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Envoyé par le Gouvernement provisoire dans la Gironde, il fut nommé par son département à l'assemblée nationale, où il se fit remarquer, le 15 mai, par son énergie à maintenir l'assemblée et le Gouvernement établi. C'est alors qu'il fut nommé général en chef de la garde nationale de Paris, qu'il commanda pendant les journées de juin 1848.

Après avoir donné sa démission, il se montra à l'assemblée l'adversaire vigoureux du parti bonapartiste. C'est assez dire quel fut le sort qui lui ¦ fut réservé au 2 décembre. Après avoir essayé d'organiser la résistance dans le département de la Gironde, il se vit forcé, par un arrêt des commissions mixtes, de quitter la France sous huit jours.

Sa première résidence fut la Belgique. Il s'établit ensuite dans le grand-duché de Luxembourg où, pendant seize années, il se livra à des travaux d'agriculture, en s'attachant à un cercle d'amis choisis.

L'amnistie impériale de 1859 ne le décida point à reconnaître le fait accompli. Comme Charras, son ami, comme Victor Hugo, Edgar Quinet et beaucoup d'autres, il répondit par un refus. Les journaux de Belgique et d'Angleterre publièrent, au mois de juin, sa protestation, conçue dans les termes suivants :

« J'ai une foi trop vive en mon pays pour ne pas préférer l'exil an spectacle de sa dégradation. A ceux qui me demandent si je rentrerai en France par une porte rouverte de l'homme du 2 décembre, je réponds: Jamais.

La guerre actuelle le fit revenir à Paris, où le 148 bataillon de la garde nationale l'acclama commandant. Nommé avec le titre de général au commandement du 3e secteur, il ne tarda pas à échanger cette position contre celle d'adjudant général de la garde nationale, puis quelques jours après, contre celle de commandant en chef, à la place du général Tamisier.

Le général Clément Thomas a vu sa nomination accueillie par tous les bataillons avec une sympathie sincère. Sa figure énergique, sa taille élevée, sa voix grave et retentissante lui donnent devant les bataillons de la garde civique l'attitude martiale que réclament les circonstances critiques où nous sommes.

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REVUE FOLITIQUE DE LA SEMAINE

L'événement le plus important de la semaine est, sans contredit, la lettre que le comte de Moltke a écrite au général Trochu pour lui annoncer la défaite de l'armée de la Loire et la reprise d'Orléans par les Prussiens.

Nous ne savons pas assurément dans quelle mesure le chef de l'état-major général des armées prussiennes a dit la vérité; mais sans relever la forme insolite de cette communication étrange, nous devons rappeler les rapports que les généraux prussiens ont fait parvenir à Metz, dans le but de renseigner le maréchal Bazaine sur la situation de Paris et de la France; cet exemple nous suffit pour montrer comment les états-majors prussiens dénaturent les faits dont ils ont à rendre compte. N'ont-ils pas donné l'assurance à l'armée de Metz que la France était en proie à la plus sanglante anarchie? Ces précédents sont de nature à nous rendre circonspects à l'égard de toute communication prussienne. Mais si le général en chef de Metz ne sut pas se montrer à la hauteur des circonstances, nous avons été heureux de voir que la lettre de M. de Moltke a été reçue par nos généraux avec un patriotisme qui montre que chez eux le citoyen se retrouve dans le soldat.

LA GUERRE.

La guerre actuelle a deux phases bien distinctes. Dans la première, les affaires militaires de la France ont été engagées et conduites avec une in

capacité et une ineptie dont l'histoire n'offre pas d'exemple. Dans la seconde, c'est la France tout entière que la Prusse trouve armée devant elle, et dans ces conditions, les esprits les plus prévenus n'hésitent pas à reconnaître que la ténacité, suivant le mot de Gambetta, peut donner l'avantage à la France.

Constatons, en effet, que les conditions de cette guerre font subir aux Prussiens autant de sacrifices qu'à nous mêmes.

Mêmes désastres et même désolation dans les

deux pays belligérants. Vainqueurs et vaincus passent par les mêmes crises. Chez nous, les armées prussiennes passent sur nos départements comme une trombe sur un champ de blé. Mais de l'autre côté du Rhin, la détresse n'est pas moins profonde. Faute de bras, la moisson n'a été faite qu'à demi, et la disette atteint toute l'Allemagne du Nord. Les villes sont encore plus mortes que les nôtres. Un voyageur, revenant de Berlin, a raconté que dans la plus grande rue de Berlin il n'avait trouvé que trois magasins ouverts!.,.

Et la nécessité de se maintenir en pays ennemi constitue pour nos adversaires un désavantage qui se manifeste déjà par des faits caractéristiques et complétement favorables à notre cause. D'un autre côté, l'armée ennemie elle-même est obligée de reconnaître qu'elle n'a plus seule ment devant elle des corps de troupes, mais le pays tout entier. Officiers et soldats ne parlent qu'avec la plus vive répugnance de cette nouvelle phase de la guerre; ils sentent instinctivement que devant une nation debout une armée nombreuse, mais démoralisée, doit fatalement se trouver impuissante.

Les Prussiens s'imaginent nous terrifier en semant partout la dévastation et l'incendie. Ils ne font qu'attiser la flamme qui les dévore. Et sur ce point, nous devons déclarer hautement que ce règlement de l'ennemi qui ne reconnaît pas à nos populations le droit de se défendre est absolument contraire au droit des gens.

Et pour le prouver, nous n'avons qu'à invoquer le témoignage de la Prusse elle-même. En 1813, le roi de Prusse publia un édit dans lequel il disait à son peuple:

« Le combat auquel tu es appelé sanctifie tous les moyens. Les plus terribles sont les meilleurs;

non seulement tu harcèleras continuellement l'ennemi, mais tu détruiras et anéantiras les soldats isolés ou en troupes, tu feras main basse sur les maraudeurs. »

Tel était le langage de la Prusse en 1813, et c'est grâce à l'énergie des hommes qui le lui ont inspiré qu'elle a sauvé sa nationalité, et plus tard vengé ses défaites. Comment pourrait-elle, aujourd'hui que les rôles sont renversés, dénier à chaque citoyen français le droit sacré de prendre une arme et de la diriger contre les envahisseurs? Ce droit, nous le tenons de la nature et de la loi. Une nation écrasée par la force conquérante résiste tant qu'elle le peut, et cette résistance ne peut amener contre ceux qui y prennent part aucune rigueur militaire en dehors de la lutte.

Partout, un homme désarmé est protégé par son impuissance de nuire, et quand l'arme qui lui

été arrachée n'avait été saisie par lui que pour la défense de son sol natal, de son foyer, de sa famille, l'immoler froidement est un acte de lâche cruauté qu'aucun sophisme ne saurait excuser.

LE SIÉGE.

Au sujet du siége, la résistance de Paris a produit dans toute l'Allemagne une impression si désagréable que le gouvernement a cru devoir répondre aux critiques de la presse et de l'opinion. Pour calmer l'impatience des populations, le Staatzanzeiger, organe officiel du ministère de la guerre, a publié un long communiqué qui nous expose au grand jour les idées et les plans de l'en. nemi au sujet du siége. En voici le résumé :

L'expérience nous apprend que, dans toute guerre avec la France il n'y a pas de paix satisfaisante possible, à moins que cette paix ne soit dictée à Paris même. Il suit de là que toutes nos

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Enregistrons d'abord les faits de guerre que les dépêches nous ont fait connaître.

A Châtillon-sur-Seine, 7 à 800 Prussiens ont été surpris par Menotti Garibaldi, et tous mis hors de combat ou faits prisonniers."

à

De son côté, le général Bourbaki a télégraphié, la date du 20 novembre, au général Trochu lerie, étaient prêtes à marcher, et qu'il n'y avait pas de Prussiens entre Amiens, Beauvais, Chantilly et Gisors.

que ses troupes, pourvues d'artillerie et de cava

Au sujet de l'emprunt de Londres qui occupe depuis un mois le monde financier, nous pouvons dire aujourd'hui, malgré le silence du gouvernement, que la conclusion de l'emprunt est un fait certain.

Ce que l'on peut induire des renseignements publiés par les journaux, c'est que cet emprunt aurait été émis sous forme d'obligations remminal auquel doit avoir lieu le remboursement boursables dans un délai fixe, et que le taux nocorrespond à un titre de rente 6 p. 100.

En voyant cet emprunt coté « 86 1/2 tout payé » et avec une prime variant de 1 1/2 à 1 3/4 pour clu que le prix d'émission devait avoir été 85, les titres libérés de 20 p. 100 seulement, on a conqui n'équivaudrait qu'au prix de 42 1/2 pour du 3 p. 100.

ce

En raison de l'écart qui existe entre ce prix et le cours de 54 à 55 où se maintient véritablement le 3 p. 100 français, on suppose qu'il existe des clauses qui motivent cet écart.

Cet emprunt a été lancé par la maison J.-S. Morgan et Cie (ancienne maison américaine Jos. Peabody et Cie).

Un article du Moniteur universel de Tours expose

longuement les raisons qui ont justifié devant la délégation la conclusion de cet emprunt. Attendons la publication officielle des faits pour les juger.

AUG. MARC.

LA LETTRE DE M. DE MOLTKE

Le Journal officiel a reçu la communication que nous reproduisons ici :

« Le Gouvernement de la défense nationale suivants : porte à la connaissance de la population les faits

« Hier soir, le Gouverneur a reçu une lettre dont voici le texte :

Versailles, le 5 décembre 1870.

« Il pourrait être utile d'informer Votre Excellence que l'armée de la Loire a été défaite près « d'Orléans et que cette ville est réoccupée par les « troupes allemandes.

« Si toutefois Votre Excellence jugera à propos « de s'en convaincre par un de ses officiers, je ne « manquerai pas de le munir d'un sauf-conduit « pour aller et venir

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Au point de vue de la politique étrangère, nous devons constater que tous les journaux français et étrangers, reçus à Paris, sont d'accord pour admettre que les quatre puissances neutres ont continué, en dehors du gouvernement de la France, les négociations qui ont pour but d'arriver non-seulement à un armistice, mais encore, ainsi que nous l'avons dit, à la conclusion de la paix.

Le point de départ de l'action des neutres se trouverait dans un document diplomatique français non encore livré à la publicité, mais qui n'en existerait pas moins dans nos archives. Dans le courant d'une correspondance diplomatique engagée entre le cabinet des Tuileries et le ForeignOffice pendant les mois qui précédèrent la guerre avec la Prusse, le gouvernement français eut occasion de déclarer que si cette guerre éclatait et que la chance des armes le favorisât, il ne récla merait aucune extension de territoire, mais seulement la fondation d'un Etat neutre composé des provinces appartenant, sur la rive gauche du Rhin, à la Prusse et à la Bavière.

Le gouvernement britannique, très-éveillé ́au sujet des ambitieuses visées que l'on supposait à la France relativement à la ligne du Rhin, prit acte de la déclaration, et s'empressa d'en faire part au cabinet de Saint-Pétersbourg. Cette déclaration aurait été la première base de l'entente à établir entre les puissances neutres.

La sollicitude des souverains aurait eu surtout pour point d'observation : les appétits de la Prusse d'une part, les vues et les espérances de la France de l'autre; et celle de leurs cabinets respectifs eut pour objectif la forme résolution de conjurer des éventualités menaçantes pour la paix de l'Europe entière.

Il aurait été arrêté que, spectatrices des événements qui allaient se produire, les quatre grandes puissances auraient à s'entendre plus tard sur le moment qu'elles jugeraient opportun pour arrêter l'effusion du sang et proposer aux parties helligérantes, soit une médiation, soit une intervention; en vue de hâter le rétablissement de la paix, mais que, dans tous les cas, il ne pourrait être

question, nous le répétons, au profit de la puis- | sance victorieuse, que d'une indemnité pécuniaire; que si les parties belligérantes pouvaient s'entendre à l'amiable sur ce chiffre, ce serait au mieux, et que, dans le cas contraire, la médiation s'en chargerait.

Tel serait l'objet des négociations qui se poursuivent, en dehors de nous, entre la Prusse et les quatre puissances. Il n'échappera à personne que tout ce qui précède prend un caractère de vraisemblance, et nous dirons même de vérité. C'est surtout en politique que l'on peut dire que l'intérêt est la mesure des actions. Or il est impossible de ne pas reconnaître que cette entente de l'Europe serait fondée tout à la fois sur son intérêt véritable et sur le respect du principe des nationalités, le seul que reconnaisse aujourd'hui le droit public européen. Que l'Europe laisse sans contrepoids se fonder le pangermanisme, et demain l'équilibre européen n'existe plus!

On sait que M. de Bismark vient d'annoncer qu'il ferait juger par un conseil de guerre les aéronautes pris avec les ballons que l'armée prussienne a capturés.

LA PRUSSE.

Il en sera donc des voyageurs en ballon comme des francs-tireurs; ils n'auront d'autre perspective qu'une exécution sommaire. Espérons que nous trouverons le moyen, comme les francstireurs des Vosges, de faire entendre raison au roi Guillaume. Un voyageur en ballon, dit le Standard, n'est pas un espion. Il ne va pas se jeter dans les lignes ennemies. Une ville assiégée est exactement dans la situation d'un port bloqué. Or, l'équipageet les officiers d'un navire qui briseraient un blocus ne sont soumis à aucune pénalité. S'ils sont neutres, ils peuvent s'en aller librement; s'ils sont ennemis, ils deviennent prisonniers de guerre.

Quant à l'Allemagne du Sud, la politique de M. de Bismark est loin d'y faire de grands progrès. Les victoires morales de la Prusse au sud du Mein se réduisent à la conquête de deux petits pays, qui lui étaient déjà acquis, l'un par un entraînement de famille, l'autre par une dure nécessité, bien avant que la guerre éclatât. Quant aux Bavarois et aux Wurtembergeois, malgré le sentiment de communauté inspiré par des dangers communs et des victoires gagnées en commun, » ils prétendent obtenir, pour prix de leur coopération armée, la sauvegarde de leur autonomie. La Prusse a trop prouvé à l'Allemagne qu'elle n'avait en vue que sa toute-puissance.

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LA QUESTION D'ORIENT.

Une circulaire du prince Gortschakoff datée de Tsarskoé-Selo, le 31 octobre, vient de dénoncer, au milieu des complications présentes, le traitė de Paris du 30 mars 1856. Se fondant sur des violations peu importantes des clauses de ce traité, le chancelier de Russie ne peut admettre de jure que des traités violés dans plusieurs de leurs clauses générales et essentielles puissent rester en vigueur dans d'autres clauses qui affectent directement les intérêts de son empire.

Il ajoute que la Russie ne peut admettre non plus de facto qu'elle puisse se reposer pour sa sureté sur une fiction qui n'a point supporté l'épreuve du temps, ni qu'elle puisse admettre que sa sûreté puisse être mise en péril par le respect qu'elle aurait elle-même pour un traité en partic inexécuté par les autres. Confiant dans le sentiment des puissances signataires du traité de 1856, aussi bien que dans la conscience de sa propre dignité, l'empereur de Russie ne peut plus se considérer lui-même comme lié plus longtemps par les stipulations d'un traité restreignant l'exercice de ses droits souverains dans la mer Noire. Il se considère comme étant dans le droit et dans le devoir d'annoncer qu'il ne regardera pas plus longtemps comme valide la convention spéciale et additionnelle qui fixe le nombre et la dimension des vaisseaux de guerre que les deux puissances riveraines de la mer Noire pourront garder dans cette mer.

La même règle est manifestement applicable aux navigateurs aériens. Ils peuvent sans doute, par leur conduite personnelle, se rendre passibles de la loi martiale; mais, en tant que voyageurs en ballon, ils sont exactement dans la position des briseurs de blocus. Cela est si clair que, jusqu'à ce qu'on affirme le contraire, nous refuse- C'est un coup de foudre, ont répété tous les rons d'attribuer aux Prussiens l'intention de trai-journaux, excepté les journaux de Berlin Remarter en criminels des Français qui auraient fait à travers les airs ce que, très-notoirement, ils ont le droit de faire à travers les eaux.

L'ouverture du parlement de la Confédération de l'Allemagne du Nord nous revèle, une fois de plus, par un document officiel, les dispositions et les vues politiques de la Prusse. Le discours royal, prononcé devant le Reichstag par M. Delbruck, ministre d'Etat, met surtout en relief les points suivants :

1o Le refus qu'au dire de M. de Bismark le Gouvernement français aurait toujours opposé aux tentatives de pacification mises en avant par la Prusse victorieuse.

2° L'impossibilité où se trouve la France de continuer une lutte qui use les forces du pays dans des combats sans espoir.

3o La nécessité pour la Prusse et pour l'Allemagne de reconstituer leurs frontières en revendiquant des garanties proportionnées à la grandeur des sacrifices qu'elles ont faits.

4o L'obligation pour les Etats confédérés de créer les voies et moyens qui permettent aux alliés de mener à bonne fin leur entreprise.

5o L'inévitable conséquence de cette guerre qui doit réunir les États du Sud au faisceau de la Confédération de l'Allemagne du Nord.

quons, en effet, que la Russie n'en appelle pas aux puissances signataires du traité pour examiner dans un nouveau congrès les clauses et les violations du traité qu'elle voudrait remanier. Lc gouvernement de Saint-Pétersbourg se borne à déclarer qu'il ne l'observera plus. Voilà où nous mène la maxime: la force prime le droit!

Dans sa vive réplique au prince Gortschakoi, lc comte de Granville relève sans doute tout ce qu'il y a d'exorbitant dans cette manière de comprendre et d'interpréter le droit public européen. Et les journaux anglais ont crié à qui mieux mieux que c'était là la politique du lion de la fable, partageant les parts et trouvant le moyen de se les attribuer toutes! Pour l'Angleterre la leçon est rude; mais il faut convenir qu'elle est méritée. Hier, l'Angleterre nous raillait dans notre chute. La voilà aujourd'hui plus atteinte que nous peutêtre par les exécuteurs du testament de Pierre-leGrand, et ce n'est là que le premier fruit de la politique de rapine affichée par la Prusse. Il est plus que temps de faire triompher le droit.

LA ROYAUTÉ EN ESPAGNE.

Les Cortès d'Espagne ont voté pour une royauté, et le duc d'Aoste a été élu roi.par 191 voix contre On voit que ce sont toujours les mêmes sophis- 120 voix qui ont été données soit à la République, mes et les mêmes calomnies. Nous n'avons pas soit au duc de Montpensier et à d'autres candidats. voulu faire la paix? dit M. de Bismark. Le rapMais la solution que l'Espagne croyait avoir port de M. Thiers, que nous piblions plus loin, trouvée menace de lui échapper encore. Le gouverfait justice de ces odieuses déclarations. Nous ne nement italien, craignant que cette élection du duc pouvons plus lutter? proclame encore le chance-d'Aoste au trône d'Espagne ne fasse surgir de gralier de l'Allemagne du Nord. La bataille de Coulmiers et celle de Villiers-sur-Marne lui ont répondu. Au sujet de l'Alsace et de la Lorraine, nous pouvons dire que la Prusse ne les possède pas encore.

ves complications refuse, dit-on, son consentement au prince, et voilà les Cortès réduites à rouler de nouveau le rocher de Sisyphe de la monarchie. AUG. MARC.

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DÉFENSE DE PARIS.

Passage de la Marne à Joinville le-Pont par l'armée du général Ducrot (matinée du 30 novembre).

que le siége entrait dans une phase nouvelle. On n'allait plus seulement demeurer sur la défensive, mais prendre maintenant l'offensive et trouer, sur un point, la double ou triple ligne d'investissement construite autour de nous par l'ennemi. Feintes attaques et retraites, feints efforts ici, continués là, l'opération tentée par nos généraux était ce qu'elle est encore, fort complexe et peut-être fort longue. C'est à la population d'avoir la patience, tandis que les troupes au combat auront le courage; et rendons à Paris cette justice que, laissant là son humeur fébrile, inquiète et pressée, il attend dans le calme, avec la foi et

la certitude, un dénoûment qui assurera notre liberté et qui sauvera

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notre honneur.

Le 29, les combats s'engageaient autour de Paris, par l'Hay et Thiais, après une terrible canonnade partie de nos forts. Les troupes du général Vinoy, les soldats de la ligne et les fantassins de marine repoussaient l'ennemi dans ses retranchements, et, tandis que le 106e bataillon de la garde nationale emportait la Gare-aux-Bœufs sous le feu de la mousqueterie prussienne, nos soldats se pliaient, emmenant leurs prison

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niers, sous le canon des forts. L'attaque de l'Hay et de Thiais avait pour but de faire croire aux Prussiens que l'objectif de l'armée française était de s'emparer de Choisyle-Roi, de cette façon on faisait se concentrer l'ennemi sur ce point,

tandis qu'à Nogent on passait la Marne presque sans combat. L'opération, d'une audace et d'une nouveauté singulièrement heureuses, ne réussit point à cause de cette crue subite des eaux, attribuée, par plusieurs, à la rupture d'un barrage par les Prussiens, par d'autres, à la négligence du génie auxiliaire. Il fallut donc, le fendemain, traverser en combattant cette rivière qu'on eût passée la veille sans coup férir.

Ce lendemain était le mercredi, 30 novembre. La lutte s'engagea dès le matin. Tandis que la division Susbielle attaquait et emportait, sur la droite, Montmesly, le gros de l'armée du général Ducrot jetait ses ponts de bateaux sur la Marne, se jetait sur Brie et sur Champigny, puis, d'un élan superbe, disputait, arrachait pied à pied aux Prussiens les hauteurs de Villiers, de Couilly et de Chennevières. Ces trois dernières positions couronnent, sur ces coteaux boisés, la plaine et les villages étagés au versant, Brie-sur-Marne et Champigny. Les mobiles de Seineet-Oise, partis le dimanche matin. de Courbevoie, entraient, baïonnette en avant, le mercredi, à Neuilly-sur-Marne, d'où les Prussiens étaient partis. On les jetait. aussitôt au pas de course sur Brie, tandis que les mobiles bretons, les mobiles de Seine-et-Marne et les régiments de ligne, le 32e en tête, opéraient sur Champigny, qu'ils emportaient d'assaut. A onze heures du matin, nous étions maîtres de la plaine et nous étions prêts à à emporter les positions élevées,

de façon a rejoindre par Cœuilly et Chennevières le corps Susbielle, composé des mobiles de la Vendée et de l'Ain et du 42o de ligne, et maître à cette heure de cette forte position de Montmesly qui coupait à l'armée prussienne la route de Versailles.

Mais, vers midi, des masses prussiennes, arrivant avec des hurrahs, agitant, à la façon de nos turcos, leurs fusils au-dessus de leurs têtes, dans

une sorte de fantasia sauvage, contraignaient les mobiles de la Vendée et le 42°, placés au devant d'eux, à se replier sur Créteil et sous le feu de la redoute de Gravelle. Les mobiles perdaient là leurs commandants et leurs chefs, et le général Ladreit de la Charrière tombait, à trente mètres des Prussiens, en criant: En avant! Ce n'était là qu'un épisode de la bataille qui durait, au centre, devant Ceuilly, et, sur la gauche, devant Villiers, depuis plusieurs heures. Les artilleurs de la division Susbielle reprenaient position dans la plaine, les mobiles se reformaient à la lisière du bois de Vincennes, tandis que sur les coteaux de la Marne la fusillade et la canonnade, effroyablement nourries, continuaient leur œuvre. Je suivais, d'un cour anxieux, les mouvements de nos troupes, qu'on apercevait, postées, massées derrière les maisons, derrière les haies, le chassepot armé, tandis que nos canons, gagnant du terrain après chaque décharge, les artilleurs, poussant les pièces, balayaient devant eux l'ennemi. Des fumées blanches, rayées d'éclairs de flamme, sortaient de ces taillis roux, bois charmants aux jours printaniers, bois verdoyants aux heures d'école buissonnière, et où maintenant, furieuse, s'agitait la rouge tuerie.

Les obus, au-dessus des arbres, formaient comme des ballons d'étoupe grise qui, tout à coup, éclatant, semaient et crachaient du fer. Pied à pied, on emportait, on enlevait ces coteaux couverts de vignes aux pampres raccornis, et où pendaient encore quelques grappes à demi-gelées que cueillaient nos soldats tout en combattant. On arrachait lambeau par lambeau à l'ennemi cette terre française rougie de sang. On gagnait du terrain de minute en minute, lorsque vers quatre heures et demie, lorsque nos bataillons arrivèrent sous les murs crénelés du parc de Villiers (parc qui appartient, je crois, au chanteur Roger et dont les Prussiens ont fait une redoute), lorsque les mobiles et la troupe attaquèrent en face la première maison blanche de Couilly, à droite de la route, sur la hauteur, et se portèrent à l'entrée de Chennevières, unes fusillade tellement furieuse, écrasante, improbable, éclata sur ces crêtes comme une traînée de poudre qui s'enflamme, un feu tellement meurtrier nous accuei'lit, qu'il fallut laisser aux Prussiens l'asile fortifié qu'ils venaient de prendre contre nos baïonnettes et nos boulets. D'ailleurs, la nuit venait, cette nuit rapide des jours de novembre. Le soleil se couchait, et sanglant, derrière Châtillon, rougissant de ses derniers reflets les coteaux pleins de morts, incendiant de ses rayons les vitres brisées des logis et enveloppant comme d'une caresse mélancolique la Marne où passaient, arborant le drapeau blanc à croix écarlate, les bateaux-mouches chargés de blessés.

On passa la nuit à Brie et à Champigny, dans les maisons dont l'ennemi avait fait son logis. En se retirant de Champigny, les Saxons, qui l'occupaient, et qui jusqu'alors avaient respecté les meubles et les tableaux, s'étaient mis à tout briser. J'ai vu les miroirs de Venise, la bibliothèque d'un vieux savant, en miettes, en lambeaux. Dans le froid glacial, sous cette lune pâle et frileuse, nos troupes, blotties le long des maisons, campées dans la plaine, se réchauffant au feu des arbres coupés, blotties dans les gourbis, sous des abris de branches sèches, attendaient le lendemain, tandis que sur la terre dure ceux des blessés qu'on ne relevait point se tordaient, la gelée mordant leurs plaies vives.

Le combat devait, après l'espèce de trève du 1er décembre, recommencer le 2. Tandis qu'on relevait et enterrait les morts, nos troupes se fortifiant dans Champigny, creusant des fossés en avant

du village, semblaient s'attendre à une attaque
de l'ennemi qu'on devinait caché dans les bois
roux de Villiers et de Couilly. Rien ne sortait
pourtant de ces bois et nous pûmes, à deux cents
mètres de l'ennemi, parcourir, interroger le pla-
teau couvert de débris, de papiers déchirés, de
képis, de casques et de fusils brisés, où s'était
terminée la bataille, sans être inquiété par la me-
nace d'un seul coup de feu. Les Prussiens nous

voyaient cependant, à n'en point douter. Ils
voyaient ces fosses creusées, ces cadavres enfouis,
petits fantassins français à l'air intelligent et
grêle, lourds Allemands bottés, couverts de ca-
potes énormes et noires. Ils nous voyaient ouvrir
les sacs, déplier les lettres, demander à ces morts
le secret des vivants. Ils voyaient cela et atten-
daient.

Ils attendirent jusqu'au lendemain, et le 2 dé-
cembre, à l'aube, avec des forcés énormes, ils at-
taquèrent, descendant des hauteurs comme une
avalanche, ce village de Champigny, d'où les mo-
biles de la Côte-d'Or, surpris, se retirèrent vers la
plaine. Une autre colonne prussienne, sortant des
bois de Villiers, essayait, au même moment, de
repousser nos troupes sur Brie et de les rejeter
dans la Marne. De ce côté, l'ennemi nous avait
repris déjà une redoute chèrement disputée et
achetée la veille à prix de sang. Nos troupes, de-
vant cette trombe humaine, pliaient. Le régiment
du génie auxiliaire de la garde nationale, croisant
aussitôt la baïonnette, força, en quelque sorte,
par son attitude décidée, la mobile à se reformer
devant lui. D'ailleurs, le général Ducrot, dont
devant lui. D'ailleurs, le général Ducrot, dont
les chevaux demeuraient bridés et selles depuis
la veille, accourait au galop. Trochu arrivait,
l'artillerie du plateau d'Avron tonnait, formida-
ble, écrasant l'ennemi. On avait devant soi, disait
le général Trochu lui-même après l'action, cent
mille hommes, accourus de Versailles, portés en
masse sur ces coteaux, cent mille Prussiens, Ba-
varois et Saxons, que nos canons, encore une fois,
et l'irrésistible élan de nos jeunes troupes force-
rent à reculer. Echelonnés le long de la Marne,
campés, les fusils en faisceaux, le pain de muni-
tion planté dans la baïonnette, l'aspect solide et
résolu, des bataillons de gardes nationaux, fré-
missants d'impatience, écoutaient le canon et de-
mandaient à marcher. On pouvait compter sur
leur courage. Les mobiles et la troupe suffirent.
A quatre heures, l'ennemi était repoussé, et
battu, forcé à se retrancher de nouveau. On met-
tait à profit l'expérience, on crénelait aussitôt
Champigny; les prisonniers saxons disaient que
150,000 Prussiens se massaient, à cette heure dans
les bois de Cœuilly. Sur le champ de bataille, in-
trépides, marchant au danger avec l'austérité
grave du soldat discipliné, les Frères de la doc-
trine chrétienne en robes noires, relevaient les
blessés et enterraient les cadavres. Le général
Trochu, l'air heureux du résultat de la journée,
de cette lutte héroïquement soutenue, passait à
cheval, suivi de son état-major, salué par les
troupes, dans la plaine qui fait face à Joinville.
Ducrot, atteint au cou par un éclat d'obus, con-
tusionné mais non blessé, prenait un peu de
repos, le brave et fier soldat, dans son logis de
Poulangis, près du pont de Joinville. « Encore un
« combat, disaient les soldats, encore une bataille
« où les Prussiens ont reculé. » Et de rire. Et de
saluer ces frères qu'ils avaient rencontrés sous les
mêmes balles, ces frères ramenant sur des bran-
cards, du champ de bataille, les soldats qui
avaient trouvé la mort devant l'ennemi.

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Les Prussiens, étonnés de cette résistance et de cette force inconnues, regardaient sans doute du fond de leurs bois les rouges lueurs des feux de nos bivouacs éparpillés sur les collines et dans les plaines, et ils se disaient: Qu'est-ce donc que ce Paris où l'on nous disait qu'il suffisait, de frapper pour entrer, enseignes déployées?

Le lendemain, ces deux batailles gagnées, l'armée, que l'ennemi espérait écraser sous l'épouvante du nombre, allait, par une marche rapide, chercher ailleurs, sur un autre point de l'enceinte, chercher d'autres combats, d'autres dangers et d'autres victoires.

JULES CLARETIE.

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Après la défensive, l'offensive. Nous avons présenté le vaste panorama de la défense, et, à l'heure décisive, nous ne pouvions manquer à ce rendezvous du champ de bataille, que Paris assiégé attendait avec tant d'impatience. Cette impatience, il faut bien le dire, est sans doute justifiée par un légitime désir de délivrance; mais elle était aussi inspirée par une ferme confiance dans le courage et la solidité de notre jeune armée. Les événements ont heureusement répondu aux espérances de la population.

Nous allons résumer ici, non-seulement nos

propres souvenirs, recueillis de visu sur le champ de bataille, mais encore les renseignements qui nous ont été donnés par ceux de nos collabora-teurs qui ont pu, comme nous, assister au combat du 29, du 30 et du 2 décembre. Nous n'ajoutons plus ici qu'un mot, c'est que chacune de nos gravures représente une scène, un point de vue, un trait que nous avons eu sous les yeux et que nous avons pu reproduire dans un croquis tracé sur le lieu même de l'action.

VUE DU PONT DE JOINVILLE.

Le pont de Joinville représente, du côté de la bataille, le point extrême des avant-postes prussiens. C'est dans ces parages que la compagnie des tirailleurs parisiens, commandés par le capitaine Lavigne, a poussé contre les postes prussiens tant de reconnaissances utiles à la défense; c'est aussi de ce côté que le sergent Hoff, dont nous résumons plus loin les exploits, a conduit ses expéditions nocturnes, qui ont coûté vingt-sept hommes à l'ennemi. Mais quand notre armée a passé la Marne, le 30 novembre, pour livrer sa première bataille, les Saxons et les Wurtembergeois qui nous investissent de ce côté de Paris, étaient déjà refoulés depuis longtemps, et le pont de Joinville n'a offert à nos troupes aucune résistance.

LE PASSAGE DE LA MARNE.

Le passage d'une rivière, sous le feu de l'ennemi, est une opération toujours difficile. Il y a tant d'obstacles à vaincre ! Cette opération importante, confiée au général Ducrot, a échoué, le premier jour, par suite d'un accident imprévu; mais elle s'est accomplie le jour suivant, avec un plein succès; ce passage, qui s'est effectué le matin du 30 novembre, a permis au général Ducrot de lancer contre l'ennemi les corps qu'il commandait et qui formaient le centre de l'armée d'attaque. Le général Trochu, tout en conservant le commandement en chef, conduisait l'aile gauche sur le plateau d'Avron, et le général Vinoy commandait l'aile droite. Les trois généraux avaient, la veille au soir, tenu un dernier conseil de guerre et pris leurs dernières dispositions.

LES COMBATS PRINCIPAUX.

La lutte a été vive sur tous les points du champ de bataille; mais elle a eu pourtant, à certaines heures et devant certaines positions, un caractère d'acharnement tout particulier. La prise de PetitBry, l'enlèvement de la dernière position occupée par l'ennemi sur le plateau de Villiers, la reprise du plateau de Champigny ont été les péripéties les plus sanglantes de ces deux journées terribles. Nous n'insistons pas sur le récit de ces épisodes, qui ne sont que des actes divers du grand drame que raconte plus haut notre collaborateur Jules Claretie; mais nos gravures permettront à nos lecteurs de se représenter le vigoureux effort qu'a dû faire notre jeune armée de conscrits pour disputer et enlever à 120,000 hommes de vieilles troupes des retranchements et des barricades aussi formidablement fortifiés.

UN ÉPISODE DE LA BATAILLE.

Nous pourrions en dessiner mille; nous choisissons celui qui représente un groupe de Wur'embergeois réfugiés dans une maison de Champi

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