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même que la peau, et, en 1832, ayant vu des cas semblables, diagnostiqua une fièvre pernicieuse cholérique. Il donna 1 gramme de sulfate de quinine, par fractions de 10 centigrammes, toutes les heures. La réaction, malgré tous les moyens calorifiques, ne s'établit que vers le soir: guérison.

Un enfant de 7 mois, ayant eu deux accès de fièvre intermittente avec convulsions, évacuations abondantes par la bouche et l'anus, etc., fut pris, le 24 août 1852, à 9 heures 1/2, de nouvelles convulsions; pouls petit, trèsfréquent, intermittent; visage altéré, bouche pleine d'écume, respiration haute, courte, fréquente, bruyante, corps agité de mouvements convulsifs; mort à midi.

L'invasion subite d'accidents locaux et généraux aussi intenses, aussi graves, même pendant le repas, revêtant plutôt un caractère nerveux qu'inflammatoire, suivis de réaction prompte quand l'accès n'est pas mortel, ou précédés d'accès antérieurs, pourront faire diagnostiquer une fièvre intermittente pernicieuse, gastralgique, cardialgique, cholérique, diarrhéique, celles enfin dont les symptômes portent spécialement sur le tube intestinal, surtout si à ces caractères on ajoute l'absence de la saveur, de l'odeur, etc., qu'offrent certains poisons. Quand les symptômes pernicieux siégent sur le système nerveux, le cœur (fièvres convulsive, comateuse, syncopale), les caractères que nous avons donnés ci-avant pour les convulsions, l'épilepsie, les congestions, en outre de la périodicité, des trois stades, serviront à établir le diagnostic.

FIÈVRE TYPHOÏDE.-En mai 1855, M. Tardieu, à l'autopsie d'un jeune garçon, soupçonné d'avoir été empoisonné par un médicament mal préparé, constata, de la manière la plus évidente, les traces d'une fièvre typhoïde, exempte de toute complication. Dans l'affaire Gloeckler (voyez Rapports), les experts, quoique les lésions propres à la fièvre typhoïde ne fussent pas très-évidentes, conclurent que

l'individu avait succombé à cette maladie, parce que, 6 jours avant sa mort, il en avait présenté les symptômes, d'après le médecin traitant. L'analyse constata l'arsenic dans les organes. L'un des experts dit cependant que les lésions étaient analogues à celles d'un empoisonnement lent; c'est en effet lorsque le poison est donné dans les aliments ou par doses successives, que les effets se prolongent pendant un certain temps, qu'ils peuvent revêtir le caractère typhoïde, même avec éruption pétéchiale, hémorrhagie intestinale. Cependant ils se déclarent subitement après l'ingestion des aliments, des boissons; leur marche est plus rapide, plus aiguë; les symptômes d'irritation gastro-intestinale avec vomissements, diarrhée, persistent ordinairement; à ces caractères ajoutons le siége des pétéchies sur la région abdominale, le gargouillement spécial de la fosse iliaque, le facies du malade, et, après la mort, la lésion spécifique de l'entérite folliculeuse, signes caractéristiques de la fièvre typhoïde.

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SYNCOPE. Peu de poisons âcres, irritants, produisent la syncope; c'est plutôt un état syncopal, lipothymique, lorsque le poison est absorbé peu à peu sans irriter le tube intestinal (voyez Arsenic). Il n'y a guère que les matières gazeuses, les substances odorantes, les anesthésiques, les gaz de la combustion, de l'éclairage qui donnent lieu à cet état morbide. Les caractères organoleptiques, les circonstances où il s'est effectué serviront à établir le diagnostic. L'état syncopal déterminé par les narcotiques, l'acide oxalique, la digitale, etc., est ordinairement précédé de symptômes gastro-intestinaux ou cérébraux.

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MALADIES DIVERSES. La liste des maladies aiguës qui peuvent simuler l'empoisonnement est sans doute bien longue; cependant ces erreurs ont été commises, peuvent se représenter encore; d'ailleurs ne voyons-nous pas des soupçons s'établir dans les cas de mort par les maladies les

plus diverses, les plus caractérisées, et nécessiter une expertise, toutes les fois enfin qu'il se présente quelque chose d'insolite, d'imprévu. M. Tardieu a été requis dans les cas suivants: 1° pour une fenime morte d'une méningite hydrocéphalique, à la suite d'un drastique violent; 2° dans un cas de meningite suraiguë purulente, chez un enfant mort à la suite de douleurs fixes, persistantes de l'oreille, qui s'étaient aggravées sous l'influence de 2 pilules de 5 centigrammes d'extrait d'opium, prescrites par un médecin, contre lequel les parents voulaient exercer des poursuites; 3o celui d'un enfant, soupçonné être empoisonné par l'opium, qui avait succombé à une pneumonie (Ann. d'hyg. et de méd. lég., 1854). Dans ces expertises, la cause de la mort était évidente, et on n'avait nullement à s'occuper de l'influence des médicaments sur sa production. Dans les cas où les lésions seraient moins caractéristiques, il pourrait se faire qu'on ait à se prononcer sur l'opportunité de tel ou tel médicament, s'il n'a pas concouru à produire la

mort, etc.

MALADIES CHRONIQUES. Nous avons indiqué, au chapitre II, sous les paragraphes B et C, les effets consécutifs aux empoisonnements aigus, ainsi que les accidents produits par les poisons donnés par doses successives. Ces accidents pouvant être pris pour d'autres états morbides chroniques, toutes les fois qu'il ne sera pas possible de les rattacher à une maladie déterminée, il faudra s'assurer s'ils ne dépendent pas des aliments, des boissons, des condiments renfermant quelque substance toxique, des vases où ils ont été préparés ou conservés, de la profession, de l'habitation, etc.; s'ils n'offrent pas les caractères spéciaux à certains poisons, au mercure, au plomb, au cuivre, etc. Dernièrement, à Paris, plusieurs personnes ont éprouvé des symptômes d'intoxication qui n'ont été reconnus qu'après la mort de quelques-unes d'elles. Ils étaient dus à du

cidre plombique: c'est ce qui est arrivé aussi, dans le département de la Nièvre, chez un grand nombre de personnes qui avaient mangé du pain préparé avec de la farine mêlée accidentellement à de l'acétate de plomb.

M. Duchenne, chez un habitant de Lille, diagnostiqua une paralysie saturnine dont la nature était restée inconnue, par son siége dans les muscles extenseurs des doigts, du pouce, des radiaux, du cubital postérieur qui, en outre, avaient perdu leur contractilité électrique. Dans la paralysie par dégénérescence graisseuse, les muscles ne sont plus contractiles, mais elle n'a pas de siége électif. Il en est de même des paralysies spinales, des apoplectiques, des aliénés; d'ailleurs, les muscles conservent leur contractilité. Cet homme prenait pour boisson de la bière, distribuée à l'aide de tuyaux en plomb. Chez plusieurs autres habitants de Lille, aussi atteints de paralysie, il fut démontré qu'elle dépendait de la même cause. Les coliques, les paralysies, etc., contractées dans les pays chauds ou par l'usage des fruits acides, offrent la plus grande analogie avec les mêmes accidents produits par le plomb (voyez ce poison).

IV.-Erreur quant aux lésions.

Dans l'article précédent nous avons donné les caractères distinctifs des lésions succédant aux états morbides qui peuvent simuler l'empoisonnement; celui-ci sera consacré aux altérations cadavèriques qui peuvent entraîner de semblables erreurs. Malheureusement, la science est fort peu avancée à cet égard, surtout lorsque le cadavre est en putréfaction. Cependant, en ayant égard aux circonstances antérieures, aux caractères physiques des lésions, à leur siége, aux modifications de structure, comparativement à celle des tissus continus ou contigus, on peut arriver, si ce n'est à une certitude complète, du moins à des données plus ou moins probantes.

Après la cessation de la vie, les liquides, le sang, tendent

à s'infiltrer dans les tissus, à se porter vers les parties les plus déclives, à y produire des hypostases, des colorations sanguines, des lividités cadaveriques, etc.

LIVIDITÉS CADAVÉRIQUES. Quand elles siégent sur les tissus membraneux, elles sont sous forme de taches violacées, lie de vin, brunes ou noires, de forme et d'étendue variables. Celles de la peau occupent le tissu muqueux. Si on les divise, la couleur noire du réseau capillaire contraste avec la décoloration de l'épiderme et du derme. A la pression, le sang s'en écoule par gouttelettes, Elles prennent le nom de vergetures lorsqu'elles sont sillonnées de lignes blanches, dues à ce que, comprimées par les aspérités du sol, des vêtements, le sang n'a pu s'y épancher. Les lividités du tube intestinal siégent aussi sur les parties les plus déclives, en occupent toute l'épaisseur; leur couleur contraste avec celle des autres parties, qui, quelquefois, sont exsangues. Leur circonférence est parfaitement limitée; elles n'offrent ni l'aspect arborisé, capilliforme, pointillé, piqueté, strié, ni les modifications de texture, la congestion des vaisseaux que présentent les lésions analogues résultant de l'action d'un poison.

Le cœur, les gros vaisseaux, le canal de l'urétre et autre conduits muqueux, les portions du tube intestinal en contact avec le foie, la rate ramollis, peuvent présenter des hypostases sanguines, des colorations dues aussi à des phénomènes d'imbibition, car elles se produisent artificiellement par leur contact avec le sang. Elles se distinguent aux mêmes caractères des congestions actives. La vésicule biliaire, la bile peuvent aussi, par leur contact, colorer en jaune le tube intestinal, en imposer pour des colorations dues à l'iode, à l'acide azotique (voyez Taches).

Les organes parenchymateux (poumons, foie, rate, reins, etc.) offrent souvent, dans leurs parties déclives, de ces hyposthases sanguines; comme le sang n'y est qu'épan

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