955. AU GÉNÉRAL BERTHIER. - Quartier général, Vérone, 16 fructidor an IV (2 septembre 1796), au matin. Prévenir le général Sahuguet que l'armée se met en marche pour le Tyrol; que le général en chef ne laisse à Vérone que le général de division Kilmaine, avec une garnison capable de défendre cette place contre un coup de main; qu'il pourrait arriver, quoique cela ne soit pas probable, que l'ennemi, de Bassano, se portàt sur Vérone ou sur Porto-Legnago, y passat l'Adige, pour revenir débloquer Mantoue; que si l'ennemi faisait cette sottise, les dispositions du général en chef sont combinées de manière à l'en faire repentir; mais qu'il pourrait cependant avoir deux marches sur l'armée et arriver à temps. pour écraser sa division; que le général Kilmaine lui fera connaître les mouvements des ennemis sur Vérone; que si jamais il était forcé d'évacuer la place, et que l'ennemi y fût entré, il doit lever sur-lechamp le blocus de Mantoue, et s'assurer que Peschiera a une garnison suffisante; après quoi, si le mouvement de l'ennemi se caractérise et qu'il marche sur Mantoue, le général Sahuguet se retirera derrière l'Oglio. Le général Serviez a ordre de tenir de petites garnisons dans le chateau de Pontevico, dans celui de Bozzolo et dans celui de Torre d'Oglio, au confluent de cette rivière dans le Pò. A cet effet, le général Serviez doit envoyer un officier d'artillerie avec un détachement dans ces trois forteresses pour les faire mettre, le plus tôt possible, à l'abri d'un coup de main, et mettre également en état les pièces vénitiennes qui s'y trouvent. Il veillera également à ce que les ordres qui sont donnés de mettre des approvisionnements dans chacune de ces trois forteresses, pour 200 hommes pendant vingt jours, soient exécutés. Il doit tenir de grandes gardes de cavalerie à Porto-Legnago; et si l'ennemi se présentait avec un corps considérable d'infanterie, qu'il s'emparat de cette place et passat l'Adige en force, il y tiendra la même conduite que s'il s'emparait de Vérone. Il correspondra avec le quartier général, qui est à Lazise, par Peschiera; il instruira dans toutes les circonstances le général commandant la Lombardie, pour qu'il ne soit pas effrayé d'un mouvement qu'il est possible que l'ennemi fasse et que le général en chef a prévu, et afin qu'il lui fasse passer des secours et que lui-même se mette en mesure pour assurer nos communications. Que s'il arrivait, par une circonstance imprévue, que Peschiera ne fût pas approvisionné, il fera alors tous les mouvements qui pourraient favoriser cet approvisionnement, sacrifiant tout à cette considération. Lui recommander, sur toutes choses, de bien bloquer Mantoue du côté de Porto-Legnago, ce qui, à ce que croit le général en chef, ne pourra se faire qu'en s'emparant de Saint-Georges. Ordre à l'ordonnateur en chef de faire approvisionner les forts de Torre d'Oglio, de Bozzolo et de Pontevico, sur l'Oglio, pour 200 hommes pendant vingt jours. Ordre à deux bataillons de la 6° demi-brigade, qui sont à Milan, de se rendre à Rivalta, sur le Mincio, aux ordres du général de division Sahuguet. Ordre à la 19 demi-brigade, qui est sous Mantoue, d'en partir aussitôt l'arrivée des deux bataillons de la 6°, pour se rendre à Crémone. Ordre au 3o bataillon de la 6o demi-brigade de se rendre à Rivalta, lorsque le premier bataillon de la 10° sera arrivé. Ordre à la 45° demi-brigade de partir de Mantoue, pour se rendre à Crémone, lorsque le 3o bataillon de la 6o demi-brigade sera arrivé. AU GÉNÉRAL SERVIEZ. Prévenir le général de brigade Serviez qu'il aura sous ses ordres un bataillon de la 75o demi-brigade, la 19o et la 45°. Lui ordonner de faire arranger les casernes, afin de pouvoir cantonner cette troupe. Son commandement s'étendra jusqu'à l'Oglio. Il fera mettre des garnisons dans les forts de Torre d'Oglio, Bozzolo, Pontevico et Soncino. Il sera aux ordres du général commandant la Lombardie. Il aura soin d'ordonner que les pièces d'artillerie qui sont dans ces différents châteaux soient mises en batterie, et qu'ils soient approvisionnés pour 200 hommes pendant vingt jours. Ordre au général d'artillerie et à celui du génie d'envoyer chacun un officier de leur arme, pour mettre ces châteaux en état de défense. Prévenir de ces dispositions le général Baraguey-d'Hilliers et le général de division Sahuguet. Le général Baraguey-d'Hilliers commandera la Lombardie jusqu'à l'Oglio. Le général Sahuguet commandera entre l'Adige et l'Oglio, Peschiera compris. Le général Sauret attendra la réserve à Brescia. Dépôt de la guerre. BONAPARTE. Quartier général, Vérone, 16 fructidor an IV (2 septembre 1796). Le général Kilmaine fera partir demain 17, à deux heures du matin, une forte reconnaissance sur Vicence, ou jusqu'à ce qu'elle rencontre l'ennemi. Elle instruira sur-le-champ le général en chef, Ala, des mouvements que pourrait avoir faits l'ennemi. Il couvrira, par des patrouilles fréquentes, le chemin de Vérone à Porto-Legnago par Villanova. Si l'ennemi faisait un mouvement d'infanterie soit sur Vérone, soit sur Porto-Legnago, et que cela fût assez considérable pour faire croire qu'il voulût se porter sur Mantoue, il en préviendrait le général Sahuguet, qui est à Rivalta, sur le Mincio, le général Guillaume, qui est à Peschiera, ou le quartier général, qui est à Lazise, rive droite du lac de Garda, à trois milles de Peschiera. S'il était obligé de se renfermer dans Vérone, tandis que les canonniers et l'infanterie défendraient l'enceinte de cette place, il occuperait sa cavalerie à maintenir le bon ordre dans la ville et à surveiller les rives de l'Adige pour s'assurer que l'ennemi ne cherche pas à y jeter un pont. Dès l'instant où il croira que l'on ne peut plus tenir dans la ville, il donnera l'ordre à 300 hommes d'infanterie de se renfermer dans le château avec les canonniers nécessaires au service de trois pièces de 6 d'artillerie légère, qui sont à sa disposition. Il aura soin que ce chateau soit approvisionné pour 500 hommes et pendant dix jours. Avant d'évacuer la ville, il aura soin de faire transporter au château toutes les munitions et la plus grande partie de l'artillerie qui est sur les remparts de la ville. Il instruira le général en chef deux fois par jour, et adressera ses lettres à Ala, de ce qui se passera et de la connaissance qu'il pourra avoir des mouvements de l'ennemi. Dans le cas qu'il soit obligé d'évacuer Vérone, il se retirera au delà du Mincio, après avoir protégé la retraite du quartier général, qui est à Lazise. Il laissera dans Peschiera la garnison qui pourrait y être nécessaire pour couper le pont de Borghetto, en s'éloignant toujours le moins qu'il lui sera possible du Mincio et de Peschiera, afin de pouvoir porter promptement du secours à l'armée. Par ordre du général en chef. Dépôt de la guerre. 957. AU GÉNÉRAL AUGEREAU. (PAR DUPLICATA.) Quartier général, Ala, 17 fructidor an IV (3 septembre 1796), 4 heures et demie du soir. Le général Augereau est prévenu que la division du général Masséna est arrivée à deux heures à Ala, d'où son avant-garde a chassé un avant-poste ennemi et a fait six prisonniers houlans. Nous passons la nuit tant à Ala qu'à Sainte-Marguerite, où est l'avant-garde. Le général en chef donne l'ordre au général Augereau de partir avec sa division, demain, à la pointe du jour, pour se porter sur Roveredo, en cherchant le plus possible à couvrir la droite du général Masséna. Ce général doit partir de la position qu'il occupe à Ala et Sainte-Marguerite, demain, à trois heures du matin. Dépôt de la guerre. Par ordre du général en chef. 958.AU GÉNÉRAL VAUBOIS. Quartier général, Ala, 17 fructidor an IV (3 septembre 1796), 4 heures et demie du soir. Le général Vaubois est prévenu que la division du général Masséna est arrivée à Ala; que demain, à huit ou neuf heures du matin, elle sera à Roveredo. L'intention du général en chef est que le général Vaubois se porte sur Roveredo, et qu'il envoie un corps détaché par sa droite sur Serravalle, où des bateaux se trouvent rassemblés. Si la division du général Vaubois ne pouvait pas passer l'Adige à Roveredo, les bateaux pourraient lui servir pour cet objet. Il fera donner de ses nouvelles à l'état-major général par le porteur de cet ordre, qui est un homme du pays. Dépôt de la guerre Par ordre du général en chef. 959. AUX GÉNÉRAUX DOMMARTIN, MASSENA, RAMPON ET BEAUREVOIR. Quartier général, Ala, 17 fructidor an IV (3 septembre 1796 › Deux cents chevaux doivent être à l'avant-garde du général Masséna; le reste de la cavalerie sera placé en arrière d'Ala. La 11 et la 18° demi-brigade passeront en avant d'Ala; la 32° restera derrière Ala, entre la cavalerie et ce bourg. Le général Dommartin a ordre de mettre deux pièces d'artillerie légère avec les 200 hommes de cavalerie de l'avant-garde, deux pièces d'artillerie légère avec l'infanterie de l'avant-garde, enfin, deux autres avec la 11 demi-brigade; tout le reste de l'artillerie ne remuera pas sans un ordre exprès du général en chef. Le général Masséna donnera l'ordre qu'il soit envoyé sur-le-champ au quartier général 100 grenadiers au logement du général en chef, et 200 pour le service de la place. Il donnera des ordres au commandant du quartier général pour bien garder la droite d'Ala. Les 100 dragons du 5° régiment rentreront de suite à Ala. Instructions au général Dommartin en conséquence de l'ordre à Masséna. Avis au général Rampon que la 11 et la 18° demi-brigade passent de l'autre côté d'Ala. La 32 bivouaquera derrière Ala. Au général Beaurevoir Toute la cavalerie bivouaquera derrière Ala, ayant devant elle la 32° demi-brigade; 200 chevaux seront envoyés à l'avant-garde. Les 100 dragons du 5o régiment resteront à Ala. Quartier général. Ala, 17 fructidor an IV (3 septembre 1796). Il est ordonné au général Lespinasse de faire ramasser tous les bateaux qui se trouvent dans les villages situés sur les bords de l'A dige, tant au-dessous d'Ala qu'au-dessus, jusqu'à nos avant-postes. Il s'emparera des quatre qui sont à Ala, et les fera tous remonter à la hauteur de l'avant-garde du général Masséna, pour qu'ils soient prêts à remonter plus loin. Dépôt de la guerre, BONAPARTE. 961.AU GÉNÉRAL DUBOIS. Quartier général, Ala, 18 fructidor an IV (4 septembre 1796), une heure et demie du matin. L'ennemi avait à Marco cinq bataillons qui, étant de ceux qui ont le plus souffert dans la campagne, ne montent qu'à 2,000 hommes. L'on assure qu'il a également trois régiments à Roveredo, ce qui ne doit pas faire plus de 3,000 hommes. Vous devez avoir reçu deux pièces d'artillerie légère pour être at tachées à la cavalerie d'avant-garde. Il est étonnant que vous n'ayez point de pain; vos troupes avaient reçu l'ordre d'en prendre à Vérone pour le 16 et le 17, et du biscuit |