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Revue politique de la seActes du gouvernement. Les batailles sous Paris: rapport militaire. La question d'Orient.. Notre artillerie. Les morts français après les journées du 30 novembre, du 1er et du 2 décembre 1870. Courrier de Paris. La viande de cheval. Les papiers des

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Tuileries (suite). Un gourbi prussien, à Villejuif.

Gravures: Le général Renault.

Défense de Paris: action du 29 novembre, depuis l'Hay jusqu'à Sceaux; vue générale prise de la batterie Millaud par M. H. de L.:- L'atelier H. Flaud servant à la fabrication des mitrailleuses Meudon et à la transformation des canons de 12. Siége de Paris: enterrement des morts tués dans les journées du 29 novembre au 2 décembre, à l'angle formé par la route de Vuliers et le chemin de fer du Tremblay, près de Champigny. Marché et abattage des chevaux pour l'alimentation aspect du marché au boulevard d'Enter; Examen du vétérinaire; Pesage, estimation et achat

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- Marque de la commission

sanitaire;

méro d'ordre;

Marque du nu

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chevaux acquis par la com

mission d'alimentation; L'abattage; La saignée;

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Le soufflage; - Transport de la viande aux boucheries municipales. Défense de Pa

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ris: un gourbi dans les lignes des redoutes de Villejuif. - Rébus.

Nos Souscripteurs dont l'abonnement expire fin décembre sont priés de le renouveler immédiatement, s'ils veulent n'éprouver aucun retard dans la réception du journal.

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Le général Renault était entré à l'école de Saint-Cyr en 1825, il était en 1835 capitaine dans la légion étrangère. Il gagna successivement les grades de chef de bataillon et de lieutenantcolonel de zouaves, et en 1843 il commandait le sixième léger.

Nommé général de brigade en 1846, le général Renault resta en Afrique de 1839 à 1848, époque à laquelle il rentra en France pour prendre le commandement d'une brigade de l'armée des Alpes. Il était général de division depuis 1851.

De 1851 à 1859, il retourna en Afrique où il remplit plusieurs fois par intérim les fonctions de gouverneur général.

Pendant la campagne d'Italie, il prit le commandement d'une des divisions de l'armée expéditionnaire, et fut nommé sénateur en récompense de sa brillante conduite à Solferino.

Le brave général Renault était, en effet, le type du vrai soldat français courage chevaleresque et dévouement à toute épreuve. C'est ain

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si qu'il a vécu, et c'est ainsi qu'il est mort. Transporté à l'hospice de Lariboisière, après sa blessure, il fut amputé et supporta sans exhaler une plainte cette douloureuse opération. Il alla mieux pendant deux ou trois jours, mais la fièvre arriva et le mal fit rapidement des progrès alarmants. Disons-le à son honneur, le général Renault sur son lit de souffrance n'a pas une fois pensé à lui. Il demandait à chaque instant des nouvelles de l'armée, du siége, des opérations militaires commencées, et il est mort, le 6 décembre, én criant: Vive la France!

Un décret du gouvernement de la défense nationale a décidé que les frais de ses funérailles seraient supportés par le Trésor public. Il a été enterré aux Invalides, au milieu d'une foule de généraux, d'officiers et de citoyens accourus pour rendre hommage à son patriotisme, et l'archevêque de Paris a prononcé sur sa tombe une courte oraison funèbre qui le propose, comme modèle, à tous les défenseurs du pays.

RENÉ DU MERZER.

REVUE POLITIQUE DE LA SEMAINE

SITUATION GENERALE.

Après la lettre de M. de Moltke et l'envoi des dépêches expédiées par nos ennemis, Paris devait naturellement discuter à fond ces informations singulières, et l'on peut dire que, toute la semaine, l'attention générale s'est portée sur tout ce qui pouvait nous renseigner sur la situation vraie des départements.

Privé de nouvelles précises et de dépêches officielles, l'esprit public a dû se borner à se rendre un compte exact des faits et gestes de nos ennemis, et, sur ce point, il ne faut pas perdre de vue que, depuis plusieurs jours, les Prussiens, nonseulement s'opposent à ce qu'aucune communication nous arrive de la province, mais encore nous expédient de fausses dépêches. Ils ont donc quelque chose à nous cacher, et que peut être ce quelque chose, sinon la véritable situation de Parmée de la Loire? Si cette armée était détruite ou hors d'état de nous secourir, les journaux des départements nous arriveraient en quantité. M. de Moltke n'ignore pas que sa communication ne nous a causé aucune épouvante, que nous n'y vons ajouté qu'une foi médiocre, et il sait surtout que nous avons ri de sa ruse des pigeons menteurs. Pourquoi donc, si la vérité est véritablement à son avantage, n'use-t-il pas des moyens si multiples qu'il tient à sa disposition de nous la faire savoir?

A cette question, le bon sens du public parisien a déjà répondu, et les informations qui nous sont ransmises par les deux dépêches officielles, que nous publions plus bas, sont de nature à nous rassurer sur le mouvement patriotique des départements.

La France a des ressources infinies, écrivait en 1794 le roi Frédéric au ministre Pitt, qui payait son armée, et le duc de Brunswick est d'avis qu'il ne nous reste plus qu'à faire la paix. » Cette lettre du prédécesseur du roi Guillaume s'applique, avec une vérité saisissante, à la situation actuelle. Le vainqueur de Sedan est peut-être encore trop enivré d'orgueil pour en reconnaître la sagesse; mais ce jugement d'un roi de Prusse, porté sur la France à notre première révolution, est pourtant de nature à ouvrir les yeux à nos implacables ennemis. Il est dans le génie de notre nation de se raidir contre le malheur. Aux temps de Vercingétorix, au temps de Jeanne d'Arc, à l'époque de la Révolution, comme de nos jours, la vieille Gaule a opposé aux invasions une résistance désespérée, et la nation qu'on reconnaît comme supérieure dans l'attaque a montré, en triomphant de ces grandes crises, qu'elle savait encore trouver une énergie plus redoutable dans le malheur.

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La résistance à outrance a relevé le moral de intéresse, autant que la guerre actuelle, l'Europe l'esprit public, et, de tous côtés, cette amélioration entière. Mais en présence de cet acte vraiment de la situation générale se manifeste par d'écla- extraordinaire du cabinet de Saint-Pétersbourg, tantes adhésions en faveur du maintien de la Ré- il est impossible de ne pas accorder une imporpublique. Au milieu de ces déclarations politi-tance exceptionnelle à cette question qui peut, du ques, nous devons une mention particulière à l'é- jour au lendemain, généraliser la guerre, et nous tude remarquable que M. Ad. Guéroult vient de donnons, dans un article spécial, les antécédents de ce grave conflit qui reste, depuis un demipublier dans la Revue des Deux-Mondes sous ce titre : siècle, suspendu, comme une autre épée de DaLa République en France. moclès, sur la politique européenne.

Quel avenir notre pays doit-il réserver à l'institution républicaine?

Quels sont les avantages de cette forme de gouvernement?

La situation politique de l'Europe peut, en ce moment, se résumer par un mot prononcé par M. de Beust, qui répondait, ces jours derniers, à «Ne me parlez pas de paix,

Quels obstacles l'ont jusqu'ici empêchée de une délégation : prendre racine en France?

Quelle est, enfin, aujourd'hui, la signification qu'il faut donner au mot République?

Telles sont les questions examinées par M. Ad. Guéroult, avec un esprit d'analyse impartiale, et le judicieux publiciste n'hésite pas à reconnaître que si le Gouvernement de la défense nationale conçoit sa tâche avec largeur, s'il ne se laisse arrêter ni par la routine, ni par les préjugés des corps spéciaux, ni par des considérations d'une économie mal entendue; s'il sait tirer parti, en un mot, des admirables dispositions de l'esprit public, nous avons la confiance qu'il délivrera la France, qu'il repoussera l'étranger, et qu'au point de vue tout au moins de la partie extérieure de son programme, il aura fondé la République.

Quel gouvernement, en effet, pourrait se poser en rival de celui qui, ayant trouvé la France dans cet abîme de honte et de douleur, l'aurait relevée, ranimée, délivrée, et portée à ce prodigieux degré de gloire et de puissance qui serait la suite naturelle d'une pareille résurrection?

En résumé, raffermissement général de notre patriotisme, et en même temps, raffermissement de l'idée républicaine dans l'opinion, tels sont les deux traits caractéristiques de la nouvelle phase qui vient de s'ouvrir pour nous avec les opérations de la nouvelle campagne.

POLITIQUE EXTÉRIEURE.

Au point de vue de la politique extérieure, nous n'avons, en réalité, à mentionner aucun acte, aucun fait de nature à modifier la situation antérieure. Quiconque a suivi, depuis quelque temps, la reproduction des articles de journaux étrangers par la presse de Paris, a pu cependant observer la persistance avec laquelle en Angleterre, en Italie et en Autriche, les journaux de tout parti et de toute nuance s'appliquent à s'élever contre la politique exorbitante et la guerre horrible que poursuit la Prusse. Mais cette voix de la presse étrangère n'a jusqu'à présent représenté que le rôle du chœur dans une tragédie grecque, donnant toujours de sages conseils aux guerriers engagés dans des combats mortels, et murmurant des regrets impuissants à propos des catastrophes tragiques. Nous n'avons qu'un mot à répondre à ces journaux : Agissez ou gardez le silence.

Au sujet du Mémorandum lancé d'une façon si inattendue par le prince Gortschakoff, les journaux étrangers nous ont donné quelques informations sommaires. D'après ces journaux, l'Angleterre, la Turquie, l'Autriche et l'Italie sont d'accord pour observer une attitude commune et décidée vis-à-vis de la démarche faite par la Russie.

Ces puissances travaillent en ce moment de concert à la rédaction d'une Note collective. L'Opinione, de Florence, assure que l'impression produite généralement par la dénonciation du traité de Paris est qu'il existe des dispositions chez les puissances à accueillir en principe la révision de ce traité, et que quelques gouvernements étaient déjà favorables à cette révision.

D'un autre côté, des renseignements qui nous viennent de Londres, de la Belgique et de la Hollande assurent que le ministère anglais aurait donné l'ordre d'armer la flotte.

Nous ne savons et personne ne peut prévoir quelle sera la solution de ce nou eau conflit qui

car personne, aujourd'hui, ne la tient dans sa main; ne me parlez pas de guerre, car nous serons peut-être obligés de la faire demain. »

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AUG. MARC.

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LES DÉPARTEMENTS

DÉPÊCHES OFFICIELLES.

Trois pigeons sont arrivés hier, et ont apporté les dépêches suivantes, que nous publions:

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Tours, 5 décembre 1870.

« Gambetta à Trochu.

Vos dépêches nous sont parvenues; elles ont provoqué l'admiration pour la grandeur de l'effort de l'armée et des citoyens; nous nous associons à

vos vues et nous les servirons.

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Orléans a été évacué devant les masses de l'armée de Frédéric Charles. Nous avons dû reprendre sur notre gauche, avec le 16°, le 17°, le 21 et la moitié du 19e corps en formation, les positions par nous occupées avant la reprise d'Orléans, le général Chanzy commandant toutes ces forces

réunies.

« Le 15e corps, commandant des Polières, est prêt à se porter à droite ou à gauche, selon les exigences de l'action.

« Bourbaki commande le 18e et le 20e corps, auxquels on envoie incessamment des renforts pour couvrir Bourges et Nevers. Nous sommes donc exactement dans les vues de votre dépêche du jeudi 20 novembre.

« A la suite de l'évacuation d'Amiens, l'ennemi a marché sur Rouen, qu'il menace d'occuper aujourd'hui ou demain.

« Le général Briand couvre le Havre. «Le général Faidherbe, qui a remplacé Bourbaki dans le Nord, est en action.

« Les Prussiens ont levé le siége de Montmédy et de Mézières. Ils sont vigoureusement tenus en échec par Garibaldi entre Autun et Dijon.

« GAMBETTA. »

Tours, le 11 décembre 1870.
Gambetta à Trochu et Jules Favre.

« Je vous écris tous les jours; mais le temps est si contraire! Nous sommes également sans nouvelles depuis le 6. Ici les choses sont moins graves que ne le répandent les Prussiens à vos avantpostes. Après l'évacuation d'Orléans, l'armée de la Loire a été divisée en deux parties, l'une sous le commandement de Chancy, l'autre de Bourbaki.

« Le premier tient avec un courage et une ténacité indomptables contre l'armée de Mecklembourg et l'armée du prince Frédéric-Charles depuis six jours, sans perdre un pouce de terrain, entre Cosne et Beaugency. Les Frussiens tentent un mouvement tournant par la Sologne. Bourbaki s'est retiré sur Bourges et Nevers. Le Gouvernement s'est transporté à Bordeaux, pour ne pas gêner les mouvements stratégiques des armées.

« Faidherbe opère dans le Nord, et Manteuffel a rebroussé chemin de Honfleur sur Paris. Nous tenons ferme. L'armée, malgré sa retraite, est intacte et n'a besoin que de quelques jours de re

I

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Le 18 novembre, on attendait l'ennemi à Lyon. Si on ne l'attendait point, il paraissait du moins impossible d'arrêter sa marche. Ces renseignements nous sont communiqués par le Journal des Réfugiés. L'ardeur de la population était admirable; la garde nationale veillait aux remparts, la ville entière défiait le bombardement; on avait

institué un comité de barricades.

La garde nationale avait fourni des bataillons de marche, dont le premier est parti le 14 novembre. Ici, il faut avouer qu'arrivé à Villefranche, ce bataillon aurait été arrêté par des actes d'indiscipline dont une compagnie s'est rendue coupable. Vingt-six mutins ont été arrêtés, traduits en cour martiale. Après une sentence sévère, ils ont été fusillés.

Cette exécution a produit une impression profonde, mais a été généralement approuvée. Le second bataillon de marche a quitté Lyon le 19. Le Journal des Réfugiés publie l'extrait suivant du Journal de Rouen, du 17 novembre:

Monseigneur l'évêque d'Angers vient d'adresser à son clergé une lettre pastorale par laquelle il invite les séminaristes, non encore entrés dans les Ordres, à se lever pour la défense de la patrie. «Il les verra avec plaisir, dit-il, s'engager dans les troupes régulières ou dans les corps francs de

Cathelineau et de Charette. »

ACTES DU GOUVERNEMENT

P. P.

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en viandes, salaisons, conserves, qui pouvaient

encore se trouver chez les marchands de comestibles, et toutes les pommes de terre existant à Paris et dans la banlieue.

Le gouvernement a également réquisitionné le coke, la houille, le bois de boulange, les huiles, les légumes secs et le riz.

LES BATAILLES SOUS PARIS

RAPPORT MILITAIRE.

Les dernières sorties opérées par l'armée de Paris pendant les journées des 29 et 30 novembre, 1er, 2 et 3 décembre ont amené des engagements sur la plupart des points des lignes d'investissement de l'ennemi.

Dès le 28 novembre au soir, les opérations étaient commencées.

A l'est, le plateau d'Avron était occupé à huit heures par les marins de l'amiral Saisset, soutenus par la division d'Hugues, et une artillerie nombreuse de pièces à longue portée était installée sur ce plateau, menaçant au loin les positions de l'ennemi et les routes suivies par ses convois à Gagny, à Chelles et à Gournay.

A l'ouest, dans la presqu'île de Gennevilliers, des travaux de terrassement étaient commencés sous la direction du général de Liniers; de nouvelles batteries étaient armées; des gabionnades et des tranchées-abris étaient installées dans l'île Marante, dans l'île de Bezons et sur le chemin de fer de Rouen. Le lendemain, le général de Beaufort complétait les opérations de l'ouest en dirigeant une reconnaissance sur Buzenval et les hauteurs de la Malmaison, en restant sur sa droite relié devant Bezons aux troupes du général de Liniers.

Le 29, au point du jour, les troupes de la 3 armée, aux ordres du général Vinoy, opéraient une sortie sur Thiais, l'Hay et Choisy-le-Roi, et le feu des forts était dirigé sur les divers points signalés commé servant au rassemblement des troupes de l'ennemi.

Des mouvements exécutés depuis deux jours avaient garni de forces importantes la plaine d'Aubervilliers et réuni les trois corps de la 2o armée aux ordres du général Ducrot sur les bords de la Marne.

Le 30 novembre, au point du jour, des ponts préparés hors des vues de l'ennemi se trouvaient jetés sur la Marne, sous Nogent et Joinville, et les deux premiers corps de la 2e armée, conduits par les généraux Blanchard et Renault, exécutaient rapidement avec toute leur artillerie le passage de la rivière. Ce mouvement avait été assuré par un feu soutenu d'artillerie partant des batteries de position établies sur la rive droite de la Marne à Nogent, au Perreux, à Joinville et dans la presqu'île de Saint Maur.

A neuf heures, ces deux corps d'armée atta

quaient le village de Champigny, le bois du Plant et les premiers échelons du plateau de Villiers. A onze heures, toutes ces positions étaient prises, et les travaux de retranchement étaient déjà commencés par les troupes de seconde ligne, lorsque l'ennemi fit un vigoureux effort en avant, soutenu par de nouvelles batteries d'artillerie. A ce moment, nos pertes furent sensibles : devant Champigny, les pièces prussiennes établies à Chennevières et à Couilly refoulaient les colonnes du 1er corps, tandis que de nombreuses troupes d'infanterie descendant des retranchements de Vil

liers, chargeaient les troupes du général Renault. Ce furent alors les énergiques efforts de l'artillerie, conduite par nos généraux Frébault et Boissive que prenait l'ennemi. sonnet, qui permirent d'arrêter la marche offen

Grâce aux changements apportés dans l'armement de nos batteries, l'artillerie prussienne fut en partie démontée, et nos hommes, ramenés à la baïonnette par le général Ducrot, purent prendre définitivement possession des crêtes.

Pendant ces opérations, le 3e corps, sous les or

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dres du général d'Exea, s'était avancé, dans la vallée de la Marne, jusqu'à Neuilly-sur-Marne et Ville-Evrard. Des ponts avaient été jetés au PetitBry, et Brie-sur-Marne était attaqué et occupé par la division Bellemare. Son mouvement, retardé par le passage de la rivière, se prolongea au delà du village jusqu'aux pentes du plateau de Villiers, et les efforts de ses colonnes vinrent concourir à la prise de possession des crêtes, opérée par le 2e corps en avant de Villiers. Le soir, nos feux de bivouac s'étendaient sur tous les coteaux de la rive gauche de la Marne, tandis que brillaient sur les pentes de Nogent et Fontenay les feux de nos troupes de réserve.

Ce même jour, 30 novembre, la division Susbielle, soutenue par une importante réserve des bataillons de marche de la garde nationale, s'était portée en avant de Créteil, et avait enlevé à l'ennemi les positions de Mesly et Montmesly, qu'elle devait occuper jusqu'au soir.

Cette diversion sur la droite des opérations de la 2 armée était soutenue par de nouvelles sorties opérées sur la rive gauche de la Seine, vers Choisy-le-Roi et Thiais, par les troupes du général Vinoy.

Au nord, l'amiral La Roncière, soutenu par l'artillerie de ses forts, avait occupé, dans la plaine d'Aubervilliers, Drancy et la ferme de Groslay; de fortes colonnes ennemies avaient été ainsi attirées sur les bords du ruisseau la Morée. en arrière du pont Iblon. Vers deux heures, l'amiral traversa Saint-Denis, et se portant de sa personne à la tête de nouvelles troupes, dirigeait l'attaque d'Epinay, que nos soldats, soutenus par des batteries de la presqu'île de Gennevilliers, ont pu occuper avec succès.

Le 1er décembre, il n'y eut que quelques combats de tirailleurs au début de la journée, devant les positions de la deuxième armée, et le feu du plateau d'Avron continua à inquiéter les mouvements de l'ennemi à Chelles et à Gournay, dans le mouvement de concentration considérable qu'il opérait, la nuit surtout, pour amener de nouvelles forces en arrière des positions de Couilly et de Villiers.

Le 2 décembre, avant le jour, les nouvelles forces, ainsi rassemblées, s'élancèrent sur les positions de l'armée du général Ducrot; sur toute la ligne, l'attaque se produisit subitement et à l'improviste sur les avant-postes des trois corps d'armée, de Champigny jusqu'à Brie-sur-Marne.

L'effort de l'ennemiéchoua: soutenues parunensemble d'artillerie considérable, nos troupes, malgré les pertes qu'elles avaient à subir, opposèrent la plus solide résistance. La lutte fut longue et terrible. Nos batteries arrêtèrent les colonnes prussiennes sur le plateau, et dès onze heures les efforts de l'ennemi étaient entièrement vaincus. A quatre heures, le feu cessait et nous restions maîtres du terrain de la lutte. Le 3 décembre, sans que l'ennemi pût inquiéter notre retraite, aidés par le brouillard, 100,000 hommes de la 2e armée avaient de nouveau passé la Marne, laissant l'ar

mée prussienne relever ses morts.

de

Nos pertes, dans ces diverses journées, ont été

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DÉFENSE DE PARIS. L'atelier H. Flaud, servant à la fabrication des mitrailleuses Meudon et à la transformation des canons de 12.

Les pertes de l'ennemi ont été des plus considérables; elles sont en rapport, du reste, avec les efforts qu'il a faits pour enlever nos positions. Écrasé par une artillerie formidable sur tous les points où il se présentait, nos projectiles l'atteignaient jusque dans ses plus extrêmes réserves, et, d'autre part, des officiers prisonniers ont déclaré que plusieurs régiments avaient

été détruits par no

tre feu d'infanterie
en avant de Cham-

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pigny.

Par ordre:

Le général chef d'état-
major général,
SCHMITZ.

LA

QUESTION D'ORIENT

I

Il est impossible

de ne pas nous ar-
rêter, même au mi-
lieu de la guerre
formidablequenous
poursuivons, devant

la question que la
circulaire du prince
Gortschakoff vient
d'expédier à tous les
agents de la Russie

à l'étranger pour
dénoncer le traité
du 30 mars 1856, qui
réglait la situation

de la Russie dans la
mer Noire, à la sui-
te de la guerre de
Crimée. Ce mouve-
ment d'expansion
de la race slave re-
présente l'un des
grands problèmes
que la politique eu-
ropéenne devra ré-
soudre, et la crise
que nous traversons
démontre surabon-
damment que ce
n'est pas en ajour-
nant la solution de
ces difficultés qu'on
détourne les périls
qui peuvent mena-
cer la civilisation.
Quelques mots sur
les antécédents fe-
ront comprendre le
but que l'ambition
russese propose d'at-
teindre.

On sait que de-
puis le dix-huitiè-
me siècle la Russie
convoite la mer Noi-
re, et poursuit par
ous les moyens pos-

1

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DÉFENSE DE PARIS. - Action du 29 novembre depuis l'Hay jusqu'à Sceaux; vue générale prise de la batterie Millaud par M. Hardouin de Lonlav. notre abonné.

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sibles la possession du détroit des Dardanelles, qui en ferme ou en ouvre l'accès.

Pierre le Grand n'avait pas d'autre pensée, et un soir que le grand empereur s'épanchait librement avec je ne sais plus quel ministre favori, regardant la carte de toutes les Russies et désignant les terres immenses qui étaient son domaine, il lui dit :

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J'en ai trop!

« Je voudrais avoir des eaux pour mes flottes futures. » Et de la lame d'un poignard qu'il portait à son côté, il désigna la mer Noire et Constantinople comme le point qu'enviait son ardente ambition.

Pierre le Grand mourut, mais dans son testament, comme article essentiel, il prescrivit à ses successeurs de ne jamais perdre de vue la possession de la mer Noire.

Aussi tous les czars qui depuis ce grand homme régnèrent sur les Russies se mirent en devoir de réaliser le rêve de leur ancêtre. Ce fut là la cause qui brouilla Alexandre Ier avec l'homme d'Austerlitz; ce fut cette convoitise acharnée qui alluma la guerre de Crimée entre la Russie et celui qui devait être l'homme de Sedan.

Le testament du fondateur de la puissance moscovite est resté le Credo de la politique russe, et la formule de ce testament est, en effet, de nature à provoquer l'exaltation d'un peuple fanatique. Écoutez cette voix prophétique:

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«vement périodique arrêté dans

« les desseins de la Providence, qui « a ainsi régénéré le peuple ro« main par l'invasion des barbares. « Ces émigrations des hommes polaires sont comme le flux du Nil, qui, à certaines époques, « vient engraisser de son limon les terres amaigries de l'Égypte. « J'ai trouvé la Russie rivière, je la laisse fleuve; mes succes«seurs en feront une grande mer « destinée à fertiliser l'Europe ap

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pauvrie, et ses flots déborderont

« malgré toutes les digues que des « mains affaiblies pourront leur

« opposer. PIERRE LE GRAND. »

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