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EN CAMPAGNE

Sarreguemines, 1er août.

Ceci est sans doute ma dernière lettre pacifique. Je veux dire qu'avant huit jours la campagne sera commencée, et que ces feuillets sentiront la poudre. Cette fois encore, je n'ai assisté qu'à des marches en pleins champs, à des étapes en pleines routes, et je n'ai entendu que de loin les coups de feu des premières escarmouches. Le correspondant finirait bien vite, à ce compte, par trouver la vie monotone. Outre qu'il est étranger dans ces camps, il se lasse. Il se divise en une infinité de variétés, dont on pourrait écrire la physiologie à à côté des physionomies militaires.

- Ont-ils pas l'air de Prussiens, ces pierrots-là! | le meilleur fils du monde, et si différent de
disait un grand diable roux, au crâne rasé comme
un moine de Zurbaran.

Le coiffeur faisait la toilette à ceux qui vou-
laient. D'une longue paire de ciseaux grincants,
il tondait ou taillait les barbes. La boîte à savon,
où moussait le blaireau, traînait à ses côtés, dans
l'herbe. On assiégeait la cantine. Les voltigeurs
appelaient, criaient:

Allons, du vin, madame Pelletan!

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aïeux, de ces bandes de la royauté qui, ara
Louvois, pillant et dévorant tout, faisaients
leur chemin métier de sauterelles. Comparez
Zouaves formidables et jusqu'aux turcos à
soldats du duc de Lorraine dont leur général
sait : « Chacun de mes hommes a un diable
« corps, et ce diable, à la vue du pillage, se m
tiplie en trois ou quatre vigoureux diablotis
Aujourd'hui, ce n'est point le pillage, c'est

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Mme Pelletan est le nom de la vivandière des danger qui fait naître (génération spontanée enlère mes
en fut) ces diablotins-là ! C'est ce duc de Lorraite sous la
si charmantaux yeux de la grande Mademoiselle,
avait écrit sur ses étendards: frappe fort, prin
tout, ne rends rien. Aujourd'hui, le moindre serge
mettrait la main au collet de Monseigneur et
mènerait droit au grand-prévôt.

voltigeurs. Près de là, non loin des faisceaux des fantassins, les lances des lanciers laissaient frissonner au vent leurs banderolles blanc et rouge. Ils portent maintenant, ces lanciers, la veste bleue, peut-être depuis l'aventure de Desenzano, la panique au lendemain de Solferino, lorsqu'on aperçut, à l'horizon, une longue file de cavaliers Nous avons le correspondant sévère, qui emblancs qu'on prit pour des Autrichiens. On releporte et lit Jomini, étudie le Droit des Gens, cite vait les blessés, on les conduisait aux ambulanMartens et traduit Polybe à livre ouvert. Celui-là ces. Lorsqu'on vit ces vestes blanches, la terreur est rare. Puis le correspondant fantaisiste, suivant fut soudaine, électrique, insensée. On jetait les la campagne comme il ferait le voyage de Saint- blessés à terre, on coupait les brides des chevaux, blessés à terre, on coupait les brides des chevaux, Cloud, et ne voyant qu'une partie de plaisir dans on ne songeait qu'à fuir. La fameuse panique du cette partie de douleur. Le correspondant fantai- lendemain de Wagram, dont parle en son livre siste est, à l'armée, un fléau. Il arbore des costusur l'armée française le prince Frédéric-Charles, mes improbables, se passe des pistolets à la ceinavait son pendant. On apprit bientôt que les préture et se donne gratuitement des allures de tendus cavaliers autrichiens étaient des lanciers bachi-bouzouck. Son rêve est d'être pris pour un de la garde. Aujourd'hui, leur veste bleu de ciel officier étranger, un irrégulier : il n'est générale-rendrait la méprise impossible On ne les prenment pris que pour un espion. Le correspondant drait plus pour des uhlans. qui voit les batailles du fond d'une chambre d'hôtel est très-répandu. Il confectionne, avec les articles de journaux de la localité, des articles pour les journaux de Paris, où généralement il se met en scène. Il n'hésite pas à s'écrier, comme le pigeon de La Fontaine : J'étais là, telle chose m'advint.

Il ne lui advient jamais rien que la note de l'hôtelier, à l'heure du départ.

Le correspondant qui va au-devant des balles, décrit les combats de visu et prend des notes sous la fusillade, est plus rare. Il se rencontre surtout dans les pièces de théâtre. Un biscaïen lui enlève son encrier portatif, et, comme Junot à Toulon, il poudre son papier avec du salpêtre. Invention de dramaturge.

Il y a le voyageur à pied et le voyageur à cheval, l'infanterie et la cavalerie des reporters. Il y a même le reporter en voiture. Sous ce rapport, les journalistes anglais et américains sont considérablement mieux outillés que nous. Ils ont un véritable armement de campagne. D'une tenue modeste, amplement bourgeoise, ils ont des résolutions admirables; ils feraient comme Pline, ils prendraient des notes jusque sous l'irruption d'un volcan. Combien de reporters se sont fait tuer durant la guerre de sécession, en Amérique, cela simplement pour envoyer des informations plus exactes à leurs journaux!

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Les peintres qui suivent l'armée tiennent de l'artiste et du soldat. Meissonier, en 1859, arrivait à Solferino sur un cheval de 10,000 fr. Le cheval, éperonné, essoufflé, était mort le lendemain. Meissonier, cette fois, ne suivra point la campagne, et tout au plus Beaucé pourra-t-il trouver place au quartier-général du maréchal Bazaine; mais, du côté des Prussiens, Hacklander, me dit-on, entend raconter l'histoire de ces batailles, Hacklander, l'auteur pittoresque, spirituel et narquois de la Vie militaire en Prusse, un Mérimée mêlé de Paul de Kock. J'ai bien peur, façon de que M. Hacklander n'ait pas à conter parler, beaucoup de victoires. Il suffit de voir cette admirable armée française pour se convaincre de ce qu'elle va faire. La garde, arrivée a Metz, campe au Polygone. C'est plaisir d'aller, dè venir dans ce camp, où le moindre détail est attachant et pittoresque. Hier, j'étais là à l'heure du déjeuner. Accroupis, les grenadiers tiraient de la gamelle le bouillon chaud, sur lequel ils soufflaient, ou une pomme de terre qu'ils laissaient refroidir, à l'air, dans la cuiller. Les officiers mangeaient sous la tente, causant et riant. Des zouaves faisaient sauter dans de la farine des goujons pris, unc heure auparavant, dans la Moselle,

Le camp est vaste, plein de troupes. Les artilleurs en vestes noires, les grenadiers aux bonnets superbes, les galons jaunes des voltigeurs, les larges pantalons des zouaves, tout se croise, se heurte, se mêle, va, vient, bruit. Les soldats chantent, dorment, lisent, écrivent, mangent. Dans une guinguette abandonnée, des sous - officiers trinquent gaiement. On songe, en regardant de loin ce fourmillement, ce pétillement de couleurs, ces taches rouges ou bleues sur un fond vert, ces tentes aplaties au milieu desquelles se dresse une tente plus haute, à certains tableaux d'Eugène Fromentin, qui rendent bien pareille expression, mais orientalisée.

Dans quelques jours, d'une marche soudaine, sans doute ces troupes aguerries, qu'on sent solides au sol, clouées au poste, seront à la frontière. On se bat déjà aux avant-postes. Escarmouches sans importance, qui coûtent cependant la vie à des hommes. Chaque matin, des reconnaissances. Les cavaliers suivent des chemins bordés de haies et s'en vont en Prusse. Ils étonnent profondément les pauvres paysans lorsqu'ils ne pillent point. A Perl, de l'autre côté de Sierck, les habitants, effrayés à l'arrivée des Français, se sont barricadés d'abord; puis, s'enhardissant, ils ont risqué un œil à travers le volet, pour voir, puis ils ont ouvert la fenêtre, puis ils ont allongé le bout de leur nez, puis ils ont montré leur visage, et enfin, tremblants, ils sont sortis. Les uns apportaient du vin, les autres du tabac aux cavaliers français, qui riaient. Les Français ont tout payé. Stupéfaction des habitants, que leurs compatriotes avaient assez maltraités, deux jours auparavant, en buvant leur bière.

Un des chasseurs me contait l'étonnement naïf d'une jeune fille qui, dans son patois semi-allemand, disait, stupéfaite On nous mentait, vous n'êtes point méchants, vous êtes chentils. Il faut bien donner, ajoutait le soldat, des leçons de politesse à ces « mangeurs de saucisses. » Le troupier français appelle le Prussien mangeur de saucisses, comme le boy anglais nous appelle, en goguenardant, mangeurs de grenouilles. Le reproche à propos des mets absorbés est, paraît-il, une injure internationale.

Cette façon de procéder de notre armée, tout payer, la fait singulièrement respecter. Nous guerroyons humainement, en gens désolés d'en venir aux fusillades. Tout ce qui peut adoucir cette atrocité, le soldat l'invente. Il n'est terrible qu'au feu, dans cette ivresse farouche de la fusillade, dans l'atmosphère chaude, l'odeur de carnage, la vapeur qui donne aux veines ce que Dante appelle la luxure du sang, Au demeurant,

La guerre, comme toute chose, se civilise! Elle n'en est, après tout, que plus effrayante. canon n'est plus l'ultima ratio des rois; c'est présent le picrate de potasse, ou tout au moins mitrailleuse. Ces actrices futures du grand dra de demain, les mitrailleuses, font leur entr dans les villes, masquées et mystérieuses. On essaie à huis-clos, on les cache, on leur appren leur rôle pour le bon moment. Elles ont u manche tournant comme une roue, une man velle qui les fait ressembler à quelque orgue fa tastique dont les airs seraient effroyableme meurtriers, dont la moindre note serait mortell Les soldats les regardent passer àvec un certai respect sérieux, et les artilleurs qui les conduiser frisent leurs moustaches en prenant des airs in portants.

Les servants des mitrailleuses seront les hér de la guerre de 1870, à moins que les mobiles s'en mêlent. Les mobiles montrent déjà, cà et là leurs uniformes bruns. Ils ont vraiment bonn tournure. On est militaire ou on ne l'est pas. La boulevardier devenu soldat a perdu l'ironie qui promenait sur l'asphalte. On dirait qu'il fait p nitence. Il a aussi un brin de fierté. Si l'uniforme était plus élégant, sa fierté serait de l'allégresse. Mais on prend la tunique qu'on vous donne, et, le fusil sur l'épaule, on part en chantant. Ce l'égalité : duc ou chiffonnier, en chemin!

Le Rhin lui seul peut retremper nos armes. Et c'est la route du Rhin qu'on prend, le Rhin, où. l'an dernier, joueurs, joueuses, flâneurs, désœu vrés, grands seigneurs, artistes, faquius, aventu riers, tout le high-life et tout le bas monde se ruait les uns vers le gros bras de Lichtenthal les autres vers les petites prairies qu'arrose la Lahn.

On a tout de même de la chance, me disait un caporal. Moi qui n'ai jamais vu Bade! Quelle occasion, si j'allais faire sauter la banque !

Ma foi, qui sait? Avec une bombe! C'est ainsi qu'on rit et qu'on prend le temps comme il est et la guerre comme elle vient. Ici à Sarreguemines, à deux pas de l'ennemi, on se baigne, on pêche à la ligne, on sommeille et on attend. Des canards prussiens rencontrent sur la Sarre des canards français, et quelle ardeur belliqueuse les pousse? les voilà qui se heurtent, pourquoi ? pour un insecte, pour un ver et qui se mêlent et se frappent du bec en battani l'eau de leurs ailes à reflets chatoyants. Vainqueurs ou vaincus, canards d'une rive ou d'une autre, la broche égalitaire les attend. Ils seront plumés et mangés! Les canards se séparent et, en deux longues files, s'en vont Prussiens en Prusse et Français en France, en s'injuriant encore de derniers coin-coins.

Les animaux ont aussi leur rôle dans ces

guerres. Plus d'un régiment a son chien, qu'il appelle Bismark. Un officier, à table d'hôte, me contait ce souvenir de Solférino qui est charmant:

- J'étais de ceux qui attaquèrent et emportérent la Tour du Télégraphe. Comme nous nous tenions en ligne, prêts à l'assaut, tous pâles, écoutant la canonnade et regardant les morts; par hasard. baissant la tête j'aperçus là, sur ma manche gau. che, une petite bête, une cétoine, de ces insectes qu'on appelle bêtes à bon Dieu. Toute ronde, rouge, piquée de points noirs, elle avait comme avec

Je le croire,

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pourront, même après l'occupation par l'ennemi, con-
tinuer à remplir leurs fonctions dans l'hôpital ou l'am-
bulance qu'elles desservent, ou se retirer pour rejoindre
le corps auquel elles appartiennent.

Dans ces circonstances, lorsque ces personnes cesse-
ront leurs fonctions, elles seront remises aux avant-

ART. 4.

Les ressources de la Société se composent du revenu de ses biens de toute nature, du produit des cotisations annuelles (les Membres fondateurs souscrivent un versement annuel de 30 francs; les membres souscripteurs acquièrent ce titre en s'engageant à verser tous les ans une somme qui ne peut être moindre de 6 francs), des dons et legs qu'elle est autorisée à accepter, ayant été reconnue comme établissement d'utilité publique; des offrandes de diverse nature qui lui sont adressées, et enfin des subventions qui pourraient lui être accordées.

En temps de paix, toutes ces ressources sont

Le matériel des hôpitaux militaires demeurant soumis
aux lois de la guerre, les personnes attachées à ces hô-
pitaux ne pourront, en se retirant, emporter que les
objets qui sont leur propriété particulière.
Dans les mêmes circonstances, au contraire, l'ambu- accumulées pour former un fonds de réserve que
lance conserve son matériel.

peine replié ses ailes sous ses élytres. On les
voyait qui passaient presque fripées. Je me dis:
Pauvre petite bête! tu vas aller au feu, toi, avec
Aller au feu! Elle ne risquait rien.
la grande !
C'est trop petit pour une balle. Je fis pourtant du
bout de l'ongle un geste pour la chasser, puis je postes ennemis par les soins de l'armée occupante.
je dis Non! Qui sait! Ça me portera bonheur.
Vous savez, on est superstitieux en campagne.
C'est vrai, on croit à un tas de choses. Tout à
coup, en avant, le pas de charge! Il faut monter,
j'enlève mes hommes. On attaque, on baisse la
tête sous la fusillade, on se bat, on sabre, on
avance, on recule. J'en ai vu tomber, je vous prie
de le croire, autour de moi trois officiers, dont
un ami, mon ancien, à Saint-Cyr. Sa cervelle a
jailli sur mes souliers. Enfin, que voulez-vous ?
Seulement, lorsque tout fut fini, bien fini, que
les autres reculèrent, je m'assis, harassé, sur un
tronc d'arbre, et voilà que, prenant mon mouchoir
pour m'essuyer le front, je retrouvai, sur ma tu-
nique, à la même place, la petite bête à bon Dieu.
Elle avait fait bataille avec moi et — je vais vous
dire ça entre nous, la maman, l'autre jour,
m'a cousu dans mon gilet une bête à bon Dieu,
en souvenir de l'autre qui m'a porté bonheur.
C'est bête comme tout, n'est-ce pas ? A votre
santé !

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ART. 5.

Les habitants du pays qui porteront secours aux blessés seront respectés et demeureront libres.

Les généraux des puissances belligérantes auront pour mission de prévenir les habitants de l'appel fait à leur humanité, et de la neutralité qui en sera la conséquence.

Tout blessé recueilli et soigné dans une maison y servira de sauvegarde. L'habitant qui aura recueilli chez lui des blessés sera dispensé du logement des troupes, ainsi que d'une partie des contributions de guerre qui seraient imposées.

ART. 6.

Ce dernier verre bu avant le combat, cette santé, cet au revoir, dit et répété devant l'ennemi, il a une tristesse mâle et une poésie pénétrante! On se dit: A bientôt! à Paris! On se donne sa parole d'honneur que ce repas fait à Metz, ou à Sarregue- soignés, à quelque nation qu'ils appartiennent. mines, ou au camp, à la veille de la bataille, on le refera à Paris, au lendemain de la paix ! Ma parole d'honneur!

Les militaires blessés ou malades seront recueillis et

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La généreuse institution dont nous allons parlerest due, en grande partie, à l'initiative d'hommes de cœur qui avaient vu de près les horreurs du champ de bataille; ils n'ont pas voulu que l'éloquence terrible des faits qu'ils racontaient restât stérile; leur zèle infatigable leur a suggéré les moyens de combattre et d'atténuer les maux de la guerre. Grâce à eux, la Société internationale de secours a été fondée sur la base solide d'un traité diplomatique auquel ont adhéré tous les États de l'Europe.

Les commandants en chef auront la faculté de re-
mettre immédiatement aux avant-postes ennemis les

militaires ennemis blessés pendant le combat, lorsque
les circonstances le permettront, et du consentement
des deux parties.

Seront renvoyés dans leur pays ceux qui, après gué-
rison, seront reconnus incapables de servir.

l'on consacre en partie à l'acquisition du matériel de la Société et des objets en nature indispensables au soulagement des blessés, lorsque le moment d'agir sera venu. L'excédant des recettes est placé en rentes sur l'État et en Obligations des chemins de fer francais.

Les autres pourront être également renvoyés, à la condition de ne pas reprendre les armes pendant la durée de la guerre.

Les évacuations, avec le personnel qui les dirige, seront couverts par une neutralité absolue.

ART. 7.

Dès que la guerre est déclarée, le Comité central délègue un de ses membres auprès du commandant en chef et de chaque commandant de corps d'armée ou d'escadre. Ces correspondants ont pour mission de préparer l'établissement des ambu lances et de se concerter avec l'intendance et les chefs du service de Santé militaire, dont la Société forme en quelque sorte la réserve.

Un drapeau distinctif et uniforme sera adopté pour les hôpitaux, les ambulances et les évacuations. Il devra être, en toute circonstance, accompagné du drapeau national.

Un brassard sera également admis pour le personnel neutralisé; mais la délivrance en sera laissée à l'autorité militaire.

Le drapeau et le brassard porteront croix rouge sur fond blanc.

Pour étendre son action et multiplier ses ressources, le Comité central a provoqué, en France et dans toutes les possessions françaises, la formation de Comités sectionnaires en nombre illimité; on en compte déjà de très-importants à Lyon, à Compiègne, à Colmar, à Grenoble, au Havre, à Laon, à Mâcon, à Montpellier, à Marseille, à Nîmes, à Tours, à Saint-Quentin, etc., etc.

Des dispositions analogues ont été prises pour assurer protection et secours aux blessés de la marine. Le personnel et les bâtiments hospitaliers

La Société internationale de secours a déjà fait ses preuves. Au lendemain de sa création, sans organisation, presque sans ressources, elle eut à exercer son action bienfaisante dans une des grandes guerres de notre époque, la guerre d'Allemagne de 1866. Au premier appel du Comité de Berlin, des milliers de jeunes gens accoururent se mettre à sa disposition; le brassard blanc et rouge parut sur tous les champs de bataille. Malgré les obstacles de toutes sortes engendrés par l'insuffisance des moyens d'action et la succession rapide des événements militaires, les résultats furent merveilleux. Dr DE LOSTA LOT.

(La fin prochainement.)

SOUSCRIPTION PATRIOTIQUE

Désormais, un blessé est déclaré neutre, à quel. profitent du bénéfice de la neutralité: il s'étend En faveur des Armées de Terre et de Mer

que pays qu'il appartienne; il perd momentanément sa nationalité et devient citoyen de la patrie humaine, qui ne reconnaît aucune frontière. Pour la première fois dans l'histoire, on aura vu consacrer officiellement l'union de la politique et de l'humanité.

La convention internationale, signée à Genève le 22 avril 1864, comprend un grand nombre d'articles. Nous allons citer les premiers, qui établissent nettement les droits respectifs des peuples belligérants. Leur importance n'échappera à per

sonne.

ARTICLE PREMIER.

Les ambulances et les hôpitaux militaires seront reconnus neutres, et, comme tels, protégés et respectés par les belligérants, aussi longtemps qu'il s'y trouvera des malades ou des blessés.

La neutralité cesserait, si ces ambulances ou ces hòpitaux étaient gardés par une force militaire.

ART. 2.

Le personnel des hôpitaux et des ambulances, comprenant l'intendance, les services de santé, d'adminis-tration, de transport de blessés, ainsi que les aumôniers, participera au bénéfice de la neutralité lorsqu'il fonctionnera et tant qu'il restera des blessés à relever ou à secourir,

ART. 3.

même aux embarcations privées et aux navires de
commerce qui auraient recueilli des naufragés ou
des blessés. En échange des services rendus, dans
ce cas, à leurs nationaux, les puissances belligé-
rantes ont décidé que le chargement de ces navi-
res serait également respecté. C'est le cas de dire
aux bateaux marchands égarés dans les eaux d'un
combat naval : Sauvez-vous par la charité! Il leur
suffira de hisser, à côté de leur pavillon national,
le pavillon blanc à croix rouge, pour réclamer le
bénéfice de la neutralité.

En France, la Société de secours aux blessés mi-
litaires est placée sous le patronage de l'Empe-
reur, de l'Impératrice et du Prince impérial. La
haute direction de ses travaux est confiée à un
Conseil siégeant à Paris, sous la présidence hono-
raire des ministres de la guerre et de la marine.
Le président de fait est M. le comte de Flavigny,
qui a succédé dans cette haute fonction au général
de Goyon. Le conseil, composé de cinquante mem-
bres élus par l'assemblée générale des fondateurs,
nomme pour trois ans un Comité d'administra-
tion chargé d'organiser tous les moyens d'action
en personnel et en matériel. Il dirige l'instruction
de ses agents et pourvoit à tous leurs besoins sur
les divers points où ils sont appelés; il reçoit les
dons et secours et il en fait emploi suivant les né

Les personnes désignées dans l'article précédent cessités du service,

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THEATRE DE LA GUERRE

LE LITTORAL

Nous avons fait voyager récemment nos lecteurs sur ces frontières de terre où commence une formidable lutte. Nous voulons aujourd'hui les conduire dans les parages où notre brave marine va porter ses manœuvres hardies. Quels sont ses projets ? Où se rend-elle exactement? Nous n'en savons absolument rien, et, si nous le savions, nous ne le dirions pas. Mais il est permis de faire un voyage idéal sur les côtes qui peuvent ètre visitées par elle.

Partons donc de Cherbourg, franchissons la Manche et le Pas de Calais, passons devant Dunkerque, notre extrême défense du Nord, laissons sur la droite Ostende, qui s'étale gaiement sur la plage de la Flandie belge, puis les larges bouches de l'Escaut, qui conduisent à Anvers, la ville commerçante, artistique et lettrée à la fois, la ville aux congrès de toutes sortes, à la gracieuse et large hospitalité.

Longeons les côtes basses et curieuses de la Zélande, de la Hollande et de la Frise, que la mer a envahies si terriblement à diverses époques, mais particulièrement au treizième siècle, quand elle forma les golfes du Zuider-Zee et du Dollart; nous apercevons dans le lointain ces digues élevées avec tant de soin et de patience contre le poids énorme et les tempêtes de l'Océan, ces murs de fascines, de roseaux, de sable et de quelques pierres, ces polders fertiles, protégés par de si ingénieux remparts...

Nous passons devant les trois larges bouches de la Meuse et devant l'étroite embouchure du Rhin, dans laquelle on ne reconnaît guère ce majestueux fleuve que nous avons vu en France et en Allemagne. Comment a-t-il donc, perdu sa puissance? Il s'est épuisé en vingt bras qui s'écoulent dans la Meuse et le Zuider-Zee; il a partagé ses forces, ce pauvre vieux roi des fleuves, et voilà la cause de sa faiblesse ! Avis aux chefs des hommes !

Saluons, à l'entrée du Zuider-Zee, l'île de Texel, qui rappelle ce singulier combat de 1794, où un régiment de cavalerie française s'empara de la flotte hollandaise bloquée par les giaces.

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hambourgeois, est le chemin de Hambourg, le
grand port de commerce de l'Allemagne, ville
soi-disant libre, mais qui est bel et bien courbée
sous le joug de la Prusse, à peu près autant
qu'Altona, son importante voisine, presque son
faubourg, et l'une des conquêtes prussiennes
de 1864. Ces deux points ne sont pas fortifiés et
pourraient aisément tomber en notre pouvoir;
mais il faudrait compter auparavant avec la
place forte de Stade, qui commande ie fleuve vis-
à-vis de l'embouchure de la Schwinge.

En remontant l'Elbe davantage, nous pénétre-
rions entre le Hanovre et le Mecklenbourg, puis
entre le Brandebourg et la province de Saxe, qui
sont le cœur même du royaume de Prusse. Mais
au milieu de cette dernière province, la grande
et très-forte place de Magdebourg vient se dresser
sur notre passage.

Retournons à la mer; laissons au large l'île de Helgoland, sentinelle anglaise très-bien placée pour Helgoland, sentinelle anglaise très-bien placée pour observer les bouches du Weser et de l'Elbe, et circulons à travers le labyrinthe d'iles et de bancs de la côte occidentale du Holstein et du Slesvig, de ce Slesvig que nous nous plaisons à écrire ainsi, à la manière danoise, et non Schleswig, à la manière allemande, car nous espérons bien qu'il retournera à son ancien royaume, le Danemark, auquel l'a arraché une conquête déloyale et violente. Cette injustice, nous aurions dù l'empêcher, et nous cherchons à la punir aujourd'hui.

La population de cet intéressant pays est tout à la fois frisonne, danoise et allemande, et a ainsi des aspirations diverses; le Nord est, du moins, bien certainement au Danemark de cœur et d'âme, aussi bien que de droit, d'après le traité de Prague, dont l'inexécution sur ce point est une des causes du grand conflit actuel.

Mecklenbourg, et arrivons tout de suite à t
positions capitales marquées par les embou
res de l'Oder, de la Vistule et du Niémen.
Au nord-ouest de l'embouchure de l'Oder, est
de Rügen, dont la Prusse est occupée à faire,
puis quelques années, une des principales static
de sa marine militaire. Un grand havre sy
fonce, merveilleusement garanti par les retours
la côte et par l'ile de Hiddensee; l'importan
place forte de Stralsund est vis-à-vis, sur le riva

bas de Poméranie.

Veut-on pénétrer dans l'estuaire même l'Oder, formant une espèce de golfe intérie connu sous le nom de Pommersches-Haff? On arrêté par deux îles, Usedom et Wollin, qui e ferment presque hermétiquement l'entrée. On n'a pour arriver dans le haff, que deux chenaux étrois la Peene et la Swine. Si l'on parvient à franchir passages, on trouve dans l'estuaire une navigation facile, qui, remontant l'Oder, porte jusqu'à Stettin capitale de la Pomeranie et le premier port de com merce de la Prusse; ses fortifications offriraient obstacle. Si l'on passe outre, on peut s'avance jusque près de Berlin, dont l'Oder n'est éloign que de quinze lieues. Cette capitale court alors les plus grands dangers; une armée considérab pourrait seule s'opposer à sa chute; mais les Prussiens n'auraient-ils pas d'immenses occupa tions ailleurs?

Vers l'embouchure de la Vistule, s'offre un autre haff ou golfe intérieur, le Frisches-Haff qui reçoit un bras de ce fleuve et n'est séparé de la mer que par un étroit nehrung (langue de terre). Nous sommes là dans la province de Prusse, l'antique et véritable Prusse, qui a été le berceau du royaume actuel; car c'était la possession de l'Ordre Teutonique, un des trois grands ordres de chevalerie formés au temps des croisades; or, les

Faiso ns le tour du Jutland, qui s'allonge en pointe vers le Nord, sous la forme d'un large yata-margraves de Brandebourg, dont les rois de gan ture; nous sommes là en pays danois, en pays ami, et n'est-ce pas sur cette côte qu'un débarquement pourrait le mieux s'opérer, pour s'avancer ensuite par terre à la conquête du Slesvig et du Holstein?

A près avoir franchi les bras de mer connus sous les noms de Skager-Rack et de Cattégat, nous arrivons aux îles danoises de Seeland et de Fionie: là, trois détroits se présentent pour entrer dans la mer Baltique : le plus sûr et le plus fréquenté est le Sund, qui sépare Seeland de la Suède, et qui baigne Copenhague.

Si nous voulions longer la côte orientale du Jutland, nous prendrions le Petit-Belt, malgré ses écueils et ses courants; et nous y verrions l'importante forteresse danoise de Fredericia; puis les ports

C'est au Dollart que commence la côte allemande de la mer du Nord. Même caractère sur toute cette côte que sur celle des Pays-Bas : des rivages noyés, des golfes produits par les invasions de la mer, de nombreux bancs de sable, des îles basses, des digues, des polders, entretenus par une popula-d'Hadersleben et d'Apenrade, que détient injustetion patiente et laborieuse, presque partout d'origine frisonne. Ces parages exigent, de la part des navigateurs, beaucoup d'adresse et de prudence, pour se guider à travers un dédale d'îlots et de bancs. Mais on peut compter sur l'habileté de nos marins et sur les excellentes cartes nautiques dont ils sont munis.

Nous sommes d'abord dans le Hanovre, et le premier port que nous rencontrons est Emden, sur le Dollart, à l'embouchure de l'Ems; il ne serait peut-être pas difficile de l'occuper.

Un peu plus loin, dans le grand-duché d'Oldenbourg, se présente la baie de l'Iafide, qui fut formée tout à coup dans ce treizième siècle d'un souvenir si funeste. La Prusse a fondé de grandes espérances sur la baie de l'Iahde; elle en a acquis de l'Oldenbourg l'entrée sur les deux rives; elle y a disposé, à Heppens, pour sa marine de guerre, un port considérable qu'elle a décoré du nom royal de Wilhemshafen (c'est-à-dire, port de Guillaume), et qui a été puis samment fortifié. Il se passera sur ce point, sans doute, de graves événements.

L'embouchure du Weser, tout près de là, conduit à Bremerhafen, à Vegesack et enfin à la grande ville de Brême, trois ports qui composent la république brémoise. C'est une bonne voie pour pénétrer au cœur du Hanovre, pays qui nous est parfaitement sympathique.

L'embouchure de l'Elbe, dans laquelle nous entrons ensuite vis-à-vis de Cuxhaven, petit port

Prusse sont les successeurs, devinrent, au seizième siècle, grands-maîtres de l'Ordre et souverains du pays qu'il occupait. Ce pays n'est pas du tout allemand d'origine, mais letton et polonais, et il est surpris et mécontent de se voir annexé à la confédération de l'Allemagne du Nord.

Dantzick (en allemand Danzig), le second port commerçant de la Prusse, est sur la branche occidentale de la Vistule; c'est une place très-forte, dont s'empara, en 1807, le général Lefebvre (duc de Dantzick); en obtenant un avantage semblable. on remonterait la Vistule au loin dans l'intérieur d'un pays qui ne serait pas hostile.

fiée, mais qui, une fois prise, nous ouvrirait toute la Prusse orientale.

L'embouchure du Niémen est aussi caractérisée par un long haff, bordé d'un nehrung: c'est le Curisches-haff, où l'on ne peut entrer que par la passe de Memel, défendue par des ouvrages qui ne sont peut-être pas invulnérables. Une fois entré, on rencontre bientôt le fleuve qui baigne Tilsit et qui nous rappelle, entre autres souvenirs fameux, le traité de 1807, l'entrevue brillante de Napoléon Ier et d'Alexandre de Russie, entrevue où le roi de Prusse d'alors joua un rôle bien pâle, bien effacé.

Pour pénétrer dans le Frisches-Haff même, il n'y a qu'une passe, celle de Pillau, dont la forteresse est un obstacle difficile. Si cet obstacle était dompté, on arriverait, à l'extrémité orientale du ment la Prusse, et l'île d'Als (appelée par les Alle-golfe, devant Koenigsberg, qui est en partie fortimands, Alsen), qui devrait de même appartenir au Danemark; les Prussiens y ont commencé d'importantes fortifications, ainsi que sur la côte voisine, à Dobbel ou Düppel, dont les Danois avaient fait une remarquable place forte, détruite pendant la lutte de 1864, et où se termina cette guerre fatale. Le port considérable de Flensbourg se présente ensuite; puis le long bras de mer appelé Slie, impropre à la navigation, et au fond duquel est Slesvig; peu après, l'excellent port d'Eckernfærde; enfin celui de Kiel, avantageusement situé au fond d'un golfe, et dont l'abord est défendu par les ouvrages importants de Frederiksort. Kiel elle-même a été considérablement fortifiée dans ces derniers temps. C'est le roi des ports du Slesvig-Holstein; c'est le pivot des opérations de la Prusse dans cette province; c'est un point qu'elle affectionne et qu'elle surveille tout particulièrement; c'est de là qu'elle veut faire partir le grand canal de navigation de la Baltique à l'embouchure de l'Elbe, pour que sa flotte passe directement d'une mer à l'autre sans demander permission au Danemark. Mais accomplira-t-elle ce vaste projet? Il est permis d'en douter.

Poursuivons notre course dans la Baltique, jetons un coup d'œil sur Travemunde et Lubeck, deux ports d'une prétendue république, qui est dans les mêmes conditions politiques que Ham'bourg; ne nous arrêtons pas sur les côtes du

Qui sait si le traité qui doit terminer la guerre actuelle ne sera pas signé aussi en ce point extrême du royaume de Prusse?

RICHARD CORTAMBERT.

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