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jurisconsultes, les défauts nombreux de ma première production; et j'espère que l'on ne dira pas, comme il arrive de tant d'autres livres, que cette nouvelle édition n'est qu'une spéculation d'auteur et de libraire:

Mon travail a pour objet des intérêts si chers à l'humanité, que je ne puis craindre le reproche d'avoir été trop long. En jetant un coup-d'œil sur la table des matières et en considérant le nombre, l'importance et la variété des questions que j'ai traitées, on verra qu'il était instant de chercher à couler chaque question à fond, et de ne laisser rien à désirer tant dans la partie médicale que dans la partie légale. Encore n'ai-je pas tout dit : il se présente chaque jour en médecine légale, comme dans la clinique, des variations sans nombre, et des cas qu'il eût été impossible de prévoir. J'ai eu en vue autant les gens de loi que lés médecins les premiers trouveront souvent réunies dans une seule section les décisions du droit romain, celles des anciens jurisconsultes, de la législation intermédiairé, et de la législation actuelle; les seconds auront l'avantage de voir d'un seul coup-d'œil ce que les médecins les plus recommandables de tous les siècles ont décidé sur chaque question, et ce que nos connaissances actuelles ont ajouté, ou ce qu'on a cru qu'elles avaient ajouté de mieux aux opinions anciennes.

Mon nouveau travail sur cette matière a

opéré un changement dans sa distribution. La première édition était divisée en quatre parties; celle-ci ne l'est qu'en trois. J'ai senti qu'il ne pouvait y avoir une médecine légale uniquement consacrée à la jurisprudence civile, mais que dans cette partie entraient également les questions qui avaient rapport à la jurisprudence criminelle et à la police de santé. J'ai appelé la première partie de cet ouvrage Médecine légale mixte, et ce qui formait la première partie de ma première édition, savoir la médecine légale excusante et exceptante, ne fait plus qu'un chapitre de celle-ci. J'ai été conduit en cela par la distribution elle-même de nos Codes actuels, dans lesquels on voit plusieurs questions qui ont rapport au Code pénal être résolues par le Code Napoléon, auquel elles sont renvoyées.

Dans cette première partie j'ai suivi l'ordre du Code Napoléon pour tout ce qui regarde les personnes; j'ai étudié ce Code, et je crois n'avoir rien omis des différens cas où la médecine légale peut intervenir.

L'esprit des Codes pénal et d'instruction criminelle m'a particulièrement dirigé dans la composition de ma seconde partie, consacrée à la médecine légale criminelle. Ici j'ai considéré chaque délit d'abord comme un point isolé, ensuite comme lié à l'ensemble des passions et des actions humaines. Je n'ai

rien épargné pour faire découvrir la culpabilité, ou ressortir l'innocence. J'ai invoqué sur chaque chose tous les efforts que l'esprit humain a faits pour le perfectionnement de l'art de guérir, et pour réduire en pratique le beau idéal que nous nous formons de la justice.

Dans la troisième partie, l'hygiène publique, ou la police de santé, sujet non moins intéressant que les deux premiers, je me suis vu accablé de matériaux rassemblés pendant un long exercice de ma profession dans les hôpitaux, dans plusieurs missions honorables dont j'ai été chargé, dans des discussions scientifiques avec mes confrères, et dans la lecture des livres publiés successivement par les écrivains de toutes les nations. Je me suis vu entraîné à faire une espèce de monographie de chaque sujet, qui, dans différens cas, épargnera bien des recherches aux médecins.

Si les opinions que j'énonce paraissent quelquefois différentes de celles qui sont en vogue, je prie le lecteur de croire qu'il n'est point entré dans mes vues, ni de me singulariser, ni d'offenser ou de contredire personne. Je ne suis animé que du désir de servir mon pays et de dire la vérité telle que je la conçois.

J'ose espérer que le développement que je me suis le premier efforcé de donner à un

sujet aussi utile pendant plus de vingt ans, pourra survivre à son auteur, lui mériter de l'indulgence pour les fautes de style, pour les erreurs qu'il a pu commettre, et obtenir quelque accueil parmi les âmes sensibles et généreuses, toujours altérées d'amour et de justice.

Terminé à Paris le 10 avril 1813.

Nota. Dans les siècles passés on regardait comme un trèsgrand mérite chez un auteur de faire preuve de beaucoup d'érudition et de citer nombre de passages des autorités les plus respectables. On pouvait du moins distinguer ce qui était le propre de l'auteur, et ce qui ne lui appartenait pas ; on pouvait observer plus facilement les progrès de l'esprit humain. L'on a passé, depuis vingt ans environ, d'un excès à l'autre, et aujourd'hui un jouvenceau vous fait un livre de pièces rapportées, dans lequel il a soin de ne citer personne, et par lequel il parvient quelquefois à passer, chez ceux qui n'ont pas le goûtde remonter aux sources, pour un lettre qui a au moins devant lui soixante ans d'observation et d'expérience. Entre ces deux extrêmes, j'ai préféré le premier. Je ne pouvais me dissimuler que, malgré tous mes efforts à faire mieux, je ne suis riche que des travaux de mes devanciers, et que c'est une fausse honte de ne vouloir pas l'avouer d'ailleurs, la partie dans laquelle j'écrivais ne pouvait tirer sa force que du concours de plusieurs autorités c'est pourquoi j'ai eu soin, toutes les fois que les ouvrages ont été à ma disposition, ou que les idées d'autrui ne se sont pas trouvées amalgamées avec les miennes de manière à me paraître propres, comme cela arrive souvent, dè citer fidèlement les sources où j'ai puisé, afin qu'on puisse confronter au besoin; et je ne regarde pas ce soin, quelque pedantesquè qu'il paraisse, comme un des moindres ornemens de mon livre, et comme un des moyens les moins assurés de donner une instruetion solide à mes lecteurs.

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INTRODUCTION

A LA MÉDECINE LÉGALE

ET

A L'HYGIÈNE PUBLIQUE.

La justice et la santé sont deux biens inappréciables que les hommes recherchent tous avec le plus grand empressement. La justice, soit le rapport de convenance qui se trouve réellement entre deux choses; ou, en termes plus pratiques, cette belle vertu qui traite chacun suivant son droit; la justice, dis-je, est tellement agréable aux hommes, que les brigands même ne peuvent s'empêcher de l'exercer entre eux; c'est que sans elle il n'y aurait point de société. Aussi la distribution de la justice a-t-elle fait de tout temps le plus bel apanage de la souveraine puissance, et l'histoire nous représente-t-elle tous les anciens rois occupés à juger leurs peuples. Si le gouvernement de vastes états empêche aujourd'hui les princes d'exercer ce devoir et cette prérogative par eux-mêmes, ils l'exercent par leurs délégués, et c'est en leur nom que s'administre la justice.

Utilité, némédecine légale; union des decine.

cessité de la

Mais, dans l'origine des sociétés, les cas litigieux sont nécessairement très-simples, et le sens commun suffit pour les juger. Deux hommes grossiers qui ont chaçun un intérêt qui les divise et qui les aveugle dans leur propre cause sont facilement mis d'accord par un troisième qui n'a pas le même intérêt. n'en est

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lois avec la mé.

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