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colorante, se dépose au bout d'une heure au fond du vase. Décantez le liquide surnageant; lavez le chloroforme à l'eau distillée jusqu'à ce qu'il soit limpide; distillez au bainmarie dans une cornue bitubulée; reprenez le résidu par l'eau acidulée par l'acide sulfurique, qui dissout l'atropine et laisse la matière verte; filtrez, ajoutez un léger excès de carbonate de potasse; traitez le précipité par l'alcool. Le soluté, par évaporation spontanée, donne l'atropine en beaux cristaux, groupés en aiguilles.-M. Rabourdin a obtenu, par ce procédé, l'atropine de l'extrait de belladone, la quinine, la cinchonine des macérés acides du quinquina. Il croit qu'on pourrait ainsi obtenir les autres alcalis végétaux. E.-M. PROCTER, en traitant 30 gram. de cantharides, pendant 48 heures, dans l'appareil à déplacement, par 60 gram. de chloroforme, déplaçant ensuite celui-ci par l'alcool, à 0,885 et faisant évaporer, obtient la cantharidine, mêlée à de la matière grasse. Il absorbe celle-ci à l'aide du papier joseph, dissout ensuite la cantharidine dans le chloroforme mêlé à un peu d'alcool; par l'évaporation elle se dépose pure et cristallisée. Peut-être pourrait-on la retirer ainsi des matières suspectes, après les avoir desséchées.

F.-M. RABOURDIN propose aussi le charbon, purifié par l'acide chlorhydrique pour l'extraction des alcalis végétaux, Pour la digitaline il précipite le soluté d'extrait alcoolique de digitale par le sous-acéta te de plomb, filtre, agite le liquide avec le charbon et le laisse reposer. La liqueur se décolore, perd sa saveur amère; le charbon est lavé, séché à l'étuve, traité ensuite par l'alcool bouillant; celui-ci, évaporé au bain-marie, laisse, après refroidissement, déposer une matière pulverulente qui, dissoute dans l'alcool, donne, par évaporation spontanée, la digitaline.

M. RABOURDIN a obtenu, par le même procédé, l'ilicine du décocté des feuilles de houx, la scillitine de celui de scille, l'aricine, la colocynthine, la strychnine, l'hyoscyamine, la ni

cotine, la morphine, la narcotine, la quinine, des infusés des organes qui renferment ces alcalis.

G.-M. MORIN, pour la recherche de la morphine et autres alcaloides, épuise les matières par l'eau aiguisée d'acide acétique, évapore à siccité, traite le résidu par l'alcool bouillant à 56°, filtre, précipite les liqueurs alcooliques par le tannin, ou le macéré aqueux de noix de galles. Le tannate d'alcaloïde reste en dissolution, et les matières organiques se déposent; filtrez, étendez les liqueurs d'un peu d'eau, et traitez-les par un soluté de gélatine, qui forme, avec le tannin, un tannate insoluble. L'alcaloïde, resté en dissolution, s'obtient par évaporation.

Par ce procédé, qui est celui de MM. Dublanc et Henry, M. Allan a retiré la daturine de l'urine d'un homme empoisonné par le datura (Journ. de chim. med., 1851). MM. Quevesne et Homolle emploient aussi le soluté de tannin à 1/10, pour retirer la digitaline des matières suspectes.

RÉFLEXIONS SUR CES PROCÉDÉS. Si ce n'est la méthode analytique de M. Stass, qui a été appliquée avec un plein succès dans un des cas les plus difficiles de toxicologie légale, les autres procédés ont été seulement proposés, ou n'ont donné, dans la plupart des empoisonnements où ils ont été employés (opiacés, strychnées), que des réactions très-incertaines celles par l'acide azotique, les sesqui-sels de fer, etc. Ces réactions, surtout avec des produits impurs, sont insuffisantes, et bien certainement plusieurs oléorésines, etc., donneraient des résultats semblables; c'est ce qui est arrivé à Metz dans un cas d'empoisonnement par les feuilles du laurier-rose. Sérullas n'avait-il pas donné l'acide iodique et l'amidon comme le réactif le plus certain de la morphine. Quelle funeste conséquence s'il eût été appliqué dans un cas d'expertise légale, puisque plus tard il a été démontré que l'urée, les décoctés de matière animale donnaient la même réaction. En toxicologie organique,

comme du reste l'ont très-bien établi MM. Dulong et Chevreuil, il faut obtenir les produits assez purs pour les caractériser physiquement et chimique ment. Par toutes ces raisons, le procédé de M. Stass doit être préféré à tous les autres. Il est d'ailleurs plus général, a déjà reçu la sanction de l'expérience, n'introduit pas dans les matières suspectes un élément étranger, le plomb, l'argent, la chaux qui pourrait nuire aux recherches ultérieures. C'est à l'expérience à démontrer si le chloroforme, proposé par M. Rabourdin, doit-être préféré à l'éther.

3° Section.-Poisons gazeux.

gazeuses,

L'empoisonnement, l'asphyxie par les matières acquièrent chaque jour une si grande importance sous le point de vue médical et légal, que nous leur avons consacré 130 pages, tom. II. Plusieurs étant employés en médecine (agents anesthésiques), peuvent donner lieu à des accidents graves; d'autres, les gaz de la combustion, de l'éclairage, etc., deviennent souvent cause d'asphyxie, servent même à commettre des homicides. Nous en rapportons plusieurs exemples. Tout récemment, un ouvrier mineur, âgé de 18 ans, pour se venger de son renvoi, a cherché à asphyxier ses camarades en mettant le feu aux sous-pentes en bois: sept ont péri. Nous avons considéré les matières gazeuses et les agents anesthésiques, d'abord d'une manière générale sous le rapport: 1o des circonstances ou elles se produisent; 2° des effets; 3° des lésions; 4° du traitement prophylactique et curatif; 5° des recherches chimiques; 6° des questions médico-légales; 7° de leur classification; puis nous avons décrit les gaz en particulier sous les mêmes points de vue, en insistant spécialement sur les plus importants, les gaz de la combustion, de l'éclairage, des égouts, des fosses d'aisance, l'air non renouvelé, les agents anesthésiques, etc.

RÉSUMÉ GÉNÉRAL DU CHAPITRE II:

La RECHERCHE des poisons dans les matières suspectes, quand on n'a aucun indice sur leur nature, est si importante, qu'il nous paraît utile de résumer la manière de procéder.

1° Examiner si les matières suspectes, les vases qui les renferment ne contiennent ancune trace de poison, n'en offrent pas les caractères physiques, organoleptiques;

2o Délayer les matières dans l'eau distillée, et, de même que les parties liquides, les soumettre à la distillation, d'abord à +60, puis au bain saturé de chlorure de sodium dans un appareil propre à recueillir les poisons volatils, liquides et gazeux, qui seront analysés séparément;

3° Après refroidissement, filtrer les liquides de la cornue, les essayer par les réactifs généraux, le papier tournesol, l'acide sulfhydrique, etc., pour s'assurer s'ils ne contiennent pas un poison minéral, acide, alcalin, de la quatrième section, ou salin, en les évaporant à siccité;

4° Continuer la distillation jusqu'à siccité ou en consistance de sirop épais, épuiser le résidu, ainsi qu'une portion de matières solides, par l'alcool concentré, seul ou acidulé; évaporer les solutés alcooliques; traiter le résidu par l'eau acidulée; saturer les liqueurs par l'ammoniaque ou le bicarbonique de potasse, ensuite par l'alcool ou l'éther,qui,évaporés, laisseraient les alcaloides, s'il en existait;

5° Carboniser par l'acide sulfurique les matières restées sur le filtre, le résidu de l'évaporation des liquides des recherches précédentes; faire bouillir le charbon dans l'eau, seule ou acidulée; essayer les liqueurs à l'appareil de Marsh, par le cuivre, le fer, le zinc, l'acide sulfhydrique, le cyanure jaune, l'iodure de potassium, etc.; incinérer le charbon sulfurique; traiter les cendres par l'acide azotique; évaporer à siccité; reprendre par l'eau; essayer les réactifs précédents ou des poisons de la 4 section.

CHAPITRE III.

Pathologie toxicologique.

Les poisons, en outre de leur effet local, produisent la mort en modifiant les principaux organes, les principales fonctions, surtout les systèmes nerveux, respiratoire, circulatoire, et donnent lieu à un certain nombre de phénomènes propres à plusieurs d'entre eux. Afin de présenter un tableau pathologique aussi complet que possible, nous les disposerons par groupes, d'après l'analogie des effets, des lésions, c'est-à-dire des modifications évidentes, accessibles à nos sens. Un article spécial sera consacré au mode d'action des poisons, un autre au pronostic.

1.-Effets toxiques.`

Dans l'étude de chaque poison, nous nous sommes occupés 1° des effets immédiats, c'est-à-dire des accidents locaux et généraux produits par les poisons administrés à haute dose, autrement dit de l'empoisonnement aigu; 2o des effets résultant des doses non immédiatement toxiques, mais répétées plusieurs fois, c'est-à-dire de l'empoisonnement lent; 3° enfin des effets consécutifs, ou bien des lésions organiques et fonctionnelles succédant a l'empoisonnement aigu et lent; c'est le même ordre que nous suivrons dans cet exposé général.

A.-Empoisonnement aigu.

I.—LES POISONS INORGANIQUES et plusieurs poisons organiques peuvent déterminer l'irritation, la congestion, l'inflammation, la scarification, l'ulcération, la perforation

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