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section de ces nerfs, d'après Dupuy, M. Brachet s'oppose à l'absorption; selon MM. Magendie, Longet, Coindet et Christison, elle la retarde; d'après Nysten, Brodie, MM. Muller, Panizza, elle n'a aucune influence, et les effets se manifestent aussi promptement que lorsque ces nerfs sont intacts. M. Bouley fils injecte 32 grammes d'extrait de noix vomique, délayé dans 2 décilitres d'eau, dans l'estomac d'un cheval, par un trou pratiqué à l'œsophage 1/4 d'heure après, symptómes d'intoxication, mort en 1 heure et 1/2. Sur un autre cheval, dont il a réséqué les pneumogastriques la veille, quoique à jeun, la même expérience n'a encore rien produit 31 heures après; ce cheval est tué; le liquide contenu dans son estomac, donné à un chien, l'intoxique en 25 minutes. Dans une autre expérience, il laisse les pneumogastriques intacts, lie le pylore, et il n'y a aucun effet toxiqne pendant 48 heures; le pylore est alors délié, et le cheval succombe en moins de 25 minutes dans les convulsions. M. Bouley conclut de ces expériences que la section des pneumogastriques paralyse l'estomac, lequel ne peut alors se contracter pour chasser le poison dans les petits intestins, qui sont les véritables absorbants chez les ruminants. En effet, l'estomac des animaux, soumis à cette opération, est flasque, immobile, plein de matières, tandis que les intestins se contractent encore. M. le professeur Bérard, tout en admettant cette explication, interprète, en outre, autrement les faits. Ayant trouvé l'estomac des ruminants, dans sa partie splénique, recouvert d'une couche d'épithélium pavimenteux, presque aussi épais que celui de la peau, dont il se dépouille en partie du côté du pylore, et offre, en cet endroit, une surface plutôt sécrétante qu'absorbante, pense que l'absorption stomacale, chez les ruminants, est nulle ou presque nulle, tandis que dans l'estomac de l'homme et du chien, qui offre un épithélium cylindrique, l'absorption y est très-active, aussi ces derniers sont-ils

également intoxiqués que les nerfs pneumogastriques soient coupés ou restent intacts. MM. Perolino, Beruti, Triolani et Vella de Turin, ayant répété les expériences de M. Bouley sur des chevaux, avec du cyanure jaune, au lieu d'extrait de noix vomique, se sont assurés que, lorsque le pylore était lié, ce sel était absorbé dans l'estomac c; mais qu'au lieu de passer par la grande circulation, il refluait dans les reins, était éliminé, en grande partie, par cet émonctoire. Dans une expérience, le cheval étant tué 2 heures après l'ingestion du sel, ils ont trouvé le cyanure dans l'estomac, les reins, la vessie, le sang de la veine porte et des veines rénales, non dans celui des veines caves, jugulaires, artères rénales, etc. Dans une autre, le cheval étant tué 48 heures après, tout le sel a complétement passé dans les urines, et ils n'en trouvent ni dans l'estomac, ni dans toute autre partie du corps.

Relativement à l'influence de la circulation, de l'âge, du sexe, de l'état morbide et autres circonstances sur l'absorption des poisons, voyez l'article suivant et les effets.

II.-Séjour, élimination des poisons.

Depuis longtemps, on avait constaté que des médicaments (éther, camphre, etc.), des matières colorantes (indigo, rhubarbe, etc.), odorantes (musc, etc.), étaient éliminés soit par les urines, le lait, la muqueuse pulmo naire, gastro-intestinale, la peau, etc., le temps qu'elles mettaient à parcourir l'arbre circulatoire, les transformations que quelques-unes subissaient; plusieurs poisons avaient même été constatés dans le sang, les urines, les organes, mais ces rècherches n'avaient point été envisagées exclusivement sous le point de vue médico-légal, c'est-àdire après combien de temps les poisons étaient complétement éliminés de l'organisme, si l'élimination se faisait d'une manière continue ou intermittente, par quelles voies;

enfin, on n'avait pas limité le temps qu'ils peuvent séjourner dans l'économie, et dans quels organes ou liquides ils se rencontrent spécialement. Ces questions, très-importantes sous le point de vue qui nous occupe, ont été abordées dans ces derniers temps, du moins pour un certain nombre de poisons, et, quoique non complétement réso – lues, elles jettent cependant un nouveau jour sur la toxicologie. Pour nous en tenir à notre sujet, nous rapporterons seulement les faits relatifs aux poisons.

Les substances gazeuses, les liquides ou solides trèsvolatils, les agents anesthésiques, l'alcool, le camphre, les huiles essentielles, le phosphore, etc., sont spécialement éliminés par les voies pulmonaires, même très-promptement et plus complétement que les autres poisons par toute autre voie. De l'huile phosphorée étant injectée dans la plèvre, dans l'estomac d'un chien, en moins de 2 minutes, l'air expiré devient phosphorescent à l'obscurité; la phosphorescence est immédiate, si l'huile est injectée dans la veine jugulaire. Brandes a constaté la présence de l'argent dans le pancréas d'un épileptique qui, 18 mois avant, avait pris du nitrate d'argent. Le plomb a été aussi démontré dans le sang, les muscles, le cerveau et autres organes des personnes atteintes de maladie saturnine, même longtemps après la cessation des travaux plombiques. Dupaquier, Orfila ont retiré ce métal du tube intestinal des chiens auxquels ils avaient donné 16 jours, 1 mois avant, de l'acétate de plomb par la bouche ou en lavement. MM. Flandin et Danger ont constaté que l'arsenic et autres poisons se localisaient spécialement dans le foie, étaient surtout éliminés par les urines, et que l'élimination, chez un mouton, n'était complète que le trentième jour. M. Orfila n'a plus rencontré ce métal dans les urines après 15 jours. MM. Millon et Laveran ont entrepris des expériences très-importantes sur le séjour et l'élimination du tartre stibié, dont voici le résultat : tous les jours, pendant

une semaine, 3 décigr. d'émétique étant mélés aux aliments de 6 chiens, ils trouvent de l'antimoine dans le foie, le cœur, la chair musculaire, les membranes intestinales, les poumons, non dans le cerveau, la graisse et les os. Si l'expérience est continuée pendant 45 à 25 jours, la distribution de l'antimoine est la même, la quantité ne diminue pas sensiblement; 600 gram. de divers tissus réunis en donnent moins que 100 gram. de foie. 6 autres chiens prennent, par jour, dans leurs aliments, environ 4 décigr. d'émétique; dès les premiers jours vif appétit, allant en augmentant, bientôt la voracité fait place à un dégoût prononcé et, 6 jours après, ils refusent les aliments. L'émétique est diminué de moitié, et, 4 jours après, supprimé, parce que ces animaux n'y touchent plus, sont d'une maigreur extrême. Chacun, en 10 jours, avait consommé environ 3 gram. d'émétique. 4 reprirent peu à peu leur état, 2 moururent dans une consomption complète, l'un en 15 jours, l'autre en 21 avec des tremblements continuels et un grand affaiblissement des membres postérieurs. On ne trouve pas de lésion évidente, si ce n'est que le foie est très-friable, très-volumineux, et, en poids, dans le rapport de 1 à 10 ou 12 de celui du corps, tandis que, dans l'état normal, ce rapport est de 1 à 32 ou 40. L'antimoine était disséminé dans tous les organes précités; chez le second chien, le cerveau était celui qui en contenait le plus. Le premier avait succombé à une sorte de diathèse, le second à une espèce d'encéphalopathie antimoniales.

Les 4 autres chiens se rétablirent au bout de 20 jours, reprirent leur vivacité naturelle; l'un d'eux mourut subitement, par suite d'un lombric passé dans le péritoine, les trois autres furent tués trois mois après. L'antimoine s'était surtout condensé dans le foie, la graisse. 50 gram. de celle-ci en donnait autant que 500 gram. des autres tissus réunis. Le rapport du foie à celui du corps était de 1 à 27,

en poids. Chez un autre chien, tué 4 mois après la cessation de l'émétique, l'antimoine s'était surtout accumulé dans les os. Le foie dont le poids relatif à celui du corps était de 1 à 24, en contenait aussi beaucoup, les autres tissus fort peu. De l'émétique étant donné à une jeune chienne pleine, 5 jours avant qu'elle mit bas, les petits vinrent à terme et leur foie contenait une quantité notable d'antimoine, ainsi que celui de la mère. MM. Millon et Laveran ont constaté que l'élimination par les urines se faisait d'une manière intermittente, et ont démontré l'antimoine dans le sang des animaux empoisonnés, fait qui a été aussi constaté par M. Orfila pour l'arsenic, sur le sang d'un individu vivant, tandis que MM. Flandin et Danger n'ont pas trouvé ces poisons dans ce liquide.

M. Louis Orfila a entrepris une série d'expériences sur quelques préparations d'argent, de mercure, de cuivre, de plomb, qui viennent corroborer celles de MM. Millon et Laveran. Il donnait ces préparations à des chiens, à la dose de 0,05 à 0,50, pendant 15 jours, un mois et plus, examinait les urines, tuait ensuite les animaux un certain laps de temps après la cessation du poison, pour s'assurer dans quels organes il s'était spécialement condensé, loca

lisé.

1o Avec le nitrate d'argent, donné à la dose de 0,10 à 0,25, tous les jours, pendant 15 jours à 1 mois 1/2, il ne trouve pas d'argent dans les urines et le retire du foie 5 mois. après la cessation du poison, mais non après 7. Il ne l'a pas trouvé dans l'estomac, les intestins, la graisse, la peau, les veines, non plus que dans le foie de deux petits allaités par une chienne. Kramer n'a pas non plus retiré l'argent des urines lorsqu'il donnait le nitrate. C'est le contraire, de même que M. Louis Orfila, lorsqu'il donnait le chlorure de ce métal. Cependant nous citons un fait, aux préparations d'argent, où les urines d'un individu, soumis à l'usage du nitrate, contenaient du chlorure.

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