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netto, se porter à Notre-Dame-de-la-Neve, dans le temps que, par les hauteurs de Loano, on se portera à Melogno, que l'ennemi se trouverait obligé d'évacuer.

L'on pourrait également se porter par Murialdo sur les hauteurs de Biestro, intercepter le grand chemin de Savone à Altare, Carcare, Coni et à Alexandrie. Si l'ennemi avait transporté de l'artillerie de siége devant Savone, il se trouverait dans l'impossibilité de la retirer. De Biestro on pousserait une tête sur Montezemolo, pour donner l'alarme aux Piémontais, dans le temps que l'on occuperait véritablement les hauteurs de Pallare, de Carcare. L'ennemi serait obligé d'évacuer Saint-Jacques et Vado; il ne pourrait le faire que par Montenotte et Sassello, où il n'y a pas de grands chemins. Il sera possible alors qu'il se décide à forcer le passage d'Altare, entreprise extrêmement hardie.

La position de notre armée serait donc Rocca-Barbena, Melogno, Notre-Dame-de-la-Neve, Biestro, les hauteurs de Pallare et de

Carcare.

A la pointe du jour, il faut se porter sur Altare, Mallare, Savone et Saint-Jacques.

Ou l'ennemi évacuera par le chemin de Sassello et par Montenotte, pour courir au secours de ses magasins, ou il se disposera à marcher par Altare à la rencontre de notre armée, ou il l'attendra et prendra des positions sur Altare et Savone; dans tous les cas, il faut l'attaquer, le vaincre et le poursuivre. La division qui serait à Melogno, Notre-Dame-de-la-Neve et Finale, pendant la nuit et le jour suivant, doit le talonner, se porter sur Saint-Jacques, chercher à faire des prisonniers ou à recueillir des déserteurs, afin que dès l'instant que l'ennemi affaiblirait Saint-Jacques, elle s'y portàt et s'y plaçat. Son artillerie doit se tenir toujours près de l'ennemi, afin de pouvoir attaquer, si celui-ci se dirige pour se porter sur Biestro.

Le troisième jour, nous sommes maîtres de toutes nos anciennes positions et de tous les bagages de l'ennemi.

Le quatrième, pousser l'ennemi et l'obliger à s'éloigner le plus possible sur Alexandrie; et il est bien facile de pousser des têtes de colonnes sur Montenotte et de s'emparer du château de Sassello.

Si cette opération est exécutée avec beaucoup de résolution et d'ardeur, elle peut décider le sort de la campagne. L'ennemi poussé sur Acqui, ou plus loin, l'on doit se porter sur Montezemolo dans le temps que la division de Bardinetto se portera sur San-Gioanni et celle du Tanaro sur Ceva, au delà de Batiffollo, et ce jour on passera le Tanaro avec le reste de l'armée.

Maître de Montezemolo, il faut forcer le camp retranché de Ceva, prendre la ville immédiatement après, diriger un corps de troupes pour bloquer le port de Ceva.

L'armée d'observation serait occupée, selon les circonstances, à poursuivre les Autrichiens, ou même à se replier par la plaine, par une marche secrète, et à se porter sur l'armée piémontaise qui se réunirait à Mondovi, à Coni ou à toute autre position. L'artillerie de siége se trouvera à Qneille le jour de l'affaire et se rendra à Vado, lorsque nous serons maîtres de Montezemolo. A l'instant que l'équipage de siége sera débarqué à Vado, il faudra forcer le commandant du fort à recevoir deux compagnies d'artillerie et deux bataillons de garnison comme auxiliaires, et aussitôt pourvoir à l'approvisionnement de ce fort en munitions de guerre et faire faire à l'artillerie les autres ouvrages et les défenses nécessaires.

L'art du général qui commandera le siége de Ceva, c'est de tenir les ennemis le plus éloignés possible et de tomber quelquefois sur les rassemblements qui se formeraient dans la plaine.

L'armée qui assiége Ceva communique avec Oneille par Ormea, et avec Vado par Carcare et Cairo.

Si l'on obtient quelque succès il sera facile d'enlever Acqui, Alba, Altare, enfin de se tenir maître jusqu'au Tanaro, ayant l'air de menacer Alexandrie.

Dans la supposition que l'on suivra en tout les instructions ci-dessus, il est indispensable que l'on attaque les postes qu'a l'ennemi, comme on le propose, en les tournant tous.

Il sera indispensable que l'attaque de la gauche de l'ennemi précède de trois jours; si, au contraire, on attaque tout simplement San-Giacomo et pour le prendre de force, il faut alors que l'attaque de la gauche ne se fasse que deux jours après.

La gauche de l'armée d'Italie et la droite de l'armée des Alpes se réuniront et investiront Démont. L'opération pour tourner la Brunette a déjà été faite l'année passée. Se porter, de concert, par les hauteurs de Sambuco, après quoi attaquer Valloria par les deux côtés; maître de cette hauteur, on se trouvera avoir trois marches d'avance.

La division du centre surveillera le mouvement des troupes qui lui seront opposées, afin de pouvoir, par une attaque faite à propos, faire une diversion.

Si l'attaque de Démont précède celle de Ceva, il faudra avoir beaucoup de circonspection et marcher dans la règle, ayant toujours les cols de droite et de gauche bien gardés.

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Le service de l'artillerie consiste dans un service d'équipages de montagne et un service de siége.

Celui de montagne sera peu nombreux. On se servira bien de pièces de 3 à dos de mulets qui sont tous prêts, et d'obus de six pouces qui produisent un grand effet.

L'équipage de siége de l'armée des Alpes se réunira auprès du Tanaro le plus tôt possible; celui pour Ceva s'embarquera à Antibes sur des bateaux à rames, comme cela s'est déjà pratiqué l'année passée.

L'on armera la petite ville de Bredis et d'Albenga, et l'on y mettra quelques compagnies de garnison et quelques escouades d'artillerie. L'on ne fatiguera pas la cavalerie pour la conduire dans ces montagnes. Un seul régiment de hussards peut suivre la marche des colonnes; le reste de la cavalerie se rendra d'Ormea sur le Tanaro, pour pouvoir mettre des contributions dans la plaine et faire des prisonniers piémontais.

Maître de Ceva, l'on en établira la défense. L'on prendra conseil de la saison et des circonstances qu'il n'est jamais possible de prévoir à la guerre. Le but de l'art après sera de se procurer des quartiers d'hiver commodes en Piémont, et de se préparer à entrer en campa→ gne au mois de janvier ou de février.

L'on écoutera alors toute proposition de paix et l'on suivra tout pourparler qui aura l'air d'y conduire.

L'on affectera beaucoup de prédilection pour les officiers et soldats piémontais. Si l'on faisait quelques prisonniers de marque, les représentants et les généraux leur feront des civilités et leur garantiront qu'ils peuvent disposer de leur solde d'activité.

L'on ne fera le siége de Démont que dans le cas où l'on pourrait avoir le temps de prendre cette place. Lorsque la saison sera avancée et que le col d'Argentière sera difficile et menacera de se fermer, si Démont n'était pas pris, on fera tenir la division de D* en opérant la jonction au delà de Carcare.

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sur Ceva

Le but de la campagne d'été sera de prendre Turin ou de marcher en Lombardie.

L'on doit faire tous les préparatifs, soit en équipage de pont, soit en équipage d'artillerie ou de vivres pour entreprendre cette campagne avec succès.

Si l'on entre en Lombardie, le but devra être de pénétrer dans le Mantouan pour s'emparer, au commencement de la campagne prochaine, des gorges de Trente; l'on cherchera à pratiquer des intelligences utiles, à donner l'alarme et à être au fait des mouvements qui se passent dans cette ville. L'on n'entreprendra pas le siége,

parce que l'on croit la saison trop avancée, mème pour passer les débouchés du Tanaro. Au reste, les circonstances de l'hiver ou des négociations pourront décider à cette opération ou du moins au blocus.

De Coston.

53.

INSTRUCTION POUR LES REPRÉSENTANTS DU PEUPLE

ET LE GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE D'ITALIE.

Paris, premiers jours de thermidor an III (juillet 1795). Le Comité de salut public, ayant pris en considération la situation politique de l'Europe et la position militaire de l'armée des Alpes et d'Italie, a senti :

1o Qu'après la paix conclue entre la République et les rois de Prusse et d'Espagne, après les succès que toutes nos armées ont obtenus sur les ennemis, il n'était plus possible que le roi de Sardaigne conservat l'espoir de reprendre les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, et que, dès lors, il n'a plus aucun intérêt à continuer la guerre ;

2° Que la crainte des armes de l'Empereur et les troupes qu'il a en Piémont peuvent retarder une paix utile aux deux États;

3° Que les renforts que l'armée autrichienne de Lombardie a reçus, les attaques qu'elle a tentées sur plusieurs positions de la droite de l'armée d'Italie, ne laissent aucun doute sur ses intentions d'établir le théâtre de la guerre sur les États de Gènes et de menacer le département des Alpes-Maritimes;

Que le premier principe qui doit nous animer dans la direction des armées de la République, c'est qu'elles doivent se nourrir par la guerre aux dépens du pays ennemi; que si l'armée d'Italie ne changeait pas au plus vite le théâtre de la guerre, elle deviendrait extrêmement onéreuse au trésor public, ne pouvant être entretenue sur un pays neutre qu'à force de numéraire ;

4° Que l'occupation de Vado par les ennemis, en interceptant le cabotage avec l'Italie, a suspendu notre commerce, a arrêté l'arrivage de nos approvisionnements et nous oblige à substanter, par l'intérieur de la République, la marine de Toulon, l'armée d'Italie, la ville de Marseille et les départements circonvoisins, qui ne récoltent pas ordinairement pour trois mois, et que, si des circonstances momentanées nous empêchent de tenir la mer, il appartient à nos armées de terre de suppléer à l'insuffisance de notre marine;

5° Que les Alpes, que notre armée occupe depuis Genève jusqu'à Vado, forment une demi-circonférence de 95 lieues, d'une commu

nication extrêmement difficile, de sorte qu'il nous faut au moins deux décades pour communiquer de la droite à la gauche, tandis que l'ennemi, occupant un diamètre dans une belle plaine, peut faire circuler ses troupes dans trois ou quatre jours; cette seule circonstance topographique rendant la défensive extrêmement désavantageuse, plus meurtrière pour nos soldats et plus destructive de nos charrois que la campagne la plus sanglante;

6° Que nos armées en Italie ont toutes péri par les maladies pestilentielles produites par la canicule; le vrai moment d'y faire la guerre et d'obtenir de grands succès, une fois introduits dans la plaine, c'est d'agir depuis février jusqu'en juillet;

7° Que si la nature a borné la France aux Alpes, elle a aussi borné l'Empire aux montagnes du Tyrol. L'on peut, dans la Lombardie, offrir au roi de Sardaigne des indemnités pour la Savoie et le comté de Nice;

8° Que le moment peut venir de combiner les opérations de l'armée du Rhin avec celles de l'armée d'Italie, et d'aller, de concert, dicter une paix glorieuse, digne à la fois du courage de nos soldats et des destins de la République, jusque dans le cœur des États héréditaires de la maison d'Autriche.

Après toutes ces considérations, le Comité de salut public a donné les ordres les plus pressants pour faire filer des armées des Pyrénées toutes les troupes qui y étaient disponibles; il a porté ses sollicitudes sur toutes les parties administratives de l'armée, pour y faire passer tout ce qui peut lui être nécessaire. Il reste aux généraux à prendre leurs mesures, à combiner leurs opérations avec cette précision, cette résolution et le secret qui sont le sûr garant de la victoire.

Lorsque les renforts seront arrivés à l'armée d'Italie, elle s'emparera des positions de Saint-Bernard, Saint-Jacques, Vado.

Les Autrichiens se retireront alors sur Montenotte inférieur, Montenotte supérieur, afin de protéger l'évacuation de leurs magasins et d'observer les mouvements ultérieurs de notre armée. Il est indispensable de les chasser de ces positions intéressantes, soit en les y attaquant de vive force, soit par une fausse marche sur Sassello, menacer leur communication avec Alexandrie. La promptitude à suivre la victoire que l'on aurait remportée en les chassant de Saint-Jacques et de Vado sera le sûr garant du succès que l'on obtiendra à l'attaque de Montenotte.

Lorsque l'on aura obligé les Autrichiens à se retirer du côté d'Alexandrie le plus qu'il sera possible, l'on se portera par Millesimo sur Biestro et Montezemolo, dans le temps que la division restée à

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