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LA MODE ARTISTIQUE

Gravure extraite de LA MODE ARTISTIQUE, publication de M. Gustave Janet.

Nos lecteurs connaissent et apprécient depuis longtemps la Mode artistique, et c'est pour nous une véritable bonne fortune que de pouvoir consacrer une page de nos gravures à la remarquable publication de M. Gustave Janet.

Chacune des charmantes compositions de l'artiste nous révèle une figure nouvelle, une gracieuse toilette absolument inédite. C'est là, en effet, ce qui distingue la Mode artistique de tous les recueils qui n'ont pour objet que de reproduire les métamorphoses et les nouveautés de la toilette.

La Mode artistique, en traduisant les fantaisies du jour, crée de toutes pièces un ensemble parfait, un type de grâce et de distinct on, et la gravure que nous mettons sous les yeux de nos lecteurs montre à quelle supériorité le talent et l'inspiration d'un artiste peuvent élever une publication de modes.

M. Gustave Janet ne publie son journal que depuis deux ans, et la Mode artistique est déjà recherchée par la fashion, en France et en Europe,

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comme le recueil qui fait loi pour le monde élégant.

Dessinées et lithographiées avec le plus grand soin, les épreuves sont imprimées à deux teintes, sur papier extra-fin, coloriées et retouchées à l'aquarelle.

Comme composition et comme exécution, c'est, on le voit, une œuvre véritablement artistique.

Aussi, ces modes, exécutées avec un soin jusqu'ici sans exemple, sont-elles aujourd'hui les types adoptés par les grandes faiseuses.

Les bureaux d'abonnement et de vente se trouvent au no 11, carrefour de l'Observatoire. La vente au numéro a lieu chez les principaux marchands d'estampes.

Le prix de l'abonnement est de 22 fr. pour les départements et de 18 fr. pour Paris, pour l'année entière. Ils sont de moitié de ces chiffres pour six mois. P. P.

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AUG. MARC, directeur-gérant.

Imp. de l'Illustration. A. MARC. r. de Verneuil, 22. Paris. Encres typographiques de Ch. Lorilleux.

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SOMMAIRE.

Texte Revue politique de la semaine.

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La Couronne d'Es

pagne. Courrier de Paris. - Lord Clarendon. - Lettres d'Atticus. Abdication de la reine Isabelle. Halo du 8 Juillet 1870. Le mouvement littéraire. Le château du Belvédère, Procès de l'Internationale. Chronique parlementaire. Écrivains et Journalistes. L'incendie du mont Vuache, La Nature chez elle: Juillet (suite). . Le desservant de Saint-Pabu, nouvelle (suite), par Mme Élisa Franck. Les promenades de Paris: Boulevard Richard-Lenoir. Les Tableaux de la Guerre, par M. Ch. Yriarte. Revue de la Bourse. La glacière Penant, - L'ossuaire de Solferino.

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tière autonomie, qui est de droit éternel, en remettant entre ses mains la gérance complète de ses intérêts particuliers: voilà pourquoi nous avons posé et pourquoi nous maintiendrons le principe de l'élection.

C'est une œuvre à reprendre, et elle aura certainement son jour. Mais il est étrange de voir le gouvernement s'opposer si obstinément à la réali sation de programmes qu'il affiche lui-même avec tant de jactance. Qu'est-ce donc alors que cette décentralisation pour laquelle il nomme une commission spéciale? Qu'est-ce donc que la condamnation de ce passé qui s'écroule? Des mots, rien Paris: Abdication de Sa Majesté de plus; et le public finira par dire, comme M. Picard, que les programmes du ministère ne sont que des prospectus.

Lord Clarendon.

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Paris: Le procès

Gravures: M. de Bismark. Isabelle de Bourbon. de l'Internationale: Aspect de la 6e chambre pendant une audience. Weimar: Le château du Belvédère, Incendie du mont Vuache (Alpes suisses). La Nature chez elle: Juillet. Les promenades de Paris: Boulevard Richard-LeLes Tableaux de la Guerre (9 gravures). - Italie : Inauguration de la chapelle mortuaire élevée sur le champ de bataille de Solférino. Échecs. Rébus,

noir.

REVUE POLITIQUE DE LA SEMAINE

L'événement capital que nous avons à signaler dans la politique extérieure, est la candidature au trône d'Espagne d'un prince de Hohenzollern. Cette nouvelle est tombée comme la foudre sur le ministère, le lendemain du jour où M. Emile Ollivier nous affirmait qu'il n'y avait pas un point noir à l'horizon. Que font donc nos ambassadeurs de Madrid et de Berlin? Voilà la Prusse en Allemagne, la Prusse en Roumanie, la Prusse en Italie, la Prusse en Espagne. Est-ce assez?

L'émotion est des plus vives, et mercredi, au Corps législatif, M. de Gramont a fait, aux applaudissements de l'assemblée, cette déclaration:

« Il est vrai que la couronne d'Espagne a été of ferte au prince de Hohenzollern, et qu'il l'a acceptée. Mais le peuple espagnol ne s'est pas encore prononcé, et nous ne savons quelle sera la conséquence d'une négociation qui nous a été cachée.

« Nous vous paions d'ajourner le débat. «La France n'est pas sortie, à l'égard des divers prétendants au trône d'Espagne, d'une neutralité complète. Elle n'a montré pour aucun d'eux ni sympathie ni éloignement; nous ne croyons pas que le respect du à l'indépendance des peuples nous oblige à souffrir qu'une nation voisine relève le trône de Charles-Quin; et nous ne souffrirons pas qu'une puissance étrangère vienne rompre, au préjudice de la France, l'équilibre européen.

« S'il en était autrement, nous ferions appel à votre patriotisme, et nous ne prendrions conseil que de l'honneur et des intérêts du pays.

<< Fort de votre appui et de celui de la nation, le gouvernement saura remplir son devoir sans hésitation et sans faiblesse. »

La question est donc nettement posée. C'est un casus belli que la France signifie à la Prusse. M. de Werther est parti pour Ems, où se trouve le roi Guillaume, avec une note conforme aux déclarations faites par notre ministre des affaires étrangères. La réponse de la Prusse nous dira si la France doit songer à un autre Iéna pour briser l'insolente domination que les vainqueurs de Sadowa ont la prétention de faire peser sur l'Europe.

La loi des maires est votée. Une majorité de 178 voix contre 36 a consacré, une fois de plus, le principe de la loi de 1831, qui a posé comme règle fondamentale la nomination des maires par le pouvoir central.

Nous demeurons convaincu qu'en maintenant à la base de notre organisation administrative l'ingérence du pouvoir exécutif, le gouvernement vient de rendre presque impossible cette grande réforme, qui nous porte à vouloir rompre les liens de cette centralisation excessive qui paralyse l'essor de la vie publique en dehors de Paris. Nous aurions voulu, nous, réveiller les forces locales, les livrer aux enseignements de la discussion Nous aurions voulu rendre à la commune son en

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Dans la séance du 30, la discussion du projet de loi relatif au contingent de 90,000 hommes pour 1870, a provoqué un débat des plus animés.

C'est toujours le même éternel problème de notre organisation militaire. M. de Latour, M. Thiers et le ministre de la guerre ont repris et soutenu, ayec les mêmes redites, le vieil aphorisme: si vis pacem, para bellum. Argumentation déplorable, qui aboutit à nous faire considérer le régime militaire actuel comme l'idéal de l'organisation de nos forces. Comme si d'autres pays n'arrivaient pas à se défendre avec moins de charges! Comme si la paix armée était le dernier mot de la politique du monde!

MM. Garnier-Pagès et Jules Favre ont fait la critique de ce système ruineux, qui trouve dans le budget sa condamnation la plus sévère. On sait ce que coûte non-seulement à la France, mais à l'Europe, ce dévergondage d'armements qui faisait dire au Punch de Londres avec tant d'esprit : « En 1880, tout l'or de l'Angleterre ne suffira pas pour construire l'unique canon qu'elle sera réduite à braquer pour la défense de ses côtes! » Les armements conduisent aux gros budgets; les gros budgets conduisent aux emprunts, et les emprunts nous mènent à la ruine!

La discussion sur la pétition adressée par les princes d'Orléans a eu le résultat que chacun prévoyait. Un ordre du jour pur et simple, adopté à la majorité de 174 voix contre 31, a maintenu la loi de bannissement votée contre eux. L'opinion res

pecte les princes et plaint leur infortune, mais la politique les proscrit. Dura lex, sed lex.

Quant à la discussion, il n'y a eu qu'une voix pour rendre justice aux sentiments élevés et aux paroles sympathiques prononcées par M. Estancelin, de même qu'on a unanimement condamné le silence gardé par M. Thiers.

Le gouvernement, en commentant avec véhémence le rapport de M. Dréolle, n'a fait appel qu'à la raison d'Etat. Rappeler les princes, ce serait, pour lui placer des allumettes auprès d'une poudrière. Pourquoi faut-il qu'en invoquant la paix, M. Émile Ollivier ait rappelé le souvenir de Dante? Le vieux poète gibelin a écrit sur l'exil la page peut-être la plus éloquente de son poème:

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P. S. A l'heure où nous mettons sous presse, le conflit qui met un casus belli entre la France et la Prusse n'a rien perdu de sa gravité. On peut même dire que le langage des journaux de Berlin n'a fait, depuis deux jours, que jeter l'huile sur le feu.

En présence des événements qui viennent de surgir si brusquement, nous croyons répondre au sentiment public, en mettant sous les yeux de nos lecteurs le portrait du ministre qui attire, une fois de plus, sur sa personne les regards de l'Europe.

M. de Bismark a fait, au profit de l'unité de l'Allemagne, la grande journée de Sadowa. Mais la France le laissera-t-elle reconstituer pour la dynastie des Hohenzollern l'ancienne puissance de la maison d'Autriche? Le langage de M. de Gramont a fait connaître la conduite que nous tiendrons. A. M.

LA COURONNE D'ESPAGNE

La couronne d'Espagne est-elle donc destinée à être une couronne d'épines pour la France? L'histoire est là pour répondre à cette question. Mais à qui la faute? Est-ce celle de la France ou celle de l'Espagne? Que nous apprennent les deux derniers siècles?

Lorsque Louis XIV, acceptant pour son petitfils, le duc d'Anjou, le testament de Charles II, prononça devant la cour cette fatale parole: « Messieurs, voici le roi d'Espagne!» il déchaîna une longue suite de malheurs sur la France.

Et cependant Louis XIV était soutenu par la nation espagnole tout entière, qui avait accueilli avec enthousiasme Philippe V comme le sauveur de l'Espagne.

Mais l'Europe ne vit pas sans effroi un pareil événement. Il lui sembla qu'il n'y avait aucune différence entre la dominotion du duc d'Anjou et celle de Louis XIV. Quoique les deux monarchies fussent distinctes, l'intérêt de famille lui parut devoir confondre la politique des deux pays. Elle se montra épouvantée de la puissance déjà si redoutable de Louis XIV, de son ambition immodérée, de ses procédés si hautains et si despotiques. L'Angleterre et la Hollande surtout virent dans ce fait une atteinte à l'équilibre de l'Europe, et, comme l'empereur d'Autriche Léopold, et tout en faisant des propositions pacifiques, elles se prépa rèrent à la guerre.

On sait ce que fut cette guerre. Les armées françaises furent battues à Hochstedt, à Malplaquet, à Oudenarde, partout. Louis XIV demanda la paix, en accepta les conditions accablantes, qui furent le démembrement de la France, et prononça en la signant ces paroles attristées : « J'oublie ma gloire. »>

Cette fin humiliante semblait devoir être une leçon pour les souverains de la France, et elle leur criait par toutes les voix de l'histoire : « Ne touchez pas à l'Espagne.» Napoléon Ier ne s'en souvint pas, et il voulut, lui aussi, comme Louis XIV, couronner un des siens en disant: « Voilà le roi d'Espagne. » Il reprit les arguments de Louis XIV et il essaya de persuader à l'Europe que la création d'une monarchie espagnole établirait bien mieux une balance égale, un équilibre, que si la France s'agrandissait par l'acquisition de l'Espagne. Mais les batailles de Talavera, de Vittoria, de Saint-Sébastien donnèrent un cruel démenti aux rêves de Napoleon Ier, qui, comme Louis XIV, fut réduit à demander la paix, à consentir le démembrement de la France et à dire, de même que son illustre devancier : « J'oublie ma gloire.

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Voilà deux grands exemples, qui (sans parler de la guerre d'intervention de la France en Espagne en 1823) démontrent la loi de fatalité qui lie l'Es pagne à la France.

Aussi n'est-ce pas sans une émotion profonde que nous voyons surgir tout à coup un conflit qui va mettre trois grandes puissances en présence et

raviver des haines nationales mal éteintes. D'un côté, il nous semble entendre l'Espagne revendiquer le grand principe de l'indépendance des peuples, qu'elle a su faire respecter sur la scène du monde; de l'autre, la France réclamant la sûreté de ses frontières et l'application de la grande loi de l'équilibre, du salut commun entre les nations voisines, qui implique la liberté de la patrie; enfin, nous trouvons, au delà du Rhin, une nation ambitieuse, dirigée par un ministre comme la France, hélas! n'en a pas; un ministre d'un esprit fin, hardi, fécond en ressources; enivré par la victoire; d'un bon sens toujours relevé par la hauteur de ses vues, d'une imagination toujours réglée par la pratique des affaires, embrassant avec une aisance merveilleuse le vaste champ de l'Europe, montrant la connaissance la plus profonde des hommes et des choses d'État, prévoyant toutes les difficultés probables, et disposé à les aborder avec une énergie impéteuse; ayant le sentiment de sa force, de son génie politique, de son ascendant sur l'esprit de son pays; et à côté

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EUGÈNE PAIGNON.

COURRIER DE PARIS

Aimez-vous les Chinois? On en rencontre partout sur les boulevards, dans les théâtres, dans les musées, au bois, aux Chambres et même dans les écoles de natation, en robe d'azur ou en robe froi un pare citron, à boutons d'or ou de chrysocale, l'éventail avait aucun d'une main, l'ombrelle de l'autre, dévorant de uc d'Anjou tous leurs yeux Paris, les Parisiens, et les Paxmonarchie risiennes, calmes, froids, dignes, jamais étonlle lui par nés... en apparence, même quand ils reconnaisIx pays. Ell sent, à l'étalage d'un marchand de curiosités, e déjà si re quelque bijou venu du Palais d'Été en France par on immode le chemin de la conquête! despotiques

Ce que viennent faire chez nous, régulièrement tous les six mois, ces plénipotentiaires du Fils du

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En apparence, bâcler quelque petit traité de commerce; en réalité, étudier notre civilisation par le menu pour faire avancer d'un gigantesque pas leur civilisation moisissante, copier nos machines, nos télégraphes, nos chemins de fer, nos chassepots et nos canons rayés, - avec l'espoir intime de faire reculer, un jour, de vaincre à leur tour ces barbares d'Europe qui les ont humiliés.

Un de mes amis, jeune et docte diplomate, observateur né, qui a séjourné longtemps dans l'EmNe toupire du Milieu, me disait, il y a quelque temps:

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Les Chinois sont si nombreux qu'ils n'auraient qu'à se laisser tomber sur l'Europe pour l'écraser; heureusement, repris-je, leurs armes sont incomparablement inférieures aux nôtres.

- C'est vrai; croiriez-vous que des monuments irrécusables établissent que les Chinois connaissent la poudre et la manière de s'en servir, depuis quatorze ou quinze siècles au moins. Ils avaient déjà des fusils du temps de Chilpéric ou de Dagobert, quand les Francs, nos ancêtres, en ti aur étaient encore à la framée, au primitif javelot; mais aussi, depuis lors, le fusil chinois ne s'est pas modifié d'une ligne; c'est toujours le même tube allongé, se chargeant indifféremment par en haut ou par la culasse, qu'on fait partir à l'aide d'une mèche, et qui d'ailleurs tue aussi souvent celui qui s'en sert que celui qu'il vise.

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Les Chinois ont, au suprême degré, le don d'imitation, d'assimilation; ils tiennent du singe, sous ce rapport, mais d'un singe de génie. En quelques heures, un apprenti chinois apprend ce qui, pour nos ouvriers, demande des jours, des semaines, des mois même. Les Américains viennent d'en faire l'épreuve : ils n'ont conjuré les désastres industriels qui sont le résultat des grandes grèves qu'en embauchant et important des Chinois qui, en quelques heures, sont devenus d'habiles mécaniciens, des ouvriers modèles.

Le jour où l'intelligence exquise de ce peuple, encroûté de routine, se dégagera de ses séculaires entraves, où la vie circulera dans ce corps décrépit, où l'air se renouvellera dans ce parc immense de troupeaux humains, deux ou trois cents millions d'êtres seront gagnés à la civilisation européenne.

C'est là que sera le danger, un jour, et je crois bien que Napoléon Ier, s'il n'avait pas eu sur le cœur son échec de, Russie, aurait ainsi corrigé sa fameuse prédiction, en y réfléchissant davantage : Dans deux cents ans, la France sera républicaine ou chinoise!

* *

Au fait, les Chinois ne sont peut-être revenus

en Europe que pour visiter, à Kensington, l'expo- | sition d'éventails; qui visiterait une exposition d'éventails, si ce n'est des Chinois ?

Lemierre ne se sentait pas de joie d'avoir mis sur pied ce vers sonore et creux :

Le trident de Neptune est le sceptre du monde. Comment a-t-on pu, même un seul instant, attribuer à ce poètereau surfait ce joli quatrain qui accompagnait l'envoi d'un éventail à la reine Marie-Antoinette?

Au milieu des chaleurs extrêmes, Heureux d'amuser vos loisirs, J'amènerai près de vous les Zéphirs:

Les amours y viendront d'eux-mêmes.

Si Lemierre eût ciselé ce bijou madrigalant, il n'aurait jamais pensé à faire d'un affreux trident le sceptre du monde. Ce sceptre est dans la main de la femme, et dans cette main il y a un éventail. Depuis les âges mythologiques jusqu'à nos jours, ce hochet féminin n'a cessé d'être une terrible machine de guerre; les vases antiques en font foi, et sans remonter si haut, n'était-ce pas le sceptre royal que l'éventail de la belle Gabrielle ou celui de la marquise de Pompadour; que l'on voit à Kensington, non loin de l'éventail de Marie-Antoinette, celui-là même peut être qui inspira au comte de Provence son délicieux madrigal?

Toutes les princesses, toutes les grandes dames d'Europe sont représentées à cette élégante exhibition, la première de ce genre : l'impératrice des Français y compte, à elle seule, trente-trois évenFrançais y compte, à elle seule, trente-trois éventails, et notre high life y fait florès, grâce à Mmes la duchesse de Doudeauville, la duchesse de Mouchy, la comtesse de Pourtalès, la comtesse de Nadaillac, la baronne de Rothschild, la duchesse de Luynes, la comtesse Duchâtel, la comtesse d'Armaillé et... la princesse de Metternich, « une Parisienne dont le mari représente l'Autriche.

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Et ils trouveront cela admirable, aussi unanimement que l'eussent fait des chambellans espagnols. Et à propos de décorations, on va donner la croix au ténor Roger, actuellement professeur au Conservatoire, et qui a trop d'esprit, lui, pour la refuser.

Que n'a-t-on pas dit quand on a décoré Samson? Les pudibonds de la Chancellerie ont versé un pleur <«< sur l'étoile de l'honneur prostituée à un histrion. »

En Grèce, les comédiens étaient aussi considérés qu'à Rome ils étaient méprisés. En France, c'est une chose à remarquer, nous pensons comme les Romains et nous agissons comme les Grecs.

La démocratie coule à pleins bords, nous dit-on sur tous les tons, et il se trouve, à quatre-vingts ans de 89, des gens qui ne s'étonnent pas qu'on décore un peintre, même malgré lui, et qui s'étonnent qu'on décore un comédien.

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Pour les petites-maîtresses, malades imaginaires, il a toujours l'anecdote spirituelle, le trait fin et galant, qui ramène bien vite aux jolies lèvres Avoué, soit! se dit le mioche. Mais je sens là décolorées le carmin et le sourire, précurseurs de que je suis né pour être roi.

avoué, à Périgueux ou à Brives-la-Gaillarde. Un L'enfant devient homme; l'homme devient beau matin, le bruit se répand dans la petite ville que maître de Touneins a planté là codes et dossiers pour aller à la recherche d'un trône à prendre. On le traite de Jérôme Paturot, on en parle huit jours, et puis on n'en parle plus. Des mois, des années passent, et tout à coup l'on apprend que Paturot est un Pizarre, qu'il a conquis son trône et qu'il est roi, roi d'Araucans et de Patagons, mais enfin il est roi : la vocation a été plus forte que l'éducation. Quel malheur, par exemple, que M. de Touneins n'ait pas eu la vocation d'être roi d'Égypte Le maréchal Prim lui aurait brûlé des cierges hauts comme la cathédrale de Séville.

Mais Antoine ler sera plus solidement assis, làbas, que sur le trône de Pélage; il aura tout aussi bien ses dignitaires, ses hochets de cour, ses décorations, ses chambellans, ses courtisans... Ah! les courtisans !

Un chambellan de Napoléon Ier disait un jour, dans une brillante société, avec une parfaite conviction :

- Vous n'avez point l'idée de la simplicité et de la bonhomie de cet homme extraordinaire

la guérison instantanée.

Pour les déshérités de la fortune, il a toute sa science et tout son cœur, qui lui dicte les mots aimables; à l'entendre, on le croirait l'obligé, ce bon génie si noblement désintéressé !

Pour les ladres, au contraire, pour les caquedeniers, les riches harpagons, il est sans pitié, ce malicieux Esculape, et il a bien raison: l'avarice est un des vices les plus méprisables.

Une après-midi que le docteur Ricord suivait les boulevards, il fut abordé par un vieux cacochyme, renommé pour sa richesse non moins que pour son avarice, lequel essaya de profiter de la rencontre pour lui soutirer une consultation gratuite.

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