Images de page
PDF
ePub

ches de la bière disjointes, en détritus; tandis que ceux de Noble l'étaient moins et la bière intacte.

2o Le cadavre d'un enfant de 2 jours, un foie d'adulte, la moitié de la cuisse d'une femme de 40 ans, placés, à la profondeur de 1 mètre, à côté du cadavre du sieur Noble, pendant 3 mois, ne donnèrent pas d'arsenic, après avoir été dépouillés des parties terreuses, quoique la putréfaction fùt très-avancée. La terre environnante, mêlée à ces débris, n'en donna pas non plus à l'eau froide et à l'eau bouillante; ce qui, d'après Orfila, prouve que l'ammoniaque, provenant de l'altération spontanée des matières organiques, ne rend pas soluble l'arsenic qui se trouve à l'état insoluble dans une terre.

II.-AFFAIRE GOUBINEL (assises de Lot-et-Garonne, 1851). Deux cadavres, inhumés dans un terrain arsénical, l'un depuis 3 ans 1/2, l'autre depuis 18 mois, donnèrent de l'arsenic. Comme les vêtements, la bière de ce dernier étaient intacts, ne contenaient pas d'arsenic, les experts conclurent à l'empoisonnement. Les débris de l'autre cadavre étant mélés à de la terre, ils admirent seulement des probabilités. M. Barse, appelé comme expert, conclut à l'empoisonnement dans les deux cas, s'appuyant sur ce que, dans le dernier, les os, débarrassés des parties molles, contenaient de l'arsenic; que la terre des parties environnantes n'en donnait ni à l'eau froide, ni à l'eau bouillante, ni même à la potasse, à l'acide sulfurique, à moins qu'on ne portât la température à 300; sur ce que les cadavres voisins ne fournissaient pas non plus de ce poison; sur ce qu'enfin les râclures du plancher portant encore l'empreinte des matières des vomissements donnaient de l'arsénic à l'eau bouillante, tandis que les autres parties du plancher n'en donnaient point.

[ocr errors]

III. AFFAIRE DEZÈZE (assises du Puy-de-Dôme, 1850). MM. Deval, Aiguillon, Lamothe, conclurent à l'empoisonne.

ment, parce qu'ils avaient retiré de l'arsenic du foie, etc.; non de la chemise qui entourait le cadavre et des râclures du cercueil, lequel était intact; que la terre à l'entour du cercueil, au-dessous et au-dessus, qui d'ailleurs était sèche, ainsi que d'autres portions prises au nord et à l'est du cimetière, n'en donnaient ni à l'eau froide, ni à l'eau bouillante, mais seulement quand elle était soumise à l'action de l'acide sulfurique.

IV.-MM. Chevallier et Lassaigne, dans une expertise légale, ayant constaté l'arsenic dans les organes d'un cadavre inhumé depuis deux mois dans un terrain faiblement arsénical, voulant s'assurer s'il ne provenait pas de cette source, placèrent 200 grammes d'un foie de bœuf au milieu de 1800 grammes de cette terre, et l'arrosèrent ensuite. Après trois mois de séjour, cet organe, en complète putréfaction, ne pesait plus que 95 grammes. Débarrassé des couches terreuses et carbonisé par l'acide sulfurique, il ne donna aucune trace d'arsenic. Nous verrons dans l'article suivant que des haricots, déposés dans une terre cuivreuse sèche, ne se sont pas imprégnés de cuivre.

le

Des faits précédents, MM. Orfila, Chevallier, Lassaigne, Barse, etc., concluent que si le cadavre ou ses débris, dépouillés autant que possible des parties terreuses, donnent de l'arsenic, que les vêtements, la bière, la terre prise au-dessous, sur les côtés et au-dessus n'en donnent ni à l'eau froide, ni à l'eau bouillante, c'est une preuve que poison ne provient pas de cette dernière source; à plus forte raison si la bière, les vêtements sont encore intacts. Lorsque, au contraire, la terre cède de l'arsenic à l'eau froide, à l'eau bouillante, on ne peut affirmer qu'il n'en provienne pas, surtout si la bière, les vétements en donnent aussi. Dans tous les cas, la quantité comparative retirée des organes centraux et de la terre doit être prise en considération. Aux assises du Bas-Rhin, 1854, dans une

affaire où la défense invoquait la présence de l'arsenic dans la terre, les experts ont répondu : qu'il s'y trouvait en bien plus petite quantité que dans le cadavre.

B.—Un terrain, rendu accidentellement arsenical, cuivreux, etc., peut-il céder ces poisons aux cadavres?

Cette question, que quelques auteurs ont confondue avec la précédente, nous semble cependant en différer. Ne pourrait-on pas arroser la terre avec une dissolution arsénicale, cuivreuse, etc., dans le but d'élever des soupçons d'empoisonnement, de le dissimuler ? Nous citons un cas où, à Nancy, l'eau provenant d'une fabrique de papiers peints se rendait dans les fossés de la ville, de là s'infiltrait à travers la terre dans l'eau d'un puits, à laquelle elle communiquait des propriétés toxiques. Un cadavre inhumé dans ce terrain se serait probablement imprégné d'arsenic. Les expériences instituées dans le but de résoudre cette question n'ont pas donné des résultats identiques.

I.—Orfila a retiré de l'arsenic des portions supérieures de la terre d'un champ, ensemencé depuis un an et plus de blé chaulé avec de l'arsenic, et n'en a pas obtenu des parties situées à 1 mètre de profondeur. Il pense que l'arl'extraire par senic s'était combiné à la chaux, car il n'a pu l'eau seule.

II. Le même auteur fait creuser la terre à 0,975 mètres de profondeur, en arrose le fond avec un soluté de 40 centimetres d'acide arsénieux, y dépose un foie d'adulte, le couvre de 54 millimetres de terre, qu'il arrose avec la même quantité de soluté, comble le trou, verse à la surface une nouvelle dissolution, et, 5 jours après, 2 litres d'eau, tenant en solution 4 grammes du même poison. Le neuvième jour, la terre, prise à la surface à 0,325 mètres de profondeur et tout autour du foie, donne de l'arsenic à

l'eau bouillante, tandis que cet organe, putréfié, ramolli, bien séparé des parties terreuses, n'en donne point.

III.-M. Devergie s'étant assuré que le foie, les reins, pourvus de leur capsule, immergés, pendant 10 à 12 jours, dans un litre d'eau arsénicale, s'imprégnaient également d'arsenic dans toutes leurs parties, place un foie entier, au centre de 7 kilogrammes et 1/2 de terre, au milieu d'un seau cylindrique étroit, l'arrose avec 2 litres d'eau, tenant en solution 60 centigrammes d'acide arsénieux, reverse de nouveau le liquide qui s'écoule par le robinet, et cela pendant sept jours. Les parties externes du foie, jusqu'à une certaine profondeur, qui avaient changé d'aspect, donnèrent de l'arsenic; les parties centrales n'en donnèrent pas (voyez page 367, tome 1o).

--

IV. Le sieur Brunet mit du verdet dans un plat de haricots, pour empoisonner sa femme, qui les trouvant mauvais, les jeta dans le jardin, où ils furent enfouis dans la terre. L'expertise démontra la présence du cuivre dans la terre et les haricots, dont l'épiderme et les cotylédons étaient colorés en bleu; mais la terre, prise à 10 mètres au loin dans le jardin, étant aussi cuivreuse, les experts ne voulurent pas se prononcer, à savoir si le poison avait été ajouté aux baricots ou s'il provenait de la terre du jardin. MM. Chevallier et Lassaigne, contre-experts, pour la solution de cette question, instituent les expériences suivantes : 1° ils font bouillir des haricots avec du verdet, enfouissent le tout dans la terre du jardin Brunet, et obtiennent les mêmes résultats que les premiers experts: 2° après avoir humecté de cette terre avec un peu d'eau et ajouté du verdet, ils déposent au centre des haricots; au bout de quelques jours, l'épisperme, ainsi que les cotylédons, quoique non colorés en bleu, donnèrent des traces de cuivre: 3° des haricots, déposés dans la terre naturelle du jardin, n'en donnèrent point. Ils conclurent que le poison

avait été ajouté aux haricots, et que le cuivre obtenu ne provenait pas de la terre du jardin, quoiqu'elle fût cui

vreuse.

Orfila déduit de ses expériences qu'une terre, rendue accidentellement arsénicale, cuivreuse, ne céderait pas ces poisons au cadavre. M. Devergie admet au contraire la possibilité du fait. Les résultats obtenus par MM. Lassaigne, Chevallier viendraient à l'appui de cette assertion. Si l'on adoptait l'opinion de M. Devergie, le poison ne serait pas également réparti dans tout le cadavre; ce sont les parties externes qui en contiendraient le plus, ainsi que les vêtements et autres objets qui entoureraient le corps. Il pourrait même se faire que les parties centrales des organes n'en donnent point. De semblables vérifications seraient bien difficiles, pour ne pas dire impossibles, si le cadavre était en pleine putréfaction, la bière disjointe, etc. La présence d'une aussi grande quantité de poison dans la terre qui entoure le cercueil, surtout à l'état soluble dans l'eau froide et l'eau bouillante, la structure du terrain, sa plus ou moins grande perméabilité, son degré de sécheresse ou d'humidité, l'analyse comparative d'égales portions de terre, prises aux environs de la fosse et en d'autres endroits du cimetière, par conséquent l'inégale répartition du poison, devrait faire supposer une origine douteuse, accidentelle, qu'il faudrait rechercher.

C.-Un cadavre arsénical, cuivreux, etc., peut-il céder l'arsenic, le cuivre, etc., à la terre du cimetière, aux eaux pluviales, d'inondation, etc.

1. MM. Flandin et Danger, après avoir empoisonné quatre chiens avec de l'acide arsénieux ou arsénique, leur ouvrent le thorax et le ventre, les placent dans la Seine pendant 21 jours. Les organes donnent autant d'arsenic que ceux d'autres chiens empoisonnés, mais non immergés dans l'eau. Le foie de ces quatre chiens est broyé, soumis à des lavages et malaxé; bien que les eaux des lavages

« PrécédentContinuer »