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des ventouses scarifiées pourraient être appliquées sur les parties correspondantes au siége des convulsions. Comme la mort résulte autant de l'asphyxie que des convulsions, MM. Magendie et Orfila recommandent la respiration artificielle, jusqu'à ce que les accidents se soient dissipés. Ils ont ainsi sauvé des chiens intoxiqués par noix vomique. Marshall-Hall, attribuant l'asphyxie à la contraction spasmodique des muscles de la glotte, propose la trachéotomie.

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V.-Dans l'empoisonnement par les poisons narcoticoacres, acres et tétaniques, il faut combiner le traitement de manière à satisfaire aux deux indications, en insistant spécialement sur les moyens que réclame la plus importante. Il convient de ne pas trop débiliter les malades par les évacuations sanguines, surtout générales, et de ne pas juger de l'inflammation du tube intestinal par l'abondance des vomissements ou des selles; car ces effets, dans plusieurs cas, sont dynamiques ou dépendent tout autant des modifications du système nerveux que de l'inflammation gastro-intestinale.

VI.-L'empoisonnement par les poisons septiques réclame les toniques stimulants, les anti-septiques, les boissons acidulées, associées aux contre-poisons, aux agents capables de détruire la matière miasmatique ou délétère; aux anti-spasmodiques diffusibles, l'éther, le camphre, etc., s'il ya des symptômes nerveux ou convulsifs. Les émétiques, les éméto-cathartiques, pris surtout dans les végétaux, qui sont moins débilitants que les minéraux, dont plusieurs jouissent, en outre, des propriétés sudorifiques, sont spécialement indiqués; non-seulement ils agissent en facilitant l'expulsion du poison par la peau et le tube intestinal, mais encore en produisant une perturbation générale. Chez les Indiens, les Américains, les sudorifiques, les éméto-cathartiques; en outre du traitement local, constituent la base du traitement contre la morsure des

serpents venimeux (voyez page 142 et tome II, page 542).

VII. Dans les cas d'empoisonnement lent, après avoir soustrait l'individu à l'influence des boissons, des aliments, du véhicule enfin qui servait d'excipient au poison, il faut, si l'on en soupçonne encore des traces dans le tube intestinal, dans les organes, en faciliter l'élimination par les purgatifs, donnés en même temps que le contre-poison; par l'iodure de potassium, administré par doses de 20 centigrammes, si c'est un poison de la quatrième section, soluble dans ce réactif, comme l'a fait M. Carrigan avec succès dans plusieurs cas d'empoisonnement lent par le cuivre; en stimulant les émonctoires par lesquels il est surtout

éliminé.

VIII. Quant aux effets consécutifs, ceux qui consistent en des lésions profondes, résultant de la cautérisation du tube intestinal ou autre organe important, comme elles sont incurables, on doit plutôt compter sur la nature, les soins hygiéniques convenables, surtout l'alimentation bien dirigée, que sur les médicaments. Si ces lésions siégent sur le système nerveux ou musculaire, consistent en contractures, tremblements, paralysies, insensibilité, etc., elles sont toujours très-graves et souvent incurables, surtout quand la cause a été longtemps méconnue : les bains simples ou sulfureux, les sudorifiques, les strychnées, l'électricité ou plutôt la faradisation, selon la nature de ces lésions, tels sont les moyens qu'on leur oppose ordinairement (voyez Empoisonnement par le plomb, le mercure, l'arsenic). Enfin, quand ce sont les phénomènes d'assimilation, le traitement doit être autant hygiénique que médical, et surtout tonique et réparateur.

Nous venons d'exposer les données fondamentales de la thérapeutique toxicologique : le médecin judicieux, à l'aide de ces généralités, suffira à tous les cas qui pourront se présenter. En toxicologie médicale, pas plus qu'en pathologie, on ne peut donner des préceptes absolus; c'est au

médecin d'appliquer convenablement ceux qu'il a puisés dans l'enseignement, surtout au lit des malades, à bien saisir les indications fondamentales, par l'examen attentif des effets locaux et éloignés, à bien discerner ceux qui offrent le plus de gravité, les symptomatiques des idiopatiques, ceux qui consistent en des phénomènes dynamiques, pouvant être attaqués directement par les agents pharmacologiques, de ceux qui, dépendant de lésions organiques profondes, exigent plutôt de la patience, du temps, le concours de la nature. Pénétré de ces principes, il pourra instituer ainsi une bonne thérapeutique de l'empoisonnement, coordonner l'ensemble des moyens thérapeutiques et hygiéniques, l'opportunité de leur application. Nous insistons d'autant plus sur ces données pathologiques, que plusieurs jeunes médecins, dans les cas d'empoisonnement, ne sont en quelque sorte que préoccupés de l'inflammation, de l'expulsion du poison. Cet exposé thérapeutique est déduit de l'étude attentive des faits en dehors de toute idée préconçue, systématique.

CHAPITRE V.

Classification toxicologique.

La toxicologie étant constituée comme science, pouvant former un enseignement distinct, il serait important de bien classer les objets dont ellese compose, afin d'en exposer plus méthodiquement les principes, son état actuel, et d'en faciliter l'étude. Comme le but de cette science est complexe, consiste spécialement dans la connaissance des effets des poisons, de leur recherche dans les matières suspectes, c'est sur ces deux ordres de faits que devrait être fondée la classification. Dans l'impossibilité de l'établir à la fois sur ces deux bases, les auteurs, chacun à son point de vue, ont classé les poisons soit d'après les effets, les lésions, soit d'après l'analogie chimique ou naturelle. Dans l'antiquité, d'après les idées régnantes, et à l'époque où la chimie était encore dans l'enfance, les poisons ont été divisés en quatre classes: 1° chauds; 2° froids; 3° secs; 4o humides. Cette classification, comme le fait remarquer Anglada, a été reproduite en d'autres termes par la plupart des toxicologistes contemporains, Vicat, Mahon, Foderé, Orfila, MM. Devergie, Christison, etc., qui, sauf quelques modifications, ont divisé les poisons, d'après leurs effets, en: 1° Poisons irritants, acres, corrosifs, caustiques; 2° Poisons narcotiques ou stupéfiants;

3° Poisons narcotico-acres ;

4° Poisons septiques ou putréfiants.

On peut voir aux effets (page 107) les poisons qui composent chacune de ces classes et leurs caractères distinctifs. Les détails dans lesquels nous sommes entrés, à cet égard,

prouvent non-seulement l'imperfection de cette classification, mais encore qu'elle peut induire en erreur.

La première classe comprend les poisons inorganiques, les poisons végétaux, âcres, irritants, drastiques, et, parmi les poisons animaux, les cantharides, les viandes de charcuterie, les moules, etc. Établie exclusivement d'après les effets locaux, il semblerait que c'est par suite de l'irritation, de l'inflammation, de la cautérisation, que ces poisons produisent l'intoxication; cependant la plupart, même tous, convenablement étendus, en l'absence de l'effet local, peuvent amener ce résultat, et souvent plus promptement; par conséquent, le nom de la classe n'exprime pas les effets dynamiques ou généraux qui jouent un rôle très-important et constituent quelquefois à eux seuls l'intoxication.

La classe des poisons narcotiques se compose, d'après Orfila, des préparations opiacées, cyaniques, de la jusquiame, de la solanine, de l'if, etc. D'autres auteurs y ont compris en outre, et avec raison, les autres solanées et plantes vireuses. Cette classe est plus homogène que la précédente, quant à la composition, aux effets, puisque tous ces poisons agissent spécialement sur le système nerveux, en particulier sur le cerveau, donnent lieu à des symptômes analogues, le narcotisme; cependant l'analogie n'est pas tout à fait complète, et l'effet des préparations cyaniques n'est pas comparable à celui de l'opium, des autres plantes vireuses.

La classe des poisons narcotico-acre comprend ceux dont l'effet local est de nature âcre, irritante, et l'effet dynamique denature narcotique; par conséquent, ils participent des propriétés des poisons des deux classes précédentes. Les auteurs y ont réuni les agents les plus disparates, quant à leurs effets; aussi est-elle divisée en plusieurs sections, qui formeraient 'autant de classes distinctes. 1re SECTION scille, ananthe, aconit, ellebore, varaire, vératrine, colchique, belladone, datura, tabac, digitale, ciguë, laurier-rose, mouron des champs, aris

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