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sa base. Il peut servir aussi pour les poisons minéraux de la quatrième section (sels de plomb, de cuivre, etc.), avec lesquels, par double décomposition, il forme des savons insolubles; mais l'administration en est fort désagréable; il provoque souvent des nausées, des vomissements, des selles. On dissout à chaud 20 à 30 grammes de savon médicinal, ou de savon blanc, dans 1 à 2 litres d'eau.

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SULFURE DE FER HYDRATÉ. Il a été recommandé spécialement par MM. Mialhe, Bouchardat, Sandras, dans l'empoisonnement par les poisons de la quatrième section. Le zinc, le fer en limaille, oufréduit par l'hydrogène, pourraient le remplacer pour les préparations cuivreuses, mercurielles et autres poisons dont le métal a peu d'affinité pour l'oxygène. Comme ces contre-poisons sont insolubles, on les délaye, à la dose de 1 à 4 grammes, dans des liquides mucilagineux.

MAGNÉSIE. C'est le contre-poison des acides avec lesquels elle forme un sel soluble purgatif ou insoluble. On l'emploie aussi à l'état d'hydrate dans l'intoxication par les arsénicaux, qu'elle transforme en arsénites ou arséniates insolubles. On délaye 1 à 2 grammes de magnésie hydratée dans chaque tasse de boisson. La chaux, son carbonate, et dans quelques cas les carbonates alcalins, pourraient remplacer la magnésie dans l'intoxication par les acides.

TANNIN, SUBSTANCES ASTRINGENTES. Spécialement recommandés dans l'intoxication par les alcalis végétaux, les champignons, les antimoniaux. On dissout 1 à 2 grammes de tannin par verre de boisson, ou bien on le remplace par un décocté de 8 à 15 grammes de noix de galles ou autre substance astringente dans 500 grammes d'eau.

Soluté d'iodure DE POTASSIUM IODÉ.-Iode, 20 centigr.; iodure de potassium, 40 centigr.; eau, 500 grammes. Employé comme contre-poison des alcalis végétaux, des poisons dont ils constituent le principe actif, avec lesquels il forme un double iodure insoluble.

CHLORE, EAU CHLORÉE.-Contre-poison des gaz ammoniaque, cyanhydrique, cyanogène, hydrosulfurés. En ce cas, on fait respirer le chlore, qu'on peut dégager de l'eau de javelle par le vinaigre. Il l'est aussi des alcalis végétaux. M. Bardet dit l'avoir employé avec succès dans les cas d'empoisonnement par la noix vomique chez les chiens. Il donne le chlore liquide, 5 grammes dissous dans 250 grammes d'eau.

CHARBON.-Bertrand prend 25 centigrammes d'acide arsénieux ou de sublimé, immédiatement après plusieurs prises de charbon de saule, et n'éprouve aucun accident (voyez Arsenic, Sublimė). On ne pouvait se rendre compte d'un fait aussi extraordinaire, puisque le charbon, à la température de l'estomac, ne réduit pas ces poisons. Le charbon absorbant presque tous les poisons minéraux en dissolution, ainsi que les alcalis végétaux, c'est probablement ainsi qu'il agit. D'après M. Garrod, il absorbe les principes actifs des substances végétales et animales et les rend inertes: ainsi 15 grammes de charbon neutralisent 5 centigrammes de strychnine, de morphine et autres alcaloïdes, 1 gramme 30 centigrammes de noix vomique. Il emploie le charbon animal purifié par l'acide chlorhydrique et la chaleur rouge. D'après M. Howard-Rand, de Philadelphie, il faut environ 20 grammes de charbon pour neutraliser les effets de 50 centigrammes d'extrait de belladone, de 75 centigrammes de digitale, de 15 gouttes d'acide cyanhydrique. Il se sert de charbon obtenu en calcinant du sang avec de la potasse; il lave le produit et le dessèche ensuite. M. Esprit a constaté que, par la méthode

de déplacement, le charbon absorbait tous les poisons de la quatrième section, les sels de baryte, etc. 10 grammes suffisent pour neutraliser 2 décigrammes d'acide arsenieux. Ces quelques faits méritent de fixer l'attention des toxicologistes. Le charbon à l'état de noir d'ivoire ou de fumée étant inerte et très-commun, nous ne voyons aucun inconvénient à son emploi, en attendant qu'on puisse se procurer un contre-poison plus sûr. Comme corps étranger et très-divisé, il doit en outre ralentir l'absorption du poison.

Les contre-poisons doivent-ils inspirer une grande confiance? Lorsque le poison a été administré à l'état liquide, que les vomissements sont prompts, fréquemment répétés, il nous semble qu'on peut se dispenser de contre-poison. Dans le cas contraire, comme ils neutralisent à la fois le poison ingéré dans le tube intestinal et éliminé par cette voie, leur utilité ne peut être contestée, surtout si ce sont des contre-poisons parfaits. Quant aux contre-poisons imparfaits, ils doivent inspirer moins de confiance; cependant, en transformant momentanément le poison en un composé insoluble, ils en retardent l'absorption, donnent le temps de l'expulser par les vomissements ou par les selles.

Peut-on neutraliser la portion de poison qui a été absorbée? Quelques auteurs recommandent dans ce but les carbonates de potasse, de soude, de préférence à la magnésie, comme étant plus solubles, dans l'empoisonnement par les acides, et ceux-ci étendus d'eau dans l'intoxication par le plomb, les alcalis minéraux. Quoique M. Bernard ait constaté que le cyanure jaune et un sel de fer, injectés simultanément dans les veines, ne se combinent pas dans le sang, mais au moment de leur élimination par la muqueuse stomacale et vésicale, il n'est pas prouvé qu'il en soit ainsi pour les autres poisons. M. Melsens a démontré que les personnes dont les organes sont imprégnés de mercure, de

plomb, sans qu'ils en ressentent aucune influence, peuvent être pris d'accidents mercuriels ou plombiques, si on leur administre de l'iodure de potassium, sel qui rend ces métaux solubles. Il en serait de même avec le chlorure de sodium, non-seulement pour ces poisons, mais encore pour les autres poisons minéraux (M. Mialhe). L'iodure de potassium, administré par petites quantités, pourrait donc servir de contre-poison aux préparations mercurielles, plombiques absorbées, ou plutôt à en faciliter peu à peu l'élimination, même à empêcher leur accumulation dans nos organes, et par conséquent, être employé comme préservatif chez les ouvriers (MM. Melsens et Guillot). M. Carrigan l'a employé avec succès dans les cas d'empoisonnement lent par le cuivre.

3. Indication (combattre les effets).

C'est surtout pour remplir cette troisième indication que les auteurs sont en désaccord sur les moyens à employer, par suite de leur dissidence sur la nature des effets, le mode d'action des poisons. En toxicologie médicale, pas plus qu'en pathologie, il ne faut être ni exclusif, ni systématique, mais bien se diriger d'après les indications les plus importantes; c'est par là que se distingue le toxicologiste en dehors de toute idée préconçue.

Dans tout empoisonnement, quelle que soit la voie par laquelle le poison ait pénétré dans l'économie, il faut en faciliter l'élimination en activant l'action de l'émonctoire par où il est ordinairement éliminé; celle des reins par les diurétiques; de la peau par les sudorifiques; du tube intestinal par

par les vomitifs, les purgatifs. Orfila dit avoir sauvé les chiens empoisonnés par l'acide arsénieux, toutes les fois qu'il a pu les faire uriner abondamment, en leur donnant par verres sa boisson diurétique (nitrate de potasse, 30 ou 40 grammes; vin blanc, 1/2 litre ; eau de Seltz, 4 litre; eau,

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3 litres). Il la recommande contre tous les poisons éliminés par cette voie. Cependant il ne faut pas considérer les organes sécréteurs comme des filtres, au travers desquels on puisse faire passer le poison d'une manière en quelque sorte mécanique; bien souvent, si leurs fonctions sont enrayées, suspendues, ralenties, c'est par suite des modifications apportées dans le sang, le système nerveux, etc., et les sécrétions, surtout la sécrétion urinaire, ne reviennent à leur rhythme normal que par la cessation progressive de ces modifications.

Dans l'exposé général sur les effets des poisons nous avons insisté sur les plus importants, sur ceux qui doivent servir de base aux indications, et par suite au traitement; c'est d'après ces données que nous allons formuler la thérapeutique toxicologique.

I.-Dans l'intoxication par les poisons inorganiques et autres poisons dits acres, irritants, nous avons distingué deux périodes: 1° celle de réaction ou hypersthénique ; 2o celle d'affaissement ou hyposthénique. Dans la première période, il faut combattre l'effet local par des fomentations, des embrocations émollientes, huileuses, sédatives sur les parties affectées ou correspondantes à l'organe malade; par des boissons mucilagineuses, émulsives, gélatineuses, albumineuses, données par petites quantités assez rapprochées; par des bains simples ou émollients. Les boissons froides, la glace conviennent lorsque la soif, la chaleur sont intenses, que les vomissements persistent. Si ces moyens sont insuffisants pour combattre l'inflammation locale, ainsi que la réaction fébrile, il faut y joindre les évacuations sanguines générales ou locales: les premières conviennent dès le début, surtout chez les sujets fortement constitués, lorsque l'inflammation est superficielle, étendue, non portée jusqu'à la cautérisation. Les sangsues, les ventouses scarifiées doivent être préférées chez les sujets faibles, débilités, dans les cas d'inflammation profonde,

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