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ILÉUS, PASSION ILIAQUE, MISÉRÉRÉ, COLIQUE DE MISÉRÉRÉ, VOLVULUS, INVAGINATION INTESTINALE, HERNIE ÉTRANGLÉE. -Ces diverses affections ont pour cause essentielle un obstacle au cours des matières fécales, due soit à une invagination, à un volvulus, à un étranglement externe ou interne, à la présence d'un corps étranger, d'une tumeur. etc. Leur symptôme commun est une douleur vive, quelquefois avec tuméfaction partant du siége du mal, s'irradiant dans tout le ventre, continue, exacerbante, pinçante, tortillante. Il y a hoquet, vomissement, d'abord de matières muqueuses,' bilieuses, puis jaunâtres, stercorales et d'une odeur caractéristique, suppression de matières fécales et de gaz par l'anus,' , ballonnement du ventre, qui est très-douloureux, quand il y a péritonite, ce qui est fréquent. Quelquefois les anses intestinales sont dessinées à travers les parois abdominales. Au milieu de ces symptômes locaux, qui peuvent débuter brusquement ou être précédés d'accidents prodromiques gastro-intestinaux, selon que l'occlusion est plus ou moins complète, et de symptômes généraux trèsgraves, l'intelligence reste intacte. La mort survient promptement, ou du deuxième au sixième jour.

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A Courbevoie, en mai 1853, une femme meurt à la suite de symptômes gastro-intestinaux très-intenses. L'homme avec lequel elle vivait est arrêté. A l'autopsie, on trouve un étranglement intestinal. Le sieur T..., à Paris, meurt presque subitement après avoir éprouvé des vomissements répétés. Sa mort est attribuée à une erreur de sa femme, qui lui aurait donné une potion contenant une substance très-active. L'autopsie révéla un étranglement comprenant quatre ou cinq anses intestinales. L'analyse donna des résultats négatifs. A Montmartre, une femme, que l'on croyait avoir été empoisonnée par son mari, succombait aussi à un étranglement intestinal (M. Tardieu).

Le siége de la maladie, la nature des matières vomies, la constipation, malgré les symptômes intestinaux aussi

intenses, ce qui ne s'observe guère qu'avec le plomb, les acides concentrés, et, en ces cas, il y a des symptômes caractéristiques, l'absence des caractères organoleptiques propres à certains poisons, et enfin l'autopsie, qui dévoilera l'obstacle au cours des matières fécales, serviront à diagnostiquer ces états morbides. Le fait suivant démontre combien il faut procéder avec soin à l'autopsie.

Mme Hullin, danseuse à l'Opéra, est prise de symptômes gastro-intestinaux très-intenses, avec vomissements de matières glaireuses, puis bilieuses et fécales, douleurs violentes à la région iliaque droite, suspension de la sécrétion urinaire et de la défécation, ballonnement du ventre, altération des traits, insensibilité du pouls, etc., et succombe en 3 jours. Des bruits sinistres s'étant répandus sur la cause de la mort, le mari demanda l'autopsie. Les experts conclurent que Mme Hullin avait succombé à une gastro-entérite chronique, sans en préciser la cause. Le ministère public fit procéder à une seconde expertise par MM. Orfila et Rostan, qui constatèrent un étranglement, à 10 ou 12 centimètres du cœcum, formé par un appendice graisseux, de manière à comprendre l'iléum comme une bourse l'est dans son anneau. Pas de traces de poison (Archiv. génér. méd., tom. XIX).

PERFORATIONS, ULCERATIONS, RUPTURES D'ORGANES.-Les organes creux, l'œsophage, l'estomac, les intestins, la vésicule du fiel, les conduits biliaires, l'appendice cæcal, la vessie, l'utérus, etc., par suite de distension mécanique, d'une altération morbide inflammatoire ou inconnue dans sa nature, peuvent se rompre, se perforer, donner lieu à des symptômes, à des lésions qui simulent un empoisonnement. Dans la majorité des cas il y a épanchement dans le péritoine avec symptômes de péritonite récente.

Une femme, convalescente d'une dispepsie, mange à satiété. Bientôt après, sentiment de pesanteur d'estomac,

nausées, efforts inutiles pour vomir. Tout à coup elle sent cet organe se déchirer et expire dans la nuit. Lacération de 5 pouces de long à la partie antérieure de la grande courbure de l'estomac; aliments en partie digérés dans l'abdomen; pylore induré. Les autres parties sont saines. Ces ruptures ont lieu, le plus souvent, par suite de la distension de l'estomac par des matières alimentaires ou gazeuses, chez les personnes qui ont mangé des choux, des pruneaux, des raisins et autres substances fermente scibles, ou par suite d'un effort, de convulsions, de l'enfantement, d'un vomitif, etc.

Le 23 août, Diez, âgé de vingt ans, robuste, après avoir pris un verre d'absinthe, dans la rue Mouffetard, est pris, tout à coup, de coliques atroces, qui l'obligent à se rouler par terre, avec nausées, sans vomissements, symptômes qui durent toute la nuit. Transporté le matin à l'hôpital, il est couché sur le dos, immobile; respiration anxieuse; figure pâle, décomposée; parole entrecoupée par la douleur; pouls petit, fréquent, irrégulier; extrémités froides; ventre tendu, peu douloureux à la pression; ténesme vésical; on retire 500 grammes d'urine. Mort quatre heures après. En outre d'un épanchement de gaz dans l'abdomen et les intestins, des traces d'une péritonite récente avec pseudo-membranes, on trouva, dans la grande courbure de l'estomac, une perforation ronde, de 6 à 7 millimètres de diamètre, entourée, sur les deux faces, d'un cercle rougecerise-ardoisé de 1 millimètre d'étendue. La muqueuse est taillée à pic, sans autre altération (M. Moutard-Martin, Union méd., 1853).

Chez une fille de onze ans, qui, deux heures après souper, est prise de douleurs vives et succombe en douze heures, au milieu d'horribles souffrances, la partie antérieure de l'estomac offrait le même genre de lésion. Il y avait soupçon d'empoisonnement. L'analyse ne donna aucun résultat (Lefranc).

Une femme de dix-huit ans, non réglée, est prise tout à coup de douleurs à l'hypocondre gauche, de vomissements, d'un gonflement considérable du ventre, et succombe le troisième jour. Épanchement de gaz fétides et de boissons dans l'abdomen, et, vers le milieu de l'estomac, à son fond, perforation gangreneuse.

Le 15 septembre 1848, une femme qui, depuis longtemps, éprouvait des troubles fonctionnels du tube digestif, meurt en quelques heures, à la suite de vomissements répétés. Autopsiée pour savoir si elle a succombé à un empoisonnement ou au choléra, afin de rassurer la population, on trouve une ulcération chronique simple de l'estomac avec perforation (M. Tardieu).

Une dame, après une légère attaque de jaunisse, est prise de douleurs violentes d'estomac, avec tension extrême des muscles, refroidissement, faiblesse du pouls, et expire en sept heures. Conduit hépatique déchiré; calcul dans le canal cystique; épanchement de sang et de bile dans le péritoine, qui est enflammé.

Un homme, sujet à des coliques violentes, avec vomissements et évacuations de calculs biliaires en fragments par le haut et par le bas, succombe à la suite d'un de ces accès avec symptômes de péritonite. Épanchement de matières fécales avec vive inflammation; calcul intestinal occupant tout le diamètre de l'intestin grêle, avec invagination de 3 ou 4 pouces; au delà, l'intestin est perforé, gangrené (le docteur Buchner, Gazette méd., 1853).

Jean Culeux, le 26 août 1845, bien portant, après avoir mangé une saucisse d'Allemagne, une assez grande quantité de pruneaux, bu un verre de vin, est pris subitement, à 9 heures du soir, de douleurs gastro-abdominales atroces. Le médecin, croyant à une indigestion, donne un éméto-cathartique. Le 27, vomissements répétés, gonflement de l'abdomen, face cadavéreuse, péritonite. Le 28,

son état s'aggrave, et il meurt dans la nuit. Le médecin attribue la mort aux aliments altérés par le cuivre. A l'autopsie, traces d'une péritonite suraiguë; nombreuses adhérences pseudo-membraneuses; perforation très-exactement circulaire, du diamètre d'unepetite lentille, à bords amincis, à la face postérieure de la première portion du duodenum. Le pylore est le siége d'une phlegmasie chronique avec épaississement de la muqueuse, qui est blanchâtre, ramollie, granuleuse, détruite en plusieurs points. MM. Bayard et Tardieu concluent que la mort est due à la péritonite résultant de l'épanchement des matières.

La dame L. succombe très-rapidement, après des vomissements incoercibles, des souffrances horribles, à la suite de circonstances qui font supposer un empoisonnement. A l'autopsie on trouve un kyste du foie rompu dans le péritoine, avec inflammation suraiguë (M. Tardieu).

Le professeur Forget rapporte deux cas de perforation de l'appendice cœcal, avec tuméfaction inflammatoire, adhérence des circonvolutions intestinales, chez deux jeunes gens de seize ans. Les symptômes de péritonite, brusques chez l'un, graduels chez l'autre, se manifestèrent d'abord dans la région coecale, et s'accompagnèrent de vomissement, de constipation, d'accidents généraux très-graves. Chez le dernier, l'appendice renfermait un corps étranger olivâtre, disposé par couches (Gazette méd. 1854). Chez un enfant de onze ans, qui s'était purgé avec la teinture de rhubarbe, le docteur Larch trouva cet appendice perforé, avec présence d'un corps étranger.

Une femme, de moyen âge, adonnée à la boisson, est soudainement prise de douleurs de ventre, de vomissements, de selles, suivis d'une faiblesse extrême, de refroidissement des extrémités et succombe en huit heures. Vivant mal avec son mari, il s'élève des soupçons d'empoisonnement. L'expertise prouva que cette femme n'avait

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