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les longues plaines et les collines hautes où tant | sacrifice, à la lutte, soldats qui fraternisent de de mourants doivent appeler et gémir.

Lauderling, dimanche.....

Ce matin, à Sarreguemines, en m'éveillant, le premier visage m'a dit ce que c'était que la jour née d'hier. Visage soucieux. Mauvaise nouvelle. Des forces considérables avaient attaqué notre 2e corps et les Prussiens, embusqués dans les bois, l'avaient forcé à la retraite. On eût deviné le résultat de la journée aux mornes regards des habitants. Après une nuit d'insomnie, je sors par la ville. De rares passants, des soldats qui vont et viennent. Un brouillard intense monte de la Sarre et noie les horizons comme dans un immense fond d'estompe. Du côté de Neurkirchen, on a barricadé le pont, on a jeté en travers ces beaux marronniers, à l'ombre desquels j'avais marché la veille, les troncs d'arbres, les grosses branches s'appuient sur un talus de terre élevé en hâte. Se défendre, se défendre en France, se défendre contre les Prussiens!

Une compagnie du 84e est là, veillant, le fusil chargé. Les soldats ont passé la nuit dans ce brouillard. Beaucoup, harassés, le long du pont, s'endorment sur leurs sacs; d'autres, le cou enveloppé de foulards, se tiennent derrière les arbres, le chassepot à la main et prêts à faire fen. On sera attaqué aujourd'hui, dit-on. Il est six heures du matin. Un lieutenant de chasseurs, qui revient de Forbach, me dit :

Nous allons avoir du tam-tam! Machinalement, cherchant un ami, j'entre dans une ambulance près du pont, et tout aussitôt je recule. Les blessés, étendus sur leurs lits, gémissent ou dorment d'un sommeil de plomb, écrasés. On a enveloppé la tête de plus d'un d'entre eux d'un filet de gaze pour chasser les mouches des blessures. Un grenadier du 8, frappé d'une balle au flanc, me conte la fusillade effroyable, le manque de munitions, l'impuissante charge à la baïonnette sur un ennemi qui tirait à détonation continue :

-Nous avons fait le possible, monsieur, croyezle bien, et nous sommes de braves gens!

Pauvre héros inconnu, modeste et sublime! Un autre, un malheureux soldat du 66°, gémit comme un enfant, et geint avec des cris plaintifs de petit oiseau blessé. La plupart dorment, brisés par la fatigue et terrassés par une sorte d'hébétude sinistre.

On amène, de ce côté, beaucoup de blessés. Des chirurgiens descendent à mon hôtel. Ils n'ont rien mangé depuis trente-six heures. Depuis la veille au matin ils ont pansé, soigné, amputé. Un aumônier parmi eux se plaint d'avoir perdu ses bagages. Tout à coup, sur la route, un grand mouvement. C'est le corps d'armée engagé la veille et qui revient. Pâles, ceux qui le commandaient vont lentement au pas de leur cheval. Les soldats, poudreux, sordides, superbes, écrasés mais invaincus, suivent, les uns harassés, l'œil fixe, les chairs affaissées, sortes de gâteux épiques, marchant toujours et toujours sans une plainte; les autres relevant le front, les yeux en feu, sont prêts à recommencer la fusillade interrompue. Cette armée, décimée, mais en bon ordre, monte vers Puttelange, régiment par régiment, laissant voir, de temps à autre, des vides terribles et glorieux. Après une nuit de marche, une nuit de fatigue accablante succédant à une journée de formidable lutte, ils vont, trouvant encore, sous tant d'accablements, le mot pour rire :

- Allons, bon ! il nous faut encore monter cette côte!

Eh bien ! et la soupe!

- Ah! bah! on s'en passera! - A l'assaut! Et hisse!

Ils rient, ceux du 66, ceux du 76o, ceux du 77o, ceux du 8e, qui se reformaient et résistaient héroïquement sous le feu de l'ennemi. Il rient après être sortis de la fournaise, ils rient encore ! Braves et superbes, et fiers soldats, toujours disposés au

cœur avec ces vrais grands officiers de l'armée française qu'on appelle les officiers subalternes, et qui sont les vrais chefs, les vrais héros de l'armée, pépinière intelligente et courageuse, où l'on trouverait des Hoche, des Desaix et des Marceaux !

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Ils rient; et, tout riants, ils continuent leur Verdi, tandis que tous ont les yeux pleinsreglement et

bile! Ah! le maudit chanteur, qui chanted faut moins attril

et

route vers les retranchements.. A peine, en passant, un enfant de Sarreguemines se détache des rangs, va vers un pays qui le cherche et lui dit : Sauvé ! Mort! Oui, toi, mais Duclerc ? il continue sa route. Le flot éternel de l'armée en marche roule les caissons, les canons, les cavaliers, cela quelquefois pêle-mêle. Les visages sont fermes et résolus, avec une sorte de fureur concentrée. Les vêtements ont encore la poudre et l'odeur de la bataille. Les drapeaux passent, enveloppés dans leur gaine de cuir. Parfois, ce drapeau, c'est un sergent qui le porte, l'officier ayant été tué la-bas. Un boulet a emporté l'aigle d'un de ces drapeaux. Les couleurs nationales, l'étoffe patriotique reste seule.

Pas un cri, presque pás un mot. La marche est silencieuse. Où va-t-on ? Qui le sait? A la victoire? On l'espère, on marche. Quoi qu'il arrive, on fera son devoir. C'est là l'expression, le sentiment de cette troupe vaillante et måle. Elle marche, elle va, elle résiste et persiste. Parfois, un coup de feu part dans ses rangs. Un fusil chargé part, d'un mouvement brusque. Des prisonniers prussiens, entraînés par le corps d'armée, tressaillent ou sourient d'un air fier. Je regarde un moment s'éloigner les soldats de Frossard, lorsqu'un roule

ment de tambour m'attire.

C'est le tambour de ville. Il conjure, au nom du général (et du maire sans doute), les habitants de Sarreguemines à ne point chercher à défendre la ville pour n'attirer point les représailles des Prussiens.

La tête du pont de Neukirchen est abandonnée. On ouvre la ville. La bataille aura lieu un peu plus loin. Les habitants le regardent d'un air éloquemment anxieux. Les ouvriers de la fabrique de faïence volontiers prendraient les armes. Et toujours les soldats partent, allant vers leurs positions nouvelles.

Les Prussiens, dit-on, sont tout près d'ici. Je monte jusqu'au grenier de l'hôtel et, au bout de ma lorgnette, en effet, j'aperçois des échelons qui, lentement, descendent une colline vers Sarreguemines. De tous côtés on quitte la ville. Edmond About me crie: Je vais à Saverne! Il part, et je m'en vais à pied, du côté de Metz, en compagnie de deux ingénieurs des ponts et chaussées qui s'a cheminaient hier, comme moi, vers Saarbrück.

En chemin, on nous prend pour des espions. Des paysans lorrains, massés dans un cabaret, veulent nous barrer le passage. Le maire, un bon gros paysan qui ne sait point lire le français et encore moins le parler, me demande mes papiers, s'incline et un réquisitionnaire du 5e corps nous recueille dans sa voiture qui, hier, portait des biscuits, et qui aujourd'hui est vide, ou plutôt chargée de foin. Couché sur ce foin, je vais jusqu'à ce que le réquisitionnaire ait rejoint le convoi dont il fait partie. Me voilà pris, bloqué, enfermé dans une petite ville. Nous frêtons une barque remorquée par deux chevaux, et à travers les écluses et les bateaux, sur ce canal qui, il y a un mois, portait tant de minerais en Prusse et en rapportait tant de houille, canal désert et vide aujourd'hui, nous filons, grâce aux chevaux vigoureux qui tirent la corde sur le chemin de halage.

A Mittersheim, quittons le canal, reprenons la route. Un facteur nous demande si les Prussiens viennent. Un paysan hausse les épaules, certain qu'ils ne viendront pas. Je m'arrête à Lauderfing, incertain de la route à parcourir, décidé à passer la nuit dans une petite auberge où l'on nous accueille avec des hélas! vrai coin pittoresque, avec dressoir à faïence éclatante, large foyer fait pour abriter les contes des veillées. Mais ai-je le temps de regarder cela? Je prends la plume et je vous écris. Je vous écris, tandis qu'à travers la cloison quelqu'un que je ne connais pas chante, d'un air satisfait, la donna è mobile.

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larmes. Savez-vous ce qui m'a navré encore? sont ces villages que j'ai traversés au galop cheval, dont les habitants, souriants, se prome naient, ignorants, avec leurs beaux habits des di manches!

temps, ils poussa

Taissance surr de nos positions Faction, alors trouvaient pasiti

Cette antithèse est sinistre : les ambulance tement où nous

pleines, entourées de paysans et de paysannes en-
dimanchés. Cette joie d'habitude et cette extraor
dinaire douleur! Tant de quiétude et tant de dou-
leurs et de plaies!

Allons, interrompons ma lettre. Je vous dira
dans huit jours ce que sont devenus nos soldats
que l'épreuve semble avoir durcis, comme le fet
cémente le fer. Et, après tant de malédictions à la
guerre, après tant de larmes, après tant de terreur
et de douleurs, un seul mot, qui dit tout: Vive
la France, la pauvre et grande France!

Mohrange, 8 août, lundi matin.....

A travers les chemins de traverse, petites routes pittoresques, vergers aux arbres chargés de fruits, qu'on admirerait si l'esprit n'était ailleurs, je puis, me dirigeant sur Metz, arriver jusqu'ici. Mohrange est une jolie petite ville, propre, gaie, souriante, mais dont les habitants, inquiets, sta tionnent à cette heure sur le pas des portes, at tentifs au moindre bruit, inquiets, interrogean! du regard le regard des passants. Le tambour de ville, après un roulement, commande, devant la mairie, des lits pour les blessés. Des juifs répandent l'alarme, parlent de l'approche des Prus siens, et conseillent de vendre les troupeaux. Dan> cette guerre terrible, ils ne voient que le lucre et font métier de corbeaux.

On entend, du côté de Saint-Avold, la canonnade. Encore un combat. Encore une incertitude.

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Depuis le combat de Saarbrück, les événements ont marché avec une rapidité foudroyante; et malheureusement le résultat ne nous a pas été favorable. Trois batailles livrées, autant de batailles perdues!

Rien n'est désespéré cependant. Tout peut encore être rétabli, et la fortune changera, si l'on change de système.

Disons-le: l'affaire a été mal engagée, les dispo sitions mal prises. C'est l'avis de tout le monde. Et ce qui surprend, c'est que ceux qui avaient le commandement n'aient pas vu ce qui avait frappé tout de suite les regards des gens les plus étrangers à l'art militaire. Tandis que l'on éparpillait nos forces de Sierck à Strasbourg, sur une ligne de frontières de plus de cent cinquante lieues, et que nos divers corps étaient échelonnés sur cette ligne à une distance trop grande les uns des autres pour qu'ils pussent, en cas de besoin, se secourir réciproquement en temps utile, les Prussiens, au contraire, se massaient en deux armées formidables, l'une, commandée par le prince

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1 de Vilevers

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sur reconnaissance. Ils s'assuraient as nos positions, si bien que, au moment de action, alors que nous ignorions encore où ils se

uvaient positivement, ils savaient, eux, parfailesnent où nous étions, et dans quelles conditions. des lors, ce qui est arrivé était devenu inévitable. eois fois nos divisions, isolées, réduites à leurs Fezales forces, ont été surprises ou attaquées par

s forces écrasantes, et ont été refoulées avec de andes pertes. Cela a commencé, le 4 août, à Lissembourg, et s'est continué, le 6, simultanésent à Forbach et à Froschwiller. C'est cette sanmalante trilogie qu'il nous faut maintenant rastangonter.

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| de se replier. Cela fait, elle rattela ses canons et s'éloigna vivement. C'est alors qu'un obus ayant brisé la roue de l'un de nos canons, force fut de l'abandonner.

Dans cette affaire malheureuse, mais si glorieuse pour nos armes, les pertes des Prussiens ont été énormes. Leurs dépêches mêmes l'avouent. Quant à nos troupes, elles ne sont nullement démoralisées. A ce propos, le correspondant du Journal du peuple rapporte un mot d'un soldat du 50e, qui peint l'esprit dont ils sont animés.

cueillir les débris de la division Douay et couvrir Saverne et les Vosges, lorsqu'il s'est trouvé tout à coup sur ce point en présence d'un premier corps d'armée ennemi fort de cinquante mille hommes environ. Il en avait, lui, trente mille. Il repousse victorieusement ce premier corps d'armée. Aussitôt un deuxième corps apparaît, rallie le premier, et c'est une nouvelle bataille à livrer. Nos troupes, quoique fatiguées, n'en abordent pas moins réso lûment l'ennemi, qui, une seconde fois, est repoussé. L'effort était suprême, il avait réussi;

Il passait, l'air triste, devant ce soldat, qui était malheureusement il ne devait pas être le dernier, en train de nettoyer son fusil.

- Hé! là-bas, lui cria tout à coup le soldat, il ne faut pas vous allonger le nez d'une aune; nous leur avons f.... deux régiments par terre tout de même.

Le général Douay, tué à Wissembourg, était âgé de 61 ans. Il était frère du commandant du 7e corps d'armée. En 1844, il fut nommé chef de bataillon du 9o de ligne. Lieutenant-colonel du 43 en 1852, colonel du 65° en 1852, il fut appelé au commandement du 2o régiment de voltigeurs lors de la formation de la garde impériale, à la tête duquel il prit part au siége de Sébastopol. A son retour, il fut nommé général de brigade, et fit, en cette qualité, la campagne d'Italie contre l'Autriche, et s'y distingua. En 1866, il était promu au grade de général de division et nommé au commandement de la 7° division territoriale, à Besancon. On sait le reste.

Le col du Pigeonnier, sur lequel a battu en retraite la division Douay, est le point où commençaient les lignes de Wissembourg, construites en 1705 par le maréchal de Villars, et s'étendant, le

Le combat a eu lieu le 4 août. A cette date, impait devant Wissembourg la division Douay, omposée du 74° et du 50 de ligne, du 16o batailn de chasseurs à pied, d'un régiment de turcos d'un régiment de chasseurs à cheval. Devant ette division, à peine couverte par de médiocres vées de terre, étaient les bois de la Lauter. Teja uelques reconnaissances avaient été faites sur frontière, mais si légèrement, qu'elles n'aaient signalé la présence d'aucun ennemi. Ce-long de la Lauter, jusqu'à Lauterbourg. Ce col endant toute l'armée prussienne du sud, l'armée u prince royal, était là, et manœuvrait de façon surprendre, à enlever la division Douay, et à ire sa trouée sur notre territoire par ce point si eu gardé.

Le jour commençait, lorsqu'une vigoureuse caonnade se fit entendre tout à coup. L'armée allenande, formidable, couronnait les hauteurs de Schweigen, village bavarois, et les lieux environ44ants, et ouvrait le feu. Plus de cent pièces ennenies tonnèrent à la fois. Nos faibles retranchenents de terre furent presque instantanément Bouleversés. Alors de fortes colonnes prussiennes ous abordèrent de front. Les nôtres se défendient avec une intrépidité incroyable. Soudain, une **livision ennemie, fortement appuyée et qui s'était enue cachée jusque là, parut sur notre droite our nous tourner. Le général Douay se porta ussitôt de ce côté avec quelques bataillons et hargea avec une furie indicible, charge à la baïonnette, qui au dire même des dépêches prussiennes, fit tant de mal à l'ennemi. Le 1er tirailleurs algériens, les turcos, si vous aimez mieux, y furent terribles. Ils se précipitèrent tête baissée sur les Prussiens, comme des lions, brisant, écrasant, massacrant tout ce qui leur faisait obstacle. Un régiment de la garde royale fut presque anéanti par eux dans cette charge effroyable. Telle est la fureur des turcos qu'ils n'entendent pas le signal de la retraite. Ils ne cessent d'aller en avant. Ils trouent la ligne ennemie de part en part. Alors ils s'aperçoivent de leur situation périlleuse. Ils tentent, pour rejoindre la division, une nouvelle trouée. Mais ils étaient cinq cents, ils avaient devant eux quarante mille hommes. Que pouvaient-ils faire ? Il fallut se rendre.

Tandis que le général Douay cherchait ainsi à empêcher, sur sa droite, ce mouvement tournant de l'ennemi, les Prussiens en masse paraissaient sur notre gauche, et bientôt ils se ruèrent sur nous. Le général Douay accourut encore de ce côté, mais presque aussitôt il tomba mortellement frappé.

La position n'était plus tenable.

Ce qui restait de la division Douay, qui venait de soutenir ce combat de géants de 10,000 hommes contre 80,000, commença alors à battre en retraite sur le col du Pigeonnier, protégée par son unique batterie, qui se fit héroïquement décimer en cette circonstance pour donner à l'infanterie le temps

est un des passages qui descendent des Vosges dans la vallée du Rhin. C'est par la route de Bitche, s embranchant entre les lignes de Wissembourg et la Lauter, que nos troupes se sont repliées.

BATAILLE DE REICHSHOFFEN.

Sur cette bataille de Reichshoffen, que l'on appelle encore bataille de Froschwiller, de Haguenau, de Woerth, nous n'avons que des renseignements très-confus. Le champ de bataille, nous apprend le Français, est entre Haguenau et Wissembourg, dans des gorges très-profondes, trèsboisées, qui, formées par deux contre-forts de la chaîne des Vosges, s'ouvrent en cet endroit sur la basse Alsace.

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Les Vosges y dessinent comme un demi-cercle. Trois petites rivières descendant de la montagne forment dans le fond de ce demi-cercle trois vallées, qui à leur naissance sont de véritables gorges, mais s'ouvrent de plus en plus jusqu'à la plaine d'Haguenau. Vers l'Allemagne, à l'est, le demicercle est fermé précisément par la montagne que traverse le col du Pigeonnier; vers la France, à l'ouest, ce sont les montagnes au-dessous de Niederbronn, la chaîne des Vosges proprement dite. Les trois petits cours d'eau qui coulent ainsi à une distance de 7 ou 8 kilomètres sont : le Sauerbach, le ruisseau de Falkenstein, la Moder. Le Sauerbach est le premier des cours d'eau qu'on rencontre quand, venant de Wissembourg, après avoir passé le Pigeonnier, on se dirige vers les Vosges. Sortant des montagnes près du gros village de Woerth, le Sauerbach traverse la plaine d'Haguenau entre cette ville et Wissembourg. Le second cours d'eau, qu'on désigne dans le pays sous le nom de ruisseau de Falkenstein, passe à Niederbronn, reçoit les eaux de cette localité, et rejoint un peu avant Haguenau la Moder, qui traverse cette ville, et se jette dans le Rhin un peu au-dessus de, Fort-Louis; ce fort est à peu près en face de Rastadt. C'est sur des collines qui séparent la vallée du Sauerbach de la vallée du Niederbronn que les troupes paraissent s'être engagées. La dépêche du quartier général mentionne le petit village de Froschwiller... »

Le maréchal de Mac-Mahon marchait pour re

et pour ces malheureux soldats, épuisés par ces deux luttes si disproportionnées, une troisième lutte, c'était l'impossible! Pourtant un troisième corps d'armée prussien se présentant, ils la tentent encore. Mais quoi! Ils se trouvaient alors en présence de toute l'armée du Sud, commandée par le prince royal. Cette armée les entourait. Ils étaient pris dans un cercle de fer et de feu. Déposer les armes, ils n'y pensèrent pas. Mais s'ouvrir un passage, à la bonne heure! Ils voulaient passer, ils passèrent! Ce que leur coûta cette prodigieuse trouée, Dieu le sait! Mais s'ils laissèrent un tiers des leurs sur le terrain, ils les ont bien vengés. Les bulletins prussiens nous avoueront-ils jamais le chiffre exact des pertes que leur a fait essuyer cette poignée de vaincus qui avaient été deux fois de suite leurs vainqueurs? Nous le verrons bien. Jusqu'ici, la dépêche prussienne s'est contentée de dire : des deux côtés, pertes considėrables. »

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Dans cette terrible bataille, le général Colson, chef d'état-major général du 1er corps, a été tué, et le général de division Raoult a disparu.

Le général Colson avait quarante-neuf ans; le général Raoult n'en a que trente-cinq.

BATAILLE DE FORBACH.

Tandis que le prince royal, par Wissembourg, entrait en Alsace avec son armée, et au moment même où il attaquait, à Reichshoffen, le maréchal Mac-Mahon, le prince Frédéric-Charles, prenant de son côté l'offensive, attaquait à Saarbruck le corps du général Frossard. Cette bataille de Forbach est la répétition de la bataille de Reichshoffen et du combat de Wissembourg. Partout, c'est à remarquer, les Prussiens procèdent de la même façon. Ils engagent l'affaire avec une partie de leurs forces seulement, tenant en réserve le reste, qu'ils font donner successivement jusqu'au résultat final, qui, jusqu'ici, a été pour eux une victoire chèrement achetée. A Forbach, même tactique et même résultat. L'affaire débuta par une fusillade échangée entre les Français occupant la plaine et les Prussiens cachés dans les bois, les nôtres découverts, eux soigneusement cachés. Au lieu d'incendier le bois, ce que les soldats voulaient faire, on entreprit d'en déloger les Prussiens, ce qui était s'exposer à être fusillé inutilement. Aussi cette attaque fut-elle meurtrière et n'aboutit-elle pas. Soudain, les Prussiens débouchèrent de tous côtés, ouvrant contre nous un feu terrible d'artillerie. Le village de Styring ne tarda pas à prendre feu. Les nôtres reculèrent, puis regagnèrent du terrain. Ce fut un combat effroyable, dans lequel nous commencions à avoir le dessus, quand tout à coup des troupes nombreuses et fraîches parurent à gauche, en regard de Spickeren. Dire ce que fut alors la mêlée, à quoi bon? Cela ne se devine que trop. Il fallait reculer, et c'est aux lueurs de l'incendie de Forbach que la retraite commença.

Voici, sur les résultats de cette bataille, ce que nous lisons dans une dépêche prussienne :

« Plusieurs centaines de prisonniers du général Frossard sont entre nos mains. D'après leurs dires, nous avons en face de nous quatre divisions.

Le combat ne s'est terminé qu'à la nuit close. L'ennemi a couvert sa retraite par une forte canonnade dirigée contre nous du Spickeren.

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Le général Steinmetz est arrivé vers le soir et nuement le plus complet. A Magenta, on recueillit | société pourra en équiper. C'est au public a pris le commandement. des blessés pendant quatre jours, et chaque médecin en avait 175 à soigner.

Le général François a été tué.

La perte, surtout en officiers, est grande. L'ennemi a un grand nombre de morts. »

Tels sont les renseignements que nous avons pu recueillir sur ces trois affaires déplorables. Eh bien y a-t-il là de quoi désespérer ? Jusqu'ici, grâce à des fautes qui ne se renouvelleront plus, quelques divisions françaises se sont laissé surprendre par des forces très-supérieures, dont les généraux ont eu le tort de ne pas soupçonner la présence devant eux. Mais aujourd'hui, il n'y a plus de surprises possibles.

Les généraux de Failly, Frossard, Bazaine opèrent en avant de Metz leur mouvement de concentration. Le maréchal Bazaine a la direction des opérations. Il réunit une imposante armée, capable de livrer une grande bataille.

A forces égales, cette grande bataille, la perdrons-nous?

Si nous en jugeons par ce que nos soldats ont fait à Wissembourg, à Reichshoffen, à Forbach, nous pouvons répondre, sans forfanterie, je

pense:

Nous ne le croyons pas.

LOUIS CLODION.

SOCIÉTÉ DE SECOURS AUX BLESSÉS

DES ARMÉES DE TERRE ET DE MER.

(Fin.

La Société releva sur le champ de bataille de Langensalza, 1,500 malheureux blessés, qui depuis quatre jours étaient privés d'aliments et de tout secours; après Sadowa, un long convoi de blessés fut recueilli par elle et sauvé d'une mort horrible; 400 Autrichiens qui agonisaient dans une c.airière, vaincus et blessés, c'est-à-dire fatalement condamnés à périr, lui durent leur salut. Ces misérables victimes n'osaient même pas espérer des secours, car l'Autriche n'avait pas encore, à cette époque, adhéré à la convention de Genève.

Dans la guerre qui vient d'éclater, guerre terrible dont personne n'essaye de dissimuler la gravité, la Société de secours doit rendre d'incalculables services, à la condition d'être efficacement secondée par le public et par l'administration. Le ministre de la guerre peut déclarer officiellement que le service médical de l'armée fera face à toutes les nécessités, nous restons convaincu de l'impossibilité matérielle d'atteindre ce but. On disait la même chose au commencement de la guerre de Crimée, et nous savons cependant que l'insuffisance de soins et l'encombrement des hôpitaux coûta vie à 75,000 de nos soldats: les balles de l'ennemi nous en tuèrent quatre fois moins.

En Italie, les misères de nos blessés furent tout aussi grandes, si l'on tient compte des fatigues moindres de la campagne, de la salubrité du pays qui combattait avec nous, et surtout de la brièveté de la guerre. A l'appui de notre dire, voici quelques lignes extraites des remarquables articles publiés dans la Liberté, par le docteur U. Trélat: Le comité officiel chargé de recueillir les souscriptions déclarait que « l'armée étant amplement approvisionnée par les soins de l'administration de la guerre, les dons en nature seraient vendus et le produit de la vente versé dans les caisses publiques, pour venir en accroissement des dons en argent.

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A Solférino, on en recueillit pendant six jours, et il n'y avait qu'un médecin pour 500 blessés!

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appartient de rendre effectif le dévouement bornes de la Société et du corps médical à la des blessés militaires. Dr DE LOSTALOT.

SOUSCRIPTION PATRIOTIQUE

L'organisation du service médical de l'armée En faveur des Armées de Terre et de l

a-t-elle changé depuis 1859?

Non; et cependant nous sommes en présence d'événements d'une bien autre gravité. Sous beaucoup de rapports, la guerre, quoi qu'on fasse, est toujours une surprise: une nation, si riche qu'elle soit, ne peut maintenir, en temps de paix, le corps de santé et le matériel qui lui seront nêcessaires aux jours de combat. L'objectif des chefs militaires est, du reste, bien plutôt la destruction de l'ennemi que la conservation des forces nationales il n'est pas possible d'espérer qu'une égale sollicitude s'étende jamais, dans les conseils d'un gouvernement, à des considérations d'ordres diamétralement opposés. Ce n'est donc pas une critique que nous dirigeons contre l'organisation sanitaire de l'armée; nous demandons seulement que le gouvernement, pénétré de l'insuffisance de ses ressources, veuille bien consentir à << se laisser aider, suivant l'heureuse expression du docteur Trélat. Il lui suffira d'enjoindre aux chefs de corps d'accueillir l'œuvre du brassard comme une alliée dont on est sûr, et de lui laisser toute la liberté d'action compatible avec les exigences de l'action militaire.

Lors de la guerre de sécession, en Amérique, l'initiative privée a réalisé des merveilles, qui laissent bien loin derrière elles, dans une voie. plus digne de l'humanité, les merveilles que peut accomplir la science mise au service des engins de destruction. Deux cent mille blessés ou malades ont été recueillis, transportés à des distances énormes, nourris et soignés par toute une armée de volontaires qu'inspiraient le patriotisme et la charité individualités sans mandat, qui, conscientes de la noblesse de leur but, ne demandaient aucune rémunération de leurs services. Hâtons-nous d'ajouter que les ressources matérielles affluèrent avec une abondance inouïe : pendant les trois années de guerre, dans le Nord seulement, les dons en espèces s'élevèrent à 18,330,000 francs, les dons en nature représentaient un total évalué à 46 millions. Voici pour les blessés la souscription patriotique proprement dite avait atteint, dès la première année, le chiffre rond d'un milliard!

La France ne doit pas rester en arrière des États-Unis il y va de son honneur en même temps que de sa puissance future; elle doit toute son assistance à ceux de ses fils qui vont combattre pour elle. Que chacun donne suivant ses forces, mais qu'on se hâte surtout, car dès la première bataille, le nombre des blessés peut être énorme : il faut que les ressources soient à la hauteur des maux que la lutte nous prépare.

La Société de secours accepte tout ce qu'on veut bien lui donner, mais c'est de l'argent surtout qu'elle réclame de notre patriotisme et de notre humanité : l'argent supplée à tout dans un pays comme le nôtre.

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HAYDY

MUTEL

MOZART T WEBER et 7 sonates choisies de CLEMENTI Annotées par MOSCHELES, professeur au Conservatoire de Leipa

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Les bureaux de la société sont situés à Paris, EAUX-FORTES DE BODMER

au Palais de l'Industrie; les comités sectionnaires de la province reçoivent aussi tous les dons, en nature et en espèces. La trésorerie générale est installée chez M. Alphonse de Rothschild, 29, rue du Faubourg-Saint Honoré.

La première des ambulances organisées par la société vient de partir pour le théâtre de la guerre. Le personnel médical se compose de 14 docteurs et de 16 élèves des hôpitaux, sous la direction du docteur Liégeois.

"Eh bien ! l'armée ne comptait pas un médecin
pour 1,000 hommes d'effectif : c'était moins qu'à
la prise d'Alger, moins que sous le premier Em-
pire. Ce corps médical, plein de dévouement,
resta toujours insuffisant, et ne put pas être re-
cruté. Il manqua constamment de tout: de nour-
riture pour ses blessés - pendant quatre jours à La seconde, dirigée par M. Marc Sée, va égale-
Montebello, d'instruments, de médicaments, ment se mettre en marche. Il y en aura une troi-
d'objets de couchage, d'infirmiers. C'était le dé-sième, puis une quatrième... puis autant que la

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UN SPLENDIDE PORTEFEUILLE

Contenant 20 magnifiques Planches, format grand-raisin in-plano

Pour répondre aux demandes de nos abonnés qui ont sollicité la faveur de recevoir cet ouvrage en prime, nous consentons à leur livrer, à ce titre, ce précieux album, dont il ne reste plus qu'un petit nombre d'exemplaires, au prix de 50 fr., au lieu de 100. 5 ir. en plus pour l'envoi franco dans une caisse, pour la France

continentale seulement.

AV

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