Images de page
PDF
ePub

glaces, etc., dans les grandes chaleurs d'été, lorsque le corps est échauffé, en sueur, surexcité, ne sont pas rares, et, assez souvent, rapidement mortels. Quoiqu'ils portent ordinairement sur le tube intestinal et offrent les caractères du choléra sporadique, ils peuvent siéger sur d'autres organes (M. Guérard, Ann. d'hyg., tom. VIII). En juillet 1825, par × 28° Réaumur, plusieurs personnes, soit à Paris, soit à Rouen, après avoir pris des glaces, furent assez fortement incommodées, éprouvèrent les symptômes du choléra sporadique, de manière à faire croire à un empoisonnement; cependant l'analyse des glaces, des vases, des matières qui avaient servi à les préparer, ne décela aucun poison. Ces accidents sont très-fréquents à New-York: environ 100 individus ont succombé ainsi dans la première quinzaine de juillet 1825. Plusieurs personnes sont tombées en syncope rapidement mortelle après avoir pris des boissons glacées (Ramazzini). Un homme, venant de jouer à la paume, boit un grand verre d'eau fraiche, aussitôt il porte sa main sur son estomac, se penche en avant et expire en quelques minutes (Jam. Curie). Un relieur d'Édimbourg, bien portant, se lève à 6 heures du matin pour allumer son feu, boit la valeur d'un grand verre d'eau froide et regagne immédiatement son lit; aussitôt il est pris de violentes douleurs au creux de l'estomac, d'une vive anxiété, de vomissements que rien ne peut arrêter, et succombe en 12 heur es D'autres fois ces accidents arrivent à la suite d'une course à pied ou à cheval, d'une dispute. Un homme, se querellant avec son camarade, boit un verre de bière au moment de la plus forte excitation, perd aussitôt connaissance et meurt. Une enquête judiciaire eut lieu: Pyll, qui pratiqua l'autopsie, déclara que la mort devait être attribuée à la boisson froide. Aux énvirons de New-York, en 1818, le thermomètre marquant34° à l'ombre, parmi les personnes qui buvaient beaucoup et souvent d'eau froide, plu

sieurs furent prises de douleurs d'estomac, de malaise, de défaillance, de vertiges, d'une gêne excessive de la respiration, d'apoplexie, symptômes qui, comme le fait remarquer Christison, se rapprochent beaucoup de ceux de l'intoxication par les poisons narcotico-âcres. A la Havane, le trismus succède fréquemment à l'ingestion de boissons froides (M. Roullin). Des affections chroniques des organes gastriques ou pulmonaires en sont assez souvent le résultat.

M. Guérard fait remarquer que les accidents par les boissons arrivent plutôt quand elles offrentX11 à 12° qu'à 0°, lorsqu'on les prend d'un seul coup; aussi les chevaux sont-ils sujets à ces sortes d'accidents, et moins souvent les chiens, qui lapent en buvant; aussi Ramazzini conseillet-il, quand l'estomac est vide, de manger un morceau préalablement. Il importe, en outre, de ne pas discontinuer d'agir après avoir bu.

Lorsque la mort est prompte, en quelque sorte instantanée, le diagnostic est facile, car les poisons qui agissent aussi rapidement ont une odeur, une saveur caractéristiques dont ils imprègnent les organes, les boissons. Si ce sont les symptômes du choléra sporadique, les conditions, les circonstances dans lesquelles ils se sont développés, en outre de ceux que nous indiquerons ci-après, et les effets locaux qui, dans l'intoxication, sont plutôt de nature inflammatoire que nerveuse ou spasmodique, peuvent mettre sur la voie. Si cependant ils offraient un certain degré de gravité, se manifestaient sur plusieurs personnes à la fois, présentaient les caractères d'une inflammation gastro-intestinale; si, surtout, les boissons, les glaces, etc., avaient une saveur insolite, etc., il serait nécessaire de les soumettre à l'analyse. Si les effets étaient ceux du narcotisme, la sécheresse de la bouche, du pharynx, la difficulté de la déglutition, de la parole, la dilatation ou contraction des pupilles, etc., symptómes de l'intoxication par les plantes vireuses, serviraient à établir le diagnostic.

INDIGESTION.-L'indigestion grave, parfois mortelle, est peut-être, d'après M. Tardieu, l'affection la plus facile à confondre avec l'empoisonnement sans le secours de l'analyse. Deux enfants, en août 1851, succombent après avoir mangé des gâteaux, sans traces de lésions caractéristiques ni de poison, à l'analyse faite par M. Chevallier. En décembre, 1848, un homme de 60 ans, après avoir mangé aussi des gâteaux, est pris de diarrhée, de vomissements, etc., et succombe le troisième jour; il y a soupçon d'empoisonnement : à l'autopsie, inflammation vive et récente de l'estomac; sa muqueuse est noire, infiltrée de sang, ramollie, épaissie, surtout vers le pylore; nombreuses taches ecchymotiques dans l'intestin grèle; traces d'épanchement ancien dans l'hémisphère gauche du cerveau avec sérosité abondante dans l'arachnoïde. M. Tardieu conclut que mort est due à la lésion du tube intestinal, que l'analyse chimique était nécessaire pour en connaître la cause (Ann. d'hyg. et de méd. lég., 1854). Les cas d'indigestion par les gâteaux, surtout par les viandes de charcuterie, simulant un empoisonnement, sont assez fréquents; dans beaucoup de cas l'analyse a démontré qu'elles étaient bien préparées, ne contenaient aucune trace de poison. Les personnes qui mangent les parties graisseuses sont les plus incommodées (voyez Matières alimentaires).

la

Un homme, d'un fort embonpoint, s'endort immédiatement après son dîner, se réveille peu après, éprouve de grandes douleurs, dit: Je me meurs, et succombe en 5 minutes. Vivant mal avec sa femme, on croit à un empoisonnement à l'autopsie, l'estomac est tellement distendu par du jambon, du petit salé, de la soupe aux choux, que le diaphragme est refoulé dans la poitrine; sur la muqueuse il y avait une poudre blanche, que l'on prit d'abord pour de l'acide arsénieux, et que l'analyse démontra être de la magnésie, dont cet homme faisait habituellement usage. Wilberg déclara que la mort était due à la distension de

l'estomac par les aliments (Christison). Un enfant, laissé par sa nourrice près d'un sac de pommes de terre, meurt; on trouve son estomac distendu par cet aliment. Qui de nous n'a été appelé par des personnes, qui, à la suite d'un repas, ont éprouvé des symptômes gastro-intestinaux assez graves pour inspirer des craintes sur leur nature? Nous citons des cas, surtout avec les poisons peu sapides, l'acide arsénieux, où l'indisposition gastro-intestinale a été attribuée à une indigestion, à une irritation de l'estomac, et ce n'est qu'après plusieurs tentatives que le crime a été découvert.

La nature, la quantité d'aliments, de boissons, de condiments, l'antipathie pour certaines matières alimentaires, l'idiosyncasie, les affections morales, l'état actuel des personnes, du tube intestinal, sont autant de circonstances que peuvent éclairer la diagnostic. Lorsque le poison est mêlé aux matières alimentaires, il est rare qu'elles n'en offrent aucune trace, qu'il n'en reste pas dans les vases, que le malade n'accuse une saveur, une sensation spéciales dans la bouche, le pharynx, quelques-uns même laissent des traces de leur action sur la muqueuse buccale; la soif, les douleurs épigastriques, les coliques sont plus vives, continues, revêtent un caractère plus inflammatoire. Dans les cas d'indigestion, lorsque la mort est prompte, l'estomac est distendu par des aliments incomplétement digérés, par des gaz; la muqueuse est turgescente, violacée uniformément ou par plaques. Dans l'empoisonnement il y a peu ou pas d'aliments; la muqueuse est plus ou moins enflammée, offre parfois des taches brunâtres, comme gangréneuses, des ulcérations, des colorations spéciales. Enfin, le rétablissement est plus long et les effets consécutifs plus constants. Mais comme ces caractères peuvent manquer, que dans l'indigestion les lésions du tube intestinal sont quelquefois très-intenses, il sera nécessaire, dans les cas douteux, d'analyser les matières des vomissements, des dé

jections, les urines, les matières alimentaires, et les organes si la mort a lieu.

CHOLERA SPORADIQUE ET ÉPIDÉMIQUE.Il n'est pas de maladie qui, dans son invasion, ses symptômes, sa marche, sa durée, ses périodes, sa terminaison, ressemble autant a un empoisonnement que le cholera sporadique : début brusque ou précédé de légers symptômes gastro-intestinaux, vomissements et selles simultanés de matières jaunâtres, bilieuses, vives douleurs de ventre avec rétraction, soif vive, hoquet, anxiété extrême, fréquence et dureté du pouls, parfois crampes ou convulsions, diminution ou suspension de la sécrétion urinaire, palpitations, lypothimies, altération profonde des traits, extrémités froides, sueurs visqueuses, extinction de la voix, insensibilité du pouls, grand affaiblissement, mort en 24-48 heures; le plus souvent rétablissement assez prompt. ·

Ce sont bien les symptômes qui constituent les deux périodes de l'intoxication par les poisons âcres, irritants, minéraux et végétaux; cependant, en ce cas, les malades accusent une saveur âcre, caustique, spéciale; les accidents gastriques précèdent les intestinaux, alternent avec eux, offrent un caractère plus inflammatoire, surtout à la pression, persistent dans l'intervalle des évacuations. Les symptômes généraux hyposthéniques sont aussi bien plus intenses; les crampes, les convulsions moins fréquentes, si ce n'est avec les poisons végétaux. Quant aux lésions, à peu près constantes et de nature inflammatoire dans l'empoisonnement, elles sont nulles ou sans caractère spécial dans le choléra sporadique.

L'étiologie peut aussi répandre quelque jour sur le diagnostic. Ainsi, le choléra sporadique est rare dans le nord, ne survient ordinairement dans le midi que vers la fin de l'été, en août et en septembre, spontanément ou sons l'influence de certains aliments (melon et autres fruits,

« PrécédentContinuer »