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tuer ce payement; autrement nous serions obligés, pour ne pas laisser manquer le service, à prendre chez le fermier.

Vous sentez combien cette mesure serait dangereuse.

Dépôt de la guerre.

BUONAPARTE.

81. AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Quartier général, Paris, 11 nivôse an IV (1er janvier 1796), 2 heures après midi. J'ai ordomé au 3 bataillon de la 49 demi-brigade de séjourner quelques jours à Provins par plusieurs raisons :

1° Pour avoir le temps de faire rejoindre les différents détachements qui sont dans le département de l'Eure à la poursuite des chouans;

2o Pour donner le temps aux officiers de faire rejoindre plus de la moitié des soldats qui ont, pendant la route, déserté leurs drapeaux pour se rendre chez eux dans les villages par où ils ont passé. Si le fond de ce bataillon eût continué sa route, arrivé à Luxembourg il cût été plus difficile de faire rejoindre les déserteurs ;

3° Pour dégager un convoi de farine, à la prompte arrivée duquel le ministre de l'intérieur attachait beaucoup d'importance. Je vous ai prévenu des circonstances qui m'obligeaient, en exécution de l'esprit de votre ordre, à faire arrêter ce bataillon à Provins. Je crois qu'il est nécessaire de retarder encore de plusieurs jours le départ de ce bataillon.

Dépôt de la guerre.

82.

BUONAPARTE.

AU CITOYEN CHÉNIER, ADJUDANT GÉNÉRAL.

Quartier général, Paris, 14 nivôse an IV (4 janvier 1796). Vous vous rendrez demain à dix heures à l'École militaire; vous y verrez le général Chaumont ou l'adjudant général faisant les fonctions de chef de l'état-major; vous visiterez ensemble le pavillon dit du Gouvernement, qui était destiné pour loger l'état-major général; vous verrez s'il n'y aurait pas moyen d'y loger la 29 demi-brigade avec des paillasses; vous désignerez les logements que pourraient occuper les autres bataillons de ce cantonnement, en les mettant à leur aise et en les logeant sur des paillasses.

BUONAPARTE.

Communiquée par M. de Chénier, fils de l'adjudant général.

83.

NOTE SUR L'ARMÉE D'ITALIE.

Paris, 29 nivôse an IV (19 janvier 1796).

Si l'armée d'Italie laisse passer le mois de février sans rien faire, comme elle a laissé passer le mois de janvier, la campagne d'Italie est entièrement manquée. Il faut bien se convaincre que l'on n'obtiendra de grands succès en Italie que pendant l'hiver.

Si l'on suppose que l'armée d'Italie se mette en mouvement le plus tôt possible, elle peut marcher sur Ceva, y forcer le camp retranché avant que les Autrichiens, qui sont à Acqui, ne soient joints aux Piémontais.

Si, à la vue des préparatifs que feraient les Français, les Autrichiens, longeant derrière le Tanaro, venaient se réunir avec les Piémontais, il faut que notre armée fasse deux marches sur Acqui, c'est-à-dire aille à Cairo et à Spigno; l'on peut être assuré qu'alors les Autrichiens s'empresseront de s'en retourner défendre leurs communications avec les Milanais.

L'opération que l'on doit faire est simple : les Piémontais sont-ils seuls? Marcher sur eux par Garessio, Bagnasco, la Solta, Castelnuovo, Montezemolo. Eux battus, le camp retranché forcé, faire le siége de Ceva (opération préalable à toute autre, quelle que soit la marche que l'on veuille tenir).

Les Autrichiens ont-ils le bon esprit de se réunir à Montezemolo avec les Piémontais? Il faut les en séparer et, pour cela, marcher sur Alexandrie, et, dès l'instant qu'ils seront séparés, avoir vingtquatre heures à soi pour forcer le camp retranché de Ceva.

Une fois le camp retranché de Ceva occupé par nous, il faudrait alors des forces doubles pour nous obliger à lever le siége de la forteresse.

L'artillerie de siége débarquera à Vado; l'on ne doit pas craindre de manquer de charrois, le pays des Langes étant très-abondant en moyens de transport, et le siége de Ceva n'exigeant pas plus de 24 à 30 pièces de canon.

Maître de Ceva, l'on ne doit pas perdre un instant à faire avancer la division qui garde Tende, Briga et les hauteurs du comté de Nice jusqu'à Borgo; l'on doit opérer sa jonction par Mondovi, investir Coni avec la division du centre, et marcher droit sur Turin. Le roi de Sardaigne fait alors des propositions de paix. Il faut que le général dise qu'il n'a pas le droit de faire la paix, qu'il faut que l'on envoie un courrier à Paris, et pendant ce temps-là il arrivera que le roi de Sardaigne sera obligé de faire des propositions telles qu'elles

ne pourront pas être refusées, et rempliront parfaitement le but du Gouvernement; sans quoi l'on brûlera Turin, sans ce soucier de la citadelle.

Au reste, comme la guerre en Italie dépend absolument de la saison, chaque mois exige un plan de campagne différent. Il faut que le Gouvernement ait une confiance entière dans son général, lui laisse une grande latitude, et lui présente seulement le but qu'il veut remplir. Il faut un mois pour avoir réponse d'une dépêche venant de Savone, et, pendant ce temps, tout peut changer.

Lorsque Turin sera à nous, les sièges des forteresses d'Alexandrie et de Tortone seront inutiles; nous entrons dans le Milanais comme en Champagne, sans obstacles.

Le Gouvernement doit ordonner que l'équipage de pontons sur haquets, pour le Mincio et l'Oglio, que j'avais fait préparer, soit achevé. L'on trouvera en Italic tout ce qu'il faut pour les ponts du Pô, de l'Adige, du Tessin et du Tanaro.

L'on trouvera charrois, habillements et subsistances pour la brave armée qui s'emparerait des plaines du Piémont et du Milanais.

Dépôt de la guerre.

BUONAPARTE.

84. -AU CITOYEN CHÉNIER.

Quartier général, Paris, 14 pluviôse an IV (3 février 1796).

Vous voudrez bien, Citoyen, partir aujourd'hui pour vous rendre à Évreux; vous verrez le général Huet et l'administration du département de l'Eure; vous parcourrez toutes les positions qu'occupe la colonne mobile du général Huet, et vous me rendrez compte à votre retour,

1° De l'état de situation exacte des troupes qui sont dans le département de l'Eure;

2o Des détails sur la position qu'elles occupent ;

3o Des renseignements sur les vivres et la manière dont se fait le service des administrations auprès de la colonne mobile ;

4o Des renseignements sur le nombre, la position et les chefs des chouans.

Communiquée par M. de Chénier.

BUONAPARTE.

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Quartier général, Paris, 23 pluviôse an IV (12 février 1796). La chouannerie fait des progrès très-sensibles dans les départements de l'Eure, d'Eure-et-Loir et dans le département du Loiret. Dans le département de l'Eure, le général Huet a pris aux brigands un magasin de plusieurs centaines de rations de pain qu'ils avaient dans la forêt de Breteuil.

Dans le département de l'Aisne, ils affichent des écrits contre-révolutionnaires où l'on engage les citoyens à ne pas payer l'emprunt

forcé.

Les jeunes gens de la première réquisition rejoignent de tous côtés ; le seul département de la Somme en a fourni près de 3,000.

Je dois des éloges à la conduite de l'administration du département de l'Eure; mais les administrations municipales, dans les différents départements où il y a des troubles, se conduisent assez mal ou faiblement.

J'ai organisé, parmi les anciens canonniers de Paris, trois compagnies de canonniers que j'envoie sur la côte. Cette mesure m'a été suggérée par la nécessité de débarrasser Paris d'un grand nombre d'hommes oisifs et de pourvoir à la défense des côtes de la SeineInférieure.

Dépôt de la guerre.

BUONAPARTE.

86. AU CITOYEN CLARKE, GÉNÉRAL DIVISIONNAIRE, DIRECTEUR DI CABINET TOPOGRAPHIQUE MILITAIRE DU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Paris, 5 ventôse an IV (24 février 1796). J'ai reçu, Citoyen Général, la note que vous m'avez fait passer du juge de paix du canton de la Ferrière-sur-l'lle, département de l'Eure.

La chouannerie était effectivement organisée dans ce département; mais la colonne légère destinée à maintenir la tranquillité dans ce département et dans le département de la Seine-Inférieure a tout fait rentrer dans l'ordre.

J'ai ordonné au général Huet de se concerter avec le juge de paix, et de faire arrêter les émigrés et les prêtres réfractaires qui pourraient se trouver dans la commune de l'Ile.

Dépôt de la guerre.

BUONAPARTE.

87. AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Quartier général, Paris, 10 ventôse an IV (29 février 1796).

Le Directoire exécutif, Citoyen Ministre, a arrêté qu'une partie des troupes et du matériel composant les 9°, 10° et 11 divisions militaires seraient envoyés à l'armée d'Italie. Vous avez en conséquence donné l'ordre, il y a plus d'un mois; je suis cependant instruit qu'il existe encore dans ces trois divisions des effets d'habillement, de cantonnement, de charrois, d'artillerie, inutiles aux circonstances actuelles de ces divisions. Je désirerais que vous donniez l'ordre aux généraux commandant ces trois divisions de me faire passer sans retard, à Nice, l'état de situation de toutes les troupes de leurs divisions, et aux trois commandants d'artillerie de me faire passer l'état du personnel et du matériel de l'artillerie composant leurs divisions, et aux commissaires ordonnateurs, commandant les trois divisions, de me faire passer l'état du matériel des différentes administrations qui composent leurs divisions, et de me faire passer les objets que je croirai m'être nécessaires, à moins qu'ils ne croient que les demandes que je leur ferai ne compromettent leur service, et dès lors ordonner de vous en rendre compte sur-le-champ.

Dépôt de la guerre.

88.

BUONAPARTE.

AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Quartier général, Faris, 10 ventôse an IV (29 février 1796). L'armée d'Italie a fourni à l'armée des Alpes le 5° régiment de cavalerie et le 9 régiment de dragons, en échange de deux autres corps , de cavalerie plus considérables.

L'armée des Alpes ayant plusieurs autres corps de cavalerie, suffisant pour la police de Lyon et de Grenoble, je vous prie, Citoyen Ministre, d'ordonner au général en chef de l'armée des Alpes de tenir ces deux corps à la disposition du général en chef de l'armée d'Italie. BUONAPARTE.

Dépôt de la guerre.

89.

AU CITOYEN LETOURNEUR,
PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Paris, 21 ventôse an IV (11 mars 1796). J'avais chargé le citoyen Barras d'instruire le Directoire exécutif de mon mariage avec la citoyenne Tascher Beauharnais. La confiance que m'a montrée le Directoire dans toutes les circonstances me fait

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