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Alors il ne reste plus qu'à attaquer le front de l'arsenal en détruisant le feu par des batteries avancées et des batteries à ricochet, et en faisant enfin brèche au front intermédiaire du bastion du Marais et du bastion de l'Arsenal. Il faut, pour ces différentes opérations, les objets portés dans l'équipage de siége.

Dépôt de la guerre.

5.

PIÈCE A.

BUONAPARTE.

(Jointe à la lettre précédente.)

Lorsque les représentants du peuple m'ont retenu à l'armée devant Toulon et m'ont donné le commandement de l'artillerie, il n'y avait que quelques pièces de campagne, deux pièces de 24, deux de 16 et deux mortiers sans aucun des objets qui sont nécessaires, sans aucun ordre de service, sans parc d'artillerie, sans aucun commandement ni combinaisons; depuis le général jusqu'au dernier aide de camp, tout le monde dirigeait et changeait à son gré les différentes dispositions de l'artillerie.

Je me suis occupé à rendre au corps d'artillerie cette considération et cette indépendance dans ses opérations sans laquelle elle ne peut servir utilement.

La faiblesse de l'armée, la nullité de nos moyens, le temps qu'il faut pour préparer un équipage de siége, tout me fit sentir la nécessité de ne pas penser au siége de Toulon, mais de me borner à former un équipage qui nous mit à même de chasser les ennemis des rades en plaçant une batterie à l'Éguillette.

J'eus bientôt quatorze pièces de canon, quatre mortiers et tout l'attirail pour pouvoir construire plusieurs batteries. J'établis un parc, jy mis un ordre de service, je chargeai des sous-officiers des détails. que je ne pouvais pas confier à des officiers qui n'existaient pas.

Trois jours après mon arrivée, l'armée eut une artillerie, et les batteries de la Montagne et des Sans-Culottes furent établies, coulèrent bas les pontons et résistèrent à plus de vingt mille boulets.

Dans ce moment-là, les ennemis, comprenant l'insuffisance de leur artillerie navale, risquèrent le tout pour le tout et débarquèrent à l'Équillette; ils eussent dû être écrasés dans leur descente; la fatalité ou notre ineptie voulut qu'elle leur réussît. Peu de jours après, ils y eurent des pièces de 24, un chemin couvert et des palissades; quelques jours après, des secours considérables leur arrivèrent de Naples et d'Espagne. Je compris que l'affaire de Toulon était manquée et qu'il fallait se résoudre à un siége.

Je n'épargnai rien pour pousser de front les préparatifs pour l'attaque de l'Éguillette et la formation du grand équipage.

J'ai fait aller à Lyon, à Briançon, à Grenoble, un officier intelligent que j'ai fait venir de l'armée d'Italie pour tirer de ces différentes places ce qui pouvait nous être utile.

J'ai requis l'armée d'Italie de me fournir les bouches à feu inutiles à la défense d'Antibes et de Monaco. Par la feuille cotée C, Vous verrez ce qu'ils peuvent fournir; la difficulté était de les faire transporter. J'ai requis le département du Var. Je me suis procuré 100 chevaux de réquisition à Marseille que j'ai envoyés.

J'ai fait venir de Martigues huit pièces de canon de bronze qui y étaient, que j'ai fait remplacer par huit pièces de fer.

J'ai mis à Marseille, à Aix et dans le département des Bouches-duRhône, en réquisition tous les objets portés dans la note cotée D.

J'ai établi à Ollioules un arsenal où quatre-vingts ouvriers, forgerons, charrons, menuisiers, charpentiers, travaillent sans discontinuer aux objets qui nous sont nécessaires.

J'ai établi un parc où on travaille à force à faire des saucissons, des gabions, des claies, des fagots de sape, des fascines de sape.

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J'ai requis tous les ouvriers qui faisaient à Marseille des paniers et des dames-jeannes, et je les fais travailler à faire des gabions.

J'ai requis des chevaux auprès de tous les départements, tous les districts, tous les commissaires des guerres, depuis Nice jusqu'à Valence et Montpellier.

J'ai fait prendre à la Seyne, à la Ciotat tous les bois que j'ai pu trouver, et l'on travaille à en faire des plates-formes de canons et de mortiers.

Je fais faire à Marseille cinq mille sacs à terre par jour; et j'espère bientôt avoir la quantité qui m'est nécessaire.

J'ai établi une salle d'artifice où l'on fait des fascines goudronnées, des boulets incendiaires et de la roche.

J'ai pris des mesures pour rétablir la fonderie des Ardennes, qui est en notre pouvoir, et j'espère avant huit jours avoir de la mitraille, des boulets, et, avant quinze jours, un mortier venant de cette fonderie. J'ai une salle d'armes où l'on répare tous les fusils, avec un atelier de dix armuriers.

Vous ajouterez quelque mérite à ces différentes opérations, Citoyen Ministre, quand vous saurez que je suis seul pour diriger et le parc, et les opérations militaires, et l'arsenal; que je n'ai pas même un sous-officier d'ouvriers, et que je n'ai que cinquante hommes de canonniers de position, parmi lesquels encore il y a beaucoup de recrues.

Un des objets les plus intéressants et pour lesquels je vous presserai le plus, ce sera la poudre. Je vous prie de mettre tout en œuvre pour nous en envoyer.

Il nous faudrait aussi un officier d'ouvriers intelligent, afin que je puisse me fier sur lui de tous les détails de l'arsenal.

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ÉTAT DES BOUCHES A FEU ET MUNITIONS DE GUERRE FOURNIES PAR L'Armée d'Italie ET PARTIES DE NICE POUR ANTIBES, D'OU ELLES DOIVENT ÊTRE TRANSPORTÉES, PAR TERRE, A L'ARMÉE QUI ASSIÉGE TOULON, A OLLIoules.

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Indépendamment de cet envoi, il a été envoyé à la Farlède 7,500 balles de fer coulé de 45 1. 9 p. 3,300, idem de 11,10; et avec cet envoi ci-dessus à Ollioules, 6,000 boulets de fer coulé de 15 l. 9 p. 5,300, idem de 11,10.

Le chef de brigade, commandant l'artillerie à l'armée d'Italie,

DUJARD.
Conforme :
BUONAPARTE.

1 La pièce B ne se trouve pas au dossier, et le rapport n'en mentionne pas

l'existence.

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ÉTAT DES OBJETS QUE LA MUNICIPALITÉ DE MARSEILLE

DOIT METTRE EN RÉQUISITION POUR LA FORMATION DE L'ÉQUIPAGE du siége de toULON.

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8.

40 scies.

BOIS DE RECHANGE.

250 jantes.

600 rais.

400 palonniers.

300 crics de manœuvre. 1,000 planches.

FERS DE RECHANGE.

10,000 feuilles de fer-blanc.
10,000 tire-bourres de fusils.
BUONAPARTE.

PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE du conseil de guerre
TENU AU QUARTier général d'OLLIOULES.

Ollioules, 5 frimaire an II (25 novembre 1793).

Le général en chef Dugommier, le général d'artillerie Duteil, les généraux divisionnaires' Lapoype et Mouret, les généraux de brigade Labarre et Garnier, les citoyens Buonaparte, Sugny et Brulé, chefs de bataillon, et les citoyens Flayelle et la Mothe, capitaines du génie, se sont réunis en conseil de guerre en présence des représentants du peuple, et, après avoir mûrement considéré la position et la force des ennemis et les moyens qui sont à leur disposition,

Ont arrêté :

1° De diriger toutes les attaques sur la redoute anglaise, d'établir dans les locaux les plus favorables, à l'extrémité du promontoire de

l'Eguillette, des batteries, afin d'obliger l'escadre à évacuer la rade et même de la brûler, si un vent contraire s'oppose à sa sortie;

2° De battre, avec les batteries de la Convention et de la Poudrière, le fort Malbousquet, afin de laisser du doute à l'ennemi sur le point que l'on veut attaquer, et de préparer à l'infanterie la prise de Malbousquet, si les événements en permettent l'attaque ;

3o De faire une batterie dans le local le plus favorable pour battre les hauteurs du cap Brun, afin d'en imposer à l'ennemi sur le front que l'on veut attaquer;

4° De s'emparer de la montagne de Faron et de s'y maintenir;

5o De faire à la fois ces différentes attaques, la division de droite étant chargée de la fausse attaque de Malbousquet et de l'attaque de la redoute de l'Éguillette.

La division de gauche fera la fausse attaque du cap Brun et l'attaque de la montagne de Faron.

6o D'établir dans le local le plus favorable, entre la batterie de la Convention et Malbousquet, une batterie de six mortiers à grande portée, contre Toulon, qui commencera à jouer dans le moment où on le croira le plus propre pour achever de porter le découragement et accroître la mésintelligence qui existe entre les différentes nations qui composent la garnison;

7° d'établir une redoute de protection sur la gauche de la montagne de la Convention pour empêcher que l'ennemi, favorisé par le feu des redoutes de Saint-Antoine, ne tourne et n'enlève la batterie de la Convention.

8° Les membres composant le conseil approuvent l'établissement des batteries qui ont été faites.

Dépôt de la guerre.

BUONAPARTE.

9. RAPPORT DES BATTERIES. DU 9 AU 10 COURANT.

Ollioules, 10 frimaire an II (30 novembre 1793).

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Batterie de la Convention. Les ennemis, sentant toute l'importance de cette batterie, s'y sont portés en très-grande force, ont enlevé la batterie, encloué les pièces. La batterie a été reprise une demi-heure après. Les pièces ont été désenclouées sur-le-champ; la canonnade a commencé contre Malbousquet, qui a vivement riposté; on nous a tué un sergent d'artillerie et cassé les entretoises d'un affût. Nous leur avons tiré plusieurs coups dans leurs embrasures qui doivent leur avoir fait beaucoup de mal.

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