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223. AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796).

Le citoyen Junot, mon aide de camp, vous présentera vingt et un drapeaux pris aux Autrichiens et aux Piémontais, aux batailles de Montenotte, de Millesimo, de Dego et de Mondovi; il y en a quatre qui sont les drapeaux des gardes du corps du roi de Sardaigne.

L'armée d'Italie, en vous présentant ces vingt et un drapeaux, garants de sa bravoure, me charge de vous assurer de son dévouement à la Constitution et aux magistrats qui, d'un bras ferme, compriment les différentes factions qui voudraient encore déchirer le sein de la patrie.

Dépôt de la guerre.

224.

BONAPARTE.

AU MINISTRE DE LA GUERRE.
Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796).

Je vous envoie, Citoyen Ministre, vingt et un drapeaux pris à l'ennemi par l'armée d'Italie.

Je ne puis vous dissimuler combien le contre-ordre que vous avez donné à la compagnie d'artillerie légère, que j'avais fait partir de Paris pour Nice, nuit à mes opérations.

Tout ce qui devait m'ètre envoyé par le bureau de l'artillerie et du génie n'est pas arrivé; pas un seul des officiers d'artillerie et du génie que j'avais demandés, pas un ouvrier, pas une compagnie de l'artillerie à cheval. Les armes de la République se trouvent compromises; je ne puis en accuser que la malveillance des bureaux de l'artillerie. Si j'avais de l'artillerie légère, je n'aurais pas perdu le brave général de division Stengel, et je ne me trouverais pas arrêté tout court dans la plaine par une cavalerie plus nombreuse et mieux montée que celle de l'armée.

Je vous prie de m'envoyer, le plus tôt possible, six compagnies d'artillerie légère, qui aient déjà fait la guerre, et de surveiller vos bureaux d'artillerie, où il y a des malveillants qui cherchent à faire manquer les opérations concertées par le Gouvernement.

Salut et fraternité.

Dépôt de la guerre.

BONAPARTE.

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Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796). Toutes les autorités civiles et militaires, sur la route de Nice à Paris, laisseront librement passer le citoyen Junot, aide de camp du général en chef de l'armée d'Italie, allant porter à Paris vingt et un drapeaux pris sur les ennemis;

Et le citoyen Joseph Bonaparte, chargé par le général en chef de l'armée d'Italie de porter au Directoire exécutif une dépêche de la plus haute importance.

Les maîtres de poste leur fourniront sur-le-champ tous les chevaux dont ils auront besoin pour se rendre promptement à leur destination; et, dans le cas de refus, ils y seront contraints par la force, que lesdits citoyens Junot et Bonaparte requerront, soit aux commandants militaires, soit aux administrations municipales qui, sous leur responsabilité, sont tenus d'obtempérer sur-le-champ à leur réquisition.

Dépôt de la guerre.

226.

BONAPARTE.

AU CITOYEN FAYPOULT.

Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796).

Vous trouverez ci-joint une lettre de Colli et ma réponse'. Il est instant que vous répondiez que, quant aux conditions de paix, il faut des ordres du Directoire, et que, quant à la suspension d'armes, cela me regarde seul.

Je suis si accablé de fatigue et de besogne que je ne puis pas vous en dire davantage.

BONAPARTE.

Mes respects à Madame et à la petite Julie-Joseph.

Communiqué par M. Dupont.

227.AU GÉNÉRAL SERURIER.

Quartier général, Carrù, 5 floréal an II (24 avril 1796).

Il est ordonné au général Serurier de faire partir, aussitôt la réception du présent ordae, son avant-garde, pour se porter, avec le 22 régiment de chasseurs, qu'il a à ses ordres, un obusier et une pièce de 8, jusqu'à la Trinità, où l'on dit que les ennemis ont une grand'garde.

1 Voir la pièce no 219.

A la première nouvelle qu'il aura que l'ennemi serait en force à la Trinità, il conviendra d'un signal, et aussitôt il fera marcher sa division sur plusieurs colonnes et la fera ranger en bataille à une demi-lieue en arrière de son avant-garde. Il prendra, au surplus, toutes les précautions et fera toutes les dispositions qu'il jugera nécessaires suivant les circonstances.

Il est prévenu que le général Masséna, avec sa division, fait la même opération sur la ville de Bene.

Si l'ennemi n'a que des avant-postes à la Trinità, il s'en emparera et poussera son avant-garde sur Fossano, après s'être assuré cependant que le général Masséna est arrivé à Bene. Il ordonnera à son avant-garde de prendre connaissance de celle du général Masséna. Il est prévenu que le quartier général est à Carrù.

Dépôt de la guerre.

228.

Par ordre du général en chef.

AU GÉNÉRAL AUGEREAU.

Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796). Il est ordonné au général Augereau de se mettre en mouvement avec sa division, aussitôt la réception du présent ordre, pour se porter sur la position de Novello. De là il fera reconnaître par son avant-garde la position de Morra, où l'on présume qu'il peut trouver des points d'où l'on peut battre Cherasco. Il enverra une garde au passage du Tanaro, sur le chemin de Novello à Narzole, qui doit ètre le même que celui de Narzole à Dogliani. Il fera reconnaître les gués qui peuvent se trouver sur le Tanaro, ainsi que les endroits où l'on pourrait faire des ponts. On lui envoie l'ex-adjudant général Sornet, employé comme adjoint à l'état-major, pour être à ses ordres. Il est important que le passage dont on vient de lui parler soit bien gardé, afin d'assurer par là notre communication.

Dépôt de la guerre.

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Par ordre du général en chef.

229. AUX CITOYENS MAUBERT ET ANDRÉOSSY. Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796). Vous voudrez bien, Citoyens, vous rendre le plus tôt possible au village de Lequio, sur le Tanaro. Vous le parcourrez et vous irez jusqu'au village de Narzole, en cherchant l'emplacement le plus favorable pour jeter un pont sur le Tanaro. Vous prendrez vos précaucela soit fait dans la nuit.

tions pour que

Dépôt de la guerre.

BONAPARTE.

230.AU GÉNÉRAL DUJARD.

Quartier général, Carrù, 5 floréal an IV (24 avril 1796).

Le général Dujard sera rendu demain, 6 floréal, avant la pointe du jour, à Bene, d'où il se portera vers Cherasco, le plus près possible, pour en reconnaître les ouvrages et les emplacements les plus propres à établir des batteries pour ouvrir cette place, fermée de retranchements en terre et de palissades.

Il se mettra en état de pouvoir en rendre compte au général en chef, aussitôt son arrivée sur Cherasco.

Dépôt de la guerre.

Par ordre du général en chef.

231.AU GÉNÉRAL AUGEREAU.

Quartier général, Carrù, 5 floréal an II (24 avril 1796). Il est ordonné au général Augereau de partir, à la réception du présent ordre, avec les troupes qu'il peut avoir de sa division, pour s'emparer des hauteurs qui dominent Cherasco, à la rive droite du Tanaro, et d'où l'on peut battre cette place avec avantage. Il est prévenu que Cherasco est investi, entre la Stura et le Tanaro, par l'avant-garde du général Masséna, dont la division doit attaquer demain matin cette place.

Le général Augereau, qui aura marché avec toute son artillerie, la mettra en position avant le jour, ou le plus tôt possible. Il devra canonner la place lorsque l'attaque du général Masséna sera commencée. Il fera toutes ses dispositions pour faire le plus de mal possible à l'ennemi. Si le général Rusca n'était pas encore arrivé, le général Augereau n'en doit pas moins exécuter le présent ordre. Le général en chef a ordonné qu'il fût construit à Narzole un pont par lequel il pourrait communiquer avec lui. Il s'assurera de ce qui aura été fait à cet égard.

Le général en chef s'en rapporte au général Augereau pour ordonner telles dispositions qu'il jugera utiles suivant les circonstances. Par ordre du général en chef.

Dépôt de la guerre.

232.AU GÉNÉRAL AUGEREAU.

Quartier général, Carrù, 6 floréal an IV (25 avril 1796). Le général Augereau partira de la position qu'il occupe, aussitôt qu'il le pourra sans fatiguer ses troupes, pour se rendre à Alba, dont il s'emparera. Il laissera un détachement de 100 hommes au

quartier général, qu'il abandonnera pour lier sa communication avec le général Rusca, qui a reçu l'ordre de venir le joindre, s'il ne l'a déjà fait.

Dépôt de la guerre.

Par ordre du général en chef.

233. -AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF. (EXTRAIT.)

Quartier général, Cherasco, 7 floréal an IV (26 avril 1796).

Je vous fis passer hier, par mon frère Joseph, que je vous ai expédié, la lettre du général Colli et la réponse que je lui ai faite. Pour aller au-devant du courrier qu'il attend de Turin, je me suis emparé de Cherasco et je l'ai chassé de Fossano.

Je suis fort inquiet de savoir si ma réponse est conforme à vos intentions.

Si nous pouvons avoir paix ou trêve aux conditions que j'ai demandées, avant l'ouverture de la campagne j'irai dans le Tyrol donner la main à l'armée du Rhin et porter la guerre dans la Bavière. Quant à Gênes, vous serez les maîtres de prescrire ce que vous voulez qu'on fasse. Il serait bon, pour l'exemple, que vous exigiez de ces messieurs quelques millions; ils se sont conduits d'une manière horrible à notre égard.

Tout va bien. Le pillage est moins fort. Cette première soif d'une armée manquant de tout s'étanche. Les malheureux sont excusables; après avoir soupiré trois ans du sommet des Alpes, ils arrivent à la terre promise, et ils en veulent goûter. J'en ai fait fusiller trois et mettre six à la pioche au delà du Var.

Je marche demain pour ouvrir les postes de l'armée des Alpes; j'espère qu'elle a été prévenue de tenir 6,000 hommes à ma disposition ou prêts à entrer par Château-Dauphin.

Aujourd'hui j'ai fait partir une colonne pour tourner le col de Tende, faire ma réunion avec Nice, et ménager une nouvelle communication.

Vous trouverez ci-joint la proclamation que j'ai fait imprimer à Mondovi. J'espère qu'elle sera conforme à vos intentions. On fusille demain des soldats et un caporal qui ont volé des vases dans une église. Dans trois jours, la discipline sera sévèrement établie, et l'Italie étonnée admirera la sagesse de notre armée autant qu'elle admire son courage. Cela me coûte infiniment de peine et me fait passer de très-mauvais moments; il a été commis des horreurs qui me font frémir heureusement que l'armée piémontaise, en battant en retraite, en a fait de pires encore.

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