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lui est-il préférable. Dans l'empoisonnement par les animaux venimeux, nous avons vu que ces divers agents locaux étaient impuissants lorsque les symptômes généraux s'étaient déclarés, même lorsque les effets s'étaient déjà propagés au delà de la partie mordue. Il serait prudent pour les chasseurs, les personnes qui sont exposées à être piquées par les serpents venimeux, à être mordues par des animaux enragés, de porter avec soi un petit flacon de brome et des ventouses en caoutchouc vulcanisé.

Si le poison a été introduit dans un conduit muqueux (vaginal, nasal, rectal, etc.), les lotions, les injections à l'eau simple ou tenant en solution le contre-poison, sont seules indiquées, la texture des organes, le voisinage des grandes cavités s'opposant à l'emploi des caustiques; cependant le nitrate d'argent, peut-être même le brome, n'offriraient aucun inconvénient, employés surtout avec précaution.

Dans l'intoxication par les voies pulmonaires, il faut placer le patient dans un endroit aéré, chasser l'air méphitique des bronches par l'insufflation de bouche à bouche ou à l'aide d'une sonde, rappeler la respiration par les moyens que nous indiquons dans l'empoisonnement par les matières gazeuses (tome II, page 700), et sur quelquesuns desquels nous reviendrons ci-après.

Dans l'empoisonnement par la voie gastrique, si le poison est de nature à provoquer des vomissements (poisons irritants), il faut les seconder par des boissons émollientes, mucilagineuses, albumineuses, lactées ou huileuses, en titillant la luette, la base de la langue avec la barbe d'une plume, et si les vomissements n'étaient pas assez fréquents, assez abondants, par l'emploi d'un émétique, dont on a beaucoup exagéré l'effet irritant, qui, bien certaineinent, est moins à redouter que le séjour du poison dans l'estomac. Les vomitifs sont surtout indiqués dans l'em

poisonnement par les narcotiques, le tartre stibié, à la dose de 10 à 20 centigrammes; l'ipécacuanha, à celle de 1 à 2 grammes; le sulfate de zinc, à celle de 60 centigrammes à 2 grammes; le sulfate de cuivre, à celle de 10 à 20 centigrammes. Ces vomitifs sont dissous ou suspendus dans deux ou trois tasses d'eau, et administrés en deux ou trois doses, à 6, 10 minutes, 1/4 d'heure d'intervalle. Dans quelques cas, l'émétique a été introduit dans le rectum et même injecté dans les veines.

POMPE GASTRIQUE.-Pour vider l'estomac, en extraire le poison, Monro a indiqué la pompe gastrique. Elle a été préconisée par Renault, Dupuytren, en 1803, et employée en 1812, avec succès, chez un enfant, dans un cas qui paraissait désespéré, par le docteur Physick de Philadelphie, deux fois, avec le même bonheur, par le docteur. Dorsey, et une fois par M. Robert, dans un empoisonnement par l'acide arsénieux solide. Les Anglais, les Améri cains s'en servent très-souvent; au contraire, très-peu les médecins français. Elle convient spécialement dans les cas d'empoisonnement par les narcotiques, qui, en stupéfiant l'estomac, le cerveau, s'opposent à l'effet des vomitifs; dans les cas enfin où les vomissements ne sont ni assez prompts, ni assez abondants, si la cautérisation de l'œso phage, de l'estomac n'est pas une contre-indication.

L'appareil se compose d'une canule en gomme élastique, de 7 décimètres de long, sur 8 millimètres de diamètre intérieur, pourvue, à son extrémité stomacale, de trois ouvertures, dont deux latérales alternes et d'un diamètre moindre que la terminale. Le pavillon doit être assez large pour s'adapter à une seringue. Le malade étant couché sur le dos ou assis, la déplétion de l'estomac se faisant mieux dans cette position, d'après M. Lafargue, la sonde est introduite par la bouche ou les narines, selon les cas, les

circonstances; on y adapte la seringue, préalablement remplie d'eau ou d'un liquide mucilagineux, qu'on pousse peu à peu dans l'estomac. On l'aspire ensuite, et, après avoir vidé la seringue, on l'emplit de nouveau pour faire une nouvelle injection, et ainsi successivement jusqu'à ce qu'on suppose avoir enlevé tout le poison. La sonde doit être maintenue dans une position fixe, afin de ne pas léser les organes. Le docteur Bryce remplace la sonde par un long tube, et la seringue par une vessie pleine d'eau. Pour vider l'estomac, il abaisse le tube, qui fonctionne alors à la manière d'un siphon.

M. Lafargue, en 1837, a proposé de remplacer la pompe stomacale par une espèce de pipette. M. Gay, trouvant à cet instrument, ainsi qu'à la pompe gastrique, l'inconvénient de fonctionner d'une manière intermitente, d'exiger quelques opérations préliminaires, par conséquent perte de temps, se sert d'une espèce de siphon flexible, composé d'une sonde gastrique, à laquelle est adapté un tube de même longueur et de même diamètre, par l'intermédiaire d'un tube de verre, long de 8 centim., fixé aux deux sondes par quelques tours de cordonnet plat. Un tube flexible en caoutchouc, ouvert aux deux extrémités, une sonde œsophagienne, de longueur double, pourraient remplacer les deux tubes. Le bout stomacal étant introduit, on relève l'autre à la hauteur du nez, et l'on verse le liquide à l'aide d'un entonnoir à douille très-courte. Lorsque le tube est plein, déprimez-le avec le doigt, abaissez-le au niveau de l'ombilic la sonde étant ainsi chargée fonctionne à la manière d'un siphon, et les matières de l'estomac sont évacuées; relevez le bout de la sonde, chargez-la de nouveau, etc. Quelques minutes suffisent pour mettre cet instrument en activité (Nouveau moyen pour opérer la déplétion stomacale dans les empoisonnements, par M. Honoré Gay, etc.).

Si le poison a déjà franchi le pylore, ce qui est annoncé par les coliques, la diarrhée, etc.; si les vomissements ont été assez abondants, de manière à faire supposer qu'il ne reste plus de poison dans l'estomac, il faut insister principalement sur les purgatifs laxatifs ou salins, administrés par la bouche ou en lavements. On cesse l'emploi des vomitifs, des purgatifs, lorsque les caractères organoleptiques, physiques ou chimiques des matières des vomissements ou des selles, l'amélioration des symptômes gastro-intestinaux, indiquent l'expulsion complète du poison. Les laxatifs huileux, mucilagineux conviennent spécialement, dans l'intoxication par les poisons àcres, irritants, et les purgatifs salins, le sulfate de soude, de magnésie, le chlorure de sodium, à la dose de 20 à 40 grammes, dans l'intoxication par les narcotiques.

2e Indication (Contre-poisons).

Dans l'antiquité et à une époque où la chimie était encore dans l'enfance, le nom d'antidote s'appliquait aux moyens employés pour neutraliser les poisons et en combattre les effets. De nos jours cette expression, peu usitée, est remplacée par celle de contre-poisons, substances qui, en se combinant, avec le poison, empêchent son absorption, et par suite ses effets. Il est des contre-poisons qui neutralisent complétement le poison en formant avec lui un composé inerte ou insoluble dans le suc gastrique, les matières alimentaires, un excès de contre-poison; tels que le sulfate de soude, pour les sels de plomb, de baryte; le chlorure de sodium, pour les sels d'argent; la magnésie, pour les acides; les acides pour les alcalis minéraux ce sont des coutre-poisons dans toute l'acception du mot. Les autres contre-poisons sont trèsimparfaits, parce que le composé qui en résuite n'est pas tout

à fait inerte, ou bien est soluble dans un excès de contre-poison, le suc gastrique, etc.; aussi, en ce cas, est-il nécessaire de ne pas laisser séjourner trop longtemps le produit dans l'estomac, d'en provoquer l'expulsion par le vomissement.

La dose du contre-poison ne peut être fixée, elle est relative à la quantité de poison supposée avoir été administrée; on en cesse l'emploi lorsque les caractères organoleptiques, chimiques ou physiques n'indiquent aucune trace du toxique dans les matières des vomissements ou des selles. Comme les contre-poisons sont inertes ou peu actifs, on peut, sans inconvénient, les administrer en excès, afin de neutraliser non-seulement le poison renfermé dans le tube intestinal, mais encore la portion absorbée et éliminée par cette voie. Les contre-poisons se donnent par fractions assez rapprochées, dissous ou délayés dans l'eau ou les liquides des boissons, des lavements. Leur emploi étant déduit de leur action chimique, ils varient selon la nature du poison. Il y a des contre-poisons généraux et spéciaux. Nous nous occuperons surtout des premiers et indiquerons seulement les autres.

ALBUMINE. Les blancs d'oeufs, au nombre de 4 à 8, délayés dans 1 à 2 litres d'eau, passés à travers un linge, forment un contre-poison assez général. Ils s'emploient surtout dans l'empoisonnement par les acides, les poisons minéraux de la quatrième section (sels de plomb, de mercure, de cuivre, d'étain, de bismuth, d'or, d'argent, etc.), avec lesquels ils forment un composé insoluble, mais qui, avec plusieurs d'entre eux, est soluble dans un excès d'albumine. En raison de ses propriétés nauséeuses, le blanc d'œuf facilite en ontre le vomissement. Le jaune d'œuf pourrait le remplacer.

SAVON. Il est peu question de ce contre-poison dans les auteurs, si ce n'est pour les acides, qu'il neutralise par

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