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même, le serait par l'effet moral qu'elle produirait sur la brave armée que vous commandez, et par la diversion très-avantageuse au projet que les ennemis pourraient avoir sur Savone.

Si des circonstances locales ou accidentelles vous faisaient penser qu'un fourrage armé, dans quelqu'une des vallées de la gauche de l'armée des Alpes, produirait une partie du même but, sans être susceptible des inconvénients quelconques qui pourraient se rencontrer à l'expédition d'Exilles, le Comité s'en rapporte entièrement à votre prudence.

Que les braves soldats que vous commandez se ressouviennent qu'ils sont toujours les vainqueurs du Mont-Saint-Bernard, de Saorgio, du Tanaro et de Cairo! Le Comité vous engage à faire visiter l'ile d'Albenga, à tenir les batteries qui la défendent sur un pied respectable, à y faire placer des grils à boulets rouges; il nous serait très-désavantageux que les ennemis s'en emparassent. Votre tour d'attaquer avec succès et avec des moyens proportionnés aux forces de l'ennemi n'est pas éloigné; vous remplirez alors l'attente de la patrie, que vous n'avez cessé de servir avec zèle '.

Dépôt de la guerre.

58.

- A JOSEPH BUONAPARTE.

Paris, 8 fructidor an III (25 août 1795).

J'espère que tu auras un consulat dans le royaume de Naples, à la paix avec cette puissance.

L'on est ici fort tranquille. L'on va renouveler le tiers de la Convention. Je suis accablé d'affaires, depuis une heure après midi; à cinq heures au Comité, et depuis onze heures du soir jusqu'à trois heures du matin.

La loi du 17 nivòse a été discutée hier, et a été décrétée après de très-longues discussions.

Le 20 du mois, l'on va réunir les assemblées primaires et procéder à l'élection du tiers de la législature; après quoi l'on organisera le pouvoir exécutif, et nous nous trouverons gouvernés par la nouvelle Constitution.

Nous n'avons aucune nouvelle. Le Rhin sépare nos armées; le siége de Mayence ne se fait pas. La Vendée est toujours dans le même état. Nos troupes des armées des Pyrénées filent à l'armée d'Italie et de la Vendée.

Mémoires du roi Joseph.

BUONAPARTE.

1 Cette pièce, sans signature, a été rédigée par le général Bonaparte.

59. A JOSEPH BUONAPARTE.

Paris, 12 fructidor an III (29 août 1795).

L'on ne peut liquider notre affaire Milleli sans les pièces justificatives.

L'armée de l'intérieur a accepté la Constitution. Plusieurs sections de Paris ont demandé l'éloignement de la force armée et la révocation du décret qui restreint le renouvellement de la Convention au tiers; elles ont été très-mal reçues. Tout est d'ailleurs assez tranquille; le peuple de Paris en masse est bon; quelques jeunes gens voudraient pousser plus loin la réaction, mais cela n'est pas dangereux. Adieu, mon cher ami; santé, gaieté et bonheur. Je n'ai rien reçu de Marseille de ce que tu m'annonces,

BUONAPARTE.

Mémoires du roi Joseph.

60. LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

AU GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE D'ITALIE.

Paris, 13 fructidor an III (30 août 1795). Nous vous faisons passer, Général, une note qui nous a été envoyée de Suisse.

Nous avons examiné avec attention le projet que l'on suppose à l'ennemi; nous l'avons trouvé conforme à ses vrais intérêts et à la répartition actuelle de ses troupes.

Les hauteurs de Briga sont effectivement la clef du département des Alpes-Maritimes, puisque l'on peut de là intercepter le grand chemin, et dès lors nous obliger à évacuer Tende.

Nous vous engageons à y porter une sérieuse attention, et à placer quelques troupes qui puissent au besoin renforcer nos postes des hauteurs de Briga, et tenir en observation les mouvements que ferait l'ennemi partant du camp de Briga.

Votre droite serait peut-être mieux appuyée si elle était sur les hauteurs de Caprauna, et dès lors plus près d'Ormea.

Il y a, entre Caprauna et la position de la tête de votre ligne, des chemins par où l'ennemi peut s'introduire, partant de Garessio, et attaquer par derrière dans le temps que les colonnes parties de leurs positions actuelles attaqueraient de front. Peut-être aussi que cette ligne eût été plus forte, plus courte, plus facile à défendre, si la droite eût été appuyée sur les hauteurs qui couvrent Alassio, et eût suivi la crête des montagnes qui dominent l'Arrosia.

Ces idées que le Comité vous communique sont du reste absolu

ment subordonnées aux circonstances et à la force respective des deux armées; c'est à vous à les apprécier et à agir en conséquence.

L'audace des chaloupes anglaises et l'indolence des Génois, qui laissent enlever dans leurs rades leurs propres bâtiments, vous prescrivent de faire établir une batterie avec un gril à boulets rouges dans un point où elle puisse accorder protection et sûreté à nos convois. Vous devez à cet effet vous concerter avec le gouverneur de SanRemo, et exiger de lui qu'il fasse établir ladite batterie, ou du moins qu'il fournisse de San-Remo, ou de quelque autre point, le peu de pièces qui sont nécessaires pour cette batterie.

Le Comité attend avec quelque impatience que les secours qui doivent être arrivés rendent à nos armes l'audace que la victoire couronne, et rétablissent une bonne fois la supériorité que doivent avoir les braves soldats de la liberté '.

Dépôt de la guerre.

61. — NOTE DU GÉNÉRAL BUONAPARTE *.

13 fructidor an III (30 août 1795). Dans un temps où l'impératrice de Russie a resserré les liens qui l'unissaient à l'Autriche, il est de l'intérêt de la France de faire tout

1 Cette minute porte la signature de Doulcet; mais elle est entièrement de la main du général Bonaparte. La mise au net a été signée et expédiée le lendemain par les membres du Comité de salut public, Doulcet, Louvet, Merlin (de Douai), Jean Debry, Le Tourneur et Sieyès.

2 En marge de cette pièce, on lit les apostilles suivantes :

Le général de brigade Buonaparte a servi avec distinction à l'armée des Alpes, où il commandait l'artilleric. Mis en réquisition près le Comité de salut public, il a travaillé avec zèle et exactitude dans la division de la section de la guerre chargée des plans de campagne et de la surveillance des opérations des armées de terre; et je déclare avec plaisir que je dois à ses conseils la plus grande partie des mesures utiles que j'ai proposées au Comité pour l'armée des Alpes et d'Italie. Je le recommande à mes collègues comme un citoyen qui peut être utilement employé pour la République, soit dans l'artillerie, soit dans toute autre arme, soit même dans la partie des relations extérieures.

DOULCET.

En adhérant aux sentiments qu'exprime mon collègue Doulcet sur le général de brigade Buonaparte, que j'ai vu et entretenu, je crois que, par les motifs mêmes qui fondent son opinion et la mienne, le Comité de salut public doit se refuser à éloigner, dans ce moment surtout, de la République, un officier aussi distingué. Mon avis est qu'en l'avançant dans son arme le Comité commence à récompenser ses services, sauf ensuite, après en avoir conféré avec lui, délibérer sur sa proposition, s'il y persiste. 27 fructidor an III.

JEAN DEBRY.

ce qui dépend d'elle pour rendre plus redoutables les moyens militaires de la Turquie.

Cette puissance a des milices nombreuses et braves, mais fort ignorantes sur les principes de l'art de la guerre.

La formation et le service de l'artillerie, qui influe si puissamment dans notre tactique moderne sur le gain des batailles, et presque exclusivement sur la prise et la défense des places fortes, est encore dans son enfance en Turquie.

La Porte, qui l'a senti, a plusieurs fois demandé des officiers d'artillerie et du génie; nous y en avons effectivement quelques-uns dans ce moment-ci; mais ils ne sont ni assez nombreux ni assez instruits pour produire un résultat de quelque conséquence.

Le général Buonaparte, qui a acquis quelque réputation en commandant l'artillerie de nos armées en différentes circonstances et spécialement au siége de Toulon, s'offre pour passer en Turquie avec une mission du Gouvernement; il mènera avec lui six ou sept officiers, dont chacun aura une connaissance particulière des sciences relatives à l'art de la guerre.

S'il peut, dans cette nouvelle carrière, rendre les armées turques plus redoutables, et perfectionner la défense des places fortes de cet empire, il croira avoir rendu un service signalé à la patrie et avoir, à son retour, bien mérité d'elle.

Archives de l'Empire.

62.

BUONAPARTE.

A JOSEPH BUONAPARTE.

Paris, 13 fructidor an III (30 août 1795).

J'ignore ce qu'est devenu Antoine Rossi; on m'assure qu'il vit près d'Avallon, en Bourgogne. La paix avec l'Empire se traite. La Vendée a toujours des forces; on prétend que les Anglais veulent tenter un nouveau débarquement.

Je voudrais avoir mon portefeuille avec tous mes papiers. Donnemoi des nouvelles de la situation politique de la Corse.

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Tu as désiré avoir des lettres pour Villard de la part de son père;

je te les envoie.

Chiappe doit aller à l'armée des Alpes; Ritter et Mayre restent à celle d'Italie.

Il y a ici, comme partout, un peu de mouvement dans les têtes, à cause du renouvellement de la Convention; les royalistes s'agitent : nous verrons comme cela tournera.

Demain est l'adjudication de la terre que je veux t'acheter.

Schérer passe à l'armée d'Italie, Kellermann à celle des Alpes, Canclaux à celle des côtes de la Méditerranée; c'est un camp que l'on forme pour surveiller les mouvements des malintentionnés du Midi. Hoche passe à la Vendée, Moncey aux côtes de Brest.

Je continue auprès du Comité de salut public. J'attends tes lettres pour me décider.

Mémoires du roi Joseph.

BUONAPARTE.

64. A JOSEPH BUONAPARTE.

Paris, 19 fructidor an III (5 septembre 1795).

Le Comité a pensé qu'il était impossible que je sortisse de France tant que durera la guerre. Je vais être rétabli dans l'artillerie, et probablement je continuerai à rester au Comité.

Après-demain ont lieu ici les élections et les assemblées primaires. La paix avec Hesse-Cassel est ratifiée.

Les biens nationaux et des émigrés ne sont pas chers; mais les patrimoniaux sont à des prix fous.

Si je reste ici, il ne serait pas impossible que la folie de me marier ne me prit. Je voudrais à cet effet un petit mot de ta part là-dessus; il serait peut-être bon d'en parler au frère d'Eugénie; fais-moi savoir le résultat, et tout est dit.

Chauvet, qui va à Nice dans dix jours, te porte les livres que tu as demandés.

Le célèbre évêque d'Autun et le général Montesquiou ont la permission de rentrer, et sont effacés de la liste des émigrés.

Mémoires du roi Joseph.

BUONAPARTE.

65. A JOSEPH BUONAPARTE.

Paris, 20 fructidor an III (6 septembre 1795).

Le consulat de Chio est vacant; mais tu m'as dit que tu ne voulais pas d'une île. J'espère quelque chose de mieux en Italie.

On a décidé hier que tout homme qui aurait soutenu le siége de

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