir par le Gouvernement grec à ses agents à l'étranger dit en substance que, suivant les conseils de la France, la Grèce a abandonné spontanément la politique d'armements qui était considérée comme susceptible de troubler la paix en Europe. Il pensait qu'on lui en saurait gré. Le Cabinet hellénique se disposait à préparer la démobilisation en y apportant les ménagements nécessaires pour l'ordre public et les considérations militaires, lorsqu'il a reçu un ultimatum qui lui enlève sa liberté d'action.

La remise de cet ultimatum modifie la situation, puisque le Gouvernement n'agirait plus spontanément, mais sous une menace des escadres. Si les Puissances le laissaient libre, il remplirait loyalement ses engageMOUY.

ments.

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