Images de page
PDF
ePub
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][graphic][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]
[graphic][merged small][merged small]

G

I

RESSET (Jean-Baptiste-Louis) est né le 29 août 1709 à Amiens, où il mourut le 16 juin 1777, à l'âge de soixante-huit ans. Il était fils d'un conseiller du roi, commissaire au bailliage, puis échevin de la ville. Sa famille était originaire de la Grande-Bretagne. Il n'y a pas d'événement dans l'enfance du poète. Elle s'écoula tranquille et paisible comme sa vie entière, du reste, au sein d'une bonne famille de bourgeoisie, dont il conserva les mœurs et les instincts modestes. On le plaça de bonne heure au col

a

lège des jésuites de sa ville natale. Les jésuites partageaient avec les oratoriens le monopole de l'enseignement secondaire. Leurs méthodes et leur manière d'enseigner, leur éducation facile et peu austère, étaient tout à fait d'accord avec l'humeur de leur élève. On se demande ce qu'il fût devenu chez les oratoriens, raides, sévères, jansénistes, hostiles au rire malicieux qui devait faire la réputation de l'auteur de Ver-Vert. Il les aurait quittės, ou son caractère aurait pris une autre direction. Le jeune homme avait des dispositions heureuses. Les jésuites, à l'affût des jeunes gens propres à faire honneur à leur compagnie, lui firent des avances qu'il ne repoussa pas, dans lesquelles sa famille voyait sans doute aussi un moyen d'avenir. On peut supposer qu'il se laissa faire, plutôt qu'il ne montra de vocation décidée. Il devait luimême le déclarer plus tard, lorsqu'il eut à rompre avec les jésuites.

Ses qualités étaient de celles qui attirent et n'effrayent point par une originalité trop accusée. Les jésuites n'aiment pas l'excès d'originalité. Ils la trouvent suspecte. Ils n'aiment pas non plus ceux qui ont une personnalité dangereuse, ce qu'ils nomment un sens particulier, si rares que soient les fruits qu'elle promet. Aussi n'ont-ils jamais eu que par hasard un homme de génie dans leurs rangs. Par contre, ils ont eu beaucoup de supériorités correctes, qu'ils savent cultiver, discipliner, pétrir selon les règles de l'institut. Le jeune Gresset laissait espérer qu'il en serait une. On caressa donc son amour-propre afin de se l'attacher et provisoirement l'on y réussit à souhait. A l'âge de seize ans, il fut admis parmi les novices de l'institut.

1

Les supérieurs de la maison d'Amiens l'envoyèrent aussitôt refaire ses études à Paris, au collège Louis-leGrand, le meilleur de leurs établissements de France. « Là, dit M. de Pongerville, compatriote et l'un des biographes de Gresset, selon l'excellent usage de l'ordre, il recommença, comme professeur, les études qu'il venait d'achever comme élève. » Il avait reçu l'éducation purement littéraire que les jésuites donnaient à cette époque. Ils s'occupaient peu de philosophie, encore moins de science ou d'histoire. Leur clientèle ordinaire se composait des enfants de la noblesse, dont la carrière était à peu près faite d'avance. Ils laissaient à l'Oratoire le soin de créer des spécialistes. Il suffisait que les jeunes gens sortis de chez eux pussent faire quelque figure dans le monde, où leur condition les appelait. Ils n'avaient besoin que d'avoir le goût forme, outre les connaissances littėraires que procurent Virgile, Horace et Cicéron. Encore Cicéron n'était-il nécessaire qu'à ceux qui désiraient entrer dans l'Église. Cela convenait fort à Gresset, qui avait l'imagination vive et l'esprit tourné aux choses de la poésie.

Il ne savait guère lui-même à quoi il était apte, au point de vue pratique, car il en faut un, même quand on se destine à entrer dans un institut comme celui des jesuites. Il s'exerça quelque temps à des thèses, à des sermons qui ne révélèrent point en lui de quoi briller dans ce genre difficile. En attendant que son goût fît un choix, on l'envoya professer les humanités dans les collèges que la compagnie possédait à Moulins, à Tours, à

1. Article Gresset, dans la Biographie générale Didot.

b

« PrécédentContinuer »