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blame tombé de si haut, nous avons regretté de ne pouvoir adoucir des jugements rigoureux portés par Napoléon sur plusieurs de ses contemporains; mais il ne nous appartenait pas de les discuter, encore moins de les expliquer. Seulement, lorsque, mieux instruit ou plus calme, l'Empereur a rendu justice à des serviteurs qu'il avait un instant méconnus, nous avons été heureux d'indiquer que ses paroles sévères avaient été suivies d'une réparation.

Nous nous sommes efforcés de rétablir l'orthographe des noms de lieux et de personnes fréquemment altérée; mais nous avons laissé subsister de légères incorrections de langage, qui dénotent l'impétuosité de la composition et que souvent on n'aurait pu rectifier sans affaiblir l'originalité d'un style énergique, courant droit au but, bref et précis comme des paroles de commandement. Quelques notes concises, nécessaires pour éclaircir des passages obscurs, sont les seules additions que nous ayons cru pouvoir nous permettre.

Pour réunir les éléments épars de la Correspondance de Napoléon Ier, la Commission s'est adressée aux archives et aux bibliothèques, aux anciennes familles de l'Empire, aux Gouvernements étrangers, à toutes les personnes qui pouvaient lui communiquer quelques documents; et, afin de rendre ses recherches aussi complètes que possible, elle a fait cataloguer et dépouiller plus de dix mille ouvrages publiés sur Napoléon ou sur les événements de son règne.

L'appel de la Commission a été entendu, et de nombreux documents lui ont été transmis de tous les points du monde. Parmi tant de précieuses communications, nous devons signaler:

Plusieurs lettres de Napoléon aux souverains de l'Autriche, de la Bavière, de la Hesse, de la Russie, de la Sardaigne, de la Suède et du Wurtemberg.

La collection en quarante-sept volumes des pièces relatives aux campagnes d'Italie et d'Égypte, formée par ordre de Napoléon lui-même, et mise à notre disposition par S. A. le Prince Joseph Bonaparte, petit-fils du roi Joseph;

La Correspondance de Napoléon avec le Prince Eugène, que S. A. I. la Grande-Duchesse Marie, veuve du Duc de Leuchtemberg, a bien voulu nous communiquer;

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Enfin les nombreuses pièces que nous ont confiées les héritiers des hommes qui ont eu l'honneur d'être associés, dans l'administration ou dans la guerre, aux travaux de l'Empereur'.

Mais c'est dans les dépôts publics de Paris, notamment aux Archives impériales, aux ministères de la guerre, des affaires étrangères et de la marine, que la Commission a trouvé les plus grandes richesses. Les Archives de l'Empire ne renferment pas moins de quarante mille pièces de la Correspondance de Napoléon ; le dépôt de la guerre en possède plus de vingt mille; environ deux mille sont réunies au ministère des affaires étrangères, onze cents au ministère de la marine, quinze cents dans les autres ministères et dans les bibliothèques impériales. Nous avons rencontré partout un concours empressé.

Les membres de la Commission se sont partagé le soin d'examiner les pièces, d'en surveiller la transcription et de les colla

tionner.

Dans cette multitude de documents, il en est beaucoup qui font double emploi; souvent la Commission a eu à se prononcer entre diverses copies d'une même lettre, dont l'original et la minute lui manquaient. Elle n'a arrêté son choix qu'après un mùr examen, et elle a sévèrement écarté tout ce qui ne lui présentait pas le caractère d'une incontestable authenticité.

Outre les pièces de la Correspondance proprement dite, la Commission a cru devoir recueillir non-seulement les opinions exprimées par Napoléon dans la discussion de nos codes au Conseil d'État, ainsi que dans les délibérations présidées par lui et relatives aux différentes branches de l'administration, mais encore les articles qu'il a fait insérer dans les journaux de l'époque, notamment dans le Moniteur universel. Ces documents ne font

1 Mmes la maréchale duchesse de Castiglione, la duchesse Decrès, la maréchale princesse d'Eckmühl, la comtesse Mollien, la baronne de Nougarède de Fayet, fille du comte Bigot de Préameneu; MM. le duc de Bassano, le comte Bertrand, le comte Caffarelli, le duc de Cadore et le comte de Champagny, le comte Carnot, le comte Daru, le comte Defermon, le duc d'Istrie, le comte de La Riboisière, le comte de Las Cases, le général marquis de Lauriston, le comte Le Marois, le baron Meneval, le comte Roederer, les ducs de Plaisance, de Reggio, de Trévise, de Valmy, le prince de Wagram, et plusieurs autres personnes dont les noms seront publiés avec les documents qu'elles ont fournis.

point partie de la Correspondance de l'Empereur, mais ils trouveront leur place dans ses œuvres complètes.

Après avoir réuni les éléments des premiers volumes de la Correspondance, la Commission a dû délibérer sur la question de savoir dans quel ordre les pièces seraient publiées. Fallait-il préférer l'ordre des dates à l'ordre des matières, c'est-à-dire, au classement des pièces en autant de séries qu'il y a de grandes branches dans l'administration publique?

Pour la Correspondance antérieure au Consulat, la plupart des pièces ayant trait aux opérations militaires, l'ordre chronologique était le seul à suivre; mais à partir du Consulat, Napoléon résume en sa personne le gouvernement tout entier : il relève les autels; il est à la fois le chef suprême de l'armée, de la marine, de l'administration intérieure, de la justice, de la diplomatie, et il s'occupe avec une égale activité de tous ces objets divers. Ne convenait-il pas alors de classer les pièces suivant l'ordre des matières, au lieu de les laisser toutes confondues dans l'ordre des dates?

La Commission ne l'a pas pensé. La crainte des divisions arbitraires et l'impossibilité matérielle d'assigner leur véritable place aux documents qui embrassent différents objets l'ont déterminée en faveur de l'ordre chronologique : c'est d'ailleurs le seul qui puisse reproduire fidèlement la succession des pensées de l'Empereur, c'est aussi le plus propre à mettre en relief son aptitude. universelle et sa merveilleuse fécondité.

Napoléon écrivait peu de sa main; presque toutes les pièces de sa Correspondance ont été dictées à ses secrétaires, à ses aides de camp, à son chef d'état-major ou à ses ministres. Leurs écritures sont connues, elles serviraient au besoin à constater l'authenticité des documents qui n'ont point de signature, si le cachet particulier du style ne suffisait à lever tous les doutes.

Aussi la Commission n'a-t-elle pas hésité à comprendre dans ce recueil un grand nombre de pièces qui, bien que portant une autre signature, émanent évidemment de Napoléon. Elle en a eu la preuve irrécusable en comparant les ordres signés par le major général Berthier, ainsi que les lettres écrites par divers ministres, avec les minutes dictées par l'Empereur.

En déclarant que sa vie publique datait du siége de Toulon, Napoléon a déterminé lui-même le point de départ que la Commission devait choisir : c'est à cette date immortelle que commence la présente publication.

SIRE, après avoir exposé le plan que nous nous sommes tracė et la marche que nous avons suivie dans nos travaux, il nous reste un devoir à remplir, c'est de témoigner notre profonde reconnaissance à Votre Majesté qui a bien voulu nous désigner pour concourir à l'exécution de l'œuvre nationale dont elle avait conçu la pensée.

Nous sommes avec respect,

SIRE,

De Votre Majesté,

Les très-humbles et très-obéissants serviteurs et sujets,

LES MEMBRES DE LA COMMISSION.

Paris, le 20 janvier 1858.

DE

NAPOLÉON PREMIER.

1. AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

4 brumaire an II (25 octobre 1793).

La seconde position' est entre les Quatre-Moulins et les Sablettes, à deux cents toises plus près du camp anglais, sur un mamelon, un peu plus bas que la redoute anglaise; l'on pourra y placer trois pièces de 16 qui nous restent.

Du moment que nous serons maitres de l'Éguillette et du cap Sepet, nous y établirons des batteries qui obligeront l'ennemi à évacuer les deux rades, et nous dirigerons nos attaques sur la redoute et le front de Toulon le plus près de l'arsenal, qui est en même temps le plus faible.

Mais, pour cela, il faut un équipage de siége considérable; c'est l'artillerie qui prend les places, et l'infanterie ne fait qu'aider; et c'est avec une extrême douleur, que je vois le peu de sollicitude que l'on met à cet article essentiel : les trois quarts des hommes ne s'occupent des choses nécessaires que lorsqu'ils en sentent le besoin ; mais justement alors il n'est plus temps.

Il n'y a personne à la tête de l'arsenal de Marseille; il faut de grandes connaissances pour occuper cette place. Il est de fait dans l'artillerie que l'opération la plus difficile est la formation d'un équipage de siége.

La partie de l'artillerie n'était point organisée quand je suis arrivé dans cette armée; grâce aux arrêtés que vous avez pris dans plusieurs circonstances, elle commence à marcher. J'ai dù lutter contre l'ignorance et les basses passions qu'elle engendre. Vous devez achever de donner à l'artillerie, dans cette arméc, cette considération et cette indépendance que les lois militaires et l'usage de tous les temps lui ont accordées, et sans lesquelles elle ne peut servir utilement.

La première mesure que je vous proposerai sera de faire venir à 1 Le rapport sur la première position n'a pas été retrouvé.

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