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désorganisatrice; dans l'un et l'autre cas, elles seront peu abondantes, sauf à y revenir s'il est nécessaire.

L'état hyposthénique étant déterminé soit par la cauté risation profonde des organes, soit par les modifications apportées dans l'hématose, l'innervation, etc., réclame, en outre du traitement local, les mêmes soins que l'hyposthénie dans les fièvres graves, miasmatiques, etc. Les toniques stimulants légers, diffusibles et non irritants, tels que le bouillon, le vin coupés, les infusés amers, aromatiques, peuvent être administrés à l'intérieur, si toutefois l'inflammation locale ne s'y oppose point; mais ce n'est qu'avec réserve, et lorsque le malade est par trop débilité, que la résistance vitale paraît être insuffisante; les stimulants externes sont aussi indiqués, surtout les corps chargés de calorique, lequel excite les systèmes circulatoire et nerveux sans les irriter; les rubéfiants seront réservés pour les cas de trop grande débilitation. Enfin les traitements local et général doivent être combinés, employés avec discernement, patience et persévérance. S'il importe de ne pas trop débiliter les malades dans la période de réaction par les évacuations sanguines, il faut ne pas trop les stimuler dans la période hyposthénique; l'intoxication n'est pas une simple maladie inflammatoire; l'économie étant sous l'influence d'une cause qui ne peut être éliminée que peu à peu, qui a donné lieu à des lésions organiques et fonctionnelles qui ne peuvent se dissiper que d'une manière lente, progressive, ne pourrait supporter l'exagération d'une telle thérapeutique. C'est donc au médecin à bien coordonner ces divers moyens selon l'intensité, la période de l'empoisonnement, de seconder la nature dans son consensus synergique, pour ramener peu à peu les organes, les fonctions dans leur état normal. Autant il faut de hardiesse, d'activité dans l'emploi des moyens propres à empêcher l'absorption du poison, autant il faut de prudence, de discernement, dé patience pour en com

battre les effets, lorsqu'il a produit des désordres graves.

Lorsque les accidents s'accompagnent de symptômes nerveux ou convulsifs, de trop vives douleurs, on a recours aux opíacés, aux antispasmodiques diffusibles. Il en est de même pour la diarrhée, les vomissements, s'ils persistent après l'élimination du poison, et ne dépendent pas exclusivement de l'inflammation locale; en ce cas, les émollients seuls ou associés aux sédatifs sont préférables. La constipation serait combattue par les purgatifs laxatifs ou salins. Les hémorrhagies consécutives, dépendant ordinairement de la liquéfaction du sang, cèdent sous l'influence d'un traitement tonique ou stimulant, des soins hygiéniques convenables. Les effets spéciaux du phosphore, des cantharides, de la gratiole sur les organes de la génération, réclament, en outre, un traitement local, tels que fomen. tations, bains, lavements émollients, camphrés, etc.

Si par l'emploi de ces moyens on parvient à arrêter les effets du poison, à conjurer, à dissiper l'état hyposthénique, si surtout l'effet local a été peu intense, on peut accorder assez promptement des aliments légers, en tâtant peu à peu la susceptibilité des organes gastriques. Si, au contraire, l'état hyposthénique a été grave, a persisté pendant un certain temps, si enfin les lésions gastro-intesti nales sont profondes, comme dans l'empoisonnement par les poisons caustiques, ce n'est qu'avec une grande réserve qu'il faut donner des aliments; on commence par les liquides, le lait, le bouillon, l'eau panée, des bouillies claires, etc, et on ne les augmente que lorsque ceux-là sont bien supportés, ne provoquent ni vomissement, ni diarrhée; la moindre imprudence, en ce cas, peut devenir funeste.

II.-Dans l'intoxication par les poisons narcotiques, après l'emploi des évacuants, on a recours aux dérivatifs sur les membres, aux frictions irritantes ou vinaigrées, aux sinapismes, etc., aux stimulants internes, le café pour les narcotiques purs, l'ammoniaque pour les alcooliques,

administrés par la bouche ou par l'anus; aux boissons acidulées froides et même à la glace pour calmer la soif, la sécheresse de la bouche, du gosier; aux lavements vinaigrés; enfin aux mouvements forcés, imposés ou imprimés aux malades pour le maintenir en éveil, jusqu'à ce que la tendance au sommeil, la stupeur soient complétement dissipées. Les applications froides ou vinaigrées sur le front, des affusions de même nature sur la face ou sur le corps secondent puissamment l'emploi de ces moyens, servent, en outre, à combattre le délire, les hallucinations, les convulsions, si ces symptômes, qui ordinairement cessent peu à peu, ne sont pas trop opiniâtres. Tel est le traitement à employer dans les cas simples.

Si la stupeur, le coma résistent à ces moyens, il faut recourir aux évacuations sanguines générales, si le pouls est plein, large, l'état congestionnel intense; locales, dans le cas contraire : en ce cas on applique derrière les oreilles soit des ventouses scarifiées, soit des sangsues qu'on laisse couler pendant un certain temps. Enfin, dans les cas encore plus graves, en quelque sorte désespérés, surtout lorsqu'il y a gêne de la respiration, menace d'asphyxie, on a eu recours, quelquefois avec succès, à la respiration artificielle, à l'électricité galvanique (voyez Opium et Matières gazeuzes). Chez un enfant empoisonné par le laudanum, le docteur Defer, avec un appareil galvano-électrique, dont le pôle zinc était appliqué sur la langue et le pôle cuivre sur l'appendice xyphoïde, est parvenu à rétablir la respiration d'une manière régulière et à sauver le malade. Les docteurs Wateley, Warre, Smith, Watson ont employé avec succès la respiration artificielle dans ces sortes d'empoisonnements (Christison). Nous reviendrons sur ces agents thérapeutiques dans les paragraphes suivants.

III.-Dans l'intoxication par les agents anesthésiques et les gaz narcotiques ou asphyxiants, l'exposition à l'air frais, la position horizontale, l'inclinaison même de la tête, s'il y a

syncope (M. Nelaton), l'insufflation de bouche à bouche ou à l'aide d'une sonde, de l'air, de l'oxygène, les stimulants des muqueuses externes, les frictions à l'eau vinaigrée, les affusions froides ou à +40, les irritants, les caustiques appliqués sur la région du cœur, la cautérisation pharyngée avec l'ammoniaque (M. Guérin); les stimulants internes, le vin, les aromatiques, le café quand cela est possible, tels sont les moyens ordinairement recommandés. Dans un cas de chloroformisation asphyxique par la langue qui obstruait les voies laryngées, M. Robert a sauvé le malade en attirant cet organe en avant.

Pour rappeler la respiration, on a recours aux frictions irritantes sur la poitrine, aux mouvements saccadés, aux pressions alternatives exercées à la base du thorax, etc.; mais un des moyens les plus puissants, c'est surtout l'électrisation ou plutôt la faradisation qui, en outre, sert à éveiller les battements du cœur, la sensibilité, selon le mode d'application. Pour obtenir ce dernier résultat, on promène les éponges des deux conducteurs sur les diverses parties de la peau, surtout sur les plus sensibles. Si c'est pour rappeler la respiration, on applique l'un des póles sur la muqueuse nasale ou buccale, l'autre sur l'appendice xyphoïde. M. Duchenne, de Boulogne, avec son appareil d'induction, faradise les nerfs phréniques à leur passage au cou. Il a provoqué la respiration sur des chevaux récemment tués, ainsi que chez une femme asphyxiée par le charbon; cependant elle a succombé, parce que ce moyen avait été appliqué trop tard. M. l'Héritier, en appliquant l'un des pôles au pharynx, l'autre au rectum, a sauvé, en 14 minutes, une jeune fille asphyxiée par le charbon depuis 2 heures.

MM. Abeille, Jobert de Lambale pensent que l'effet toxique des agents anesthésiques résulte de leur action stupéfiante sur le système nerveux et sur le cœur; aussi conseillent-ils de suspendre l'éthérisation aussitôt qu'il se

manifeste des troubles de la circulation. Chez l'homme et surtout chez les animaux, toutes les fois que le cœur n'avait pas encore cessé de battre, ils sont parvenus à combattre les accidents par la faradisation dans les cas légers, et par l'électro-puncture dans les cas graves à cet effet, deux aiguilles fines, implantées dans la région cervicale, mieux encore, l'une dans les muscles de la nuque ou postérieurs du cou, l'autre dans la région lombaire ou diaphragmatique, sont mises en communication avec l'appareil de MM. Duchenne, Legendre ou Lerebours. A chaque décharge, qui doivent être distancées de 10 à 20 secondes, pour ne pas éteindre la sensibilité, il y a des secousses musculaires qui arrachent des cris aux malades, quoique insensibles à l'action des autres stimulants. Les inspirations sont brusques, les mouvements du cœur plus appréciables; ces deux fonctions se raniment, reviennent en quelques minutes dans leur état normal. M. Abeille a rappelé des animaux à la vie, même après la cessation des mouvements respiratoires; M. Robert après celle des contractions du diaphragme; mais toutes les fois que le cœur avait cessé de battre, l'électro-puncture produisait des secousses musculaires, des mouvements respiratoires factices, sans autre résultat. D'après M. Robert, l'électro-puncture réveille la respiration, mais n'agit pas directement sur le cœur ; il est probable qu'elle ne réussirait pas toujours chez l'homme, et les observations de MM. Puget, Quain, Duusnure, Richard sont de nature à ébranler la confiance qu'on pourrait accorder à cet agent thérapeutique (M. Robert.)

IV.-L'intoxication par les strychnées et autres poisons convulsivants ou tétaniques, réclame les anesthésiques, poussés jusqu'à la résolution, la cessation des convulsions, et employés d'une manière intermittente; pour en continuer l'effet on pourrait ensuite les remplacer par les opiacés, à dose élevée. L'autopsie ayant démontré un état congestionnel ou inflammatoire de la moelle épinière, de ses membra

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